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DIA LINN
3 : LE LIVRE DE WYATT
Díoltas
Marie-Pierre BARDOU
© Éditions Hélène Jacob, 2014. Collection Littérature . Tous droits réservés.
ISBN : 978-2-37011-155-5
Résumé des tomes précédents
Irlande, décembre 1847.
Eileen O’Callaghan et son jeune frère Wyatt sont presque les seuls survivants de leur clan.
La Grande Famine a tué la mère, Barbra, le père, Padaig, et quasiment toute la fratrie. Le frère aîné, Aïdan, et son frère de lait Liam se sont révoltés contre la domination anglaise : Aïdan a été exilé en Australie et Liam s’est enfui à Dublin pour rejoindre les Jeunes Irlandais et fomenter la révolution. Le jeune homme, qui a repris le nom de sa mère, O’Brien, abandonne ainsi la jeune Eileen après une unique nuit ensemble.
Eileen et Wyatt laissent derrière eux un secret de famille qui est resté sans explications : un ancien litige opposait Padaig à sa belle-mère, Brigid, persuadée qu’il était coupable de la mort de sa fille. Padaig avait en effet été accusé d’être responsable, dans leur jeunesse, de la mort de son frère jumeau, Connor. Brigid, la mère de Barbra et également femme de tête aux pouvoirs de sorcière, révélera l’histoire à Eileen qui a hérité de ses dons : rêves prémonitoires, intuition surdéveloppée, capacités à lire dans le cœur des hommes… À la mort du père de Connor et de Padaig, leur mère a pris le voile et a légué leur fortune à leur dernier fils. Padaig a enterré le magot qui aurait pu sauver sa famille, les condamnant inexorablement : Wyatt découvre l’argent après la mort de leur père, mais Roisin, la fiancée d’Aïdan qui porte son enfant, disparaît avec leur fortune.
Eileen et Wyatt s’enfuient donc à bord du Morning Drew , un clipper à destination de New York. À bord, Wyatt fait la connaissance d’Edmond, un marin français qui devient vite un ami très utile, s’instituant mentor et protecteur du jeune Irlandais. Eileen a également un champion, pour le moment peu efficace : un chiot, cadeau de Finbar le gomaleau, et rejeton d’un des derniers irish wolfhound, les chiens-loups irlandais qui ont presque disparu des terres d’Erin. En grandissant, Fian deviendra un gardien précieux.
Dérouté, le Morning Drew essuie une terrible tempête, et les survivants ne doivent leur salut qu’à l’intervention d’un navire négrier où Désirée de Rocheclaire prend les deux jeunes Irlandais sous son aile. Cette belle Créole, héritière d’une puissante famille, les chaperonne à leur arrivée à La Nouvelle-Orléans, en Louisiane. Une nouvelle vie commence pour nos rescapés…
Tandis que Wyatt devient pilote à bord des steamers sillonnant le Mississippi, Eileen conclut un pacte avec leur protectrice : enceinte de Liam, elle confie ses jumeaux à Désirée qui ne peut avoir d’enfants et recherche des héritiers. Neal et Neve seront donc les enfants adoptifs des Rocheclaire et hériteront de l’ Éléonore , la grande plantation familiale.
Eileen devient la maîtresse d’un tricheur notoire, Jonathan Padding, et tous deux écument les steamboats dans des parties de poker aussi dangereuses qu’excitantes, où les dons particuliers d’Eileen constituent de précieux atouts.
Mais elle apprend que Liam est lui aussi aux États-Unis, parti en quête des Irlandais exilés pour les convaincre de rejoindre la toute nouvelle Fraternité feniane. Eileen se met à la recherche de son amour perdu…
Elle le trouvera, sans savoir que cela causera sa perte. Lors d’une partie de poker au cours de laquelle un certain Brian Turner met en jeu sa mine d’or, Jonathan est pris en flagrant délit de triche par Liam et abattu sur-le-champ. Eileen gagne la partie, et l’acte de possession de la mine, mais Liam la tue en cherchant à le lui voler.
Le livre d’Eileen s’achève ainsi, en août 1859, sur les rives boueuses du Mississippi, avec la mort d’une jeune Irlandaise qui n’avait pas su écouter ses visions…
Et s’ouvre maintenant le livre de Wyatt.
Préface
« Come from Alabama
With my banjo on my knee,
I'm going to Louisiana,
My true love for to see.
