Pouvoir local et tourisme , livre ebook

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Au début du XXe siècle, trois stations rayonnent au sommet du tourisme vaudois et valaisan. Montreux reçoit les grandes têtes couronnées d’Europe, Zermatt accède déjà au statut de destination de premier rang tandis que Finhaut, à cette époque deuxième station du Valais derrière Zermatt, compte une quinzaine d’hôtels et est fréquenté durant l’été par de nombreux Anglais. Près de 100 ans plus tard, la situation est totalement contrastée. Si Zermatt a connu une croissance presque constante de son économie touristique, Montreux a évolué vers une ville grâce à un processus d’urbanisation ainsi qu’à une diversification des activités économiques alors que Finhaut a vu après la Première Guerre mondiale son activité décliner puis péricliter, le tourisme ayant à l’heure actuelle quasiment disparu. C’est du point de vue de la gouvernance locale que cet ouvrage s’intéresse à la compréhension de cette différence de trajectoires touristiques, en identifiant les caractéristiques politiques locales qui ont joué un rôle sur le démarrage du tourisme au milieu du XIXe siècle puis sur les différentes phases de succès et de crise touristique qu’ont connues au fil du temps les trois lieux. Pour expliquer ces évolutions l’auteure met l’accent sur l’importance des partenariats publics-privés, l’existence d’un leadership touristique, la capacité d’adaptation et de réaction des acteurs locaux face aux événements ou encore leurs rôles politiques aux échelons institutionnels supra-locaux.

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Nombre de lectures

5

EAN13

9782889301348

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Couverture
4ème de couverture
Titre


G ÉRALDINE S AUTHIER
P OUVOIR LOCAL ET TOURISME
J EUX POLITIQUES À FINHAUT, MONTREUX ET ZERMATT de 1850 À NOS JOURS
É DITIONS A LPHIL -P RESSES UNIVERSITAIRES SUISSES
Copyright

© Éditions Alphil-Presses universitaires suisses, 2016 Case postale 5 2002 Neuchâtel 2 Suisse



www.alphil.ch

Alphil Diffusion
commande@alphil.ch


ISBN EPUB : 978-2-88930-134-8


Ce livre a été publié avec le soutien du Fonds national suisse de la recherche scientifique dans le cadre du projet pilote OAPEN-CH.


Photographie de couverture : © Galerie 123 (un deux trois) ‒ affiche ancienne et originale ‒ Genève

