Les Aventures Singulières de René : "La Mélodie d'Antan"

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René, docte médecin à la retraite, croit entendre une voix interprétant une vieille chanson un soir pendant une panne d'électricité. Il cherche à découvrir d'où elle peut provenir.
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07 mars 2012

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Français

La Mélodie d’Antan  
Récit de Jean Paul POIRIER  
Éditions de la Corne d’Or  
     AVIS AU LECTEUR     A notre époque où le « chacun pour soi » constitue trop souvent la règle , le lecteur sera sans doute surpris de découvrir l’aventure singulière de René qui va suivre .   Elle n’en est point pour autant issue de l’imagination de l’auteur , mais fut réellement vécue par René qui , par modestie , garde toujours secrets les sentiments généreux qui l animent .                                                                                                       L’Éditeur .  
 CHAPITRE 1     « Parlez moi damour , redites moi des choses tendres   Votre beau discours , mon cœur nest pas las de lentendre                            Pourvu que toujours , vous redisiez ces mots suprêmes :  Je vous aime . »      Sans même se rappeler toutes les paroles de cette vieille chanson , René la fredonnait machinalement devant le miroir de sa salle de bain , en maniant précautionneusement l’antique coupe -choux hérité de son grand père , seul instrument digne à ses yeux de lui raser correctement le menton.  Tôt dans la matinée , il s’était réveillé d’excellente humeur à l’idée d’aller explorer le grenier de l’une de ses voisines qui partait prochainement s’installer définitivement en province .  Cette dernière , sachant que le Lions Club de Saint-Germain-en-Laye organisait annuellement une brocante dont le profit était versé à diverses œuvres sociales , avait insisté auprès de lui et avait attisé par des explications détaillées sa curiosité .  Pourvu qu’elle ne lui ait pas raconté de sornettes et qu’il trouve effectivement quelques précieuses marchandises car malheureusement il arrivait souvent que des personnes cherchaient sous couvert de générosité à se débarrasser sans bourse délier de détritus encombrants tout juste bons à être directement portés à la déchèterie municipale !  C’était en effet le risque qu’encourraient à chaque fois René et ses amis du Lions Club lorsque , dans leur quête à trouver des objets présentables pour leur brocante , ils proposaient de jouer les vide-greniers .  Mais , heureusement pour eux , ils avaient jusqu’alors eu la chance de découvrir de véritables petits trésors d’antiquité ou de collectionneur et d’avoir pu récolter grâce à ces derniers des sommes d’argent non négligeables .   René se préparait donc dans la gaieté , ce matin là , à se rendre chez cette voisine , en tentant d’imaginer quel bric -à-brac son grenier renfermait et quel parti il pourrait en tirer . Nul doute que ses combles devaient contenir des « vieilleries » intéressantes puisque la maison de sa voisine datait de la fin du dix neuvième siècle et avait toujours été habitée par la même famille ,  Sans qu’il sût pourquoi , à l’idée des objets surannés garnissant habituellement le grenier des vieilles demeures bourgeoises , « Parlez moi damour  » avait surgi brusquement dans son esprit et depuis lors son refrain lui trottait dans la tête sans discontinuité .  
