1. Bac 2019 Épreuve de philosophie Série ES Sujet 1 : La morale est‐elle la meilleure des politiques ? Thématiques La morale, la politique Avant‐propos : Ces éléments de corrigé ne constituent en aucun cas un « corrigé type », mais seulement des exemples de traitement possible de ce sujet de dissertation. En philosophie, la démarche de pensée individuelle et la logique de l’argumentation est ce qui rendra un bon travail le jour de l’épreuve. Il n’y a pas un plan possible mais plusieurs. Ce corrigé se veut donc avant tout une explication du sujet et de ses attentes, et non un corrigé type comme on pourrait en trouver en sciences dures : mathématiques… Présentation du sujet : Ce sujet « La morale est‐elle la meilleure des politiques ? » a trait à deux notions classiques du programme de terminale ES, la morale et la politique. C’est un sujet plutôt classique, qui questionne une idée couramment admise par l’opinion commune, à savoir que la politique est le lieu de l’immoralité par excellence, et que donc,a contrario, il faudrait être moral pour être le meilleur politique. Analyse du sujet : mot‐clef et éléments d’introduction : Ce travail d’analyse correspond à ce que vous devez faire pour vous approprier le sujet dans toute sa dimension. Ce travail est absolument indispensable pour vous permettre de cibler le sujet et de ne pas faire de hors‐sujet. Il faut ainsi trouver le mot‐clef, ce mot autour duquel tourne toute la question.
1.Bac 2019 Épreuve de philosophie Série ES Sujet 1 : La morale est‐elle la meilleure des politiques ? Thématiques La morale, la politique Avant‐propos : Ces éléments de corrigé ne constituent en aucun cas un « corrigé type », mais seulement des exemples de traitement possible de ce sujet de dissertation. En philosophie, la démarche de pensée individuelle et la logique de l’argumentation est ce qui rendra un bon travail le jour de l’épreuve. Il n’y a pas un plan possible mais plusieurs. Ce corrigé se veut donc avant tout une explication du sujet et de ses attentes, et non un corrigé type comme on pourrait en trouver en sciences dures : mathématiques… Présentation du sujet : Ce sujet « La morale est‐elle la meilleure des politiques ? » a trait à deux notions classiques du programme de terminale ES, la morale et la politique. C’est un sujet plutôt classique, qui questionne une idée couramment admise par l’opinion commune, à savoir que la politique est le lieu de l’immoralité par excellence, et que donc,a contrario, il faudrait être moral pour être le meilleur politique. Analyse du sujet : mot‐clef et éléments d’introduction : Ce travail d’analyse correspond à ce que vous devez faire pour vous approprier le sujet dans toute sa dimension. Ce travail est absolument indispensable pour vous permettre de cibler le sujet et de ne pas faire de hors‐sujet. Il faut ainsi trouver le mot‐clef, ce mot autour duquel tourne toute la question. Sujet : la morale est‐elle la meilleure des politiques ? Le mot‐clef ici se trouve dans le verbe « être » au sens où il s’agit de se demander si la morale est ou non la meilleure des politiques. Analyse et problématisation : La morale regroupe les principes de nos actions, elle est du domaine théorique, principiel voire idéal (il est bien que j’agisse ainsi). Au contraire, la politique est fortement ancrée dans le réel, le concret. Elle est étymologiquement la vie de la cité, l’organisation concrète de cette dernière. On peut penser que la politique vise à mettre en œuvre les choses avec justesse, justice, et donc morale. Mais est‐ce là la meilleure façon de faire ? N’y a‐t‐il pas un fossé entre la théorie et la pratique, et donc entre la morale et la politique, qui contraindrait la politique à prendre le pas parfois sur la moralité ?
