La candidature de Coluche dans la presse, quand les mots dessinent l’identité des journaux.
mémoire de fin d’études sous la direction de Denis Barbet, maître de conférence en science politique. séminaire : mots & symboles du politique soutenance le 5 septembre 2007 IEP de Lyon Université Lumière Lyon-2
Table des matières
Avant-propos. .
Introduction. .
Titre 1. Les mots pour dire Coluche dans la presse nationale. .
I. Une étude quantitative des journaux montre d’importantes disparités diachroniques dans le traitement de sa candidature dans la presse. . .
A. Une grande disparité quantitative au niveau des différents quotidiens nationaux . .
B. Une plus grande uniformité au niveau des hebdomadaires . .
II. Les mots pour dire Coluche : entre music-hall et politique. . .
A.Coluche, candidat ou homme de spectacle ? . .
B. La candidature de Coluche, entre farce et acte politique. . .
Titre 2. Les mots du corpus révèlent le positionnement des journaux quant à la campagne de Coluche. .
I. Les mots analysés mettent en relief la prise de position des journaux . .
A. Les mots les plus récurrents mettent en relief les positionnements les plus tranchés . .
B. L’utilisation des autres mots indique tout autant le positionnement et permet d’établir un classement. . .
II. Le positionnement des journaux confirmé par les thèmes abordés . .
A. Les journaux qui soutiennent Coluche crient à la « censure ». . .
B. Les différentes manières d’aborder les thèmes de la campagne coluchienne révèlent la prise de position des journaux. . .
Conclusion. .
Bibliographie. .
Livres de citations . .
Recueils d’écrits et de caricatures de et à propos de Coluche . .
Bandes dessinées, Albums . .
Articles de presse . .
Autres ouvrages . .
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La candidature de Coluche dans la presse, quand les mots dessinent l’identité des journaux.
Avant-propos
C' est l'histoire d'une passion... Difficile d'en dater le début, difficile d'en trouver l'élément déclencheur sans tomber dans le biais de la réécriture de l’histoire a posteriori. Ce qui est certain c’est que cette passion pour Coluche a commencé alors que j’étais jeune, très jeune, en découvrant un vieux 33 tours sur une étagère. Je ne comprenais pas toutes les références mais j’étais d’ores et déjà conquis par l’humour. Puis la passion a pris corps. De vide-greniers en vide-greniers, j’ai commencé une véritable collection. Les disques tout d’abord, puis les livres. Il me fallait comprendre toutes les références, tout connaître. Cette passion, je l’ai gardé en moi en intégrant Sciences Po, et ce mémoire en est en quelque sorte l’aboutissement. Un de mes objectifs à terme - comme tout collectionneur - est de réunir l’intégralité de ce qui a été écrit sur Coluche. A travers ce travail, j’ai progressé en réalisant ce vœu sur la période de sa campagne pour l’élection présidentielle de 1981. Ce mémoire est aussi pour moi l’occasion de faire un véritable premier travail de recherche. La recherche, passion découverte au hasard d’un cours de sociologie à l’I.E.P., passion à laquelle j’entends consacrer ma vie. Le résultat de l’union de ces deux passions, vous l’avez entre les mains, et j’espère que vous prendrez autant de plaisir à le lire, que j’en ai eu à l’écrire.
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Introduction
Introduction
« C’est l’histoire d’un mec… Vous la connaissez ? Non ? ». 19 mai 1974. Soir de l’élection de Valéry Giscard d’Estaing au poste de président de la République Française. La France entière est devant son téléviseur à attendre l’intervention du leader de la gauche défait pour la deuxième fois consécutive, François Mitterrand. Ce dernier ne parlera pas avant 23 heures, les chaînes de télévision doivent donc combler le temps libre. Paul Lederman, grâce à ses qualités d’impresario a réussi à placer sa nouvelle découverte, un certain Michel Colucci. Le style est novateur, un sketch d’une dizaine de minutes, où il ne se passe quasiment rien, mais où l’humoriste ne manque pas de placer quelques petites répliques qui font mouche (« Un mec normal. Blanc. ») et qui laissent transparaître un nouveau langage à la télévision. Le public adore, le public adhère. Le phénomène Coluche vient de naître. A partir de cette soirée, il fera salle comble à chaque spectacle, il sera même le premier comique à vraiment « vendre » des disques. Ni Lederman, ni Coluche, n’oublieront qu’ils doivent en grande partie ce succès à la médiatisation de l’élection présidentielle.