Or cette chanson maintes fois entendue dans son enfance , René l’avait en grande partie oubliée ; s’il se souvenait sans difficulté des paroles et de la musique du refrain , il peinait à s’en rappeler les couplets .   Et au bout d’un moment tout en se rasant , René commença à s’énerver à force d’en ressasser le début sans pouvoir se remémorer la suite . Certes , il ne détestait pas cette vieille chanson , mais l’entendre constamment dans sa tête et de surcroît en partie tronquée devenait pour lui lancinant .  Il tenta alors de la chasser de son esprit , en s’interrogeant avec plus d’intensité sur le contenu probable du grenier de sa voisine ; or ce fut peine perdue car malgré tous ses efforts la rengaine ressurgissait inlassablement au bout de quelques minutes comme ces leitmotivs enregistrés en boucle qui constituent l’essentiel des «  tubes » de nos actuels « rappeurs » .  Ne sachant plus que faire pour s‘en débarrasser , il s’imagina qu’il pourrait la supplanter par une autre mélodie tout aussi célèbre , et il se mit à fredonner la première chanson qui lui passa par la tête :  « Je chante , je chante du soir au matin , je chante sur mon chemin .   »  Mais là encore ce fut un échec car il ne réussit pas non plus à s’en rappeler la suite . En revanche « Parlez moi damour » lui succéda de nouveau immédiatement !  Que lui arrivait-il donc ? Ne devenait-il pas soudainement atteint de gâtisme précoce , ou , pire encore , n était ce pas un symptôme précurseur de la maladie d’Alzheimer ?   Vaguement inquiet par cette défaillance passagère de sa mémoire , René ne prêtait plus l’attention soutenue que nécessitait la délicate tâche qu’il était en train d’accomplir , à savoir : se raser .  Et ce qui devait arriver arriva ! Il sentit soudain un léger picotement sur sa joue et il vit perler du sang au milieu de la mousse se trouvant sur son visage . « Fichtre ! » maugréa-t-il en prenant conscience qu’il s’était coupé malencontreusement avec son coupe -choux .  Attrapant rapidement dans l‘armoire de toilette quelques cotons à démaquiller destinés habituellement à l‘usage de Claude , son épouse , il s’efforça de colmater du mieux qu’il put la petite entaille qu’il venait de se faire sur la pointe du menton .   Et totalement absorbé par ce geste de premiers soins , il en oublia sur le champ la mélodie de son enfance aussi subitement qu’elle était venue envahir son esprit .   Pour quelle raison n’avait -il pas réussi jusqu’à cet incident fâcheux à s’en débarrasser ?   Telle est la question à laquelle le lecteur ne manquera pas de trouver réponse dans l’incroyable nouvelle  « Aventure Singulière de René » relatée dans les pages qui vont suivre .  
 CHAPITRE 2     Tout avait commencé quelques mois plus tôt , pendant que René effectuait avec ses amis du Lions Club de Saint-Germain-en-Laye le classement de tous les objets disparates qu’ils avaient réussi à regrouper au fil des mois chez l’un d’entre eux en vue de leur brocante annuelle .  En triant le monceau de bric-à-brac accumulé , René découvrit au beau milieu d‘une caisse contenant des « 33 tours » un vieux disque « 78 tours » de l’ancienne compagnie phonographique Odéon qui s’y trouvait rangé par mégarde à moins que ce ne fût par le plus grand des hasards .  Y jetant un rapide coup d’œil , René constata que ce dernier n’était pas un microsillon et qu’il contenait , gravées sous les numéros de séries 238.314 et 238.315 , deux chansons :  « Riri » et « Parlez moi damour  » ; les étiquettes collées sur chacune des deux faces de ce vieux disque étaient devenues en partie illisibles et ne lui permettaient pas de déchiffrer le nom de l’interprète .   Le premier réflexe de René fut de vouloir mettre au rebus cet objet suranné , sachant qu’il ne pouvait guère intéresser un éventuel acheteur puisque à notre époque où les « C.D. laser » supplantaient depuis une bonne décennie les vinyles des électrophones , il était déjà difficile de trouver des collectionneurs pour ce stock de « 33 tours » que la brocante du Lions Club représentait à la vente sans grand succès tous les ans .  Un enregistrement du début du siècle dernier ne pouvait donc guère trouver d amateur d’autant que plus personne ne semblait de nos jours posséder l’appareil adéquat permettant de l’écouter ! De surcroît qui pouvait bien s’intéresser à cette chanson « Riri » qui n’avait dû connaître jadis qu’un modeste succès ?  Mais en relisant le titre de la deuxième chanson , René retint son geste . D‘un seul coup la mélodie lui était revenue en mémoire tandis qu‘il voyait défiler comme en divers flashs photographiques des souvenirs d’enfance qu’il croyait à jamais oubliés .   En proie à une soudaine nostalgie , il en vint à se dire que , puisque ce vieux disque n’avait aucune valeur marchande pour la brocante du Lions Club , rien ne lui interdisait de le garder au lieu de le jeter ; et , même s’il ne pouvait l’écouter , au moins pourrait -il le conserver comme le témoignage d’une époque révolue où les chansons ne constituaient pas encore un pur produit éphémère d’une consommation toujours plus avide de nouveauté .  Il faut reconnaître qu’effectivement la chansonnette «  Parlez moi damour » avait miraculeusement survécu aux années et aux divers changements de modes en restant encore présente dans la mémoire de bon nombre de personnes même si l’on ne savait plus quel en était l’auteur compositeur et qui l’avait pour la première fois interprétée .  
