Amara Lakhous - Choc des civilisations pour un ascenseur Piazza Vittorio
Une note de lecture par Jean-François Ponge
Un livre, petitpaƌ la taille, ŵais gƌaŶd paƌ la ƋualitĠ de l’ĠĐƌituƌe et la foƌĐe du ŵessagedélivré dans Đette ĐhƌoŶiƋue du ƌaĐisŵe oƌdiŶaiƌe. Des peƌsoŶŶages d’oƌigiŶes soĐiales et Đultuƌelles vaƌiĠes se ĐôtoieŶt daŶs uŶ iŵŵeuďle d’uŶe Roŵe ĐoŶteŵpoƌaiŶeet terriblement universelle. Le point focal de Đe ŵiĐƌoĐosŵe est l’asĐeŶseuƌ, Ƌue ĐeƌtaiŶs voudƌaieŶt voiƌ ƌĠseƌvĠ aux plus "ŵĠƌitaŶts", entendez par là les Italiens de souche, les vrais, et plus précisément ceux du Nord, aloƌs Ƌue d’autƌes pƌĠfğƌeŶt Ŷe pas l’utiliser pour ne pas alimenter les ragots. Car ils y vont fort, ces ragots, surtout ceux colportés par Benedetta, la concierge, d’origine napolitaine et fière de l’être, au sujet de tous ces Albanais, Philippins et autres Sénégalais (elle confond tout) qui envahissent "son" immeuble et salissent "son" ascenseur. Elle n’est pas la seule, d’ailleurs, il y a même un professeur d’université qui voudrait cadenasser ce fichu ascenseur. Heureusement qu’il y a aussi cet Amedeo (prononcer Amede’, à la romaine), dont on ignore malheureusement les origines mais qui connaît Rome comme sa poche et peut en rabattre aux plus fieffés linguistes question connaissance de la langue italienne. Quand on l’interroge, il dit venir du sud du Sud, mais en Italie on est toujours au sud de quelque chose, n’est-ce pas, alors les langues se taisent, pour tout le monde il est Italien, e basta. Chaque personnage s’exprime dans son parler quotidien, avec ses défauts et ses qualités, mais la truculence ne masque pas l’amertume du propos. Il s’agit bien d’un pamphlet antiraciste, et des meilleurs…