Stéphane MallarméDivagationsBibliothèque-Charpentier ; Fasquelle, 1897 (pp. 95-109).BECKFORDQui n’a regretté le manquement à une visée sublime de l’écrit en prose le plus richeet le plus agréable, travesti naguère comme par nous métamorphosé ? Voile mis,pour les mieux faire apparaître, sur des abstractions politiques ou morales que lesemousselines de l’Inde au xviii siècle, quand régna le CONTE ORIENTAL ; et,maintenant, selon la science, un tel genre suscite de la cendre authentique del’histoire les cités avec les hommes, éternisé par le Roman de la Momie etSalammbô. Sauf en la Tentation de saint Antoine, un idéal mêlant époques etraces dans une prodigieuse fête, comme l’éclair de l’Orient expiré, cherchez ! surdes bouquins hors de mode aux feuillets desquels ne demeure de toute synthèsequ’effacement et anachronisme, flotte la nuée de parfums qui n’a pas tonné. Lacause : mainte dissertation et au bout je crains le hasard. Peut-être qu’un songeserein et par notre fantaisie fait en vue d’elle — seule, atteint aux poèmes : leurrythme le transportera au delà des jardins, des royaumes, des salles ; là où l’aile depéris et de djinns fondue en le climat ne laisse de tout évanouissement voir quepureté éparse et diamant, comme les étoiles à midi.Un livre qui en plus d’un cas, son ironie d’abord peu dissimulée, tient à l’ancien tonet, par le sentiment et le spectacle vrais au roman évocatoire moderne, m’aquelquefois contenté : en tant que bien la transition ...
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