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Néba Fabrice YALE
LA VIOLENCE DANS L’ESCLAVAGE DES COLONIES
FRANÇAISES AU XVIIIe SIÈCLE
Mémoire de Master 1 « Sciences humaines et sociales »
Mention : Histoire et Histoire de l’art
Spécialité : Histoire des Relations et Échanges Culturels Internationaux (R)
sous la direction de M. Gilles BERTRAND
Année universitaire 2008-2009
DÉDICACE
À
• Feu GBOSSOU Yalé Marcel, mon grand-père, cet analphabète qui rêvait de
me voir devenir “un Homme’’.
• Feu WADJEU Joseph Désiré.
• Feue YALE Popouo Ginette, ma tante qui vient de s’en aller.
REMERCIEMENTS
Je remercie toutes les personnes qui, de près ou de loin m’ont aidé à la réalisation de
ce travail, notamment :
• Le Professeur Gilles BERTRAND, mon directeur de mémoire pour sa
disponibilité et ses conseils avisés.
• Les Professeurs, Naïma GHERMANI qui m’a fait découvrir un autre pan de
l’histoire et Clarisse COULOMB.
• Mon père Lazare MAMBO et ma mère Viviane YALE pour leur soutien de
tous les jours.
• Mes tantes Chantal MAMBO, Sainte-Anne PRIERE et leurs maris MM.
DESCHAMPS Pascal et PRIERE Jean-Marc qui ont œuvré à ce que je vienne
terminer mes études en France et qui sont toujours disponibles à mes moindres
soucis.
• Mes frères et sœurs restés en Côte-d’Ivoire qui ne cessent de m’encourager
tous les jours.
• La famille JOUFFRAY à Nice, des personnes qui ne m’ont jamais vu et qui
accordent pourtant autant d’importance à ce travail que moi. Je remercie
surtout Mademoiselle Dorothée JOUFFRAY dont l’amitié m’est si chère. Je
remercie sa mère Michèle pour sa disponibilité et pour son aide si précieuse.
• Les responsables du CPEG (Coup de Pouce Étudiants-Grenoble) pour leur
aide, notamment Régine BARBE et André BURNET.
• Mes amis avec lesquels j’ai cheminé depuis ma première année à l’Université
d’Abidjan qui ont eu moins de chance que moi de venir ici terminer leurs
études et ceux dont j’ai fait la connaissance cette année, Gabriel NTESIA,
Ariane SADO.
• Ce pays-ci, la France, qui en acceptant de m’ouvrir ses portes me permet
désormais, au terme de mes études, d’espérer en un avenir meilleur là-bas dans
mon pays.
SOMMAIRE
Chapitre I - LES MAÎTRES CONTRE LES ESCLAVES ...................................................... 11
I - LES RAISONS DES VIOLENCES DES MAÎTRES CONTRE LES ESCLAVES ......... 12
1. La violence comme un stimulant économique .............................................................. 12
2. La violence comme un impératif sécuritaire ................................................................ 16
3. L’ombre du Code Noir ou la sévérité des lois coloniales ............................................ 21
II - LES ACTES DE VIOLENCE PERPÉTRÉS CONTRE LES NOIRS ............................. 29
1. Des sévices corporels aux assassinats d’esclaves ........................................................ 29
2. La violence à l’égard des Nègres marrons .................................................................. 40
3. Les abus sexuels contre les femmes noires ................................................................... 47
Chapitre II - LES ESCLAVES CONTRE EUX-MÊMES ....................................................... 53
I - LES ACTES D’AUTODESTRUCTION ......................................................................... 54
1. Les suicides, les avortements et les infanticides .......................................................... 54
2. Les automutilations ...................................................................................................... 58
II - LES OPPOSITIONS ENTRE LES ESCLAVES ............................................................ 59
1- Les bagarres entre esclaves ......................................................................................... 60
2. Les collaborateurs Noirs contre les autres esclaves .................................................... 63
Chapitre III - LES NOIRS CONTRE LA COMMUNAUTÉ BLANCHE .............................. 70
I - LES ACTES INDIVIDUELS DE VIOLENCE DES ESCLAVES CONTRE LEURS
