RÈsumÈ Critique LÕÈtÈ.Les dÈparts en vacances.La FranceQuand StÈvenin rÈunit un papy en peignoir, profonde entre Bourgogne etun infirmier et une ado fugueuse... tout Gironde.Quatre personnages se rencontrentpeut arriver. par une succession de hasards.A moins queC'est un conte pour grands enfants dit par ce soit le destin.Alors le vieux Mischka,un homme ivre. Alors il Ètait une fois... lÕinfirmier GÈgÈne, lÕado fugueuse Jane etl'oursMischkaqui partait en vacances Joli-Coeur la rockeuse, vont passeravec sa famille. Comme il n'y a pas beau-quelques jours ensemble, en voyageant verscoup de place dans la voiture, on l'a mis la mer.Quelques jours pour mieux com-dans le coffre. Au volant, le pËre parle prendre comment naviguer entre la famillebeaucoup et fort;; la mËre est blasÈe quÕon a et celle quÕon se choisit.derriËre, les jumelles se taisent ou minau-dent. En fait, l'ours est un papy. Pas un senior :un vieux, gros et mal rasÈ, enve-loppÈ dans un sale peignoir en peluche. MÍme dans le coffre, il gÍne: son propre fils l'abandonne dans une station d'auto-route. Comme un chien. Et alors il Ètait une autre fois... une demoi-selle appelÈe Jane (elle veut qu'on dise ´DjËneª), 15 ans, partie de chez sa mËre avec son petit frËre, du cÙtÈ d'Auxerre, dans l'idÈe de rejoindre son pËre sur la cÙte landaise. Pour Èviter la curiositÈ des gendarmes, elle s'invente un papy, trouvÈ l‡, sur la place, plantÈ dans un peignoir
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sale. C'est Mischka. Comment il est arri-vÈ l‡? Par l'opÈration d'un routier sympa, puis d'un infirmier branquignol, GÈgËne, qui l'a sorti de l'hospice o˘ l'ours avait ÈchouÈ, sur un fauteuil rou-lant. L‡ o˘ il y a GÈgËne, il y a du zÈphyr ;Áa tangue et Áa roule. GÈgËne, qui n'a plus de pËre et voudrait tant par-ler ‡ sa fille, hÈrite d'une famille en kit, d'occase : la jolie Jane, le vieux Mischka. Pour faire bonne mesure, le quatuor se dote en plus d'une Gitane pÈtulante et rockeuse qui se fait appeler Joli Coeur. «a veut dire qu'on a sautÈ un ´il Ètait encore une fois...ª N'importe, l'Èquipe est au complet, l'ÈquipÈe peut commen-cer. Le film? On n'en a pratiquement rien dit en dÈroulant ´l'histoire ª.On est dedans depuis bientÙt une heure, et depuis la premiËre seconde. Jean-FranÁois StÈvenin, conteur bourrÈ, ou griot bourguignon si l'on veut Ítre plus poli, a ce talent rare de faire respirer son spectateur ‡ fond tout en l'empoi-gnant fermement au collet. Pour avoir lui-mÍme fait corps avec ses person-nages, il sait leur insuffler la vie, la force d'exister en un rien de plan. C'est un cinÈma physique, viscÈral. On s'y apostrophe en borborygmes. «a Ètreint et Áa libËre dans le mÍme mouvement. (...) Au milieu de sa petite troupe, StÈvenin l'acteur donne Èvidemment de sa personne en GÈgËne. Il rebondit en titubant de l'un ‡ l'autre, et prend en charge le caractËre hallucinÈ de ce road-movie o˘ l'on voit si peu la route, un tour de France provinciale dont on ne verrait que les dÈtours, les Ètapes, les retards. L'estival quotidien y gagne une aura fantastique, ainsi lorsque GÈgËne se rÈveille, encore cuit de la nuit pas-sÈe, dans une petite ville dont la rÈalitÈ banale se brouille encore ‡ ses yeux de rÍve et de fantÙmes. Quand on arrive ‡ une telle note, incongrue, dÈchirante, Èlectrique, le plus dur est de la tenir. Tissu de hasards, d'accidents mineurs et de malentendus, un tel film a pour voca-tion de ne pas se fixer.Mischkan'a ni
