La Grande Illusion - Luc Besson

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LA GRANDE ILLUSION Mes chers compatriotes, mes amis, mes frères. Je m’appelle Luc B, j’ai 57 ans, je suis français, marié et père de cinq beaux enfants. Je n’appartiens à aucune communauté, aucun parti, aucun syndicat. Je ne bois pas, je ne fume pas et je ne me suis jamais drogué. Par contre je travaille, et ce, depuis l’âge de 17 ans. Je travaille pour ma société, pour ma famille et pour mon pays. Je suis, somme toute, un citoyen comme les autres. J’ai le sentiment de faire partie du peuple de France et je suis fier de l’être. Je prends la parole aujourd’hui parce que je me dois de dénoncer la belle arnaque dans laquelle nous nous apprêtons à tomber. L’Arnaqué Les arnaqués c’est nous. Foule sentimentale, en mal d’idéal, baladée par les discours, épuisée d’avoir cru, écœurée par lespromesses non tenues. Affaiblis, désabusés, nous sommes une proie facile, comme un animal blessé, abandonné au milieu de la forêt. Aveuglés par nos larmes, nous sommes la cible parfaite des vendeurs de fleurs à l’entrée des églises et des vendeurs de mouchoirs à la sortie des cimetières. Notre mal‐être nous expose, nous rend vulnérable. Nous sommes prêts à entendre n’importe quoi du moment que ça soulage. C’est le moment idéal pour nous abuser et c’est le créneau choisi par les escrocs pour entrer en piste. L’arnaqueur Ils sont deux et travaillent en tenaille : la famille LE PEN et le Front National. Rappelons brièvement ce qu’est la famille LE PEN.
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28 avril 2017

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LA GRANDE ILLUSION Mes chers compatriotes, mes amis, mes frères. Je m’appelle Luc B, j’ai 57 ans, je suis français, marié et père de cinq beaux enfants. Je n’appartiens à aucune communauté, aucun parti, aucun syndicat. Je ne bois pas, je ne fume pas et je ne me suis jamais drogué. Par contre je travaille, et ce, depuis l’âge de 17 ans. Je travaille pour ma société, pour ma famille et pour mon pays. Je suis, somme toute, un citoyen comme les autres. J’ai le sentiment de faire partie du peuple de France et je suis fier de l’être. Je prends la parole aujourd’hui parce que je me dois de dénoncer la belle arnaque dans laquelle nous nous apprêtons à tomber. L’Arnaqué Les arnaqués c’est nous. Foule sentimentale, en mal d’idéal, baladée par les discours, épuisée d’avoir cru, écœurée par les promesses non tenues. Affaiblis, désabusés, nous sommes une proie facile, comme un animal blessé, abandonné au milieu de la forêt. Aveuglés par nos larmes, nous sommes la cible parfaite des vendeurs de fleurs à l’entrée des églises et des vendeurs de mouchoirs à la sortie des cimetières. Notre mal‐être nous expose, nous rend vulnérable. Nous sommes prêts à entendre n’importe quoi du moment que ça soulage. C’est le moment idéal pour nous abuser et c’est le créneau choisi par les escrocs pour entrer en piste. L’arnaqueur Ils sont deux et travaillent en tenaille : la famille LE PEN et le Front National. Rappelons brièvement ce qu’est la famille LE PEN. Le père tout d’abord, pour qui la shoah est un détail, le racisme une douce mélodie et l’étranger un nuisible. Il se réclame de race blanche et supérieure, mais plus il parle, plus je rêve d’être noir. Il y a une quarantaine d’années, il a monté une petite boutique où tous les articles sur le fascisme, le racisme ou la xénophobie sont en vente libre. Il a aussi une maison de disques qui, il n’y a pas si longtemps, éditait encore les droits musicaux de chants nazis.
