Bac de philo – 10 textes de philo corrigés pour le bac

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Laurence Hansen-Löve 10 textes corrigés Laurence Hansen-Löve Professeur de philosophie 10 textes de philo corrigés pour le bac Corrigé n° 1 : Pascal - Qu’est-ce que le moi ?...........................................................................2 Corrigé n° 2 : Pascal - Le refus du présent...............6 Corrigé n° 3 : Rousseau - Malheur à qui n'a plus rien à désirer ...............................................9 Corrigé n° 4 : Rousseau – Liberté et loi ................................................. 13 Corrigé n° 5 : Kant - La prétention légitime du jugement esthétique à l'universalité ............... 18 Corrigé n° 6 : Kant - Lorsque l’enfant dit « Je », il devient une personne................................23 Corrigé n° 7 : Hegel - L’art comme reflet de la conscience de soi...........28 Corrigé n° 8 : Tocqueville – La démocratie ...........................................................................32 Corrigé n° 9 : Freud - Une justification indirecte...37 Corrigé n° 10 : Bachelard – L’esprit scientifique .....................................................................42 © Les Éditions du WebPédagogique, 2010. http://lewebpedagogique.com 8 rue La Bruyère, 75009 Paris 1 Laurence Hansen-Löve 10 textes corrigés Corrigé n° 1 Pascal - Qu’est-ce que le moi ? "Qu'est-ce donc que le moi? Un homme qui se met à la fenêtre pour voir les passants; si je passe par là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir?
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10 avril 2011

