la guerre éternelle ( histoires africaines)

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La guerre éternelle I- Comme tous les soirs, sa grand-mère maternelle vint s’installer près de sa couche etcommença à lui raconter une histoire pour l’endormir.« Il était une fois deux jeunes filles, Vérité et Médisance, qui vivaient dans le mêm e hameauet se fréquentaient souvent malgré leurs caractères, physique et moral, diamétra lementopposésVérité, dont les parents étaient très pauvres, travaillait durement pour leur venir en aide.Chaque matin, elle se rendait à la forêt pour ramasser du bois afin de l’échanger cont re unemiche de pain. Toute petite, elle avait attrapé une de ces maladies fréquentes dans ces contrées perdues. Le guérisseur et le chef de la tribu intimèrent à la maman une mise en quarantaine de la petite. Aussi Vérité fut-elle enfermée pendant une longue durée. Quand elle se rétablit et fut autorisée à fréquenter les filles de son âge, les habitants de la tribu furent horrifi és par lalaideur de cette créature. Ossue, elle était élancée et louchait des deux yeux Avec sa chevelureébouriffée, elle avait l’air d’un monstre. Ses jambes menues et très longues support aientpéniblement un torse rond et pointu. Ses bras, quand elle les baissait dépassaient la rgementses genoux. Elle n’avait presque pas de fesses. Son déhanchement rappelait celui del’autruche ou du gorille qu’elle avait l’habitude d’apercevoir, de temps en temps, dans laplaine broussailleuse ou sous les arbres de la forêt dense.
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18 avril 2012

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148

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Français

La guerre éternelle
I-
Comme tous les soirs, sa grand-mère maternelle vint s’installer près de sa couche et
commença à lui raconter une histoire pour l’endormir.
« Il était une fois deux jeunes filles, Vérité et Médisance, qui vivaient dans le même hameau
et se fréquentaient souvent malgré leurs caractères, physique et moral, diamétralement
opposés
Vérité, dont les parents étaient très pauvres, travaillait durement pour leur venir en aide.
Chaque matin, elle se rendait à la forêt pour ramasser du bois afin de l’échanger contre une
miche de pain. Toute petite, elle avait attrapé une de ces maladies fréquentes dans ces contrées
perdues. Le guérisseur et le chef de la tribu intimèrent à la maman une mise en quarantaine de
la petite. Aussi Vérité fut-elle enfermée pendant une longue durée. Quand elle se rétablit et fut
autorisée à fréquenter les filles de son âge, les habitants de la tribu furent horrifiés par la
laideur de cette créature. Ossue, elle était élancée et louchait des deux yeux Avec sa chevelure
ébouriffée, elle avait l’air d’un monstre. Ses jambes menues et très longues supportaient
péniblement un torse rond et pointu. Ses bras, quand elle les baissait dépassaient largement
ses genoux. Elle n’avait presque pas de fesses. Son déhanchement rappelait celui de
l’autruche ou du gorille qu’elle avait l’habitude d’apercevoir, de temps en temps, dans la
plaine broussailleuse ou sous les arbres de la forêt dense.
Souvent, en la voyant venir, les jeunes filles de son âge criaient : « Le marteau arrive » et se
tenaient tranquilles jusqu’à ce qu’elle s’éloigne. On l’avait surnommée ainsi tellement elle
ressemblait étrangement à cet outil dont se servaient beaucoup d’habitants de la tribu dans
leurs tâches quotidiennes. Gare à celles qui essayaient de se mettre sur la route du marteau.
Elle les écrasait par son verbe franc et direct. Vérité blessait. Vérité dérangeait. On fuyait
Vérité.
Pourtant, beaucoup de qualités trouvèrent assez d’espace pour cohabiter ensemble dans ce
corps hideux. Équité, gentillesse, politesse, amabilité et beaucoup d’autres familles de vertus
vivaient paisiblement dans ce corps aux allures d’un interminable couloir étroit.