Responsable d’édition : Rachel Maeder
A VANT-PROPOS
C et ouvrage est tiré d’une thèse de doctorat soutenue en 2015, intitulée « Gouvernance locale et trajectoires de développement touristique. Comparaison des cas de Finhaut, Montreux et Zermatt entre 1850 et 2012 ». La recherche a été effectuée dans le cadre du projet E n t re ab î me et mé t amorphose : une ap p roche in t erdisciplinaire du dé v eloppement de s st a tions to u ristiques financé par le Fonds national suisse pour la recherche et le Canton du Valais.
Le livre se concentre sur la restitution de trois études de cas : les trajectoires touristiques de Finhaut, Montreux et Zermatt. La majorité des éléments théoriques qui figurent dans le manuscrit de thèse ne sont pas repris ici. L’objectif est de donner une large place au récit de l’histoire politique et touristique des trois lieux. Le lecteur souhaitant aller plus loin au niveau de l’analyse théorique du système de gouvernance locale peut approfondir le sujet en consultant la thèse.
1 T OURISME ET POLITIQUE  : DES LIENS QUI MÉRITENT D’ÊTRE ÉTUDIÉS
1 . 1 De s di f férences d’ é v o lution de s li e ux to u ristiques
D’abord pays de transit au milieu de l’Europe pour le passage entre le nord et le sud, le statut de la Suisse évolue durant les dernières décennies du X VI I I e  siècle sous l’effet de la valorisation de la nature par les Lumières et le courant du romantisme (Humair, 2011). Alors sources de crainte et de superstition, les paysages montagneux deviennent peu à peu des lieux attirants procurant sensations et émotions. Les œuvres d’écrivains et d’artistes, comme le poème d’Albrecht de Haller D i e Al p en , transforment la montagne en objet d’admiration. Leur lecture suscite le besoin de visiter les endroits célébrés et de séjourner au milieu des beautés naturelles helvétiques.
Les premiers lieux de villégiature sont Genève, Thoune, Interlaken et Lucerne, situés sur les rives des lacs et dont les romantiques admirent les paysages associant lac, Alpes et châteaux. Dès les années 1830, l’amélioration du réseau routier permet à quelques vallées de recevoir les premiers hôtels d’altitude. Dès lors et comme l’écrit l’historien Marc Boyer, «  L ’ é q u ation Va c ances =  Sui sse =  Alp es es t po s ée  » (2004, p. 25). La Suisse devient l’attrait majeur des vacances estivales pour les riches Anglais, bientôt suivis par les touristes d’autres nationalités.
Depuis les premiers moments du tourisme, celui-ci s’est vu profondément modifié par différents changements sociétaux et techniques qui se sont succédé jusqu’à aujourd’hui, tels que l’augmentation du temps libre et celle du revenu moyen des ménages, l’amélioration des systèmes de transport ou encore l’évolution des pratiques touristiques (Clivaz, Nahrath et Stock, 2011). Malgré ces transformations majeures, certains lieux réussissent la prouesse de maintenir au fil du temps une activité touristique dominante. Une aristocrate anglaise qui vient en 1900 passer les trois mois d’été à Zermatt et un touriste chinois qui s’y arrête deux jours dans le cadre de son tour d’Europe en 2010 n’ont pas grand-chose en commun si ce n’est d’avoir été attirés par le même lieu à plus d’un siècle d’intervalle. Comme le souligne Knafou (1996, p. 3), «  il semble qu’on n’ait pas suffisamment pris conscience de la performance que constitue, pour un lieu, sa capacité à rester touristique, c’e st-à-dire à traverser des décennies, voire des siè cles, de changement social  ». Cette constatation nous amène à nous poser la question suivante : comment et pourquoi certains lieux parviennent-ils à rester touristiques sur le long terme, tandis que d’autres voient leur fonction touristique décliner ou arrivent à se reconvertir avec succès vers d’autres secteurs économiques ? Parmi les multiples facteurs qui peuvent influencer ces différences d’évolution, c’est du point de vue du pouvoir communal, autrement dit du système de gouvernance locale, que nous avons choisi de traiter cette problématique.
Trois études de cas ont été choisies pour étudier le lien entre trajectoires touristiques et gouvernance, à partir des critères suivants : une mise en tourisme datant d’avant la période du tourisme de masse, une différence d’évolution au fil du temps, un état d’archives convenable et une accessibilité gérable pour l’enquête de terrain.
Zermatt (VS) connaît quatre phases dans son développement (Roy, Guex et Sauthier, 2012). La première s’étend de 1850 à 1890 et elle est dominée par la pratique de l’alpinisme. Le premier hôtel est construit en 1852 tandis que la première ascension du Cervin en 1865 assoit la réputation internationale du village. Entre 1890 et 1930, la deuxième phase est caractérisée par la pratique des mondanités durant la saison d’été : excursions, tea-parties, soirées dansantes et, surtout, voir et être vu.
