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Le petit télégraphe de lʼe-démocratie (3)
Conference for E-Democracy and Open Government
Danube University Krems – les 5 et 6 mai 2011
1. Dimensions contemporaines de lʼe-participation.
1.1. Lʼémancipation des citoyens par la délibération, la délibération par
lʼe-participation (Douglas Schuler).
Douglas Schuler est lʼancien président du Computer Professionals for Social Responsability (CPSR)
dont il dirige le Public Sphere Projet, membre fondateur du Seattle Community Network (SCN) et
professeur à lʼEvegreen State College.
Les processus de délibération doivent être améliorés, selon une approche pluridisciplinaire et grâce à
des mécanismes à la fois transparents et efficaces. La délibération appelant toujours plus de
délibération, il sʼagit simultanément de résoudre efficacement les problèmes et dʼengager les citoyens
à participer davantage à la vie de la société.
En termes dʼéchelle, on peut distinguer la micro-délibération de la macro-délibération, les deux
devant coexister. Si la micro-délibération est une simple forme de collaboration qui tend vers un but
précis, la macro-délibération lui ajoute, son cadre étant plus large, la nécessité dʼêtre un processus
totalement légitime aux yeux des citoyens.
6 critères sont requis pour une délibération réussie :
- le potentiel existant pour entraîner un changement social,
- la réceptivité de la société aux procédures de délibération,
- le relais de ces initiatives par les médias, le gouvernement ou dʼautres organisations ayant une aura
suffisante ;
- la volonté populaire de participer aux processus de délibération ;
- lʼexistence de compétences de délibération parmi les citoyens ;
- des lieux de délibération de qualité.
Lʼensemble sʼinscrit dans une dynamique dʼintelligence civique. Il sʼagit dʼun type dʼintelligence
collective qui prend en compte de manière équitable et efficace les différentes préoccupations
partagées par la population. Les élites nʼétant plus aptes à résoudre seules les problèmes actuels,
lʼintelligence civique devient un levier indispensable.
Actuellement, 5 obstacles empêchent encore son plein avènement :
- des médias et des responsables politiques encourageant une culture de lʼignorance civique,
- lʼinertie globale,
- lʼinégalité des vitesses de fonctionnement parmi les parties prenantes,
- le manque de financement,
- lʼabsence notable dʼintérêt pour la délibération.
Dans le contexte dʼInternet, la délibération doit au contraire se répandre de manière virale, sʼappuyer
sur les innovations et être portée par lʼentrepreneuriat social. A contrario, elle ne doit pas progresser
quʼau rythme des publications académiques.
Plus profondément, 3 dynamiques doivent être encouragées :
- reconnaître que le fonctionnement actuel de la société est obsolète pour passer à des approches
semi-autonomes ;
- privilégier lʼinterdisciplinarité et le lien entre théorie, expérience et action ;
- passer du primat de lʼEtat, entité abstraite coupée du peuple et dont les élites sont rétives à
lʼinnovation, au primat des citoyens ;
- sʼappuyer sur les NTIC pour rendre ces dynamiques viables grâce à lʼe-participation.
Lʼaccès à Internet pour tous est de fait crucial.
1.2. Lʼe-participation par lʼaccessibilité dʼInternet : lʼexemple italien du
réseau PAAS (Sara Tavazzi).
Sara Tavazzi est ingénieur et coordinatrice de projet du groupe Ancitel Toscana.
En 2003, en Toscane, 45% seulement des foyers ont accès à un ordinateur, 37% ont accès à
Internet. La région lance alors 3 actions pour améliorer lʼe-gouvernement, respectivement auprès de
lʼadministration, des entreprises et des citoyens. Auprès des citoyens, le réseau PAAS est alors créé
pour développer des points dʼaccès à Internet avec assistance. On retrouve le couple Internet pour
tous / e-participation, puisque lʼidée est dʼen profiter pour impliquer davantage les citoyens dans le
processus régional de prise de décision pour améliorer les services publics. Le réseau est financé par
la région et géré par des municipalités « chefs de file. »
Quelques chiffres sur ce réseau :
- 274 points dʼaccès Internet avec assistance,
- 159 municipalités toscanes participantes sur 287,
- 1300 bénévoles organisés en 260 groupes,
- 50 000 citoyens sʼétant inscrits dʼoù 500 000 « visites uniques, »
Quelques exemples dʼexternalités positives de la naissance de ce réseau :
- la carte sanitaire électronique,
- lʼouverture en 2009 de 36 nouveaux points dʼaccès dans 36 villages de montagne isolés.