Vérité dont le cœur jaillissait de sensations fortes, pures et nobles n’avait jamais compté que
sur elle même pour venir à bout de tous ses malheurs. Hélas ! Souvent, du bien qu’elle semait
partout où elle passait, elle ne récoltait, en contre partie que du mal. Seul un jeune homme
s’intéressait à elle bien qu’elle n’ose
même pas l’approcher. Il l’écoutait attentivement, lui demandait parfois conseils, l’aidait
souvent dans les tâches pénibles qu’elle effectuait.
Médisance, par contre, était d’une beauté aphrodisiaque. Un visage aux traits fins, des yeux
noirs taillés noisette, un nez régulier, on dirait l’œuvre d’un sculpteur aux mains habiles. Ses
cheveux noirs tombaient en cascades sur ses épaules souvent nues. Quand elle marchait, sa
silhouette fine et élancée ondulait majestueusement et mettait en relief sa beauté éclatante.
Elle avait un corps bien proportionné et merveilleusement bâti dont chaque partie – visible et
invisible- faisait rêver la moitié des jeunes de la tribu, l’autre moitié était plutôt attirée par sa
fortune. En effet, son père, M. Succès, était immensément riche.
Le seul handicap qui raisonnait tous les prétendants rêveurs et les tenait à l’écart malgré les
alléchants atouts, aussi bien physiques que matériels, qu’exhibait fièrement et généreusement
Médisance était son art de la ruse, du mensonge, et surtout du mal qu’elle nourrissait et
entretenait soigneusement, son visage angélique aidant, et que la malheureuse Vérité récoltait
injustement quand il était bien mûr.
Ayant appris que celle-ci était courtisée par Principe, le plus beau jeune garçon de la tribu,
Médisance devint furieuse et plus méchante que d’habitude. Elle se demandait comment ce
jeune avait rompu tous les liens séducteurs qu’elle avait péniblement, mais solidement, tissés
autour de lui. Comment il l’avait délaissée pour cette créature difforme.
Cette funeste nouvelle mit la plus belle fille de la tribu hors d’elle et prit le caractère d’une
déclaration de guerre ouverte sur tous les fronts et plus particulièrement contre Vérité. A partir
de ce moment, tout ce que disait ou faisait cette dernière était intentionnellement et
malicieusement déformé par Médisance, aidée dans cette tâche par son frère Mensonge et sa
sœur Calomnie. »
II-
Comme tous les soirs, sa grand-mère paternelle vint s’installer sur le moelleux sofa près
de son lit et commença à lui raconter une histoire pour l’endormir.
« Il était une fois deux jeunes garçons, Principe et Intérêt, qui vivaient dans la même tribu et
se fréquentaient souvent malgré leurs caractères, physique et moral, diamétralement opposés.
Issu d’une famille très riche, Principe avait une peau basanée, un visage rond avec des yeux
bleu clair, des cheveux noirs, brillants et ondulés. Son corps bien sculpté, sa poitrine large et
bombée dénotaient, d’une manière évidente, la force et la virilité. Dame nature qui avait pétri
ce physique modèle ne lésina pas sur les ingrédients vertueux pour parfaire son chez
d’œuvre : gentillesse, altruisme bonté de cœur et virilité. Toute la junte féminine rodait autour
de lui dans l’espoir d’attirer son attention d’abord, et de le séduire ensuite. Alors qu’il n’avait
pas encore atteint l’âge de douze ans, il connut tous les regards langoureux, tous les gestes
chargés de messages excessivement séducteurs, tous les sourires brillants et accueillants.
Cependant, Principe restait indifférent à toutes ces invitations indirectes mais combien
douces. Il n’avait de pensée que pour la jeune Vérité qui l’avait séduit, non pas par sa beauté,
puisqu’elle était la plus moche de la tribu, mais plutôt par ses incalculables qualités et vertus.
Par conséquent, Principe avait fait savoir à toute sa famille et à tous ses amis qu’il ne
prendrait comme épouse que cette fille malgré tous les défauts physiques dont elle souffrait.
Tout le monde avait beau essayé de le dissuader de ce projet insensé en soulignant les
innombrables inadéquations de ce mariage, mais c’était peine perdue.