Elle s’était transmise de générations en générations , sans avoir pourtant été rééditée « re-masterisée » dans le format des successifs matériels de reproduction musicale , tout simplement parce qu’elle faisait encore le bonheur des aînés et restait l’objet d’affectueuse attention de leurs enfants et petits enfants lorsqu’on la chantait à l’occasion des retrouvailles familiales de fin d’année , des mariages , des baptêmes ou des communions .  C’est pourquoi René décida de conserver ce désuet vestige de son enfance et le ramena chez lui , après avoir terminé avec ses amis du Lions Club les rangements et étiquetages de prix que nécessitait la préparation de leur brocante .  Puis il le remisa méticuleusement à l’intérieur d’un placard aux portes vitrées situé dans son atelier , sur une pile de disques tout aussi anciens dont il avait hérité , en se promettant de l’écouter dès qu’il retrouverait le phonographe à aiguille approprié .    Parlez moi damour  » venait ainsi enrichir une collection poussiéreuse qui n’avait pas été « auditionnée depuis plus de trente ans à défaut pour René d‘avoir réussi à remettre la main parmi le capharnaüm de son atelier sur le phonographe ayant appartenu à son grand’ père . Il ne se souvenait malheureusement plus de l’emplacement exact où il l’avait un beau jour rangé et , de plus , il croyait se rappeler que le ressort de l’appareil était bloqué ce qui ne lui avait pas permis jusqu’à présent de le faire fonctionner .   Il se promit alors , si d’aventure il réussissait un jour à le retrouver , de tenter de le faire réparer , afin de pouvoir ré-écouter tous ces vieux disques de son enfance et surtout celui qu’il venait présentement de récupérer .  
« René ne se souvenait plus où il avait rangé        le phonographe de son grand’ père .  »  
 CHAPITRE 3     Les semaines s’écoulèrent ensuite , avec leur lot de préoccupations coutumières , sans que René ne se soucie de ce vieux « 78 tours » qu’il avait ainsi ramené chez lui . A  plusieurs reprises , il avait pourtant eu l’occasion d’interpréter de vieilles mélodies avec ses amis musiciens membres de l’ Orphéon de Saint -Germain-en-Laye dont il assumait depuis sa création les fonctions de Président Chef d’ Orchestre .   Mais à aucun moment , ni pendant les répétitions ni durant les représentations de cette célèbre formation musicale avec laquelle il avait déjà vécu de singulières aventures , il navait repensé à cette chanson «Parlez moi damour » qui pourtant avait bercé toute une partie de son enfance .  A vrai dire , il avait totalement oublié la découverte de ce disque ainsi que le phonographe de son grand‘ père et il aurait pu rester de nombreuses années sans même se souvenir de la vieille chanson si un incident inattendu n’était venu perturber l’ordonnancement de son existence ô combien paisible de docte médecin à la retraite .   Un soir , il dînait chez lui tranquillement avec Claude , son épouse , en regardant sans grand intérêt le journal télévisé de 20 heures ; il n’y était comme d’habitude essentiellement question que des réclamations incessantes des paysans qui se plaignaient , cette fois-ci , de n’être pas suffisamment indemnisés de l’écroulement des cours de la viande bovine , et de diverses manifestations saisonnières de salariés syndiqués en quête permanente d’avantages accrus nonobstant le chômage qui ne cessait d’augmenter .   Mais soudain ils furent tous deux plongés dans le noir absolu en raison d’une interruption d’électricité . La lumière ne revenant pas malgré plusieurs minutes d’attente , René se demanda sil sagissait dfuonne ctsiiomnpnlaei repsa npnrei vildéeg icéosu rparnétp oosué s , depl lusÉ legravec it, é ddue nFe ragnrcèev e;  surprise de ces assimilés ctri rien en effet n’avait fait présumer une telle mesure coercitive dans les propos du présentateur des «nouvelles» télévisées ! .   En ronchonnant contre les vicissitudes de notre actuelle société , René dut se résigner à se lever de table pour se diriger à tâtons dans l’obscurité la plus totale vers la cuisine contiguë à la salle à manger , au premier étage de sa maison , afin d’y prendre les bougies qui se trouvaient habituellement rangées dans l’un des tiroir du buffet .   Or il ne put mettre la main que sur quelques allumettes . «Où , diantre ! , peuvent bien se trouver ces fichues bougies ? » bougonna -t-il de déception . Soupçonnant immédiatement Claude de les avoir déplacées et l’interrogeant sans grand ménagement , il s’entendit répondre par cette dernière qu’il les avait lui -même utilisées lors d’une précédente panne de courant pendant qu’il s’activait à quelque tâche dans son atelier situé au rez-de-chaussée .