portes ni fenÍtres, on y est, voil‡. Ses personnages sont diversement en vacance, et sans toit ni loi. Mischkan'a pas non plus de famille de cinÈma, ne paraÓt pas en vouloir. StÈvenin depuis toujours aspire ‡ quelque chose de cÈlinien, de furieuse-ment vif et archaÔque, ‡ une virilitÈ sen-timentale qui n'a pas peur des larmes, ‡ un cinÈma boitant si possible avec gr‚ce entre littÈrature sans paroles et rock'n'roll sans guitare. Cette gr‚ce qui manquait ‡ un Bertrand Blier quand son Merci la viecourait aprËs la mÍme envie, pour se planter quelque part entre pseudo-Lelouch et simili-Godard. Si l'on devait baliserMischka, ce serait au mieux, une fois encore, avec la dÈj‡ vieille lanterne Cassavetes, ‡ cause de cette maniËre commune de faire circuler des love streams, ces flux d'amour maladroits, cruels, incontinents, puÈrils; ces dÈsirs contrariÈs, dÈsordonnÈs; ces oublis. Quand les hommes cessent de se com-porter comme des enfants, le film alors touche ‡ sa fin. La cavale se pose, Ètire ses membres au soleil, le zapping fait place au camping, Mischka (l'Ètonnant Jean-Paul Roussillon) paresse dans une impossible gandoura bleu layette, GÈgËne n'a plus d'yeux que pour ceux d'une fÈe provisoire, et Jane (SalomÈ StÈvenin, la fille, toujours juste), seule adulte jusque-l‡, peut enfin se per-mettre d'avoir son jeune ‚ge face au pËre qui l'avait fuie. A tous, la maison est un salut et une malÈdiction. La famille un boulet et une utopie. On n'en voudra pas trop ‡ StÈvenin de se chauf-fer au doux rÈconfort d'un clichÈ recom-posÈ, ni mÍme de faire le peintre du dimanche sur d'ultimes plans de ciels: on a compris que le seul art o˘ il excelle est brut, sauvage, et qu'il est seul au monde ‡ pouvoir ainsi l'habiter. FranÁois Gorin TÈlÈrama n∞ 2719
(...)Mischka n'est pas un ours. PlutÙt un gros chien encombrant au regard d'Èpa-gneul oubliÈ au bord d'une route. En l'occurrence par son fils, Robert. ´Un connardª, dit le scÈnario. En tout cas, un nerveux pas sympathique. Du moins ‡ premiËre vue. Parce que, sous les traits d'Yves Afonso (acteur Èpatant, inou-bliable patron pÍcheur deMaine OcÈande Jacques Rozier), Robert se couvre vite d'une certaine humanitÈ... Surtout quand il lui arrive, ‡ lui aussi, des bricoles, qu'‡ peine embarquÈ vers le camping de ses vacances, il est lar-guÈ par son Èpouse (l'Ètonnante Claire StÈvenin)... Nous allons vite voir Mischka et GÈgËne s'Èvader de l'hospi-ce, dÈcouvrir Jane (SalomÈ StÈvenin), adolescente butÈe, et LÈo son petit frËre (Pierre StÈvenin, voil‡ donc un film de confection familiale) qui dÈbarquent dans cette histoire ‡ la recherche de leur paternel. Tous rencontrent Joli Coeur, une rockeuse tzigane... Une demi-heure est passÈe etMischkane semble pas avoir vraiment dÈmarrÈ. Patience! Car si le nouveau StÈvenin n'a pas l'abord immÈdiat duPasse-Montagne(1978) ou deDouble mes-sieurs(1986), il finit par dÈcoller trËs fort..
Il y a des miracles dans cette collection de paumÈs de tous ‚ges, espËce de famille recomposÈe, traversant enfin une France estivale ‡ la recherche de tendresse et d'aventures. Par exemple, le regard que l'acteur-metteur en scËne et son chef opÈrateur Pierre AÔm posent sur la campagne bourguignonne ou sur la Gironde terrassÈe de chaleur. Le cinÈ-ma franÁais nous a peu habituÈs ‡ ces purs (et courts) plaisirs de contempla-tion.(...)