Proposition de plan I.Oui, il semble bien que la morale soit la meilleure des politiques : gouverner, organiser une société avec justesse et vertu, comment pourrait‐on penser qu’une autre option est meilleure ? 2.La politique ou l’harmonie de la cité L’origine du mot « politique » nous vient des Grecs, or pour les Grecs, la politique consiste en l’organisation harmonieuse de la société. Platon, dansLa République, nous montre particulièrement bien cela : la cité doit être le calque de l’âme, il doit y régner paix, justice, équilibre entre les différentes parties. Les différentes castes sociales doivent travailler ensemble. On est presque dans du holisme : chacun existe pour le tout et non pour lui‐même. La vertu est raccrochée à la politique qui doit être vertueuse et donc morale pour être digne de ce nom. 3.Le politique comme détenteur du droit et de la justice Ce n’est donc pas un hasard si pour les Grecs, l’idéal du politique était « le roi philosophe ». Seul le sage selon eux pouvait gouverner correctement et élever la société. Ce n’est pas un hasard non plus si le politique est le détenteur du droit et de la justice : il est celui qui instaure les lois, les fait respecter. Dans le cas de l’anarchie ou de pays en guerre civile, il n’y a plus ni foi ni loi. La morale serait donc la meilleure des politiques. II.pourtant, le fossé est tel entre les idéaux et la théorie (morale), et la pratique et le Et monde des actions (politique) que les deux ne semblent pas pouvoir être compatibles et coexercer. 1.La morale et la politique, deux sphères bien distinctes La morale appartient à l’ordre de l’esprit, des idéaux, de règles abstraites. Ses principes sont universels et intangibles. La politique, quant à elle, a trait à la réalité, au monde du contingent, de l’empirie, des passions. Ce sont deux mondes distincts, les relier semble un idéal mais comment serait‐ce possible dans la réalité ? Aristote, dansEthique à Nicomaque, l’a parfaitement bien montré : la morale ne peut descendre dans le monde réel à proprement parler. 2.Et une incompatibilité majeure souvent Impossible donc que les principes moraux se concrétisent comme tels dans le monde réel. Benjamin Constant dans la querelle qui l’opposait à Kant le montre : par morale, on ne doit pas mentir, mais dans la réalité, si le devoir d’humanité s’impose à nous, on doit faire entrave à la morale et mentir. En politique, ceci est courant : on privilégie le bien commun, l’utilitarisme, à la morale pure (Mill). Prenons aussi la raison d’État : ces mensonges, ces trahisons cachées, pour le « bien de la nation ».III.La morale n’est donc pas la meilleure des politiques, car ce n’est pas une politique, mais la meilleure des politiques se doit de s’adapter le plus possible à la morale pour respecter le plus grand nombre. 1.Du contrat social et de l’équité avant toute chose Tout politique se fonde sur une certaine idée de la moralité, qu’on peut appeler le contrat social. Hobbes, Rousseau, Hume le disent : la vie civile ne s’organise qu’autour de règles, de lois, où chacun
est censé se respecter, ne pas aller à l’encontre d’autrui trop viscéralement. Mais ce n’est pas de la morale, c’est un contrat. Cela n’a rien de spontané, c’est absolument calculé. Et même parfois arbitraire, le légal n’équivalant pas au légitime ! Certaines lois pouvant être iniques (pensons aux pays totalitaires). 2.La désobéissance civile et la nécessaire morale citoyenne Mais alors, si la morale ne peut être la meilleure des politiques, et Machiavel ne dira pas le contraire (le but du politique étant la durée, il doit jouer et ruser pour y parvenir), il ne peut y avoir non plus de politique sans morale. Le citoyen est alors là pour vérifier tout cela, il en va de sa responsabilité. On peut alors parler de désobéissance civile (Thoreau) : ce refus du citoyen d’adhérer à des commandements politiques si ces derniers sont jugés immoraux. Comme Thoreau refusant de payer les impôts américains destinés à faire la guerre au Mexique. Comme le mythe d’Antigone montrant la révolte d’Antigone face à Créon qui refusait une sépulture à son frère parce qu’il avait trahi la cité, Antigone lui offrant une sépulture désobéissant ainsi aux lois. Sujet 2 : Le travail divise‐t‐il les hommes ? Notions en jeu : Le travail. Avant‐propos :Ces éléments de corrigé ne constituent en aucun cas un « corrigé type », mais seulement des exemples de traitement possible de ce sujet de dissertation. En philosophie la démarche de pensée individuelle et la logique de l’argumentation est ce qui rendra un bon travail le jour de l’épreuve. Il n’y a pas un plan possible mais plusieurs. Ce corrigé se veut donc avant tout une explication du sujet et de ses attentes, et non un corrigé type comme on pourrait en trouver en sciences dures : mathématiques… Présentation du sujet : Ce sujet « Le travail divise‐t‐il les hommes » a trait à une notion classique du programme de terminale ES, le travail, issu du grand domaine de la culture. C’est un sujet classique, d’autant plus classique qu’en ES vous avez forcément entendu parler de la division du travail, cette répartition des tâches visant à plus de productivité et à un rendement maximalisé. Mais si les tâches sont divisées, les hommes le sont‐ils aussi pour autant ? Analyse du sujet, mot‐clef et éléments d’introduction : Ce travail d’analyse correspond à ce que vous devez faire pour vous approprier le sujet dans toute sa dimension. Ce travail est absolument indispensable pour vous permettre de cibler le sujet et de ne pas faire de hors sujet. Il faut ainsi trouver le mot‐clef, ce mot autour duquel tourne toute la question. Sujet : le travail divise‐t‐il les hommes ? Le mot‐clef ici se trouve dans le verbe « diviser » au sens où il s’agit de se demander si le travail oui ou non divise les hommes.
