L’Armée de voluptéAlphonse Momas(Le Nismois)1900I.II.III.IV.V.VI.VII.VIII.IX.X.XI.XII.XIII.L’Armée de volupté : ICe matin-là, Émile Lodenbach se leva tard.Il avait dansé une grande partie de la nuit chez la comtesse de Bouttevelle, se prodiguant aux plus jolies et aux plus enragéesvalseuses, malgré ses trente-deux ans lui conseillant de commencer à se modérer, et de plus, il avait fort discuté et disputé avec labelle Lucette de Mongellan, discussion et dispute qui l’empêchèrent de dormir, une fois dans son lit, jusqu’au plein jour.― Ah, Lucette, murmurait-il, tournant et retournant sur sa couche.Lucette de Mongellan, la grâce en personne, vingt-huit ans, brune ensorcelante de beauté et de verve, voltigeait devant ses yeux etsoufflait sur le sommeil, qu’elle disputait sans peine par le seul charme de son souvenir.Pourquoi discuter et disputer avec une jolie femme ? Pour obtenir ce qu’elle ne paraît pas disposée à accorder, ou qu’elle s’amuse àajourner.Lucette cependant accusait par moments de réels élans de tendresse. Esprit féminin, qui saura jamais ce qui se cache dans vosprofondeurs !Émile le se leva tard et de méchante humeur, malmena don fidèle valet de chambre Léonard, fit une scène à la cuisinière Rosalie surson omelette pas assez baveuse, comme il les aimait, jeta son café par la fenêtre, donnant heureusement sur un petit jardin de l’hôtelqu’il occupait, rue Cortambert, et, maussadement installé dans son cabinet de travail, se décida ...
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