Je viens de l’Alabama
Mon banjo est avec moi
Je vais en Louisiane
Mon amour je vais revoir.
Oh, Susanna,
Oh don't you cry for me,
For I come from Alabama,
With my banjo on my knee.
Oh, Susanna,
Oh ne pleure pas pour moi,
Car je viens de l’Alabama
Mon banjo est sur mon genou.
It rained all night
The day I left
The weather it was dry
The sun so hot,
I froze to death
Susanna, don't you cry.
Oh, Susanna…
Il a plu la nuit
Quand je m’en allais.
Le temps est sec là-bas,
Le soleil si chaud,
Je m’y suis gelé.
Susanna, ne pleure pas.
Oh, Susanna…
I had a dream the other night,
When everything was still,
I thought I saw Susanna,
A coming down the hill.
Oh, Susanna…
J’ai fait un rêve l’autre nuit
Quand tout était tranquille
J’ai cru voir ma Susanna,
Qui descendait la colline.
Oh, Susanna…
The buckwheat cake,
Was in her mouth,
The tear was
In her eye,
Says I, I’m coming from the south,
Susanna, don't you cry.
Oh, Susanna…
La larme à l’œil
Et à la bouche
Le gâteau de blé noir
Je lui ai dit "Je viens du sud
Susanna ne pleure pas".
Oh, Susanna… » I
Personnages
Prologue
La main était plutôt minable.
Cyan regardait ses cartes sans vraiment les voir. Un deux de trèfle, un valet de cœur, un cinq de carreau. Sur la table, une dame de pique et un trois de même couleur. Autrement dit, pas de quoi miser.
Elle misa quand même, relançant d’une voix tranquille après l’annonce de son adversaire. Ils n’étaient plus que deux assis autour de la table. Les sept autres joueurs avaient sauté l’un après l’autre, s’accrochant désespérément à leur jeu quitte à y laisser toute leur cave. Elle savait qu’elle était l’attraction de la salle, et que sa seule présence électrisait ces joueurs pour la plupart médiocres. Ils pourraient raconter ensuite qu’ils avaient affronté Cyanure… Quelle gloire !
Celui qui lui faisait face était bon. Du moins, il possédait un véritable talent de mathématicien, capable de donner les probabilités en temps réel et d’évaluer ses possibilités de gain avec une précision de machine. Pour le reste, il était minable. Aucun panache, aucune prise de risque, un visage qui trahissait ses mains presque à coup sûr… et, surtout, cette faille propre aux perdants, soit l’incapacité totale à gérer les tilts.
Elle sentait le regard de l’homme sur elle tandis qu’il réfléchissait, pour décider quelle attitude adopter après sa relance. Cyan en était sûre : il savait qu’elle avait une mauvaise main. Il essayait juste de comprendre pourquoi elle ne s’était pas couchée en sauvant le monticule avantageux de jetons qui s’amoncelaient à son niveau, sur le tapis.
Quel nul. Elle releva la tête, plantant ses yeux verts dans ceux, sombres et interrogatifs, du petit homme noir qui lui faisait face à l’autre bout de la table. Il semblait à la torture. Elle bluffait, il en était convaincu, mais jusqu’où irait-elle ? Elle ne pouvait pas risquer tous ses gains avec la main misérable qu’il savait qu’elle avait.
C’était pourtant ce qu’elle avait décidé de faire. Perdre, puis regagner point par point tout ce qu’elle avait laissé à son adversaire. N’avait-il pas encore compris ? Pour gagner, le plus important est de savoir perdre.
Mais non, bien sûr qu’il ne le savait pas. Se mettre en danger était le seul moyen, pour elle, de ne pas mourir d’ennui.
Autour d’eux, le monde n’existait pas. La salle feutrée, reconstitution minutieuse d’un club anglais du XXI e siècle, était pourtant encombrée d’une petite foule de joueurs et d’observateurs, la plupart habillés avec recherche, un verre à la main. Les murs en lambris, le beau parquet ciré décoré de tapis persans hors de prix, les lumières douces… Ces lumières trouvaient parfois un diamant sur lequel ricocher, au cou d’une femme, ou une chevalière en or sur laquelle se mirer. Les murmures, les bruits de pas étouffés par les tapis, les mouvements discrets de ceux qui ne quittaient p