La boutique est aussi connue pour ses excès verbaux et physiques et ses dérapages fréquents. Mais les français ont parfois la mémoire courte. Qui se souvient des ratonnades des années 80 ? Qui se souvient de ce jeune arabe jeté dans la seine et qui a succombé à ses blessures ? N’oubliez jamais sinon, un jour, c’est vous qu’on oubliera. Fatigué par tant d’activités, le père a passé les clés de la boutique à sa fille « Marine », qui aujourd’hui se réclame « la candidate du peuple » « La candidate antisystème » La bonne blague ! Marine est une héritière, élevée à Saint‐Cloud, dans l’aisance et le luxe. Elle n’a jamais vraiment travaillé de sa vie, ni en entreprise, ni en usine et encore moins à la ferme. Elle n’a jamais participé à l’essor de la France et n’a jamais créé d’emplois (à part des fictifs apparemment). Elle est en réalité la parfaite représentante du système qu’elle dénonce. Elle vit des allocations de Bruxelles, et se sert de toutes les lois du système pour lui permettre d’améliorer son quotidien. Comment peut‐on se réclamer « candidate du peuple » quand on n’a jamais travaillé avec lui ni pour lui ? Et comment peut‐on se déclarer « antisystème » quand on l’utilise à fond depuis des décennies ? Le FN maintenant : une Jolie P.M.E qui regroupe, dans ses instances, l’élite du fascisme à la française. J’ai lu les 144 points de leur programme pour la présidentielle. Trois ou quatre points sont intéressants, une cinquantaine sont inapplicables, le reste n’est que du racolage électoral. On vous dit tout ce que vous voulez entendre, du moment que vous votez pour eux. Le Front National nous propose de fermer les frontières et chasser les étrangers, c’est‐à‐dire vivre petitement, entre nous. De se reproduire en famille en quelque sorte. À quelle période de l’histoire et dans quel pays, le repli sur soi‐même a‐t‐il marché ? Jamais. La fermeture entraîne l’isolement. L’isolement amène le totalitarisme. Le totalitarisme mène au fascisme. Le fascisme à la guerre. Cinq mille ans d’histoire sont là pour le prouver et ce n’est pas la petite héritière de Saint‐Cloud qui va changer l’histoire. L’arnaque Comme nous avons affaire à des professionnels, l’arnaque est double.
Régulièrement il y a en France, des élections. Comme les frais de campagne sont remboursés par « le système », il y a du fric à se faire. Le FN présente alors une multitude de candidats inexpérimentés, qui n’ont évidemment aucune chance de gagner, mais qu’importe, la marque FN est suffisamment forte pour passer la barre des 5% et se faire rembourser par « le système ». On charge alors les frais de campagne et on se fait grassement rembourser. C’est comme ça que le Front National empoche plusieurs millions d’euros à chaque élection. (voir reportage sur France 2, très bien fait sur ce sujet). En complément des recettes, le Front National fait payer ses cadres par Bruxelles (le système), histoire de gagner davantage. Mais pour que ça marche, il faut passer la barre des 5%. Il faut donc que la marque soit forte. Alors on travaille l’image de la marque, comme n’importe quelle société du système qu’elle dénonce. On fait de la pub et de la com. On refait la vitrine de la boutique pour mieux attirer le client. On balance des images au ralenti du capitaine Le Pen, cheveux au vent à la barre de son voilier. On gomme le nom « FN » qu’on remplace par « Bleu Marine ». On choisit une fleur en guise de logo. On coupe les cheveux, blanchit les dents et on lui met un nouveau petit tailleur. Puis, chaque jour, on balance des petites phrases choc, bien étudiées ,que les cadres du partie répètent en boucle sur toutes les ondes, pour être sur que le client a bien entendu. Vous la sentez monter l’arnaque ? La super promotion – À prix cassé ‐ Sortie d’usine ? La grosse opération de dédiabolisation pour paraître acceptable ? mais, par définition, le diable est le diable et quand il prétend changer c’est pour mieux