1.3. La participation dans les e-communautés : entre intelligence
collective et pyramide à base sporadique (Caroline
Haythornthwaite).
Caroline Haythornthwaite est la directrice de la School of Library, Archival & Information Studies
(SLAIS) et ancien professeur de la Graduate School of Library and Information Science (GSLIS) à
lʼUniversité de lʼIllinois.
Le e-learning sʼappuye sur lʼeffort centralisé dʼanonymes qui constituent une foule dont la composition
est instable, appelé crowdsourcing. La connaissance et la compréhension mutuelle en sont les
valeurs de référence, dans une culture du partage désintéressé. La participation dʼun membre à la
production collective peut être légère (ex : SETI @ Home, projet Clickworkers de la NASA, projet
Hominid Fossil Venture, système CAPTCHA, agrégateurs de connaissances de type del.icio.us) ou
forte (projets dʼopen source, e-communautés militantes, communautés dʼapprentissage,
communautés de joueurs, communautés universitaires).
Dans le cas dʼune participation forte, les auteurs sont nommés, visibles, moins nombreux, plus
fortement liés les uns aux autres, et constituent une communauté pratiquant le contrôle interne : le
crowdsourcing y vise, outre lʼinformation, lʼexpérience, lʼopinion, le débat et lʼévaluation. Par ailleurs,
certaines pratiques sont hybrides, avec un engagement fort mais des participations faibles (ex :
Wikipedia).
5 aspects sont déterminants :
- lʼautorité et le contrôle ;
- les motivations et objectifs communs ;
- les contributions, les contributeurs et les réseaux ;
- lʼapprentissage et lʼengagement acquis ;
- la reconnaissance, la réputation et la récompense.
Ces grands traits caractéristiques se retrouvent pour lʼe-démocratie. Relèvent dʼune participation
faible des actions individuelles telles que les flashmobs, les élections, les dépôts institutionnels, le
journalisme citoyen et la diplomatie citoyenne. Relèvent dʼun engagement plus fort les démarches
entreprises à lʼaide dʼInternet par des mouvements sociaux (ex : groupes environnementaux), des
partis politiques et des communautés dʼopen source.
Lorsquʼelles sont naissantes, les e-communautés ont systématiquement besoin de renforcer leur
cohésion. Les individus dont lʼactivité est faible et sporadique sont encouragés à se retrouver
davantage grâce à des activités spécifiques, dʼoù un lien communautaire renforcé. Lʼautorité de
contrôle, le concepteur et la conception elle-même surdéterminent la forme organisationnelle qui
adviendra. En pratique, les autorités doivent toujours apprendre à exercer un soft power, sans quoi ni
communauté ni meneurs nʼémergeront. Dans des cas particuliers, lʼe-communauté incite à davantage
de participation par la mise en concurrence en conférant aux membres des statuts distincts selon leur
degré dʼengagement (ex : serious games).
Dans tous les cas, on peut distinguer les e-communautés à engagement léger et liens faibles, de
celles à engagement fort où un noyau dur a des liens très étroits. Dans le premier cas, les
contributions sont évaluées quantitativement par une autorité centrale à laquelle les utilisateurs
doivent faire confiance, et sont traitées avec bienveillance si elles sont relativement inabouties. Dans
le second, elles sont évaluées qualitativement par lʼe-communauté elle-même, par son noyau dur en
premier lieu, dans le sens dʼun lissage progressif vers une seule voix. Logiquement, les e-
communautés à engagement léger sont les plus faciles à