Intérêt, par contre, était très petit et trapu, avec une énorme tête ronde de la taille d’une jarre.
Ses bras vigoureux et poilus ne lui étaient d’aucune utilité car ce bout d’homme incarnait la
fainéantise. Il avait un regard vif et perçant ; on dirait un fauve fixant sa proie et prêt à bondir
sur elle. Pour parvenir à ses fins, Intérêt usait de toutes les ruses et les astuces inimaginables.
Pourtant, beaucoup d’habitants de la tribu se trompaient sur son compte et avaient de la
compassion pour lui. Menant une vie insouciante, ce paresseux avait l’art de laisser aux autres
la peine et le devoir de l’entretenir et de l’engraisser.
Bien que ses parents soient très pauvres, il n’avait jamais pensé leur venir en aide. La seule
question qu’il se posait chaque matin en se réveillant était : « Comment procéder pour tirer
profit de telle ou telle situation ? »
Ayant appris que Médisance passait par une phase très déprimante, il vint la voir en simulant
le consolateur. Cette dernière l’informa de l’union de Principe avec Vérité. Intérêt promit
alors de mettre à la disposition de la malheureuse toute son expérience afin de ridiculiser les
deux futurs mariés.
Un jour, Dame Jalousie, une femme restée célibataire rien que pour attiser les colères et
aiguiser les haines entre les habitants, vint rappeler à Médisance le bonheur qui attendait
Principe et Vérité. Intérêt qui rodait dans les parages en quête d’une brebis galeuse prête à être
tondue, entendit leurs propos. Il analysa la situation et en déduisit qu’il fallait intervenir
rapidement et énergiquement. Aussi vint-il voir Médisance et insista encore une fois sur la
nécessité d’agir en commun pour compliquer la vie au couple en question. Il se lança dans une
démonstration obscure et très compliquée pour aboutir à ce résultat simple et très clair. Il
fallait qu’elle le prenne pour époux si elle voulait anéantir le projet de ses ennemis. Jalousie
bénit cette proposition tout en lui démontrant à son tour que cette démarche était le moyen le
plus efficace pour faire voler aux éclats les espoirs de Vérité et de Principe. Elle insista sur
cette stratégie en faisant miroiter l’image du jeune rompant son union avec Vérité et se
rendant sans peine vers celle qui l’aimait et qui ne cessait de penser à lui.
Une semaine après, Intérêt fut reconnu comme futur gendre de M. Succès malgré une
opposition farouche mais passagère de celui-ci.
En entrant de plein pied dans la vie conjugale, les deux couples entrèrent en même temps dans
une guerre sans merci. Autant Vérité et Principe essayaient d’éviter les problèmes, autant
Médisance et Intérêt leur en créaient davantage. Depuis cette date là, tout ce que rapportait
Vérité était outrageusement déformé par Médisance.
Ainsi, selon cette dernière, J. Christ s’était suicidé et ne fut pas crucifié comme le prétendait
son ennemie. Socrate mourut à la suite d’une overdose de drogue, la pénicilline fut découverte
par un afghan, Hitler fut le plus grand bienfaiteur de l’humanité, ce n’était que le sosie de
Lady Diana qui mourut en France, la vraie princesse vivait toujours en Argentine, Clinton eut
deux enfants avec Monica, Cecilia découvrit, en flagrant délit, Sarkozy et Royal dans un petit
hôtel des environs de Paris…
Il arrivait parfois que cette guerre devienne rageuse pour un sujet ou une situation futiles. Tel,
par exemple, ce petit inspecteur de l’enseignement qui vivait paisiblement, travaillant selon
ses modestes capacités et appliquant consciencieusement les notes, les circulaires et les
directives de ses supérieurs sans jamais se poser de questions jusqu’au jour où il se trouva
involontairement projeté au devant de la scène, à la merci des deux protagonistes qui se le
renvoyaient mutuellement comme un ballon de volley ball. L’histoire de ce fragile petit cadre
du Ministère de l’Enseignement prit une telle ampleur qu’elle devint un sujet incontournable
qui meublait les conversations aussi bien dans les administrations, pour fuir la routine de la
paperasse, que dans les cafés quand il n’y avait pas de match de foot ball ou de film hindou
truffé de sentiments et de chansons.
