Les Sette CommuniFrédéric MerceyRevue des Deux Mondes4ème série, tome 25, 1841Les Sette CommuniDans l’été de 1835, je me trouvai retenu à Vicence par la maladie de moncompagnon de voyage, M. Lamberti. L’aimable et savant Milanais avait ressenti lespremières atteintes de la fièvre dans les marais de Comacchio, en se livrant à desrecherches trop assidues sur le mystère encore inexpliqué de la reproduction desanguilles. Il est vrai que M. Lamberti, gourmet et savant tout ensemble, mangeait lesoir les sujets que le matin il avait soumis à ses expériences ; les anguilles sevengèrent, et leur persécuteur, obligé de fuir les bords marécageux de l’Adriatique,pensa mourir victime de la science et de la gastronomie.Vicence est voisine de Padoue, les médecins n’y sont donc pas rares. L’un d’eux,le signore Castagnuolo, donna ses soins à mon ami, et, à l’aide de je ne saiscombien de kilogrammes de magnésie, parvint à expulser le principe morbifiquequi le tourmentait. Le quatorzième jour de sa maladie, conformément aux préceptesd’Hippocrate sur les époques climatériques et les crises, M. Lamberti entra enconvalescence. Un convalescent a besoin de distractions et de plaisirs tranquilles ;ceux de mon ami étaient conformes à ses goûts : il passait ses matinées entièresdans le cabinet du docteur Dominico Gregori, si riche en fossiles, et ses soirées àla librairie de Téobaldo, qui chaque année imprime un almanach et deux fois lasemaine un journal, dit Del Progresso ...
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