Dès 1930, Zermatt entre dans une troisième phase avec le développement de sa saison d’hiver. Grâce à cela, la station réussit à passer le relais entre les activités d’été et celles d’hiver. Enfin, les années 1960 inaugurent une dernière phase qui voit la fréquentation hivernale devenir dominante, tandis que la croissance du nombre de visiteurs ainsi que celle de l’offre d’hébergement s’accélèrent. Zermatt représente parfaitement le cas d’une station voyant sa fonction touristique se pérenniser à travers le temps.
Le deuxième lieu choisi est Montreux (VD). Les premières auberges apparaissent déjà dans les années 1830, même si le développement touristique commence réellement en 1850 (Guex, Roy et Sauthier, 2012). À cette époque, les voyageurs se rendent à Montreux dans le but d’y faire des pèlerinages romantiques sur les traces d’écrivains qui ont situé l’intrigue de leur œuvre dans la région, comme Rousseau avec L a Nouvelle Héloïse ou Byron avec The prisoner of Chillon . En 1890 débute une deuxième phase de développement du tourisme. Celle-ci voit l’affirmation de la station comme lieu de cure, tandis que la pratique des mondanités bat son plein. En 1914, la Première Guerre mondiale freine de manière brutale cette expansion du tourisme et fait entrer la station dans une troisième phase qui durera jusqu’en 1945. Elle est caractérisée par la pratique dominante des sports populaires et par les difficultés dues aux deux guerres mondiales. Dès 1945, Montreux évolue peu à peu vers une ville touristique. Le tourisme est relancé sur de nouvelles bases, en particulier les congrès et les festivals. Les années 1970 correspondent au début de la quatrième phase du développement de Montreux, durant laquelle la dynamique positive du tourisme se heurte à une crise du secteur : les deux tiers des hôtels cessent leur activité entre 1970 et 2000. Enfin, le début des années 2000 illustre une nouvelle logique de fonctionnement avec une montée en force du secteur immobilier qui supplante le tourisme dans les recettes locales. Montreux illustre le cas d’une sortie réussie du tourisme, par une urbanisation et une diversification des apports économiques.
Finhaut (VS) est le troisième cas d’étude. Les débuts du tourisme sont liés à la proximité de Chamonix et à son développement touristique à partir du milieu du XVIII e  siècle (Sauthier, Guex et Roy, 2012). Durant la phase initiale de sa trajectoire touristique entre 1860 et 1890, Finhaut ne constitue qu’une étape sur la route de Chamonix. Dès 1890, la bourgade devient un lieu de villégiature, fréquenté en majorité par la classe de loisir anglaise. Au début du XX e  siècle, Finhaut devient la deuxième station du Valais. C’est le quartier général des alpinistes, qui revêtent le soir leurs plus beaux vêtements pour la pratique des mondanités. La Première Guerre mondiale marque la fin de cet âge d’or et inaugure une première période de crise touristique durant laquelle la station tente une reconversion vers le thermalisme avec la découverte d’une source d’eau radioactive. Elle essaie également de développer une offre de sports d’hiver, en construisant une patinoire et un tremplin de ski. À l’issue de la Deuxième Guerre mondiale débute une phase de reconversion des hôtels. Ceux-ci deviennent des maisons de repos, des préventoriums et des colonies de vacances. Le secteur hydroélectrique se développe avec la construction des barrages d’Emosson et du Vieux Emosson. Finalement, dès 1970, nous assistons à l’effondrement du nombre d’hôtels et de touristes. Il n’y a désormais plus que des excursionnistes venant visiter le barrage d’Emosson sans passer par le village. Le virage vers l’hydroélectricité ne s’accompagne pas d’une urbanisation et ne joue pas le rôle d’un facteur de développement. Finhaut symbolise le cas d’une station à succès ayant vu son tourisme péricliter puis presque disparaître.
La durée d’observation pour ces trois études de cas s’étale sur l’ensemble de la trajectoire depuis la mise en tourisme. Zermatt et Montreux sont étudiés entre 1850 et 2010 et Finhaut entre 1860 et 2010. L’objectif est de comprendre les crises affrontées par les lieux touristiques à différents moments de leur évolution.
1 . 2 To u risme et go u vernance lo c ale : des li e ns tr o p pe u ét u diés
La science politique s’est très tardivement intéressée à considérer le tourisme comme objet d’étude (Clivaz, 2001). Les liens entre le système de gouvernance locale et l’évolution d’un lieu tour

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