Sept ans plus tard, Valéry Giscard d’Estaing vit une fin de mandat difficile. Le nombre de chômeurs franchit la barre symbolique des 1,5 millions, l’inflation dépasse les 13%… Mais ce qui pénalise avant tout le président ce sont les affaires. La plus célèbre d’entre elles reste l’affaire des diamants. Ces diamants offerts par l’empereur de Centre-Afrique (Bokassa) au président Giscard. Diamants qu’il a nié avoir reçus dans un premier temps, puis qu’il a déclaré avoir vendus. Il doit s’expliquer devant les citoyens, il apparaît mal à l’aise, bafouillant, « le roi Giscard » semble affaibli.
« Le roi », surnom qui sonne comme une des critiques les plus récurrentes adressées au président en exercice et qui lui a valu une célèbre « une » du Nouvel Observateur que vous découvrirez un peu plus loin. Les Français semblent en effet très critiques à l’égard de cette monarchisation de la fonction présidentielle. En novembre 1980, Le Monde fait paraître un sondage qui révèle que « 65% des français ne veulent plus des princes qui les gouvernent ». Les critiques concernant la noblesse du président pleuvent, candidat à sa réélection il tentera de paraître plus proche du peuple que durant son premier mandat à la tête de l’Etat. L’enquête sur la mort de Robert Boulin, ancien ministre du Travail en exercice retrouvé mort le 30 octobre 1978, est longue et ne fournit pas vraiment d’éléments concrets. Cet événement marque l’opinion et amène Michel Rocard à « s’étonner qu’autant d’hommes 1 politiques disparaissent de mort violente » . Nous ne pourrons pas passer en détails toutes les critiques adressées à Valéry Giscard d’Estaing ; notons qu’en cette période d’élection un projet fait beaucoup parler de lui, celui de la loi « sécurité et liberté ». Interrogé par Le Monde à ce sujet Guy Bedos qualifiera 2 cette loi de « néo-fascisme mou » , mais ce qui, vraisemblablement, affaiblira davantage le président, c’est l’échec de sa politique économique. La crise mondiale ne pouvait épargner la France bien longtemps, mais en nommant le « Joffre de l’économie » à la tête du gouvernement, VGE avait signalé sa volonté de réussir dans ce domaine. Coluche attaque
1 PFISTER (Thierry), « Que faire de Coluche ? »,Le Nouvel Observateur, 8 décembre 1980, n° 839, p.40 2 « Un entretien avec Monsieur Guy Bedos »,LHOMEAU (Jean-Yves), Le Monde, 3 décembre 1980, n°11 148 p.1 Bozonnet Gregory - 2007
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le bilan économique de ce gouvernement dans une de ses célèbres phrases publiées quotidiennement dans les colonnes de Libération entre novembre 1980 et janvier 1981 : « Hausse des prix : la France en tête… Les usines ferment, les régions meurent… Raymond 3 Barre invente le chômage central. » . Dans son célèbre sketch « Votez Nul », l’humoriste résumait ce septennat en quelques bons mots : « Valéry Giscard d’Estaing, on lui a demandé l’autre jour et il a répondu : « je suis au trois quarts satisfait ». Voyez-vous : un million huit cent mille chômeurs, la hausse des prix, le déséquilibre du commerce extérieur ; c’est que les trois quarts de ce qu’il peut faire. Moi à votre place je voterai encore pour lui, il va faire mieux ce mec là ! ». Il n’est pas prouvé que ce soit cette consigne de vote qui ait changé les choses, mais Giscard semble assuré de sa réélection. Dans un texte de soutien à Coluche sur lequel nous reviendrons plus tard nous pouvons lire « plus rien ne pourra changer le résultat final : la corruption, les scandales, la crise, le mécontentement populaire, les atteintes aux Droits 4 de l'Homme, n'y feront rien. » Nous pourrions nous étonner qu’après toutes ces critiques, VGE paraisse aussi sûr d’être à nouveau élu. Cette réélection programmée est vue par Coluche comme une « mauvaise nouvelle », pour lui si « Giscard gagne dans un fauteuil… les français perdent 5 les élections ». Mais cette probable réélection n’est pas le fruit du hasard. L’union de la gauche a volé en éclat en 1978 après l’échec des négociations sur la réactualisation du programme commun. En 1981, ce ne sera pas un mais plusieurs candidats de la gauche qui affronteront le président sortant au premier tour. Le parti socialiste et le parti communiste se renvoient la responsabilité de cet échec, ce qui contribue à leur perte de crédibilité et renforce Giscard dans les sondages. Nous pouvons de plus noter que ces mêmes sondages semblent montrer que le candidat souhaité par les sympathisants socialistes serait Michel Rocard. François Mitterrand sera pourtant à nouveau désigné pour affronter le président sortant. Coluche dira d’ailleurs tous les soirs dans son spectacle au théâtre du Gymnase qu’il a « peut-être raté le certificat d’études, mais que lui ne l’a pas tenté trois fois ». Il le raillera aussi à travers cette petite phrase : « 11 novembre, journée des anciens combattants de 6 14-18 : Mitterrand se présente. » Raymond Barillon reviendra dans les colonnes du Monde sur cette situation de la, voire des, gauche française. Pour lui, « le premier degré de la désunion, celui de la guerre entre le P.C.F. et le P.S. qui rendait impossible, par définition, une candidature unique de la gauche, est dépassé. On est désormais au second, celui de la querelle double au sein du P.S. et du P.C.F., puisqu'il est évident que M. Mitterrand ne sera pas le candidat de tous les socialistes 7 et que M. Marchais n'est pas celui de tous les communistes. » Guy Bedos conclue, «Il y a 8 des gens, en 1974, qui voulaient changer la vie. Et puis ils ont changé d'avis. »
3 Libération, 13 novembre 1980, n°2099, p.08 4 « Coluche aussi a ses intellectuels pétitionnaires »,Libération, 19 novembre 1980, n°2104, p.8 5 Libération, 8 novembre 1980, n°2095, p.07 6 Libération, 10 novembre 1980, n°2096, p.07 7 BARRILLON (Raymond), Résurgences,Le Monde,21 novembre 1980, n° 11 138, p.10 8 LHOMEAU(Jean-Yves), « Un entretien avec Monsieur Guy Bedos »,Le Monde, 3 décembre 1980,n°11 148 p.1 Bozonnet Gregory - 2007
Introduction
L’élection de 1981 aura donc des allures de « remake », « qu’est-ce qu’on joue au 9 deuxième tour ? Mitterrand - Giscard. C’est con j’ai déjà vu le film » écrira Coluche. Mais « tous les observateurs s’accordent à penser » que « les présidentielles seront des 10 11 "élections pour rien" » et que corollairement la « campagne s'annonce assez terne » . On lira dans les colonnes du Monde que ce sont des élections « pour le principe, puisque "les jeux sont faits", que le président de la République sortant est, paraît-il assuré 12 de sa réélection. » , les journalistes de Charlie Hebdo qualifient même cette élection d’« escroquerie ». « Un loto dont le numéro gagnant serait connu d'avance serait bien une 13 escroquerie, non ? »
