CE QUI DÉSIRAIT ARRIVER
CEQUIDÉSIRAITARRIVER
Traduitdel’espagnol(Cuba)
parElenaZayas
ÉditionsMétailié
20,ruedesGrandsAugustins,75006Paris
www.editions-metailie.com
2016
Commetoujours,pourLucía
quiavugrandircelivre.
Etausipourlesamisquil’ontenduré,
nouveleaprèsnouvele.
Ilestdebongoûtdesetairecommelapiere.
EliseoDiego
LaPorted’Alcalá
Cequidésiraitariver.
MarcAurèle
(Écritderièrelaportedelachambrede
SeymouretBudyGlasdans
FranyetZoey,deJ.D.Salinger)
1
Ilavaituehl,srduennt ersouujoà’f roecd ri euqer de ma de parl
oninitparlesatirer.Or,unefoisdeplus,leJornaldeAngola
an’unutiq avis eni. Ceonçaaté i tinimmetne son-audicfrneaite
informationrevenaitouteslesier cdee yéta é,seniametudeset
d’évidencesindiscutables,dedonets e dstgiueiqeéol s
déclarations du gouvernement et, même si au cours des
vingttrois derniers mois les Boers avaient franchi plusieurs fois la
frontière de Namibie avec quelques rares avions menaçants et des
tanksbienréels,l’invasionan eocens itascnéras. it pMaisone cé
lalecturedecetenouvelelefaisaitrsouri fujosoner.Ses
jambeslageolaientsousl’efetd’unepeurobscureetangiblequi
naisaitdanst in vseerouin aavasà tieuq as ln e tlicae tsmoon e
que l’événement imminent ne se produise pas avant la in février,
quand il serait déjà bien loin de tout ça et que ses deux ans de
misionenAngolaapartiendraientdèslorsàunpasé
iréversible.
Seulementcetvuop tiap e rue redvaiote s sfediatimméls. I
venaitjustedelirelesgrositre steq euqleu silgnes du premier
paragraphequ’ildutsortirdesonlitetpressel srev sap el er
toiletesoùildéboutonsouslebras.asonpantalon,lejour nal
Aprèstouscesmois,ilconaisec ees lete dtsfesel tia sesuac
sentimentdécouvertenAngola,incon trôlableetenpartie
ambigu,mêmepourlui,dontiljouisuqiait avec la tranle
convictionquesapeurn’étaitpasprécisémentdel alâcheté.Ais
surlacuveteusementlae,ilentre pritdoncdedéchirersoign
partiedelapremièrepage,sourcedesesangoisseseé à spos, di
vengerdelafaçonlaplusop euqotolacete qugiliboym ssli :elbi
setorcheraitaveccetenouveleet,enat tnai aled nec nde
rélexenoncondtionilù oalrnou jed uaecrom el antourl reé, i
découvritsousunitred’àpeinedixpoints“TOUT VÉLASQUEZ”,
unebrèveinformationanonçantqu’entrele23janvieretle
30mars,lePradoprésenteraitl’expostion, dite du sièlc,eq iu
réunirait pour la première fois, depuis l’époque où ils avaient été
peints, soixante-dix-neuf chefs-d’œuvre de l’artiste sévilanvenus
de tous les coins du monde pour compléter le fonds du grand
muséeespagnol.
Toutens’esnocstnc uayvi eudtrops egap al ceavt enemusiencie
journal,ilsemitàpenseràuneautredesesobsesionsfavorites.Il
se dit que le monde était une vraie merde: moi en train de chier en
AngolaalorsquelesMadrilènes uirvoà t enemstenrane tuj erppé
expostiinu no Véliegode Dque f iaeCalze .sauqtiasjéd rp àuqsee
deuxansqu’ilavaitquitéCuba,pourtantcet noçaf eesnep edner
l’avaitpaslâchéuninstant.El àasia tcrei vlil énatnadi te hqau
femme,deuxfoisparsemaine,cesleterteinables s interm
déchirantesoùilaisos téd nretauot itacl éiorespsc e ;tetemême
pensée revenait le soir quand, de la fenêtre de sa chambre, il se
metemmpt ene quusplbo àvresl reac e aesllmifas uariite tneiav
instalédansunmagasinabandon eisn or Pgatul sep raé1976;il
voyaitleshommesacroupis,mâchonatnd ebreh seo iuq ,s-erbs
vaienteuxaus iecmmse sefées fanrainen t ed riafob eiulirsurun
feudeboisleyucaetlepoisonpourlefunche,toutenalaitantdes
enfantsmorveuxetapathiquesquineconrtiaîapeutent e-êtr
jamaisl’existencedumotbonheur.Cetnsée l’oe peuasbdéia tsi
quand il parcourait les rues de Luanda, esquivant les tas d’ordures à
touslescoinsderues,seretournantsurlepasa dge iesnombrables
mutilésd’uneguereinterminableetbienréele obl’i quianeileg tà
sedemanderpourquoi,putain,ilyavaitdesgensc ondamnésà
vivre ainsi, tandis que lui, justement lui, il pouvait déambuler, sans
rienatendremaisansoufrirdelafaim,danscetevilemaladeet
inhospitalière qui ne se livrait pas à lui, qui ne se laisaitpas
comprendre et dont il ne parvenait pas à imaginer le destin inal.
