174
pages
Français
Ebooks
2013
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2013
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Publié par
Date de parution
21 juin 2013
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342008449
Langue
Français
« Ils poussèrent encore plusieurs pierres avant de pouvoir pénétrer dans le passage. Le chemin ne semblait pas aisé : après avoir parcouru quelques mètres, nos aventuriers constatèrent que le couloir devenait très étroit et obscur. Alice alluma sa lampe et nos deux explorateurs entamèrent leur progression avec une extrême prudence. La galerie semblait peu sûre, leur passage provoquait par endroits de petites avalanches de gravats qui se détachaient des parois. »
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Date de parution
21 juin 2013
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0
EAN13
9782342008449
Langue
Français
La Sentinelle oubliée
Jacques Legrand
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
La Sentinelle oubliée
Mokhtar
— Pousse ton cul, mon vieux ! Je ne tiens pas à étouffer dans cette poussière infâme que tu me lances à la tête !
— Ferme-la, un moment ! Je fais mon possible mais la torche électrique faiblit et je ne distingue plus les parois de cet interminable tunnel !
— Tu fais ton possible, tu fais ton possible ! À mon avis, ce n’est pas suffisant ! J’aurais dû te laisser croupir dans ton misérable trou au lieu de t’emmener à la découverte de la fortune !
— Ouais ! La fortune ! Le trésor des pharaons ! Et moi, pauvre cloche, je me suis laissé convaincre par un gars tellement radin qu’il prépare son expédition avec du matériel de seconde zone, même pas payé ! Que de la merde ! Il était aussi facile de voler des outils neufs de qualité…
— La fois prochaine, j’exigerai les certificats de garantie !
Ils se chamaillaient ainsi depuis le jour où William avait persuadé Max que le vieux Mokhtar avait dit vrai : malgré les recherches des égyptologues, il existait encore un fabuleux trésor enseveli à proximité du Nil !
En fait, tout avait commencé un an plus tôt, le jour où William Defer s’était rendu chez un vieux savetier du Caire pour faire réparer ce qu’il osait encore nommer des sandales !
Imperturbablement, pendant son travail, l’artisan égrainait les mêmes souvenirs. Par politesse, William hochait la tête de temps à autre pour lui exprimer son approbation.
Cependant, quelques mots avaient particulièrement retenu son attention : trésor, pierre précieuse, or, bijou étaient des termes qui sonnaient bien à ses oreilles et il devint instantanément plus attentif aux histoires du cordonnier.
— J’avais prévenu les frères Abdelkader que l’endroit était dangereux ! marmonnait le savetier en étendant méticuleusement de la colle sur les semelles. Ils ne m’ont pas écouté, ils sont partis et personne ne les a revus !
— Dans quelle région ? questionna innocemment Defer.
— Près du désert, dans les environs de Louxor.
— Dans la Vallée des Rois ?
— La tradition parle d’un grand sanctuaire…
— Le temple de la reine Hatchepsout ?
— Non, non, c’est beaucoup plus ancien !
— Et toi, simple savetier, tu connais ce secret !
— Certainement, je descends des Dieux ! assura-t-il avec dignité. Mon grand père m’a initié et je lui ai juré de révéler uniquement le mystère à mon fils !
— Et tu le racontes à qui veut bien l’entendre, malgré la parole donnée à ton ancêtre : ce n’est pas sérieux !
— Tu as raison, mais je n’ai pas de fils et il serait dommage que mon pays perde définitivement ces merveilles accumulées pendant des siècles et des siècles…
— Mais moi, je ne suis même pas égyptien, je suis français !
— Tu vis chez nous, tu respectes nos coutumes et tu vas à la Mosquée… Tu es des nôtres…
— Si tu le dis ! Alors, parle-moi encore de ce magot.
— Ce n’est pas un simple trésor… C’est l’accumulation des plus grandes merveilles de tous les temps, amassées par les Dieux.
— Rien que ça ! ironisa William, et tu n’as pas plus de détails en ce qui concerne la région à explorer ?
— Non ! Je suppose qu’il faut chercher aux alentours de Thèbes et de la Vallée des Morts.
Suite à cette réponse on ne peut plus évasive, l’aventurier s’était associé à un compatriote qui hantait le même quartier du Caire : Max Leroy.
Pendant des mois, ils quadrillèrent méthodiquement le territoire situé entre le Nil et le désert au voisinage de Louxor.
Après un an de recherches infructueuses, épuisés et sans ressources, ils allaient abandonner la partie quand ils découvrirent, dissimulée sous un promontoire de pierre, l’ouverture d’un boyau qui s’enfonçait rapidement sous les roches.
— Cette fois, c’est la bonne ! s’exclama William, fou de joie.
— Nous verrons, marmonna Max, dubitatif. Ici, je ne vois pas de grand temple, il n’y a que des ruines !
— Notre plan indique que ce tas de pierres est probablement ce qu’il reste de la nécropole édifiée par Montouhotep !
— Montouhotep… répéta Max, ce n’est pas très ancien : 2000 avant J.-C. si je ne me trompe pas !
— Exactement, admit William, surpris par la réponse de son comparse.
— Adossé à la falaise, à droite, le temple de la reine Hatchepsout fut construit cinq siècles plus tard. Le site était relié au Nil par un canal, poursuivit Leroy flegmatiquement.
— Stop ! Là, mon vieux, tu m’épates ! Depuis des mois, je côtoyais un archéologue sans le savoir !