9 COLUCHE,Libération, 23 décembre 1980, n°2133, p.8 10 NAJMAN (Maurice), « Coluche l’anti-candidat :"J’irai jusqu’au bout"»,Libération, 31 octobre 1980, n°2088, p.1 et p.24 11 er « L'effet Coluche »,Le Matin de Parisnovembre 1980, n°1146, p.2, 1 12 LHOMEAU (Jean-Yves), « Coluche ou la campagne imprévisible »,Le Monde, 12 décembre 1980, n°11 156, p.10 13 CAVANNA, « Qu’est-ce qu’il peut-il arrêter Coluche ? »,Charlie Hebdo,11 février 1981 Bozonnet Gregory - 2007
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Face à cette élection qui s’annonce « courue d’avance », et particulièrement morne, un homme a décidé de mettre son grain de sable, Coluche. Difficile de savoir comment l’idée de se présenter à cette élection est née, il y a débat. Cette campagne serait partie d’une idée de son ami, le cinéaste Romain Goupil, qui pensait ainsi contourner la censure dont Coluche s’estimait victime après son renvoi de Radio Monte Carlo. L’idée pouvait se résumer ainsi, si Coluche est candidat il bénéficiera d’un temps d’antenne où il serait libre de dénoncer ce qu’il entend sans risque de se faire renvoyer. Cette idée va être soigneusement distillée à qui veut l’entendre pendant plusieurs mois. Ainsi, en mars 1980, on peut déjà lire dans les colonnes du Monde, « Je vais probablement me présenter aux élections présidentielles. Comme candidat nul, pour faire voter les non-votants. Mon argument principal sera ne pas 14 être élu. » . Au fur et à mesure que l’on approche de l’annonce officielle, Coluche multiplie ce type de déclaration. « J'attends avec impatience les élections pestilentielles. Je souhaite 15 me présenter » déclarait-il dans les colonnes du même journal en octobre 1980 cette fois ci. Il n’aura pas attendu très longtemps, le 20 octobre 1980, le premier communiqué de presse annonce officiellement la candidature de l’humoriste et prévient qu’une conférence de presse sera tenue au Gymnase, dix jours plus tard. Le rendez-vous est pris. Le 30 octobre toute la presse et toutes les télévisions seront présentes. Coluche va tenir une vraie conférence de presse, certes plus drôle que celles des autres candidats mais qui fait tout de même passer un message : « Je m'adresse à ceux qui ont voté à gauche pendant 30 ans pour rien. Car, malheureusement, elle n'a rien fait. Je fais partie de ceux qui ont mis pas mal d'espoir dans la gauche. Mais en arrêtant leur programme commun, ils ont décidé de ne pas être élus. Je m'adresse aussi à ceux qui ont voté à droite 16 pendant 30 ans pour rien non plus. Vous en connaissez des promesses tenues ? ». Il ajoutera, « Depuis trente ans, ils votent pour des gens compétents et intelligents qui les prennent pour des imbéciles. Aujourd’hui je leur propose de voter " pour un imbécile ». « D’habitude, ils votent pour rien » : en choisissant Coluche, « ils voteraient " pour quelqu'un qui n'est rien " sinon un " abstentionniste professionnel " et qui, d'ailleurs, ne voudrait pas être élu et ne se présentera qu'au premier tour, les gens sérieux pouvant toujours, au second 17 tour, faire le choix qui comptera. » C’est à cette candidature « du plus connu et du plus populaires des candidats 18 atypiques » que nous allons nous intéresser. Plusieurs ouvrages ont d’ores et déjà été réalisés sur ce sujet, mémoires, thèse, biographies, ouvrages de témoins, documentaires, un film est même en projet pour le printemps prochain. Difficile dès lors de présenter une vision nouvelle de cet événement ? Rien n’est moins sûr. Beaucoup de ces ouvrages font des raccourcis, énoncent des idées préconçues sans jamais vraiment prouver quoi que ce soit. C’est notamment le cas du traitement médiatique de cette candidature. Tous les ouvrages se réfèrent à la censure, aux journaux amis ou ennemis de Coluche mais aucun n’entre vraiment dans les détails. C’est à partir de ce constat que l’idée de travailler sur le traitement médiatique de la campagne de l’humoriste est née. Difficile de travailler sur la censure, d’autant plus qu’elle touche surtout les radios et télévisions et que l’objectif de notre