Les deux belligérants prirent leurs positions sur tous les points stratégiques et déployèrent
leurs artilleries lourdes : Médisance lançant des assauts successifs dans le but d’effacer Vérité
de la surface de la terre, et celle-ci se défendant tant bien que mal pour sauver tous les gens
qui avaient des principes. Cette situation dura des siècles et des siècles et fut rapportée par des
générations et des générations
Avec le temps, l’histoire du petit inspecteur méconnu prit alors la forme d’un conte que
racontaient les grands-mères aux petits enfants pour les endormir. »
III-
Comme tous les soirs, sa grand-mère Vérité vint s’installer près de sa couche et
commença à lui raconter une histoire pour l’endormir.
« Il était une fois un inspecteur de l’enseignement qui vivait paisiblement, travaillant selon ses
modestes capacités et appliquant consciencieusement les notes, les circulaires et les directives
de ses supérieurs sans jamais se poser de questions.
Un jour, il décida d’aller passer une heure avec un professeur qui enseignait dans un petit
village. En y arrivant vers 14h20, le représentant du Ministère de L’Éducation jugea utile de
retarder sa visite jusqu’à 15h pour pouvoir assister à la leçon toute entière ; et afin de passer le
temps qui lui restait, il résolut de prendre un café. En dégustant paisiblement le breuvage qu’il
avait commandé, son attention fut attirée par un éclat de rire qui provenait de l’intérieur du
café. C’est alors qu’il vit, assis au milieu d’une dizaine d’individus crasseux et mal habillés, le
professeur qu’il comptait inspecter quelques minutes après. L’enseignant qui était sensé être
dans sa classe, expliquait à haute voix à son auditoire, comment procéder pour gagner un pari
sur les chevaux de course. Les mots « tiercé et quarté » fusaient dans tous les sens.
L’inspecteur se dit que le professeur en question était peut-être en congé de maladie, et
puisque les médecins ne mentionnaient jamais sur les certificats si les patients devaient ou
non garder la chambre, beaucoup d’employés qui relevaient de la fonction publique
recouraient à ce procédé pour bénéficier d’un repos illégalement mérité. L’encadreur
pédagogique regrettait de s’être déplacé inutilement et se mit à feuilleter un journal qui
traînait sur une table. Vers 15 h, alors qu’il réglait sa consommation, il remarqua que
l’enseignant avait mystérieusement disparu. Il se demanda s’il avait réellement vu ce dernier
quelques minutes auparavant. Était-ce une hallucination ? Couvait-il une fièvre ou une autre
maladie dont les médecins lui révéleraient le nom au cas où il aurait les moyens de les
consulter ? Il se résigna à aller faire son inspection.
Le directeur de l’établissement le reçut en souriant. Il l’informa que le professeur qu’il
comptait voir était dans la salle 16 avec ses élèves. L’encadreur faillit s’évanouir, mais il se
ressaisit lorsque le chef d’établissement ajouta : « C’est un professeur qui nous crée
énormément de problèmes. Il s’absente souvent alors qu’il a des classes qui passeront un
examen national à la fin de l’année. Tenez, aujourd’hui par exemple, il est arrivé au collège
avec 45 minutes de retard. Quelle génération d’enseignants ! ». Les battements de cœur de
l’inspecteur devinrent réguliers. Il était sain et sauf. Il évita d’évoquer ce qu’il avait vu au café
et se dirigea tranquillement, en compagnie du directeur, vers la salle 16. Celui-ci était très
bavard .Il voulut expliquer au visiteur les lacunes et les points faibles de la politique de
l’enseignement. Il prétendait maîtriser les tenants et les aboutissants de cette situation. Ne
s’était-il pas présenté aux élections communales à deux reprises. Il les aurait remportées si le
vote s’était démocratiquement déroulé et si son adversaire n’avait pas assez d’argent pour
acheter les voix des électeurs aux responsables. Ils arrivèrent à la salle 16. L’enseignant les
reçut comme il se devait. Le directeur s’éclipsa tandis que l’inspecteur prit place au fond de la
salle. Il remarqua très vite que le professeur n’avait pas de cartable et par conséquent, pas de
document pédagogique pour mener la leçon du jour. Seuls un morceau de craie et un paquet
de cigarettes traînaient sur le bureau. Sur ordre de Médisance, l’enseignant tenta d’expliquer
cette situation inhabituelle à l’indésirable visiteur. C’était un jour exceptionnel. Il venait juste
d’arriver d’un enterrement. Et comme il avait peur de perdre beaucoup de temps, il avait
préféré venir directement du cimetière au collège. Il se lança ensuite dans une explication de
texte surchargée d’improvisations maladroites et de paraphrases qui défiguraient piteusement
le sens de chaque paragraphe. La sonnerie de 16 h délivra l’enseignant et l’encadreur
pédagogique. Le premier était à bout de souffle, le second à bout de nerfs.