S’armant alors de patience , René gratta une allumette pour tenter d’y voir un peu plus clair et il entreprit de descendre prudemment les escaliers .  L’opération s’avéra en elle même être assez difficultueuse , car René devait , tout en tenant d’une main l’allumette qui se consumait rapidement en chauffant , s’aider de l’autre pour agripper la rampe afin d’ éviter de rater dans la pénombre une marche et de chuter malencontreusement .  Alors qu’il n’avait effectué qu’un tiers de la descente , il ressentit une vive douleur au bout des doigts et il en lâcha de saisissement l’allumette , devenue trop petite en raison de sa combustion , au risque de mettre le feu au tapis d’escalier .   Ensuite il ne lui fallut pas moins de quatre allumettes pour atteindre seulement son bureau au rez-de-chaussée qu’il devait nécessairement traverser pour pénétrer dans son atelier , domaine à lui seul réservé où personne (pas même son épouse) n’était jamais autorisé à mettre les pieds .  C’est alors qu’il entendit distinctement non loin de lui le commencement d’une chanson qui lui était jadis familière : « Parlez moi damour , redites moi des choses tendres» .  Celle-ci lui sembla tout d’abord provenir de chez son voisin , en traversant leur mur mitoyen . «Comment est-ce possible ? » pensa sur linstant René . «La panne délectricité nest -e l e pas générale ?»   Voulant en avoir le cœur net , il ouvrit la croisée et les volets de l’une des fenêtres de son bureau puis il se pencha afin de regarder dans la rue les maisons situées de part et d’autre de celle -ci . Mais il n’y remarqua aucun éclairage public , ni aucune lueur d’ampoule électrique à travers les fenêtres de ses voisins . Tout était sombre sans autre visibilité que celle provoquée faiblement par les rayons blafards de la lune .  Il n’y avait de surcroît pas un chat au dehors ni aucun bruit alentours . Et ce silence peu ordinaire à cette heure habituelle d’audimat élevé de la télévision lui fit d’un coup paraître les lieux particulièrement sinistres . Cependant il continuait d’entendre dans sa maison la musique , ou plus précisément une voix  qui interprétait la vieille chanson . Toutefois il n’arrivait pas à déterminer si un orchestre l’accompagnait ou non . En tous cas il se fit la réflexion qu’il ne pouvait s’agir que d’une voix jeune ,féminine , aux intonations légèrement chevrotantes .   D’où pouvait -elle bien provenir ?  Était-elle vraiment réelle ou simplement le fruit de son imagination ? Bien qu’il éclairât son bureau du mieux qu’il pouvait avec ses allumettes , René ne parvenait à distinguer rien d’autre que le mobilier et les objets qui lui étaient familiers !  Qui pouvait donc chanter ainsi , à cette heure tardive , dans sa propre maison , à quelques pas de lui tout en restant totalement invisible ? Ne trouvant pas d’explication logique , il sentit alors l’inquiétude commencer à l’envahir , et il tenta de se raisonner en procédant par déductions .  
