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Description
Buda, Budapest. 1956. La grande hache de l'Histoire lacère une famille hongroise. New York. 2001. La catastrophe des attentats renvoie un homme à son enfance oubliée.
Mais l'homme peine à se souvenir : il bute sur cet enfant qu'il était, surgi du passé, qui n'a pas compris ce qui, alors, lui arrivait. L'enfant, dans son état d'inconscience, de latence, ne donne pas de clés à l'adulte.
Comment rendre compte d'une improbable élucidation du passé ?
Sujets
Informations
Publié par | Edilivre |
Date de parution | 03 octobre 2014 |
Nombre de lectures | 0 |
EAN13 | 9782332829610 |
Langue | Français |
Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.
Extrait
Couverture
Copyright
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-332-82959-7
© Edilivre, 2015
Un banc sur les collines de Buda
Des gens courent de partout, l’incompréhension et la panique se lisent sur tous les visages, Manhattan, autrefois le siège de la puissance économique et financière, devient celui de la détresse et du drame. En ce 11 septembre 2001, j’assiste impuissant à l’effondrement d’une Amérique se voulant forte, bien que malheureusement jumelle de ce sentiment de peur qui a toujours été le sien quant à la question du terrorisme. Tant de violence, d’affolement… ! Parler d’impassibilité serait peut-être naïf et quelque peu honteux aussi mais, en de telles situations, l’on s’en retrouve, sur le moment, dans l’incapacité de ressentir autre chose qu’un vide absolu. Toute la joie procurée par votre enfant vous sautant au cou avant d’aller travailler ou encore les craintes de n’arriver juste avant l’heure de l’habituel trafic new-yorkais, tout ceci s’effrite, se désintègre, à mesure que les dernières poussières de gravat s’émancipent. Ce n’est que peu après, au son des sirènes et de la multitude de corps que l’on déterre, que la tristesse et le désarroi prennent place. Je devine déjà les gros titres du lendemain : « Le terrorisme attaque » ou encore « Les Etats-Unis sous le choc ! ». Il est ahurissant de savoir que les causes d’un tel acte seront plus intéressantes que ses conséquences. Les familles des auteurs présumés seront-elles, bien avant celles des quelque 2900 personnes tuées lors de l’attentat, les premières à faire le deuil ?
C’est en rentrant chez moi ce soir-là, après avoir embrassé et rassuré ma femme et mon fils, que m’est revenu un souvenir. En allumant machinalement le poste de télévision, en tentant désespérément de trouver une chaîne qui ne diffuse pas cette infâme réalité que vit l’Amérique en cet instant, je compris qu’il était temps pour moi aussi d’affronter ma propre réalité ; celle que, malgré moi, j’ai tenté tant bien que mal de zapper tout au long de mon existence. C’est précisément à ce moment-là qu’un fragment de mon histoire est remonté à la surface.
Ce jour eut pour moi l’effet d’une bombe, d’une prise de conscience à retardement qui aurait dû exploser bien avant. Tout s’affolait ; des bribes de souvenirs et d’images défilèrent dans ma tête, je vis un long chemin de fer, un train semblant tourner le dos à un lieu à oublier. Je me revois du haut de mes dix ans, tenant la main de ma sœur le plus fort possible tout en sentant que cette main m’échappe, me fuit, pour finalement ne devenir que vide et absence. Pourquoi à ce moment-là ? Comment se fait-il qu’une telle partie de mon passé, jusqu’à présent condamnée à l’oubli, se manifeste ? Tout compte fait, moi aussi je ne réfléchis qu’aux causes !
Tu te fais vieux… Regarde-toi un peu ! Une peau rêche, un teint pâle et triste, des cheveux grisonnants et une tête d’enterrement. « D’enterrement », je plaide non coupable ! Circonstances atténuantes. Mais il est vrai que toutes ces années de vies ont laissé des marques aussi nettes et visibles que les rides couvrant mon front meurtri par l’âge. Je dois être en train de perdre la tête…
J’observe évasivement l’écran, ma femme est auprès de moi, elle me tient le bras, comme le faisait ma sœur il y a tant d’années. A cet instant, aussi étrange à ce jour soit-il, pour la première fois cette étreinte me rassure, m’apaise. Ce sentiment soudain de chaleur humaine et d’affection...