Craig Higginson M A I S O ND ER Ê V E R O M A N Traduit de l’anglais (Afrique du Sud) par Gabrielle Lécrivain M E R C V R ED EF R A N C E Patricia Elle ouvre les rideaux et la brume apparaît. Elle a recouvert toute la vallée et envahi les placards de la maison. La chambre de Patricia donne sur une rangée de chenils gris argenté, tassés de guingois sous la vague verte et large des ronces. Les arbres rouges, des vènes, solennels comme des totems, sont à peine visibles au-dessus du vieil enclos grillagé. Elle ne sait pas ce qui leur a pris de planter ces arbres. Pour se protéger du vent, du soleil, de la vue? Peu importe à présent. Les arbres seront bientôt abattus et on fera place nette, comme pour tout le reste. Les gens qui viendront vivre ici ensuite ne sauront rien d’eux, et c’est sûrement mieux ainsi. Tout ce que Patricia lui a dit, c’est qu’ils s’en iraient pour un petit moment. Cela ne signifie pas grand-chose. Ils ont bradé le bétail et le matériel, empaqueté le peu qu’ils veulent garder. Les promoteurs immobiliers se sont déjà installés, transformant en décombres les écuries et le corps de ferme, faisant à travers champs des crevasses orange toutes fraîches là où se trouveront les nouvelles maisons, changeant en bourbier le chemin carrossable – qui courait sur un kilomètre à travers leur vallée. Mais Richard sort peu de la maison à présent et il n’y a rien qui signifie grand-chose pour lui de toute façon.
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