Electre- Jean Giraudoux-Acte 1 Scène 8

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ELECTRE
JEAN GIRAUDOUX
ACTE 1 SCENE 8
Les épreuves anticipées du bac approchent…voici un petit commentaire pour vous donner des idées. N’oubliez pas : faites preuve de bon sens et dites-vous toujours :
« Que me dit-ce texte à moi lecteur ? Qu’est-ce que je ressens ? »
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31 mai 2016

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Français

ELECTRE JEAN GIRAUDOUX
ACTE 1 SCENE 8
Les épreuves anticipées du bac approchent...voici un petit commentaire pour vous donner des idées. N'oubliez pas : faites preuve de bon sens et dites-vous toujours : « Que me dit-ce texte à moi lecteur ? Qu'est-ce que je ressens ? »
INTRODUCTION ;
Jean Giraudoux revisite le mythe d'Electre dans une pièce écrite en 1937 et jouée au théâtre de l'Atelier , dirigée par Jean Jouvet. Electre a été le sujet de plusieurs tragédies dans l'Antiquité: Eschyle, Sophocle, Euripide, au V ème siècle av Jc pendant l'âge d'or de la tragédie grecque classique, sont les sources des adaptation modernes des mythes grecs de l'Illiade, de l'Odyssée et de l'ensemble des légendes qui faisaient l'univers culturel des Grecs. Lorsque Giraudoux présente la pièce, la France et l'Europe voient la montée des régimes totalitaires, la guerre est inévitable même si les démocraties sont prêtes à toutes les compromissions pour l'éviter: revisiter les thèmes antiques permet de prendre de la distance avec le présent mais aussi de protéger les auteurs : ainsi Sartre avec les « Mouches », Anouilh avec « Antigone » et bien évidemment « La Guerre de Troie n'aura pas lieu » ou « Amphitryon 38 » de Giraudoux qui lui vaudra des ennuis.
L'Electre de Giraudoux ne peut plus se contenter de copier et la structure et l'histoire telles que les Anciens les ont conçues. Dans l'Acte 1 et la scène 8, nous montrerons que Giraudoux a modernisé les personnage et les rapports entre eux, notamment aux lumières de la psychanalyse naissante.
Nous nous centrerons sur le personnage éponyme et l'ambivalence des sentiments qui l'agitent ( entre haine et amour ), puis nous verrons comment cette haine qui la submerge trouve sa source et son aboutissement dans un duel fille/mère sans pitié.
ELECTRE CRUCIFIÉE ENTRE HAINE ET AMOUR
La haine est le moteur de sa vie
Electre n'est que haine: elle hait sa mère, elle hait Egisthe, elle hait même d'une haine entière et sans objet. Le champ lexical relatif à ce sentiment parcours la scène, d'abord en tout premier où Oreste ouvre la scène avec un questionnement naïf "Pourquoi hais-tu à ce point notre mère, Electre? Tout au long de la scène s'égrèneront les "je la hais", "cette haine" dont on sent bien qu'elle remplit totalement l'être et la vie d'Electre. Elle éprouve à la fois une haine pour deux objets précis: Clytemnestre et Egisthe: "Deux petites haines, cela peut se porter encore dans la vie.". Electre ressent une haine ordinaire, humaine pourrait-on dire, une haine de tous les jours, quotidienne. Mais elle éprouve également une haine plus forte, plus religieuse plus universelle: "une vague plus lourde et plus chargée de haine commune s’abattait à nouveau sur eux. Je les hais d’une haine qui n’est pas à moi.", cette haine là prend une valeur universelle à tel point qu'Oreste lui demande pour quelles raisons elle hait les hommes et les femmes en général. La haine d'Electre envers sa mère est si forte qu'elle va renverser le sens même des mots: la scène se termine sur une tirade ironique et douloureuse: "Celle qui porte ce nom de bonheur: Clytemnestre".
L'amour est son désespoir
On comprend bien que l'Electre de Giraudoux ressent tout à l'extrême : elle est l'outrance, elle est la passion folle. Autant elle déteste sa mère et Egisthe, autant elle porte un amour fou à deux hommes: l'un mort, l'autre disparu: son père et son frère. Electre idéalise les disparus: son père est mort dans des circonstances suspectes, son frère a disparu, chassé par sa mère depuis 20 ans.
De son père, Electre a peu de souvenirs, il est mort quand elle était jeune encore. Mais elle l'aime d'un amour fidèle et absolu: la répétition de "j'aime" 4 fois dans la même tirade s'oppose mot à mot à "je la hais". Par ailleurs Electre ne dit pas je l'aime, elle dit "j'aime ": elle aime la totalité de ce qu'était son père: ses vêtements, ses gestes. Elle aime tout ce qui était sensuel et réel chez son père. Par ailleurs, elle vient à peine de retrouver ce frère, trop brutalement à son goût. "Souvent je souhaitais, si jamais un jour je te retrouvais, de te retrouver dans ton sommeil."Oreste surgit devant elle, sans préparation. Electre subit le choc de ces retrouvailles, plus qu'un choc une illumination:"Mais mon frère est né comme le soleil, une brute d’or à son lever…" Privée d'amour, privée de tendresse, vivant dans une solitude extrême, Electre laisse parler ici toute sa sensualité, son besoin de toucher de réaliser dans le réel l'amour qu'elle porte à son frère: "Vingt ans mes mains se sont égarées sur l’ignoble ou sur le médiocre, et voilà qu’elles touchent un frère. Un frère où tout est vrai."
