Tolkien : Tolkien, biographie d'un seigneur

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Description

Professeur en gilet à boutonnière, qui aimait la pipe et les repas simples, J.R.R. Tolkien était aussi capable des passions les plus débridées, l’entraînant vers des contrées imaginaires et fascinantes.
Dossier de 44 pages, extrait du Hors-série de Lire - Tolkien Le Seigneur des écrivains.
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Sujets

• Themes
• Subjects
• Science Fiction
• Art
• Fantasy

Informations

• Publié par: Lire Magazine
• Date de parution: 06 mai 2024
• Nombre de lectures: 0
• EAN13: 9782383430155
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 157 Mo

Extrait

n° 29

. Biographied’unseigneur

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Dans le doute,un homme de valeur s’en remet à sa propre sagesse ’ ’ Le Seigneur des Anneaux

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Le destin d’un Hobbit Professeur en gilet à boutonnière,qui aimait la pipe et les repas simples, J.R.R. Tolkien était aussi capable des passions les plus débridées, l’entraînant vers des contrées imaginaires et fascinantes.

e pencher sur la vie de Tolkien revient à tenter de résoudre un singulier paradoxe : comment l’A S ngleterre victorienne, atil pu donner ce timide professeur de littéra ture médiévale, qui n’aimait rien tant que le tweed, la fla nelle, les jardins et les survivances de

La mère veut l’appeler Ronald,le père souhaite John,

naissanceàuneœuvreaussirayonnante S IMAGE ei,deopsémulteetn,detuoitanigami’d capable d’enflammer le cœur de millions de lecteurs de par le monde ? Comment ce père de famille qui ne quitta jamais longtemps PICTURES/GETTY son pavillon de banlieue, préférant le cercle LIFE restreint de quelques intimes, atil pu écrire TIME © une poignée de romans si universels qu’ils

persistent à transcender les classes et les générations? Luimême, à vrai dire, aurait rechigné à répondre à cette question, l’en voyant valser d’une remarque narquoise. À moins qu’il ne vînt rappeler cette conviction solidement ancrée chez lui : « Je tiens fer mement que retracer la vie d’un écrivain est une manière fausse et entièrement vaine * d’approcher son œuvre . » Laissons donc l’œuvre de côté, pour le moment, et tâchons simplement de conter sa vie. Tolkien naît en 1892 dans l’État libre d’Orange, une ancienne république boer d’Afrique du Sud. Son père, Arthur, descendant d’immigrants allemands spécialisés dans la fabrica tion de pianos, s’y était installé pour faire fortune dans la banque. Sa mère, Mabel, venait de l’y rejoindre. Le 4 jan vier, Arthur Reuel Tolkien écrit depuis Bloemfontein : « La nuit dernière, Mabel m’a donné un beau petit garçon. […] Il a des mains et des oreilles très belles (des doigts très longs), des cheveux très clairs, des yeux “Tolkien” et une bouche très nettement * “Suffield” . » La mère veut l’appeler Ronald, le père souhaite John, « comme son grand père », sans oublier Reuel, second

JOHN RONALD REUEL TOLKIEN EN QUELQUES DATES

1892Naissance dans l’État libre d’Orange. 1895Départ pour l’Angleterre. 1896Mort de son père, Arthur. 1904Mort de sa mère, Mabel. 1916Mariage avec Edith, son amour d’adolescence. 1916Participe à la bataille de la Somme. 1924Naissance de Christopher, son troisième fils. 1925Nomination au poste de professeur à Oxford. 1926Rencontre avec Clive Staples Lewis. 1937Parution duHobbit. 1945Feuille, de Niggle. 1947Du conte de fées. 1954Le Seigneur des Anneaux. 1972Élevé au rang de commandeur de l’Ordre de l’Empire britannique. 1973Mort de J.R.R. Tolkien. 1977Parution duSilmarillion,révisé par Christopher Tolkien.