Avant de partir, le représentant du Ministère de l’Éducation fit savoir au professeur qu’il ne
pouvait pas rédiger de rapport sur la leçon tant qu’il ne jetterait pas un regard sur le cahier de
textes de la classe pour vérifier si toutes les leçons étaient effectivement abordées.
L’enseignant lui répondit que, la veille, il avait involontairement emporté ce document dans
son cartable. L’inspecteur lui demanda alors gentiment de le déposer auprès de
l’administration afin qu’il puisse le voir au cours de la semaine suivante.
Ils se quittèrent.
Comme prévu, une semaine après, le missionnaire revint au collège et demanda le document
en question. Le chef d’établissement répondit qu’il n’avait rien reçu du professeur. Il pria le
visiteur de s’asseoir et partit lui-même chercher le fameux cahier de textes.
Quelques minutes plus tard, il revint bredouille. Le professeur n’avait pas le document tant
sollicité.
Et le directeur trouva prétexte pour se lancer encore une fois dans une tortueuse
argumentation où il était question du niveau des apprenants qui ne cessait de baisser, de la
politique désastreuse de l’enseignement dans le pays, du laxisme des responsables dans le
choix des futurs enseignants, des syndicats corrompus par le patronat. Seuls les inspecteurs de
l’enseignement échappaient, on ne savait par quel miracle, à sa critique désordonnée. Grisé
par son discours oratoire, le chef d’établissement se jeta dans les méandres de la politique
internationale et en sortit avec cette ruisselante conclusion : tous les malheurs du pays avaient
pour origine l’occupation de La Palestine, la guerre du Golf, Housni Moubarak, Ben Ali et
Kaddafi . Il regarda par la fenêtre dans l’espoir de dénicher un autre sujet d’actualité plus
sulfureux. Malheureusement, le professeur dont le comportement avait déclenché ce
monologue incohérent fit irruption. L’inspecteur crut que ce dernier venait pour s’excuser
étant donné qu’il n’avait pas tenu sa promesse.
Mais au lieu de parler du document, source de toutes les tracasseries, il s’adressa directement
au représentant du Ministère de l’Éducation et lui demanda dans un langage, on ne peut plus
cru, les raisons pour lesquelles tous ses supérieurs le visaient. Le directeur, en tant que
politicien chevronné, tenta d’intervenir pour négocier avec civisme les doléances de
l’enseignant, mais celui-ci lui ordonna de se taire. Ce qu’il fit gentiment.
Les yeux exorbitants, le professeur qui avait une peau brune et un corps bien musclé, se
retourna vers l’inspecteur et cria : « Puisque vous me cherchez vous aussi, vous allez me
trouver ! » et il commença à se débarrasser de ses vêtements. L’inspecteur crut que sa dernière
heure venait de sonner. Et furieusement, l’enseignant enleva tout d’abord sa veste, sa chemise
et un sous vêtement troué au niveau du nombril. Une fois son torse chevelu et bien taillé fut
découvert, il s’attaqua ensuite à la partie inférieure de son corps en enlevant ses chaussures
toutes usées et ses chaussettes qui inondèrent le petit bureau du directeur d’une odeur
nauséabonde, il détacha sa ceinture et retira son pantalon. Il ne portait pas de slip.