Analyse et problématisation : Il y a évidemment deux sens au mot « diviser », la division du travail n’étant pas à entendre de la même façon par exemple que des personnes absolument divisées. Dans le premier des cas, il s’agit de répartition particulière, dans le second de séparation entre humains, de relations intersubjectives mises à mal. Du coup, la question se pose : si le travail, pour mieux se faire, pour avoir un meilleur rendement, a pris la forme moderne de la répartition des tâches, ce qu’on nomme « division du travail » divise‐t‐elle pour autant les hommes entre eux ? La séparation fonctionnelle et spatiale des hommes dans le travail a‐t‐elle une répercussion sur les relations intersubjectives au‐delà du travail ? Proposition de plan I.Non, il ne semble pas que le travail puisse diviser les hommes, au contraire, en travaillant ensemble mais séparément, ils œuvrent à une fin commune. 1.La division du travail : un travail ensemble Avant, le travail était une spécificité. Il y avait un homme qui s’occupait d’un métier en entier. Platon, dansLa République, explique que chacun avait une fonction propre : gardien de la cité, agriculteur, artisan. Les choses, avec les temps modernes, ont changé : pour travailler plus vite, plus efficacement, pour un meilleur rendement, on divise les tâches, on travaille ensemble mais séparément. Au lieu d’un cordonnier pour faire une chaussure, il faut quinze personnes : l’un pour la semelle, l’autre pour les rivets, un autre pour les lacets. 2.... qui sert à tous et dépasse les limites de l’individualité La division du travail a des avantages économiques (rendement), mais aussi individuels. L’individu seul ne pourra jamais être aussi efficace qu’à plusieurs. Adam Smith, dansDe la richesse des nations, montre qu’un seul individu mettrait un jour entier à fabriquer une seule épingle, mais qu’en association, chacun s’occupant d’une tâche particulière, c’est des milliers d’épingles qui sont faites ! Hume, dans leTraité de la nature humaine, corrobore : l’individu gagne à s’associer, l’individu gagne personnellement à diviser ses tâches.II.Et pourtant, le travail divise de plus en plus les humains, parce que suspendu à l’argent. 1.Le rendement avant l’humain « Le commerce noie les relations humaines dans les eaux glacées de l’égoïsme », Marx, dansLe Capital. En effet, sociologiquement on oppose les sociétés traditionnelles, basées sur l’échange humain avant tout, aux sociétés capitalistes, où la primauté c’est les échanges pécuniaires ou le travail. Le travail a évolué comme les sociétés : on ne travaille plus pour subvenir à ses besoins (Aristote,Le Politique) mais pour créer du profit. Dès lors, c’est l’argent qui compte avant tout et l’humain se trouve relégué. 2.Le risque de l’aliénation L’absurdité de cette évolution se trouve bien dans la différence magistrale existant entre la valeur d’usage (ce à quoi sert une chose) et la valeur d’échange (le prix de cette chose). Un diamant ne sert à rien, il coûte cher, l’eau sert, elle ne coûte pratiquement rien. Les humains sont mis alors à profit, leur travail n’est que valeur d’échange, ils ne sont qu’une valeur capitale. La tendance est alors à la déshumanisation, la non‐prise en compte de l’humain. Ce qui compte c’est de bien faire sa tâche, être un bon exécutant, servile, sans esprit critique qui ralentirait le système. Cf. Charlie Chaplin,Les