Redoublant d’attention pour bien écouter cette voix  qui lui paraissait si proche , René crut tout d’abord qu’elle surgissait du tréfonds de la terre , sous sa maison . Or cela n’était pas plausible car en raison des casiers de bouteilles qui l’encombraient sa cave était trop minuscule pour servir d’abri (sans qu’il ne s’en soit aperçu ?) à un quelconque squatter . Cependant la voix  ne semblait pas pour autant descendre des étages : dans ce cas il aurait reconnu celle de son épouse , puisque , ce soir là , il n’était que seul avec elle ; de plus il imaginait mal Claude chantant toute seule dans le noir en l’attendant remonter dans la salle à manger avec des bougies .  Il en vint donc à déduire que la voix ne pouvait provenir que de son atelier dans lequel il devait impérativement pénétrer pour récupérer ses bougies . A cette pensée René fut soudain pris d’une hésitation irraisonnée .   Bien que n’étant pas habituellement peureux, il ne pouvait en effet s’empêcher d’être inquiet et peu rassuré , son esprit cartésien n’arrivant pas à comprendre le mystère de cette voix qui chantait à l’intérieur de son atelier désert et dont l’unique porte d’accès se trouvait dans son bureau , sur le mur opposé à la rue . La quasi pénombre des lieux , malgré la fenêtre restée ouverte et la lueur vacillante de l‘allumette , faisait ressurgir dans son esprit tous les vieux démons qu’il avait, par maturité , refoulés depuis une éternité dans son subconscient .  Il lui fallut donc s’armer d’un certain courage pour , après avoir gratté une nouvelle allumette , attraper la poignée de la porte d’entrée de son atelier et commencer à la tourner . A cet instant précis la voix qu’il entendait se tut brusquement , laissant place au silence absolu de la maison et du dehors ! « Bizarre , comme cest bizarre  ! » songea René . Puis , tout en ouvrant la porte doucement en évitant de faire grincer les gonds , il entra précautionneusement à la lueur vacillante de l’allumette .   Et ce qu’il y remarqua immédiatement le laissa cloué sur place par la stupeur : à moins de trois mètres de lui se trouvait une blanche et frêle silhouette éthérée qui , en l’apercevant , recula d’un bond dans le fonds de l’atelier et disparut dans l‘obscurité de ce dernier ! .   «Sanbleudieu ! » se mit à marmonner entre ses dents René . « Naie -je pas la berlue ? Il  se passe ici quelque chose danormal  » .  Cette vision fugitive venait de faire renaître malgré lui dans son esprit le souvenir de sa confrontation , plusieurs années auparavant dans sa résidence secondaire de La Brousse *, avec des défunts revenus d’outre tombe . Était -il possible que par une étrange ironie du sort , le cauchemar qu’il avait vécu alors et dont il croyait s’être à jamais débarrassé , recommençât ? .  * note de léditeur : lire «  le Rituel Maléfique » du même auteur aux Éditions de la Corne d Or .  
 CHAPITRE 4     Stupéfait de voir apparaître , mais cette fois -ci dans sa demeure principale de Saint -Germain-en-Laye , l’un des spectres qui avaient tenté d’envahir sa résidence secondaire de La Brousse et qu’il avait cru avoir renvoyés pour toujours dans l’au -delà , René s’inquiéta :   Pourvu que Claude , qui l’attendait dans le noir au premier étage assise devant la table de leur salle à manger , ne s’aperçoive de rien ! René s’était en effet bien gardé jusqu’alors de lui raconter l’aventure singulière qu’il avait vécue auparavant en exécutant , par jeu , un rituel maléfique qui avait fait ressurgir du néant une famille entière de fantômes !  Il devait donc trouver d’urgence le moyen de se débarrasser de cette «nouvelle -venue»  avant qu’elle ne sème la frayeur dans toute sa maison ; pour sûr , il ne pouvait s’agir , en effet , que d’ une  revenante  à en croire non seulement les intonations de la voix agréable qui chantait « Parlez moi damour» avant quil ne linterrompe en tournant la poignée de la porte d’accès à son atelier , mais encore la silhouette frêle , pour ne pas dire gracieuse , du spectre qu’il avait aperçu en y pénétrant .   René trouvait d’ailleurs surprenant que cette revenante se soit enfuie en le voyant ; elle semblait avoir eu peur de lui ! . Or dans le souvenir de son aventure singulière de La Brousse les spectres ne lui avaient pas paru craintifs mais tout au contraire terriblement menaçants ! Il ne pouvait donc s’agir , présentement , que d’un esprit craintif qui ne devait guère chercher à effrayer les vivants .  