Electre est envahie, dominée par des sentiments très forts, à l’extrême du spectre de sentiments humains. Opposés et se répondant à la fois, haine et amour fragilisent Electre et lui donnent en même temps la force et l'énergie de l'exigence: elle est la haine totale, l'amour total et elle sera la vengeance et la justice totales.
ELECTRE TOUTE ENTIERE A SA HAINE VOUEE
Electre refuse d'accorder à sa mère sa place de mère auprès d'Oreste et d'épouse auprès d’Agamemnon
Lors des retrouvailles avec Oreste, qu'Electre en raison de son absence et de sa solitude a idéalisé au plus haut point, la jeune fille met en avant le lien frère/sœur. En effet le champ lexical des liens familiaux met en avant immédiatement le couple frère/sœur avec l'abondance des mots "frère,sœur, fraternel", ainsi qu'avec les pronoms personnels "nous". Ce groupe s'oppose à celui de sa mère : "Clytemnestre, elle, mère, eux, vous". Bien souvent, les deux enfants ne l'appellent que par ce pronom "elle", ce pronom à la fois méprisant et qui met de la distance.
Electre se pose même en créatrice en génitrice au sens premier d'Oreste: elle le crée, elle "le modèle", elle "fait sa poitrine". Telle un dieu créateur ou un poète ( rappelons-nous le sens premier du verbe POIEN en grec qui veut dire créer, faire, fabriquer et qui signifiera aussi créer intellectuellement ),elle façonne son frère: elle évoque la poitrine, les oreilles, la bouche d'Oreste qui ainsi naît peu à peu des mains de sa sœur. D'ailleurs Electre ne supplie-t-elle pas Oreste "Prends de moi ta vie" ? Electre dénie également à sa mère sa place auprès d'elle: "Je ne peuxsupporter qu'elle m'ait mise au monde". La honte entache la naissance d'Electre, qui voudrait, telle Minerve, avoir été enfantée par son père. Giraudoux rapproche son personnage de ces vierges guerrières, telle Athéna, consacrées à leur père et issues de lui. Elles ne peuvent rester que des vierges, aucun homme ne pourra à leurs yeux rivaliser avec ce père sur-puissant et tant aimé. Giraudoux ici quitte la trame classique et se rapproche des thèses et explications que la psychanalyse dans les années 30 découvre et conceptualise: complexe d'Oedipe, complexe d'Electre, Eros/Thanatos. Electre se pose alors en mère d'Oreste et en fille/épouse de son père. Elle voudrait même qu'ils n'aient point été enfantés par une mère. Les sentiments d'Electre tournent alors à l'obsession malsaine et incestueuse.
Un duel fille/mère
Giraudoux lie la haine qu'Electre porte à sa mère à un souvenir archaïque de la petite enfance: laquelle des deux a fait tomber Oreste bébé. Clytemnestre préférant protéger ses bijoux de reine, ou Electre jalouse de ce petit garçon monopolisant les bras de sa mère ? Il est là le cœur du conflit, chacune des deux femmes a des souvenirs radicalement différents et vrais pour elles. Clytemenestre est de toute façon pour Electre une mauvaise mère. Car finalement, ce que reproche Electre à sa mère c'est d'être une femme: une femme sensuelle, belle: "Elle se déshabille. Devant son miroir, contemplant longuement Clytemnestre, notre mère se déshabille. Notremère que j’aime parce qu’elle est si belle...." En dépit de l'âge, la reine reste belle et attirante, et elle empêche la jeune fille-telle la redoutable belle-mère de Blanche-Neige – de devenir à son tour une femme, belle et désirable. Par ailleurs, Clytemenstre selon les propos d'Electre est: "jalouse, elle a peur", elle espionne ses enfants: "Quelqu’un nous surveille, de l’escalier…". Et même atteinte par l'âge, elle reste une femme puisque Electre la soupçonne d'avoir un amant.
Donc mauvaise mère, jalouse, appeurée, vieillissante, mais attachée à ses charmes, Clytemnestre offre l'image même de la marâtre, de la mère indigne, dont Phèdre et Médée
sont proposées en exemple.
CONCLUSION :
Jean Giraudoux donne ici une lecture, car son texte est très littéraire, d'une Electre à la fois venue du fond des âges antiques et à la fois moderne : dans le langage, les relations entre les personnages, Giraudoux bouscule les canons de la tragédie. Il pose ici la question fondamentale de la pureté des sentiments, de la pureté des âmes : jusqu'où peut-on aller dans ses engagements sans sombrer dans la folie ? Antigone d'Anouilh donne une réponse plus fragile mais plus humaine à ce questionnement que dans les années suivantes beaucoup devraient résoudre.
SOURCES : TEXTE INTEGRAL :http://www.bacdefrancais.net/electre-giraudoux.pdf Les sites : ETUDES LITTERAIRES :http://www.etudes-litteraires.com/  BAC DE FRANCAIS :http://bacdefrancais.net/
Catherine Calvel
et votre cerveau !
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