Assia Djebar - Nulle part dans la maison de mon père
Une note de lecture par Jean-François Ponge
L’histoire d’une enfance, et d’une jeunesse, dans l’Algérie encore "française". Assia Djebar conte, avec ses mots choisis savamment, parfois à la limite de l’affectation, les tourments et les joies d’une âme très tôt révoltée. Loin d’un pamphlet contre les tabous d’une culture ancestrale rabaissant la femme à l’état d’une "chose" dont on dénie l’accès à toute forme de spiritualité, " Nulle part dans la maison de mon père" se veut le récit d’une libération intérieure, acquise avant tout grâce au savoir. Des écrits arabes préislamiques aux philosophes et poètes de l’Occident moderne, la culture écrite a donné à l’auteure les moyens de se défendre et de forger pas à pas sa personnalité, contre vents et marées. Hélas, le plaisir de la lecture est en partie gâché, lorsqu’on avance vers le dénouement du récit, par le ressassement sans fin des états d’âme de cette toute jeune fille victime d’un instant d’égarement. La réflexion qui suit sur le travail d’écriture, et de mémoire, comme pour se justifier à elle-même d’avoir écrit sur sa propre vie, amoindrit le plaisir que l’on a pris à suivre pas à pas le personnage dans ses années d’éveil à la vie.