Edouard WAINTROP
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(...) NaÔvement, on l'imaginait blindÈ, StÈvenin. Il est forcÈment fragile. Quinze jours avant le tournage deMischka, il plante mÈchamment sa moto (une 1 100 cm3) dans une Safrane, ´ma premiËre chute, j'aurais pu y passerª. Hosto. Pl‚tre (vaguement camouflÈ dans le film). Signe du destin, acte manquÈ? ´ Mmouais...Toute la prod, paniquÈe, Ètait autour de mon lit, en train de diffÈ-rer les dates. J'ai refusÈ et je suis sorti illico. ª (...)Il fait confiance ‡ ses flux secrets, au sixiËme sens. L'Ènergie, la respiration, le souffle, on y revient, via le mÈtier d'acteur. ´C'est un Ètat de gravitation: tu fais la descente au fond de toi-mÍme.ª Le tournage, il le compare ‡ une compÈtition sportive: ´Le Ricard, d'un coup, paraÓt fade. La coke, t'en as plus besoin. T'es en autocombustion, tu dÈgages une Ènergie fantastique qui anime tout le monde.ª StÈvenin n'a pas d'agent, ne dort jamais avant 4 ou 5 heures du matin, et disparaÓt souvent on ne sait o˘. StÈvenin a tournÈ avec des grands (Huston, Demy, Godard, Ferreri, TÈchinÈ...), mÍme si, parfois, il n'est que de passage. ´C'est l'un des rares acteurs ‡ ne pas Ítre narcissique, dit Laetitia Masson. C'est aussi le seul cinÈaste que je connaisse avec lequel il n'y a aucune rivalitÈ.ª Au milieu des annÈes 80, sa famille s'Èlargit: pour le jeune cinÈma franÁais, il devient ‡ la fois une rÈfÈrence comme cinÈaste, et un compagnon de route comme comÈ-dien (il est chez Patricia Mazuy, L‚m LÍ, Patrick Grandperret, Laurent Perrin), tout en assurant dans des productions cos-sues, commeParole de flicouLa RÈvolution franÁaise. StÈvenin se sent bien partout, fonctionne ‡ l'envie, pas aux dogmes. Jamais croisÈ la route de Pialat? ´Si, mais l‡, j'ai morflÈ. Humiliation. Pour rien, puisque, finale-ment, il a pris quelqu'un d'autre. J'ai mis deux ans ‡ m'en remettre. Mon pote Grandperret, qui connaÓt bien le Pialat, m'avait prÈvenu pourtant: "N'y va pas,
c'est pour te faire chier".ª (...)´ Hommede backstageª (selon Emmanuelle Castro, sa monteuse), il se glisse, se fond partout, Ècoute, s'im-prËgne. Art de l'esquive, du dÈplace-ment. Mais pour cela, il a aussi besoin de partenaires soudÈs. Plus qu'une Èqui-pe :une famille (la vraie et l'adoptive), une tribu, un ´guignol's bandª. Et ce jusqu'au montage, dans sa maison mÍme, ‡ Meudon, qu'il a transformÈe durant six mois en ´camp de Gitansª. Monteuses, ingÈnieurs du son, une demi-douzaine de mordus sur place, cer-tains dans la vÈranda, d'autres dans le sous-sol insonorisÈ. Tous aux petits soins, g‚tÈs par la charmante Èpouse, Claire, cordon bleu (et actrice formidable dansMischka). (...)Du cinÈma, comme la maison, ouvert aux quatre vents. Retraduit par StÈvenin :´On a tous un petit gouffre dans la maison.ª Jacques Morice TÈlÈrama - 20 FÈvrier 2002
Le nouveau film de Jean-FranÁois StÈvenin arrive sur les Ècrans, prËs de dix-sept ans aprËs le prÈcÈdent. De quoi alimenter toutes les craintes nÈes d'une attente scandaleusement longue. Dire, dËs lors, que l'on est soulagÈ devant l'ampleur et la puissance lumineuse de Mishkaserait un mensonge qui dissi-mulerait l'authentique euphorie saisis-sant tout spectateur qui se serait laissÈ embarquer, deux heures durant, dans l'odyssÈe estivale de cette famille fabri-quÈe avec les moyens du bord. Les grands cinÈastes tournent toujours le mÍme film, dit-on. Jean-FranÁois StÈvenin maintient, en tout cas, pour sa troisiËme rÈalisation, le mÍme regard sur le monde, la mÍme volontÈ de voir se dÈglinguer le dÈroulement inscrit des choses, le mÍme souci de saisir le temps trËs particulier de la vacance, le dÈsir de l'ÈchappÈe, la faim d'une trans-formation sauvage du rÈel en fiction pure, et en mÍme temps la nostalgie d'une gÈnÈalogie authentique.(...) Jean-FranÁois Rauger Le Monde Interactif - 20 FÈvrier 2002
