L’immunité met en jeu deux systèmes complémentaires pour détecter et éliminer les pathogènes : l’immunité innée et l’immunité acquise. L’immunité innée permet la reconnaissance d’un grand nombre de pathogènes comme les virus, les bactéries et les champignons par l’intermédiaire d’un nombre limité de récepteurs. Ces récepteurs, exprimés par les cellules myélomonocytaires et les cellules épithéliales, reconnaissent des motifs microbiens conservés. Lorsqu’il est activé, le système de l’immunité innée induit une réponse inflammatoire caractérisée par la sécrétion de cytokines. Ces dernières activent l’expression de molécules d’adhérence, permettant de recruter les cellules immunitaires au site d’infection et d’initier la réponse immunitaire acquise via les lymphocytes T et B. L’activation de l’immunité innée dépend également de la présence de signaux de danger émis par les cellules de l’hôte en cas de lyse ou de stress cellulaire.Les syndromes auto-inflammatoires ont été individualisés au sein du vaste groupe des maladies inflammatoires. Ce sont des maladies initialement définies par la présence d’un syndrome inflammatoire biologique non spécifique et associées à des mutations de gènes codant des protéines jouant un rôle primordial dans la régulation de la réponse inflammatoire. L’adjectif auto-inflammatoire a été introduit par McDermott lorsqu’il a découvert qu’une catégorie de fièvre héréditaire de transmission autosomique dominante était liée à des mutations du gène du récepteur de type 1 du TNF (tumor necrosis factor), maladie qu’il baptisa TRAPS pour TNF receptor associated periodic fever syndrome. Le qualificatif « auto-inflammatoire » traduit l’idée que certaines maladies inflammatoires sont largement déterminées par un défaut génétique suggéré par le préfixe « auto- ». Ce terme est aussi construit par opposition aux maladies « auto-immunes » par l’absence d’auto-anticorps et de lymphocytes T activés. Par la suite, il a été mis en évidence que l’interleukine 1β jouait un rôle majeur dans la physiopathologie de cette nouvelle classe de maladies. De ce fait, il a été proposé de redéfinir les syndromes auto-inflammatoires comme des affections caractérisées par une sécrétion exacerbée d’interleukine 1β par les cellules myélomonocytaires et/ou par la régression des manifestations clinico-biologiques en présence d’un traitement inhibant l’interleukine 1β. Certains auteurs vont même jusqu’à qualifier d’auto-inflammatoire toute maladie dont l’élément physiopathologique exclusif ou prédominant, qu’il soit d’origine génétique ou non, porte sur un des composants de l’immunité innée.
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S G L , K S S OPHIE EORGIN AVIALLE ATIA TANKOVIC TOJANOVIC G G ET ILLES RATEAU
Définitions
0 6 4 0 0
46 C 01 P 03 S
Limmunité met en jeu deux systèmes complémentaires pour détec ter et éliminer les pathogènes : limmunité innée et limmunité acquise. Limmunité innée permet la reconnaissance dun grand nombre de pathogènes comme les virus, les bactéries et les champi gnons par lintermédiaire dun nombre limité de récepteurs. Ces récep teurs, exprimés par les cellules myélomonocytaires et les cellules épithéliales, reconnaissent des motifs microbiens conservés. Lorsquil est activé, le système de limmunité innée induit une réponse inflam matoire caractérisée par la sécrétion de cytokines. Ces dernières activent lexpression de molécules dadhérence, permettant de recruter les cellules immunitaires au site dinfection et dinitier la réponse immunitaire acquise via les lymphocytes T et B. Lactivation de limmunité innée dépend également de la présence de signaux de dan ger émis par les cellules de lhôte en cas de lyse ou de stress cellulaire. Les syndromes autoinflammatoires ont été individualisés au sein du vaste groupe des maladies inflammatoires. Ce sont des maladies initiale ment définies par la présence dun syndrome inflammatoire biologique non spécifique et associées à des mutations de gènes codant des protéines jouant un rôle primordial dans la régulation de la réponse inflammatoire. Ladjectif autoinflammatoire a été introduit par McDermott lorsquil a découvert quune catégorie de fièvre héréditaire de transmission autoso mique dominante était liée à des mutations du gène du récepteur de type 1 du TNF (tumor necrosis factor), maladie quil baptisa TRAPS pour TNF receptor associated periodic fever syndrome[9]. Le qualificatif « auto inflammatoire » traduit lidée que certaines maladies inflammatoires sont largement déterminées par un défaut génétique suggéré par le préfixe « auto ». Ce terme est aussi construit par opposition aux maladies « auto immunes » par labsence dautoanticorps et de lymphocytes T