14 FLEOUTER (Claude), « La politique me fait rire »,Le Monde, 27 mars 1980, n°10936, p.13 15 FLEOUTER (Claude), « « Je voudrais être candidat aux prochaines élections » »,Le Monde, 4 octobre 1980, n°11 097, p. 27. 16 NAJMAN (Maurice), « Coluche l’anti-candidat : « J’irai jusqu’au bout » »,Libération, 31 octobre 1980, n°2088, p.1 et p.24 17 er LA BARDONNIE (Mathilde), « Coluche candidat : sérieux »,Le Monde, 1 novembre 1980, n°11121, p.8 18 FULIGNI (Bruno),Votez fou !, Paris, Horay, 2007, p. 124 Bozonnet Gregory - 2007
Introduction
travail était de travailler sur les mots. Alors c’est à l’autre idée reçue que nous allons nous attaquer. Qui sont les journaux amis et ennemis de Coluche ? Comment les reconnaître ? C’est autour de ces quelques questions qu’a commencé notre travail, puis il s’est affiné. Pour se centrer sur un seul sujet, les mots pour dire Coluche. Précisons. Les mots pour dire Coluche, c’est une formule qui englobe toutes les périphrases utilisées pour éviter de répéter à longueur d’article Coluche, Coluche, Coluche. Nous avons aussi pris en compte toutes les personnes et événements passés auxquels Coluche pouvait être comparé, et enfin nous avons étudié les mots renvoyant à la campagne de l’humoriste.
La campagne de Coluche a généré un débat passionné. On adore, on déteste, mais on peut difficilement être indifférent à cet événement. Tous les journaux ont donc, tôt ou tard donné leur position sur la campagne de l’humoriste. Notre travail a donc pour but d’analyser les mots qui permettent de mieux comprendre le positionnement des journaux. En fin de compte tous ces mots vont contribuer à construire l’identité des journaux, au sujet de Coluche en tout cas.
Le principe de démonstration impose une certaine rigueur scientifique, c’est pourquoi nous allons réaliser cette étude en deux temps. D’abord nous nous évertuerons à présenter les éléments objectifs du traitement de la candidature de Coluche dans la presse pour ensuite analyser le positionnement de chacun des journaux en montrant en quoi il est lié aux mots utilisés pour dire Coluche. Nous avons retenu pour cette analyse les titres suivants, nous expliquerons par la suite le pourquoi de ce choix : Charlie Hebdo, L’Humanité, Libération, Le Matin de Paris, Le Nouvel Observateur, Le Monde, L’Express, Le Point, Le Figaro et Minute. Nous avons récolté tous les articles se rapportant à la candidature de Michel Colucci et nous les avons analysés sous un axe quantitatif et qualitatif. Ainsi, au risque de rendre ennuyeux ce qui ne l’était pas, nous allons présenter tout d’abord les mots pour dire Coluche, en nous appuyant dans un premier temps sur l’acception quantitative du terme puis en présentant qualitativement ces mots, pour ensuite montrer en quoi ce sont d’excellents révélateurs du positionnement des journaux évoqués.
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Titre 1. Les mots pour dire Coluche dans la presse nationale
I. Une étude quantitative des journaux montre d’importantes disparités diachroniques dans le traitement de sa candidature dans la presse.