Il se mit près de la porte du bureau et déclara solennellement : « Écoutez- moi bien tous les
deux. Je vais me suicider en sautant du 2ème étage du bloc des sciences et vous, vous allez
croupir le reste de votre vie en prison parce que vous ne voulez pas me laisser tranquille ».
L’inspecteur et le directeur devinrent pales.
Le professeur rejoignit la cour du collège en costume d’Adam tout en criant à tue-tête : «
Écoutez- moi bien tous, je veux me suicider. Je veux mettre fin à cette vie de misère ! ». Tous
les élèves quittèrent leurs classes et envahirent la cour. Ils formèrent un cercle autour de
l’enseignant déchaîné. Tous étaient impressionnés par la longueur et la couleur de son appareil
génital. Restées debout dans les couloirs, les jeunes filles, quant à elles, admirèrent ce gros
sexe magistralement exposé. Quelle perte pour tout le village si jamais par hasard cette verge
venait à disparaître tragiquement. Aucun autre professeur n’osa intervenir pour calmer
l’homme nu. Déstabilisé par cet événement surréel, le directeur alerta les sapeurs pompiers
qui arrivèrent une demi-heure après et conduisirent le malade au dispensaire le plus proche
afin de lui administrer les premiers soins.
Une fois le calme revenu, l’inspecteur quitta furtivement l’établissement et regagna sa
maison. Le jour suivant, il rédigea un rapport très détaillé sur le comportement anormal du
professeur et le remit le jour même à ses supérieurs. Personne ne prit la peine de le lire étant
donné que de telles situations étaient devenues monnaie courante dans le monde de
l’enseignement. Le représentant du Ministère de l’Éducation jura de ne plus jamais remettre
les pieds dans ce collège. Quant au professeur, il fut autorisé à quitter le dispensaire le soir
même. L’unique médecin du village était en congé de maladie. Il avait emporté avec lui la
pharmacie portative. En admirant ce corps musclé et doté d’un énorme phallus poilu,
l’infirmière de garde déclara : « il se porte à merveille ».
L’interprétation du pronom personnel sujet de cette phrase scinda les habitants du village en
deux clans.
IV-
Comme tous les soirs, sa grand-mère Médisance vint s’installer sur le moelleux sofa
près de son lit et commença à lui raconter cette histoire pour l’endormir.
« Il était une fois un petit inspecteur de l’enseignement tellement pédant qu’il se prenait pour
le père de la didactique du français. Cet homme n’était ni formateur ni encadreur comme se
plaisaient à le surnommer certains enseignants qui espéraient améliorer leurs notes. Il était
tout simplement un inspecteur au vrai sens du terme. Lors de ses visites, au lieu d’aider les
professeurs à surmonter les difficultés que posaient certaines activités scolaires, cet inspecteur
principal fourrait son nez dans des affaires qui ne relevaient pas de ses compétences, si bien
que beaucoup d’enseignants ne faisaient plus attention à ses remarques et qualifiaient cet
homme indésirable tantôt de « maniaque », tantôt de « pervers ».
Avide de situations sensationnelles ou sensuelles et jouant le rôle de détective, le représentant
du Ministère de l’Éducation se rendit un jour à un collège dans l’espoir d’embêter un sérieux
professeur de français. Le directeur, un homme taciturne et hermétiquement renfermé sur lui-
même, le reçut froidement. Pour éviter les remarques gratuites et souvent maladroites de
l’inspecteur, il l’emmena immédiatement à la salle 61 où se trouvait le professeur. Le
prétendant encadreur salua sa future victime d’une manière hautaine et s’installa à la première
table en face du bureau. Il commanda au pauvre enseignant ses documents pédagogiques.