Depuisonarivée,chaquematincoroicrxseopdnia t ànu e
surlestroisalmanachsacrochésau-desrierndeusos nd eL eil.t
se terminait de façon abrupte: on était seulement en janvier190
mais il ne lui restait désormais que huit chifres à barer.
– Eh,vieux,tut’eshojitréa anauuq ,ioquà ?oihu R mm,
encore? T’es vraiment pas dans ton état normal, sur la tête de ma
mère!–Ledirecteurdujournalsemblaitele mentconvaincu
qu’ilitaus evana t ealt têre.de souri non i dntmeveou mund’
D’habitude, tout ou presque le faisait rire mais, d’une certaine
façon,cet dit Mauricio qu iopruattne l iisfoar tiavaes ,nosi
inista.
– ouÉc, teciAl,sed em nerpp sduna y l ii,Ic. toidi nu ruop sae
lopée de gens qui repartent par Berlin ou Madrid, et si tu
m’apuies,jepeuxrentrerparMadrid.
– d ej euqeuQ ?siqut Ee -cst’elbae satxuà veux tu r de voi
Madrid?Écoute,Mauricio,sijedisça,danslemeilue red sacs
onmeviredelamisionpouravoirfaitlecon.
Dehors,unebriseinatlp tud rreuqa le a etcteudireneudl ve ees
précipitammentsespapierse dpêemerchuo rel suberuap ur son
s’envoler. Il semblait que, pour la deuxième fois de l’été, il
pleuvrait sur Luanda, et Mauricio désira voir tomber une averse
dévastatrice.
– Pourquoi?Parcequ’ilspenseraientquejeveuxresteren
Espagne?Merde!C’estdégueulasn a paême si osediM !,eclA sé
deux ans à se crever en Angola, à en devenir bigleux à cause de la
chloroquine, avec les tripes en compote à force de manger de la
viande en boîte, il se trouve toujours un salaud pour penser que
tuneveuxpasrentreràCuba.C’estcharmant…
Ledirecteurinitderemetses papiare ecal te srep nelumaune
cigarete.Ilneriaitplusetpas’i smeom cgesavi nos rus niam ena ul
tentait ainsi d’efacer toute la fatigue et les rides acumuléesaucours
des derniers mois. À Cuba, il n’était guère que le sous-directeur d’un
journaldeprovince,maisc’étaitausn cadre i u no srola ,elbaiilu
avait conié la direction de l’hebdomadaire du contingent cubain en
Angola où il faisait son travail avec le plus grand sérieux. De toute
façon,c’étaitunhommeaimable,intelît.cror eustnd ieg
– Écoute,Mauricio,jecroistecondi, reîta nassn-tlie in
sourire. Je pense qu’ici au in fond de l’Afrique on conaîtmieux
les gens, mais ne demande pas aux autres de penser comme moi.
Il y a une merde sur ta iche et ça, tout le monde le sait, même le
dinguequisepromèneàpoilplaceKinanxixi.Et neieuqas ub si
tu ne serais pas le premier à rester en Espagne. En plus, il y a ausi
cefoutuproblèmedebilet…
– Alors,onvaéternelementmeresein? Ce qui esttroç rih ,a
con, c’est que pour d’autres il n’y a aucun problème. Du moins
pour ceux qui sont restés à l’étranger!
Ledirecteursouritdenouveau,presqueinvolontair ement,et
lançasonmégotparlafenêtresanselever.
– Nevienspasmefaireduchantage,monsalaud… Alors,
comme ça… une expostiondeVélasquez… Bon,jevaisvoirce
quejepeuxfairepourtoi,maisrapeleioq et-tui sueuns ai f
folie,àmoi,onmelescoupe.
– it un boCe serauqena tn enspeurMaioic ,et tidrp nxeté
parfoislavien’étaitpasimerdiquequeça.
Pour Vélasquez, du moins, la vie n’avait pas été merdique. C’était,
enquelquesorte,cequ’EmmaMichelettentait de démonrtred nas i
lepeitrtuoia t ovairicel’unans vé del rus egarvuo au Mue qrentei p
des trois librairies de Luanda au cours de ses premiers mois de
misearbil seL .seirius mes l lets éetniaqéeuocer tne quaion,l frnd i
peitlivreVélasquez, pousiéreuxetaché,setrouvaitsuruneétagère
dufond,prèsd’autresvolumesinsolites–LaRépubliqueot nne edP al
alemand,lesŒuvreschosiesseleuq tuqen etalien isme d arÉ’
brochuresurlefotbal, bien qu’il fûtp routagsi– ,tene niacir&