activés [8, 9]. Par la suite, il a été mis en évidence que linterleukine 1βjouait un rôle majeur dans la physiopathologie de cette nouvelle classe de maladies. De ce fait, il a été proposé de redéfinir les syndromes autoinflammatoires comme des affections caractérisées par une sécrétion exacerbée dinterleukine 1βpar les cellules myélomonocytaires et/ou par la régres sion des manifestations clinicobiologiques en présence dun traitement inhibant linterleukine 1β[1]. Certains auteurs vont même jusquà qua lifier dautoinflammatoire toute maladie dont lélément physiopatholo gique exclusif ou prédominant, quil soit dorigine génétique ou non, porte sur un des composants de limmunité innée [8]. Du fait de leur origine génétique, la plupart des syndromes auto inflammatoires débutent tôt dans la vie, parfois en période néonatale et rarement à lâge adulte. Cependant et même si, de nos jours, ces maladies sont mieux connues, du fait de leur rareté et de lidentifica tion récente de certaines entités, il peut exister un délai diagnostique important. Cliniquement, les patients atteints de syndromes auto inflammatoires présentent des épisodes récurrents dinflammation sys témique se manifestant par une fièvre récurrente inexpliquée, associée,
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de façon variable en intensité et en fréquence, à des atteintes dorganes (peau, muqueuses, séreuses et articulations), de nature inflammatoire, les protéines sériques de linflammation sont élevées et les tissus infil trés par des polynucléaires neutrophiles. Entre les crises, il existe des intervalles libres où les patients sont en bon état général, permettant une normalisation des paramètres biologiques dinflammation. Le noyau originel des syndromes autoinflammatoires est constitué de trois maladies monogéniques entrant dans le cadre desfièvres récurrentes héréditaireset caractérisées par la présence dépisodes inflammatoires récurrents liés à des mutations de gènes dexpression myélomonocytaire : la fièvre méditerranéenne familiale (FMF), le déficit en mévalonate kinase (MVK), le syndrome périodique associé au récepteur dutumor necrosis factor(TRAPS), dont les gènes ont été découverts entre 1997 et 2001. Une autre grande famille de syndromes périodiques associées à des muta tions du gène de la cryopyrine (NLRP3) est appelée cryopyrinopathies ou CAPS (cryopyrin associated periodic syndromes) et comporte différents spectres cliniques, dominés par une inflammation et un rash urticarien. Les cryopyrinopathies sont subdivisées en urticaire familiale au froid (familial cold autoinflammatory syndrome[FCAS]), syndrome de Muckle Wells (MWS) et syndrome chronique infantile neurologique, cutané et articulaire (CINCA) aussi appelé NOMID (neonatal onset multisystemic inflammatory disease). Ce groupe sest progressivement élargi à des maladies partageant des caractéristiques cliniques, fonctionnelles ou génétiques avec les pre mières. Parmi les maladies qui offrent une ressemblance clinique avec le noyau originel se trouvent, entre autres, des maladies génétiques mendéliennes comme le syndrome PAPA (arthritis, pyoderma gangre nosum and acne), le syndrome DIRA (déficit de lantagoniste du récep teur de linterleukine 1), le syndrome DITRA (déficit du récepteur de linterleukine 36), le syndrome CANDLE (chronic atypical neutrophilic dermatosis with lipodystrophy and elevated temperature), le syndrome de Blau, caractérisé par des formations granulomateuses, le syndrome de Majeed, le syndrome lié aux mutations deNLRP12. Des maladies sporadiques ont également été rattachées aux syn dromes autoinflammatoires, comme le syndrome PFAPA (periodic fever, aphtous stomatitis, pharyngitis and adenitis syndrome) caractérisé par une fièvre récurrente ayant des caractéristiques cliniques de type autoinflammatoire, mais pour laquelle aucune cause génétique na pu être identifiée, larthrite chronique juvénile dans sa forme systémique, la maladie de Still de ladulte et le syndrome de Schnitzler. Nous aborderons dabord les six fièvres héréditaires (avec les aspects cliniques, physiopathologiques et thérapeutiques), puis les syndromes mendéliens liés à des mutations des gènes de limmunité innée et enfin les formes non mendéliennes des syndromes autoinflammatoires. Lamylose inflammatoire, complication des syndromes inflamma toires prolongés associés aux syndromes autoinflammatoires, notam ment les fièvres récurrentes héréditaires, est traitée au chapitre 030137.
Fièvre méditerranéenne familiale La fièvre méditerranéenne familiale est le plus fréquent des syn dromes autoinflammatoires héréditaires. Elle affecte principalement les populations originaires du pourtour méditerranéen, notamment les