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Français

Louis Pergaud Les Rustiques Un renseignement précis
Le jour où la chose advint, le gros Léon, dont les idées étaient aussi chancelantes que ses jambes, n’y songea guère, mais, une fois la bordée tirée et l’ivresse laborieusement cuvée, c’est-à-dire trois jours francs après l’heure où elle débuta modestement par l’offre d’une bouteille à son ami Zidore, il ne put s’empêcher de se dire que ce dernier était une franche fripouille et qu’il ne l’y reprendrait plus.
Un renseignement, n’est-ce pas, c’est un renseignement et Longeverne, bon Dieu ! ce n’est pas la Normandie, puisque c’est la Comté, la vieille Comté de Bourgogne, où l’on ne doit pas se permettre de jouer traîtreusement sur les mots.
Voici les faits :
Un beau soir du bon vieux temps, le gros Zidore, ayant soif, passa, comme par hasard, devant la maison de son ami Léon qu’il trouva sur le pas de sa porte.
— Salut, ma vieille branche, s’écria-t-il. Ça boulotte ? — Oui, pas mal ; et toi ? Et les deux hommes, s’étant enquis cordialement de leur santé respective, parlèrent de la pluie et du beau temps, puis transportèrent la conversation sur divers autres sujets d’un intérêt tout aussi palpitant ; ensuite de quoi, le gros Zidore, à brûle-poil, fit à son ami la proposition suivante : — Si tu voulais payer un litre, je « t’enseignerais » un lièvre. — Ah ! la la ! ricana Léon ; si tu en « savais » un, tu n’en parlerais pas et tu irais bien vite tout seul le nettoyer. — Si j’avais le temps, oui, bien sûr ; mais malheureusement la charrue me presse. Toi qui n’as rien à faire, qui n’es pas cultivateur et qui as toutes tes minutes, tu peux aller et c’en sera toujours un que les chasseurs du pays voisin n’auront pas. Tant qu’à ne pas l’avoir, j’aime mieux que ce soit toi qu’un autre qui profite de mon renseignement. Un bon renseignement ça vaut quelque chose ; tu peux bien payer un « kilo », c’est un gros lièvre. — Tu es si blagueur, objectait Léon en se grattant la tête. Isidore Cachot et Léon Coulaud étaient en ce temps-là les deux chasseurs de Longeverne. Comme ils avaient du bien au soleil, des écus en poche, qu’ils étaient, par conséquent, des gros du pays, on les désignait généralement, le premier sous le nom de gros Zidore, le second sous celui de gros Léon, appellations qui leur seyaient d’autant mieux qu’ils avaient conquis, comme il convenait à leur âge et à leur position sociale, la pointe de bedon qui confère toute son importance au campagnard cossu. Tous deux aimaient à boire et étaient grands amis. Le gros Zidore faisait de la culture ; le gros Léon, qui avait épousé une femme riche, ne faisait rien, ses trois mille francs de rente lui permettant l’oisiveté. Il charmait les heures en se promenant, en chassant et en buvant. À ce petit commerce-là, il se ruinait lentement, tandis que son ami, plus roublard, s’enrichissait encore ; il est juste d’ajouter que si Zidore aimait à boire ainsi que Léon, c’était surtout aux frais de ce dernier et qu’il avait, pour arriver au but, diverses cordes à son arc qu’il savait utiliser, au mieux des jours et des circonstances, avec une très grande sûreté de main. Comme ils étaient en ce temps-là les deux seuls fusils de la commune, dès qu’un paysan avait repéré les lieux et heures de sortie d’un lièvre, dès qu’il pouvait indiquer, à cinquante mètres près, l’endroit où l’oreillard rentrait en forêt, son canton de remise et, souvent même, son gîte, il s’en venait annoncer la chose à l’un ou l’autre des deux compères, en lui disant :
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