temps modernes. Marx parle alors d’asservissement absolu, d’aliénation : l’homme n’existe plus, il ne vit plus, il travaille. Et il travaille pour l’argent, et maximisé comme une machine, réifié, chosifié. Plus de liberté, que de l’automatisme, plus de pensées, du mécanique. III. Ce n’est pas le travail en tant que tel qui divise les hommes, ce sont les hommes ne sachant pas maîtriser leurs désirs mégalomanes qui se divisent entre eux... 1.Le travail en tant que tel n’y est pour rien Ce n’est pas le travail en tant que tel qui divise les hommes. Le travail n’est pas une entité supérieure qui nous gouverne, il n’est à la base qu’un outil, or nos envies, nos désirs d’enrichissement, sont tels, qu’ils ont détourné le travail de son sens premier : subvenir humblement à ses besoins. Il faudrait donc plus de modestie pour retrouver l’humanité que le travail moderne a défaite. 2.Le principe de responsabilité Comme le disaient parfaitement bien Horkheimer et Adorno, dansLa Dialectique de la raison, l’humain, à force de se prendre pour Dieu, fait n’importe quoi. C’est l’homme qui est responsable des déviances du travail moderne, comme de celles de la technique. Leburn out au travail comme les catastrophes écologiques qui se présagent sont notre dû, à nous seuls. Il faudrait alors revenir en arrière, refonder la société autrement que sur des valeurs d’argent, pour retrouver notre humanité. Considérer l’autre comme une fin et jamais comme un moyen, comme le disait Kant, dans laCritique de la raison pratique. Alors là seulement les hommes seraient reliés entre eux, par un principe fort, une communauté d’esprit, réelle. Sujet 3 : Leibniz, Remarques sur la partie générale des Principes de Descartes (1692) Analyse du sujetLa notion concernée par ce texte apparaît clairement, il s'agit de la liberté, : abordée plus précisément sous l'angle du libre arbitre. En quoi consiste exactement notre libre arbitre ? Pourrait être le problème abordé et la thèse de Leibniz est qu'il ne consiste que dans notre capacité à diriger notre attention et notre intérêt (lignes dix‐onze). Lignes un à cinq :« Nous avons le libre arbitre, non pas quand nous percevons, mais quand nous agissons » Cette première phrase est essentielle pour comprendre le texte. L'action dont il est question ici consiste en l'orientation de nos centres d'intérêts, ce vers quoi nous nous tournons. Nous avons la capacité de diriger notre attention, pas de décider de ce que nous allons percevoir, aussi bien sur le plan sensible (le miel) que sur le plan intellectuel (le théorème). Lignes cinq à neufNos décisions sont toujours accompagnées de perceptions, de pensées, de : souvenirs. Mais nous ne pouvons pas décider librement du contenu de ces perceptions. Ainsi, pour reprendre le premier exemple, nous pouvons décider de goûter du miel mais nous ne pouvons pas décider de son goût, la sensation sucrée ne dépend pas de notre libre arbitre. Ligne neuf à fin : La phrase « Nous ne reconnaissons à la volonté que le pouvoir de commander à l'attention et à l'intérêt » constitue en fait la thèse de Leibniz. Le libre arbitre consiste donc, selon lui, uniquement dans la capacité de diriger notre attention, c'est‐à‐dire de se tourner vers tel ou tel sujet sans que nous puissions décider des impressions que cela produit en nous. Cependant la direction de cette attention va se trouver elle‐même conditionnée par le fait que nous tournerons notre attention plus facilement vers ce qui produit en nous des sensations plaisantes que vers celles qui sont déplaisantes. Du coup un renforcement s'exerce qui peut nous plonger dans l'illusion.
Intérêt de ce texte : La dernière partie du texte est d'une actualité brûlante car ce que décrit là Leibniz ce sont des mécanismes psychologiques amplifiés de façon préoccupante avec internet et les réseaux sociaux, tant ils se prêtent malheureusement à la manipulation. En dirigeant notre attention vers ce que nous croyons déjà (moralement, politiquement, religieusement) nous renforçons toujours plus notre conviction, notre croyance, et réduisons d'autant plus notre sens critique. Pour éviter cela, il faudrait, comme Nietzsche le recommandait, regarder les choses à travers « de multiples yeux » c'est‐à‐dire à travers de multiples points de vue, sous plusieurs angles.