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Pourquoi avoir fait un film de mer aprËs Entretien avec lerÈalisateur Filmographie deux films de montagne? JÕen avais vraiment marre de la mon-Quel a ÈtÈ l'ÈlÈment dÈclencheur de tagne (rires).Je voulais queDouble votre passage ‡ la rÈalisation, avecLe messieurssoit un film trËs solaire, enPasse-montagne 1978 Passemontagneen 1978? plein ao˚t.Mais comme beaucoup de J.-F. S. :«a a ÈtÈ le sÈjour dans ma scËnes sont nocturnes et quÕen ao˚t lesDouble messieurs1986 rÈgion natale, le Jura, au cours du tour-nuits commencent tard et disparaissent nage desDeux Anglaises et le vite, nous avons d˚ pour des raisons deMischka 2002 Continent, de FranÁois Truffaut. J'ai production le tourner dans le Vercors ‡ -passÈ un mois ‡ discuter avec les mecs 40∞C.Du coup, je traÓnais cette image de l‡-bas, d'‡ peu prËs tous les corps de ÒStÈvenin, les brodequins, la mÈtier. Le respect que le tournage, neige...Ó.Mais, pas du tout, cÕÈtait le comme expÈrience de travail, inspirait ‡ hasard. PourMischka, je voulais des ces gens m'a incitÈ ‡ faire mon premier paysages arrondis en pleine chaleur.Je film. Je suis, comme eux, moins fascinÈ voulais quÕon voit que la Terre est ronde, par le film que par le tournage, moins que les champs plats en scope soient soucieux de l'art que de l'expÈrience affectÈs dÕune courbure ‡ lÕhorizon. humaine qui Èmane de ce moment parti-culier. Le film montre la France profonde comme fondamentalement Ètrange.Les Pourquoi, dans ces conditions, tournez-gens normaux sont tous bizarres.Parfois vous aussi rarement: trois films en on bascule dans la science-fiction, trente ans? comme cette rencontre avec Johnny J.-F. S. :Pour la mÍme raison. Parce Hallyday. que chacune de ces expÈriences est un Johnny, cÕest lÕange qui survole la moment d'une intensitÈ telle qu'il faut France profonde depuis quarante ans ; du temps pour s'en remettre. Et puis il quÕest-ce que jÕÈtais content quÕil puisse faut aussi le temps que les histoires faire cette scËne ! Ce dont jÕai le plus arrivent, et se sentir de taille ‡ traver-envie, cÕest dÕinventer du vrai. Mais ser, ‡ chaque fois, les sables mouvants cÕest le plus dur. Je nÕai pas envie que la de la production, tout particuliËrement bizarrerie soit gratuite. Tout est bizarre, quand une conception du cinÈma ne mais tout est normal. Cette scËne Ètait s'accorde pas avec les critËres de totalement Ècrite. Mais Johnny a d˚ l'Audimat, de la tÈlÈvision... Cette Ètape improviser une partie, parce que Jean-de la production gÈnËre chez moi une Paul Bonnaire Ètait tellement sidÈrÈ de angoisse insupportable.(...) le voir dans le champ en face de lui quÕil Propos recueillis a un peu perdu le fil. A la fin du tourna-par Jacques Mandelbaum ge, il mÕa dit : ÒQuand je lÕai vu arriver, Le Monde, 20.02.02 je nÕen revenais pas, jÕai cru que De Gaulle Ètait dans le champ.Ó Mais cÕest vrai quand on rÈÈtudiera la France de la seconde moitiÈ du siËcle, dans cinquan-te ans, il y aura De Gaulle et Hallyday. Documents disponibles au France Cahiers du CinÈma FÈvrier 2002 Positif n∞493 Les Cahiers du cinÈman∞565. TÈlÈrama n∞2719
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