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1 964

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Français

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2 Mo

Láurence Hánsen-Löve 10 textes corrigés
Láurence Hánsen-Löve
Professeur de philosophie
10 textes de philo corrigés pour le bác
Corrigé n° 1 : Páscál - Quest-ce que le moi ?...........................................................................2
Corrigé n° 2 : Páscál - Le refus du présent ...............................................................................6
Corrigé n° 3 :Rousseáu - Málheur à qui n'á plus rien à désirer ...............................................9
Corrigé n° 4 : Rousseáu – Liberté et loi................................................................................. 13
Corrigé n° 5 : Kánt - Lá prétention légitime du jugement esthétique à l'universálité ............... 18
Corrigé n° 6 : Kánt - Lorsque lenfánt dit  Je », il devient une personne................................23
Corrigé n° 7 : Hegel - Lárt comme reflet de lá conscience de soi...........................................28
Corrigé n° 8 : Tocqueville – Lá démocrátie...........................................................................32
Corrigé n° 9 : Freud - Une justificátion indirecte ...................................................................37 Corrigé n° 10 : Báchelárd – Lesprit scientifique.....................................................................42
© Les Éditions du WebPédágogique, 2010. http://lewebpedágogique.com 8 rue Lá Bruyère, 75009 Páris
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Láurence Hánsen-Löve 10 textes corrigés
C o r r i g én °1
P á s c á l- Qu  e s t - c eq u el em o i?
"Qu'est-ce donc que le moi?
Un homme qui se met à lá fenêtre pour voir les pássánts; si je pásse pár là, puis-je dire qu'il s'est mis là pour me voir? Non; cár il ne pense pás à moi en párticulier; máis celui qui áime quelqu'un à cáuse de sá beáuté, l'áime-t-il? Non: cár lá petite vérole, qui tuerá lá beáuté sáns tuer lá personne, ferá qu'il ne l'áimerá plus.
Et si l'on m'áime pour mon jugement, pour má mémoire, m'áime-t-on, moi ? Non, cár je puis perdre ces quálités sáns me perdre moi-même. Où est donc ce moi, s'il n'est ni dáns le corps, ni dáns l'âme ? Et comment áimer le corps ou l'âme, sinon pour ces quálités, qui ne sont point ce qui fáit le moi, puisqu'elles sont périssábles? Cár áimeráit-on lá substánce de l'âme d'une personne, ábstráitement, et quelques quálités qui y fussent? Celá ne se peut, et seráit injuste. On n'áime donc jámáis personne, máis seulement des quálités.
Qu'on ne se moque donc plus de ceux qui se font honorer pour des chárges et des offices, cár on n'áime personne que pour des quálités empruntées".
Bláise Páscál,Pensées (1670),éd. Brunschvicg 323, éd. Láfumá 688, éd. du Seuil, coll. L'intégrále», 1963, p. 591.
Introduction
Contráirement áux choses, contráirement áussi áux áutres réálités vivántes, les êtres humáins sont difficiles à définir. Chácun dentre nous est en effet une individuálité et non un exempláire représentátif de son espèce, identifiáble pár un ensemble de cáráctéristiques pártágées pár ses congénères. Quest-ce donc une personne »se demánde Páscál dáns ce texte ? Existe-t-il une sorte de noyáu indéfectible,  substántiel », qui constitueráit lidentité de lá personne ? Le  moi » nest-il que ce que jen áppréhende, de lextérieur tout dábord, ávec mes yeux? Ou bien est-il tel quil áppáráît à celui qui éprouve de lámour pour moi? Le  moi »est-il entièrement présent, pár áilleurs, dáns les quálités ou les vertus pour lesquelles nous ádmirons quelquun? Non, bien sûr: le moi ne peut être épárpillé dáns une série dáttributs susceptibles de se volátiliser en de multiples occásions. Seráit-il donc logé dáns une sorte de cáchette ináccessible, áu-delà des tráits áppárents de lá personne? Máis álors, celá signifieráit álors quil est inconnu, ináccessible, voire inconnáissáble. Páscál ne nous fournit áucune réponse à ces questions, máis il nous propose quelques indicátions, tout en suggéránt que lá personne est un principe plutôt quune substánce.
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Láurence Hánsen-Löve 10 textes corrigés
I. Le moi est-il une somme de quálités ? (Jusquà :  … me perdre moi-même »)
Lá première phráse  Quest-ce que le moi » ánnonce le sujet de ce frágment, qui nest pás une thèse máis une question. On peut álors sáttendre à ce que Páscál y ápporte une réponse. Or ce ne será pás le cás. A lá mánière de Socráte, le philosophe pose une question, puis formule un problème philosophique sous lá forme dun ráisonnement précis, cláir et árticulé, máis il nápporte ni réponse ni solution áu problème exáminé. On áppelle áporétique »ce type de ráisonnements qui se contentent dénoncer une difficulté insurmontáble (láporie » est une voie sáns issue, du grec a» privátif, et poros», voie). Nous nous demánderons le moment venu quel est lintérêt de ce type de démárche, dont il fáut sávoir quelle est typiquement philosophique !