— Rassure-toi, je ne fais que lire cette brochure, répondit Max en agitant un bouquin qu’il tenait à bout de bras.
— Ouf, tu m’as fait peur ! Cependant ce que ton guide ne précise pas, c’est qu’avant le temple de Montouhotep, à l’endroit où nous sommes, se dressait déjà un édifice très ancien consacré à la déesse Hathor.
— C’est pour cela que tu penses que nous avons repéré…
— L’entrée d’un site inexploré ! Dissimulons soigneusement ce trou et rejoignons en vitesse Louxor pour préparer une expédition qui fera de nous des hommes riches.
Une semaine plus tard, Defer et Leroy, chargés d’un matériel chapardé sur divers chantiers, étaient de retour à l’endroit de leur découverte.
C’est ainsi qu’après avoir dégagé l’accès au souterrain, nous retrouvons nos deux baroudeurs dans une galerie obscure, à la recherche de la fortune !
Subitement, la torche électrique de Max se mit à clignoter et après plusieurs hoquets, elle s’éteignit définitivement, laissant nos aventuriers dans une obscurité totale.
— Passe-moi des piles de rechange ! hurla-t-il.
— Elles sont dans ce fichu sac que je traîne derrière moi, répliqua William, le boyau est trop étroit, il m’est impossible de les atteindre pour le moment, continue de ramper… en espérant que ce trou s’élargisse rapidement.
— Tu en as de bonnes ! Je ne vois strictement rien ! Il y a peut-être des bestioles dangereuses, des pièges diaboliques et que sais-je encore ! Je ne suis pas ton esclave ! Évidemment, à l’arrière « monseigneur » ne risque rien, si je passe sans encombre, « monseigneur » passe sans encombre aussi, mais si je saute sur une mine, « monseigneur » fait demi-tour…
— À vaincre sans péril…
— Ouais, ouais, je sais !
Prudemment, ils se remirent à ramper. Des cailloux qui se détachaient des parois friables roulaient sous leurs corps. De temps à autre, des choses froides et visqueuses couraient sur leurs pieds, leurs mains ou leurs visages.
Après une progression qui leur sembla interminable, la pierre devint plus uniforme, plus lisse, probablement travaillée par l’homme.
— Stop ! s’écria subitement Max. Trop, c’est trop ! Passe-moi les nouvelles batteries illico ou je reste ici.
— Ce ne sera peut-être pas utile pour l’instant, répliqua calmement William.
— Tu es nyctalope ?
— Regarde devant toi, que vois-tu ?
— Rien de rien, et depuis trop longtemps !
— Ne râle pas, fais un effort !
— Je ne… Ah, oui, une lueur bleutée ! Tu as raison.
— Alors, rampe !
Les parois s’écartaient de plus en plus et ils purent bientôt continuer leur progression debout. Après avoir parcouru une centaine de mètres, ils aboutirent sur un promontoire rocheux qui dominait une gigantesque salle hypostyle.
Les titanesques colonnes soutenaient des dalles de granit ornées de dessins représentant ce qui semblait être des étoiles. Les parois, en calcaire fin, étaient couvertes de hiéroglyphes.
L’architecture de l’édifice souterrain s’apparentait à celle des multiples temples de la région, excepté la luminescence bleue qui parcourait les murs en ondulant, ainsi que d’énormes tentures soumises aux caprices d’une brise invisible.
Defer et Leroy restèrent un long moment immobile devant cet incroyable spectacle, fascinés par la beauté de ce décor inattendu.
— Incroyable, incroyable… répétait Max.
— D’accord, c’est une magnifique découverte, mon vieux, mais ce n’est pas tout, nous devons encore trouver le trésor ! Il faut continuer !
— Tu as raison, murmura son complice en empruntant prudemment un escalier qui se dirigeait vers l’intérieur de la salle.
William le suivit. Les marches étaient assez raides et fissurées par endroits. Après une descente de plus ou moins trente mètres, ils atteignirent un sol assez plat et recouvert de pavements en grès.
Soudain, Max se baissa et ramassa un objet en métal. C’était quasiment un carré de dix centimètres de côté et épais de cinq millimètres, couvert de signes cabalistiques et percé de trois trous : un rectangle et deux triangles.
— Voilà notre premier lingot d’or, dit-il en présentant fièrement sa découverte à William.
— Ne t’emballe pas ! grogna ce dernier en retournant l’objet dans tous les sens, ce n’est que du bronze !
— Sans blague ! Tu es chimiste ?
— Absolument pas, mais je peux t’affirmer que l’or est beaucoup plus lourd !
— C’est pourtant joli… et ça brille !
— Tout ce qui brille…
— Oui, je sais ! Et ces petits trous, ils servent à quoi, Einstein ?
— À te faire parler ! Avance !
— À vos ordres ! s’exclama Max en se dirigeant rageusement vers l’entrée de la salle.
Il fit une vingtaine de mètres à grandes enjambées. Il suivait un chemin creusé dans la pierre, probablement suite au passage de nombreuses personnes, passa entre deux petits obélisques et se dirigea vers la voie zigzagant entre les piliers.
Un flash lumineux éclaira violemment la salle et Max disparut d’un coup sous le regard hébété de William.
William
Le mendiant maraudait toute la journée autour des cars qui attendaient les voyageurs sortant de l’aéroport de Louxor.