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>LE DESTIN D’UN HOBBIT

1892. À onze moi s, avec ses par ent s et l eur s domest i ques, à Bl oemf ont ei n, dans l ’ Ét at l i br e d’ Or ange, une anci enne r épubl i que boer d’ Af r i que du Sud.

prénom d’Arthur. Ce sera donc John Ronald Reuel – raccourci en « Ronald » pour sa famille et, plus tard, sa femme, ou « Tollers » pour ses amis. Le bambin ne res tera qu’à peine trois ans sur le continent afri cain, le temps de connaître au moins deux péripéties : il fut enlevé un jour par un des domestiques, désireux de montrer à son kraa(« hameau ») à quoi pouvait res sembler un bébé blanc ; et fut piqué au pied quelques mois plus tard par une tarentule, qui inspirera peutêtre les nombreuses araignées de ses récits. En1895, , Ma a b b el el ju s g e e r q e u n e d le co cl m im pt a e t q es u t e tr l o e p cl c i h m a a u t d e p st o t u r r o s p e c s h d a eu d x p g o ar u ç r o s n e s d – e u u n x p g e a t r i ç t o fr n è s r – e, u H n il p a e r ti y t , f é r t è a r it e, n H é i l’a r n y  , n ét é a e it d n ’a é v l a ’ n a t n – n , é e e td ’ é a ci v d a e nt d – e , reto d u é r c n id er e e d n er A e n to gl u e r t n er e re e . n A A rt n h g u l r et d e o r i r t e l . es A s r u t i h vr u e r d p o e i u tl a es pr s è u s ivr m e a p is e i u l a m pr e è u s rt m l’ a h is iv il er m s e ui r  t l v ’ a hi n v t er d s ’u i n va r n h t u d’ m u a n ti r s h m u e ma i t n i f s e m c e ti i e n u f x e , ctieux, avantd’avoirpulesrejoindre.Rapatrié dansl l e e s s M M i i d d la la n n ds ds au a p u r p è r s è d s es de g s ra g n r d a s n p d a s  re p n a t r s en p t a s t p e a r t n er e n ls e , ls l , e le jeu j n e e un R e o R n o a n l a d ld n n e e ta ta r r dera pasàprendregoûtauxpaysagescolorés duWorcestershire.«Enn’importequel endroit(beauousordide)decetterégion,

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1895. Avec son j eune f r èr e, Hi l ar y , à Bi r mi ngham, où l a f ami l le vi ent de s’ i nst al l er pour f ui r l a chal eur sud- af r i cai ne.

je me sens “chez moi” d’une manière indéfinissable, comme nulle part ailleurs * dans le monde . »

PREMIERS ÉMOIS Ce sentiment culminera avec l’installation de Mabel et de ses enfants dans le hameau de Sarehole, à deux lieues du centre de

« J’avais grandeenvie de dragons.Bien sûr, mon corps timide ne voulait pas les avoir pour voisins »

Birmingham. Les deux frères y découvrent le plaisir de la vie à l’air libre, à l’ombre du grand moulin qui dominait cet endroit peupléd’ogresnoirsoublancs.Tolkieny développe surtout un goût qui ne se démen tira jamais pour la nature inviolée, et en particulier pour les arbres. « Il y avait un

4 • T O L K I E N •L I T T É R A I R EM A G A Z I N E L I R E C O L L E C T I O N S L E S

saule qui surplombait la mare du moulin, et j’avais appris à grimper dessus, se sou viendratil. Un jour, ils l’ont coupé. Ils n’en ont rien fait : le tronc est resté là. Je ne l’ai * jamais oublié . » C’est aussi l’âge des premières lectures, de celles qui marquent pour la vie. Ronald dévore ainsi les aventures de Curdie, héros de George MacDonald, et son royaume lointain peuplé de gnomes malfaisants cachés sous les montagnes. Ou leRed Fairy Book, un recueil de contes de fées d’Andrew Lang dans lequel il découvre l’histoire de Sigurd tuant le dragon Fafnir. « J’avais grande envie de dragons, diratil plus tard. Bien sûr, mon corps timide ne voulait pas les avoir pour voisins. Mais un monde où se trouvait l’idée même de Fafnir était pour moi plus beau et plus riche, * quel qu’en fût le danger . » Une autre image vient également hanter ses rêves : celle d’une grande vague venant tout submerger et menaçant de l’engloutir – un « complexe de l’Atlantide » qu’il exorcisera des années plus tard avec le mythe de Númenor.

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