Ainsi , au fur et à mesure qu’il s’interrogeait sur le curieux comportement de ce fantôme , René se convainquait peu à peu que , contrairement à la fois précédente , il ne pouvait avoir affaire qu’à une gentille âme  , sans aucun rapport avec la vindicte des spectres menaçants qu’il avait auparavant rencontrés dans sa résidence secondaire .   Et c’est avec le cœur plus léger qu’il se mit à entreprendre de la rechercher , en s’éclairant du mieux possible avec une bougie récupérée sur son établi , espérant qu’il ne tarderait pas à découvrir sa cachette .  Tout en scrutant les coins et les recoins de son atelier dans lequel elle avait disparu , il l’appelait d’une voix douce pour éviter de l’effaroucher :  Jolie fantôme , où êtes  vous ?  Mademoise l e , où vous cachez-vous ? » .  Il passa et repassa plusieurs fois , sa bougie à la main , devant les imposants placards de rangement remplis de toutes les choses plus ou moins utiles qu’il conservait depuis des années , et même derrières ceux-ci , mais cependant il ne trouva pas âme qui vive malgré la présence de nombreuses toiles d’araignées . « Quel dommage que je ne puisse la retrouver» songeait-il tout en la cherchant . « E l e pourrait sans doute mexpliquer pourquoi e l e chantait cette chanson toute seule dans le noir? . »  
« A qui sadressait -e l e en demandant quon lui parle damour ? En manquerait -e l e rée l ement dans les ténèbres de lau -delà   A cette idée , René sentit son bon cœur battre un peu plus vivement dans sa poitrine . Nul doute qu’il devait s’agir d’une âme en peine , apeurée et perdue , en quête d’affection . La chanson qu’elle fredonnait ne pouvait être qu’un appel à la commisération et il se devait donc de lui venir en aide d’une manière ou d’une autre afin qu’elle puisse ensuite reposer en paix pour l’éternité .    Pendant ce temps , Claude commençait à perdre patience : elle se trouvait dans le noir absolu , s’inquiétant de ce que pouvait bien faire René . Il n’était certes descendu que depuis quelques minutes , mais , étant seule sans rien voir, il lui semblait que les secondes duraient des heures . Au bout d’un moment , n’y tenant plus , elle voulut savoir s’il avait ou non retrouvé les bougies dans son atelier . Elle se mit donc à l’appeler plusieurs fois , mais elle n’obtint aucune réponse ; sans doute n’avait -il pas perçu sa voix . Afin d’être mieux entendue , elle se leva pour s’approcher au juger de la porte de la salle à manger donnant sur l’escalier . Or n’y voyant goutte , elle fut arrêtée dans son déplacement on ne peut plus hasardeux par un couinement plaintif : par mégarde , elle avait marché sur le petit bout de la queue du chat qui , bien que l’ayant aperçue venir vers lui , ne s’était pas déplacé , ne s’imaginant pas qu’elle ne pouvait dans l’obscurité détecter sa présence .  Furieux d’une telle indélicatesse à son égard , le chat se leva précipitamment en se faufilant entre ses jambes . De surprise , Claude faillit en tomber à la renverse , opérant un rétablissement instinctif en se rattrapant à l’un des bras du canapé situé à proximité de la porte , et elle ne réussit qu’à s’affaler maladroitement de tout son long sur ce dernier . Quelques secondes après , remise de son émotion , elle haussa le ton pour appeler de nouveau René .  Celui-ci , occupé à chercher dans tous les coins et recoins de son capharnaüm d’atelier , l’entendit enfin distinctement et il crut déceler dans sa voix comme un appel «au secours». Il abandonna sur le champ à la fois ses recherches et son désir de venir en aide à la gentille revenante , quitta précipitamment l’atelier sans même en refermer la porte , et remonta le plus vite possible quatre à quatre les marches de l’escalier sa bougie à la main .  Au moment où il atteignit , soucieux et essoufflé , le seuil de la salle à manger , la lumière électrique se mit à inonder brusquement la pièce , marquant ainsi la fin de la panne de courant et lui faisant découvrir tout à la fois une épouse effondrée et un chat apeuré . «Bigre !» songea-t-il à la vue de cette scène . « Que sest -il passé ?» .   Afin que le lecteur comprenne bien le souci de René , il doit savoir que ce dernier n’avait pas l’habitude de cacher quoi que se soit à son épouse . La complicité qu’il partageait avec elle depuis leurs nombreuses années de vie commune était d’ailleurs un gage de l’affection réciproque qu’ils se portaient .  
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