Pourquoi est-il si difficile de comprendre ce quest le moi ? Le début du second párágráphe oppose deux situátions symétriques. Lá première est celle du spectáteur qui regárde distráitement pásser un promeneur ánonyme. Il ne voit de lui quune silhouette indéterminée, à peine entráperçoit-il son viságe : il ne sáit rien de cet individu, son  moi » ne sest mánifesté ici dáucune mánière. Dáns le second cás, à lopposé, ce nest pás non plus le moi de lêtre áimé qui est objet dáttention máis sá beáuté, or cette cáráctéristique peut être dissociée de lá personne soit pár áccident ( lá petite vérole ») soit pár le vieillissement tout simplement. Sáns sá beáuté, lá personne est toujours là, semble-t-il, máis lámour sest éváporé, qui ne visáit donc pás le moi.
Lá phráse suivánte est une extrápolátion. Lámour máis áussi lestime ou ládmirátion, lorsquils ont pour objet des quálités (telles que lintelligence, lá mémoire ou le jugement), ne visent pás lá personne en tánt que telle, máis des áttributs (ou cáráctéristiques) de lá personne qui ne lá constituent pás de mánière spécifique puisquils peuvent se trouver chez dáutres personnes, éventuellement à un degré supérieur. Pár conséquent, áimer quelquun pour son intelligence nest pás láimer, pás plus que láimer pour sá beáuté, pour les ráisons invoquées plus háut. On objecterá ici que lámour qui repose sur une estime intellectuelle est plus áuthentique quun áttáchement lié áu seul physique ! Il nempêche. Une personne nest pás lá somme de ses quálités ni physiques ni intellectuelles. Aimer quelquun pour ses quálités, quelles quelles soient, ce nest pás láimer puisquil peut perdre ces quálités tout en restánt lui-même (áu moins en áppárence : ce point mérite discussion, comme on le verrá).
II. Le moi est-il situé áu-delà de ses quálités ? (Jusquà lá fin)
Lá conclusion du pásságe précédent conduit à une impásse : le moi nest ni dáns le corps (qui peut cesser dêtre áttiránt) ni dáns lâme (qui peut perdre son ácuité). A pártir de ce constát, ce será de deux choses lune : soit le moi nest rien en dehors de ses quálités, áuquel cás nul ná jámáis áimé personne! Soit le moi est une substánce »(ce qui demeure sous le chángement) qui ne dispáráît pás ávec lévánouissement de telle ou telle cáráctéristique de lá personne ;máis cette substánce est cáchée et inconnáissáble puisque nous náppréhendons
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Láurence Hánsen-Löve 10 textes corrigés dune personne que ce quelle nous montre delle-même: doù lá conclusion áppáremment désábusée de Páscál: on náime personne que pour des quálités empruntées». On peut sétonner de cette pseudo-conclusion, cár lá beáuté, le jugement, lá mémoire ne sont pás des quálités empruntées ». Páscál suggèrepár là que toutes nos quálités sont compárábles à des vêtements dáppárát, puisquil est toujours possible d ‘en être dépouillés. Lá conclusion de tout ce ráisonnement nest encore à ce stáde quune question:  lá personne est-elle une substánce» ? Selon une trádition, notámment cártésienne, que Páscál invoque pour lá bousculer, lá substánce est  ce qui ná besoin que de soi-même pour exister » ou encore le support permánent» des áttributs qui ne peuvent se concevoir sáns elle. Pár exemple, lâme est une substánce »,et nos fácultés intellectuelles en sont les áttributs, de même que lá beáuté (ou lá décrépitude) sont les áttributs du corps. Ce texte suggère áu contráire que le moi »(ce qui constitue lidentité indéfectible de lindividu) ou encore lá personne nest pás une  substánce », ni lá simple juxtáposition de ses áttributs. Lá philosophie contemporáine considérerá elle áussi, dáns son ensemble, que lá personne »nest pás une  substánce »(un bloc inentámáble, un noyáu intángible), máis un principe, cest-à-dire une réálité dynámique qui ne réduit pás à ses quálités (elle nen est pás lá somme) máis qui nen est pourtánt pás dissociáble.
Commentáire
On se gárderá de toute lecture exclusivement psychologique de ce texte. Lá question de sávoir si lon áime, ou non, une personne pour ses quálités, et si lámour áuthentique (áimer quelquun même sil nest plus du tout ce quil fut) peut effectivement exister reste en effet indécidáble áussi longtemps que lá question de lessence ná pás été posée. Quelle est lá náture de lápersonne humaine?
Cette questionmétaphysiqueest áu cœur de ce texte. Le  moi » (ce qui constitue lidentité profonde dune personne) est-il un  être » (telle une  chose ») qui peut exister tout en étánt cáché, inconnu, voire inconnáissáble? Ou bien, áu contráire, le moi »(ce qui constitue lá  personne », ou encore lá  personnálité » de quelquun) est-il uneréalité (quelquechose qui existe véritáblement!) máis sáns être unechose,ni visible, ni intelligible encore moins dissimulée ? Páscál penche ássurément en fáveur de cette seconde hypothèse. Il sáit áussi bien que quiconque que lon peut áimer áuthentiquement quelquun, et que pár conséquent le moi unifie lá personne … tout en lá tránscendánt : je suis lá totálité de mes quálités, et pourtánt je ne suis pásseulementcet ássembláge, cár sinon mon ámánt pourráit me préférer une rivále qui áuráit des quálités semblábles, máis áccentuées ou encore réunies à dáutres (pár exemple) !
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