Dans ce premier temps de notre réflexion, nous allons nous intéresser à la quantité d’articles parus à propos de la candidature de Michel Colucci dans la presse nationale. Nous avons décidé de séparer les journaux quotidiens des hebdomadaires. En effet, les premiers sont plus à même de réagir à l’actualité alors que les seconds réaliseront plutôt des études de fond de cet événement. Nous avons réuni cent cinquante et un articles de quotidiens et trente cinq articles d’hebdomadaires. Pour être intégré au corpus, le sujet principal de l’article devait être la candidature de l’humoriste ; nous n’avons pas retenu les articles se contentant d’allusions, ce qui ne signifie pas pour autant que nous n’y ayons pas prêté attention. Nous commencerons par analyser la place réservée à la candidature de Coluche dans la presse quotidienne, en montrant la grande disparité que l’on trouve entre les différents titres, pour ensuite montrer qu’il existait une plus grande hétérogénéité quantitative au niveau de la presse hebdomadaire.
A. Une grande disparité quantitative au niveau des différents quotidiens nationaux
Afin de reproduire au mieux la diversité qui existe au sein de la presse quotidienne nationale française, nous avons décidé de réunir tous les articles des quatre grands quotidiens nationaux, représentant tous plus ou moins un courant politique. Pour représenter le parti communiste, nous nous sommes penché sur L’Humanité, qui à l’époque en était l’organe officiel. Libération couvre la gauche non-communiste, Le Figaro reflète l’opinion de la droite gouvernementale alors que Le Monde se veut « journal de référence ». Jean-Michel 19 Vaguelsy , m’a conseillé, lors d’un entretien, de me pencher sur le journal Le Matin de Paris qui faisait régulièrement écho à la candidature de son ami. Ce quotidien, proche du parti socialiste, a donc été ajouté aux quatre précédents. Afin de montrer au mieux l’inégalité de traitement de cette candidature entre les différents journaux que nous venons de citer, nous avons réalisé le graphique de la page précédente. Celui-ci représente le nombre de mots employés par chaque quotidien à propos de la campagne de Coluche. Seul le journal Le Monde est doté d’un index dans lequel sont 19 Jean-Michel VAGUELSY était un ami de Coluche, il a tenu auprès de lui différents postes notamment celui de « bureau politique ambulant » pendant la campagne présidentielle de l’humoriste. Il est l’auteur deColuche, roi de cœur, Paris, Plon, 2002. 10 Bozonnet Gregory - 2007
Titre 1. Les mots pour dire Coluche dans la presse nationale
répertoriés tous les articles par thème et par année, ce qui garantit l’exhaustivité du corpus de ce journal. Les autres titres ne disposant pas d’index, la recherche a dû s’effectuer page par page, ce qui pourrait expliquer l’éventuel oubli d’un article. Nous allons voir dans un premier temps que les différents quotidiens traitent massivement de cette candidature (semaine 1 à 7), pour ensuite montrer que les articles se raréfient.
a) L’encre coule à flot en début de campagne…
La campagne présidentielle de Coluche durera en tout et pour tout vingt-trois semaines, du 29 octobre 1980 au 5 avril 1981. Pourtant, plus de la moitié des cent cinquante et un articles de notre corpus sont parus dans les sept premières semaines de cette campagne, c’est à dire avant le 21 décembre. Le graphique que nous avons réalisé prend en compte le nombre de mots, plutôt que le nombre d’articles, afin d’éviter la sur-représentation des journaux utilisant fréquemment les brèves et afin de montrer au mieux les variations quantitatives du traitement médiatique de la candidature de Coluche dans le temps. La première chose qu’il convient de noter réside dans le fait que tous les journaux ne commencent pas à traiter cette candidature au même moment. Si Libération, Le Monde 20 et Le Matin font paraître des articles dès la conférence de presse tenue par l’humoriste
20 Les journalistes duMatin de Paris, nomment eux-mêmes leur quotidienLe Matin, nous utiliserons donc fréquemment cette appellation. Bozonnet Gregory - 2007 11