nous abuser. Ensuite, on chasse le père, trop segmentant, même si on lui prend quand même au passage ses six millions d’euros pour faire la campagne. Attendons encore cinq minutes et elle nous fera croire qu’elle n’est plus au Front National. Et puis, pour finir, le relooking bien marqueté de la candidate, on sort quelques bons slogans comme : « La France apaisée » non, mais sérieusement ? De qui se moque‐t‐on ? J’ai l’impression d’entendre Volkswagen qui nous vend de l’écologie alors que leurs voitures sont cinq fois plus polluantes que la norme. Apaisée ? En divisant les français ? En dénonçant leurs différences ? La diversité est une chance, une force, un espoir. Pas un fléau. « C’est la faute aux étrangers » scandent les dirigeants du FN. Comme c’est facile de rejeter la faute sur les « autres » : pour ma part, je voudrais remercier, les maghrébins, les espagnols, les portugais, les sénégalais et tous ces étrangers qui ont défendu notre pays puis construit nos routes, nos ponts, nos hôpitaux…
Merci à tous ces amis étrangers qui ont libéré et embelli notre pays. Merci aussi à tous les pays qui accueillent nos deux millions et demi de français vivant à l’étranger et qui jamais ne les montrent du doigt. Mais ne nous y trompons pas, tous ces slogans faciles n’ont pour but que d’attirer nos votes, car la seule chose qui intéresse la famille LE PEN et sa petite bande d’extrémistes, c’est ‘’le blé, la fraîche, les thunes, le flouze, le grisbi,’’ comme on disait chez Audiard. C’est mon métier de fabriquer des rêves et de les proposer aux gens, mais personne n’est dupe : on raconte des histoires, pour rire ou pour pleurer, et même si on y met de la vérité, du sérieux et de l’amour, on ne prétend jamais que c’est la vraie vie. Je crois savoir ce qu’est un scénario, je pense pouvoir juger un acteur. Le film que nous propose Madame LE PEN est juste mauvais. Le scénario ne tient pas la route et son actrice principale (ainsi que les rôles secondaires) jouent faux. Quand Madame LE PEN est sur un marché, son regard cherche la caméra, puis prend le bon angle et délivre un sourire médiatique. Le pire c’est son regard, il est ailleurs. Elle n’en a rien à cirer du problème du boucher ou du paysan. Elle ne l’écoute pas. C’est une actrice qui joue seule, sans son partenaire. L’art de l’actrice, c’est de couler sa vérité dans une situation imaginaire. Madame LE PEN joue à l’envers : elle est dans une vraie situation et ne délivre aucune vérité. Son regard est vide d’amour, de compassion, d’émotion. Elle joue mal, tout simplement. Le spectateur ne l’intéresse pas, il n’y a que son nom en haut de l’affiche qui la motive. Voilà l’arnaque que je me devais de dénoncer. Il n’y a pas de verité dans sa démarche, juste l’envie de faire les poches à un mourant. Nous sommes tous meurtris par les trois millions de chômeurs et les neuf millions de pauvres qui vivent en France. J’ai mal pour nos paysans, nos artisans, nos ouvriers. Ce sont nos compatriotes, nos frères et nos sœurs. Madame LE PEN ne les sauvera pas, bien au contraire. Son programme ne fera qu’augmenter ces chiffres et notre détresse. Les seuls qui pourraient vraiment faire quelque chose, c’est nous, car nous sommes le peuple français, digne et solidaire, et que c’est notre devoir de citoyen. Nous l’avons inscrit dans notre constitution. « Fraternité » n’est pas un slogan mais une composante de notre ADN. Occupons‐nous de notre pays, ouvrons‐nous, dépassons‐nous et montrons aux charlatans qu’ils n’ont pas leurs places parmi nous.
Montrons au reste du monde ce que cela veut vraiment dire d’être français : un peuple ouvert, courageux et fraternel, qui n’a pas besoin d’une idéologie à deux balles pour s’en sortir. Nous sommes un grand peuple et nous grandirons davantage en nous donnant la main. Le monde nous regarde. L’histoire nous attend. Aux urnes, citoyens. Luc Besson
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