MAÎTRES ............................................................................................................................ 71
1. Les actes de sabotage ................................................................................................... 71
2. Les empoisonnements des maîtres ................................................................................ 74
II - LES RÉSISTANCES ACTIVES CONTRE LES MAÎTRES ......................................... 79
1. Les Nègres marrons et les premiers actes de déstabilisation du système esclavagiste 79
2. Des coups de folie individuels aux résistances collectives .......................................... 82
3INTRODUCTION GÉNÉRALE
« L’esclavage, disait Duval de Sanadon, est un grand mal. C’est le dernier période du
despotisme ; c’est le plus grand excès de pouvoir que l’homme ait pu s’arroger sur son
semblable, en le réduisant à la condition d’un être purement passif, et le dépouillant ainsi de
1son plus bel attribut » . Et pourtant on lui trouva des justificatifs. Ses plus farouches adeptes
prirent pour prétexte le fait qu’il existait en Afrique et que ce ne serait point leur faire de mal
que de soumettre ces Africains à un joug auquel ils étaient déjà accoutumés. Tout comme
pour convaincre le “Très-Pieux’’ Louis XIII, très réticent dès les débuts à adhérer à
l’esclavage, les Français utilisèrent de même le prétexte selon lequel c’était le moyen le plus
commode de les soustraire à la barbarie des leurs, c’était la voie la plus sure pour les
2convertir au christianisme afin d’en faire de bons sujets. Les colonies européennes devaient
donc être pour les Noirs le havre de paix qui leur manquait chez eux. Mais que firent-ils
réellement d’eux une fois dans ces colonies ? Notre souci ici n’est point de juger, mais plutôt
de comprendre un fait, l’usage de la violence dans l’esclavage des Noirs dans les colonies
françaises au XVIIIe siècle.
En effet, lorsqu’en 1492 Christophe Colomb découvrit les Amériques, les Européens
d’alors virent dans ces nouveaux territoires la « Terre Promise ». Il s’ensuivit alors une ruée
humaine vers ces terres nouvelles prometteuses pour qui rêvait de faire fortune. Cependant,
une fois sur les lieux il se posa un problème crucial : celui de la main-d’œuvre pour leur mise
en valeur. Dans un premier temps, ils réduisirent en esclavage les Indiens trouvés sur place
dans l’exploitation des mines et dans les premières plantations. Mais leur utilisation s’avéra
au fil des ans infructueuse, car n’étant pas habitués à ces travaux harassants, ceux-ci
3mouraient « comme des mouches » soit par la surexploitation qu’on en faisait, soit par les
répressions meurtrières de leurs révoltes qu’ils subissaient de la part des européens qu’ils
4
avaient pourtant accueillis « avec douceur, avec humanité » . À leur suite, ils eurent recours
aux parias de la société européenne, c’est-à-dire « les marins en rupture de bord, les
5vagabonds, les naïfs soûlés » qu’on appela les Engagés sous contrat ou les « Trente-six
mois », pour espérer en tirer quelques profits. Mais leur attitude laissait à désirer et ils étaient
1 David DUVAL de SANADON, Discours sur l’esclavage des nègres et sur l’idée de leur affranchissement dans
les colonies, Paris, Hardouin et Gattey, 1786, pp. 14-15.
2 MONTESQUIEU, De l’esprit des lois, I, Edition établie par Laurent Versini, France, Gallimard, 1995, p. 471.
3 Isabelle & Jean-Louis VISSIÈRE, La traite des Nègres aux siècles des lumières : témoignages de négriers, Paris,
A.M. Métailié, 1982, p. 8.
4 Las casas cité par Frossard, p. 31.
5 Hubert DESCHAMPS, Histoire de la Traite des noirs de l’antiquité à nos jours, Paris, Fayard, 1972, pp. 61-
62.
plutôt d’un mauvais recours. Ils en étaient donc à la résolution de ce problème de main
d’œuvre lorsque, en 1517, frappé par le massacre des Indiens, Bartolomé de Las Casas, dans
un souci de les préserver d’une probable disparition, intervint auprès de Charles Quint en leur
faveur, lui montrant les chemins de l’Afrique, où foisonnerait une main d’œuvre propice au
travail servile. Ainsi, dit Frossard, « il racheta leur liberté par l’esclavage d’un au