Pour éviter toute remontrance susceptible de le déstabiliser, celui-ci s’exécuta docilement en
posant tous les documents nécessaires. Tout y était : fiches de préparation de tout le mois en
cours, carnets de notes, feuilles de contrôles, cahier de textes… L’enseignant entama sa leçon
de grammaire par une intéressante mise en situation. Tous les apprenants participaient
activement. S’exprimant dans un français parfaitement correct, ils dégagèrent facilement la
règle grammaticale qui régissait la difficulté langagière visée. La séance fut couronnée par un
exercice qui confirma que les élèves avaient bien assimilé la leçon du jour. Or l’inspecteur qui
ne voulait pas revenir bredouille de sa ronde, persista dans la recherche de l’indice irréfutable
qui condamnerait l’innocente victime. Il finit par trouver la piste qui le mènerait
infailliblement au délit soupçonné et demanda à l’accusé d’évacuer la salle et de le rejoindre à
la même table pour pouvoir élucider certains points suspicieux de l’activité entreprise en sa
présence. Il résuma la séance à laquelle il avait assisté par cette phrase : « Pour moi en tant
que didacticien, et par voie de conséquence, plus qualifié que vous, cette leçon n’est pas une
leçon de grammaire, vu que vous n’avez à aucun moment songé à utiliser le moyen didactique
le plus efficace dans ce type d’activité, à savoir la CRAIE de couleur rouge ». La sentence
allait certainement être lourde. Le représentant des services centraux du ministère avait
l’habitude de prononcer ses jugements avec un sourire dédaigneux. Il gesticulait beaucoup
lors de ses entretiens investigateurs avec les professeurs coupables. Or ce jour là, comme il
souriait à sa victime assise à côté de lui et gesticulait un peu plus que d’habitude, il effleura le
bras vigoureux du mis en cause. Ce dernier se rappela quelques unes des histoires que lui
avaient racontées ses collègues sur les penchants homosexuels de l’inspecteur. Alors pour
échapper à toute sanction injuste et en bienfaiteur engagé, il décida d’assouvir le désir de son
supérieur. C’était une aubaine pour le professeur car sa femme l’avait quitté depuis plus d’un
mois. Calmement, il se leva donc et alla se cacher derrière la porte. Il enleva tous ses
vêtements et reparut tout sourire en disant : « A votre service monsieur l’inspecteur ». Son
énorme sexe formait un angle très aigu avec son torse.
Jugeant que cet organe en érection parfaite était au dessus de ses capacités physiques, le
prétendant inspecteur paniqua et prit la fuite. Il rejoignit la cour du collège en criant à tue
tête : « Au secours ! Au secours ! Arrêtez cet homosexuel qui veut me violer ».
Tous les élèves quittèrent leurs classes et envahirent la cour. Ils formèrent un cercle autour de
l’inspecteur déchaîné. Ils se moquaient de ce petit bout d’homme qui prétendait avoir failli
être victime d’un abus sexuel de la part du plus sérieux professeur de l’établissement. Restées
debout dans les couloirs, les jeunes filles, quant à elles, commentaient à voix basse cet
événement. Quelle perte pour tout le village, si certains individus, comme ce visiteur
indésirable, abusaient de leurs pouvoirs et venaient, de temps en temps, cueillir les verges les
plus réputées. Aucun professeur n’osa intervenir pour calmer le prétendant encadreur.
Déstabilisé par cet événement surréel, le directeur alerta les sapeurs pompiers qui arrivèrent 2
heures plus tard et conduisirent le représentant du Ministère de l’Éducation à la clinique la
plus proche pour lui administrer les premiers soins.
Une fois le calme revenu, l’enseignant remit ses vêtements, sortit tranquillement de la salle 61
et demanda à ses élèves de rejoindre leurs places.
Quant au professeur, il fut autorisé à quitter la clinique le soir même. Le médecin chef qui
l’examina, laissa s’échapper ce diagnostic : « Surmenage. La constitution physique du patient
ne peut supporter des pressions fortes ».
L’interprétation du complément d’objet de cette phrase scinda les habitants du village en deux
clans.
Et la guerre entre Vérité et Médisance continue à faire rage jusqu’à présent.
M. LAABALI
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