Trophée des plumes 2022 - UNE FEMME COMME MOI

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UNE FEMME COMME MOI Ding ding ding ! C’est quoi ce bruit ? Ding ding ding ! ça se rapproche de plus en plus. Ding ding ding ! Ah oui, c’est mon alarme. Celui de quelle heure déjà ? Petit à petit, j’émerge de la dimension parallèle dans laquelle le sommeil m’avait plongé. Quelques secondes encore, juste quelques secondes, avant d’ouvrir les yeux et d’arrêter cette alarme de l’enfer. Ding ding ding ! Pasle choix, je me mets à tâtonner dans le peu de clarté que m’offrait cette heure du matin en espérant mettre la main sur le téléphone sans ouvrir les yeux. Un, deux, trois, chevet du lit, table de chevet, sous le second coussin libre à coté de ma tête, rien. Ding ding ding ! J’ouvre les yeux, presque furieuse de ne pas pouvoir poursuivre mon sommeil, je me redresse doucement pour m’asseoir sur le lit. Ding ding ding ! Cette fois c’est la bonne, je sais d’où vient le bruit. Je me penche pour récupérer mon portable qui n’a de toute évidence pas gagnée la bataille avec mes mouvements nocturnes. Je jette directement par reflexe un œil sur l’écran, 7h08. Oh non! je saute du lit, me débarrasse des quelques vêtements de la nuit et je cours dans la douche. Ce rituel, je le connais pour l’avoir pratiqué presque tous les jours depuis quatre années que je travaille.
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08 juin 2022

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UNE FEMME COMME MOI
Ding ding ding ! C’est quoi ce bruit ? Ding ding ding ! ça se rapproche de plus en plus. Ding ding ding ! Ah oui, c’est mon alarme. Celui de quelle heure déjà ? Petit à petit, j’émerge de la dimension parallèle dans laquelle le sommeil m’avait plongé. Quelques secondes encore, juste quelques secondes, avant d’ouvrir les yeux et d’arrêter cette alarme de l’enfer. Ding ding ding ! Pas le choix, je me mets à tâtonner dans le peu de clarté que m’offrait cette heure du matin en espérant mettre la main sur le téléphone sans ouvrir les yeux. Un, deux, trois, chevet du lit, table de chevet, sous le second coussin libre à coté de ma tête, rien. Ding ding ding ! J’ouvre les yeux, presque furieuse de ne pas pouvoir poursuivre mon sommeil, je me redresse doucement pour m’asseoir sur le lit. Ding ding ding ! Cette fois c’est la bonne, je sais d’où vient le bruit. Je me penche pour récupérer mon portable qui n’a de toute évidence pas gagnée la bataille avec mes mouvements nocturnes. Je jette directement par reflexe un œil sur l’écran, 7h08. Oh non ! je saute du lit, me débarrasse des quelques vêtements de la nuit et je cours dans la douche. Ce rituel, je le connais pour l’avoir pratiqué presque tous les jours depuis quatre années que je travaille. Quelques secondes devant le miroir pour vérifier si les boutons de la veille avaient disparu pour de bon (toujours pas), quelques minutes sous le robinet de la douche (avec la chaleur de ces jours ci ça été difficile de couper le flux d’eau), retour devant le miroir pour l’opération brossage de dents (c’est censé durer combien de temps déjà ?), quelques minutes assises sur le lit à re-réfléchir à ma tenue du jour (laquelle reflétera au mieux mon humeur et mes envies?), sursaut après avoir regarder l’heure pour la seconde fois ce matin (7h42, je suis en retard comme d’habitude), quelques minutes à m’habiller, puis léger maquillage, ensuite vérification du contenu de mon sac en cherchant mes clés au passage, sortie de mon appartement en courant et direction le bureau.
Bien qu’arrivée en retard ce matin, ma journée se déroulait de façon classique. Entre deux urgences à gérer, j’ai trouvé le temps de discuter quelques minutes avec certains collègues, leur offrant au passage ce magnifique sourire qui me caractérise tant. 11h12, je finis ma présentation à la réunion hebdomadaire de revue de la performance. Autour de la table, le comité de direction et quelques talents comme notre RH aime à nous appeler, et il semblerait que j’en fasse partie. La présentation terminée, je reçois un whatsapp de Vanessa, ma seule collègue-amie dans la salle.
Victoire YAO
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T’as assurée ma vielle. Orrh ne me fais pas rougir, pour ne pas dire noircir, lui répondis-je avec un émoji ‘’rire’’. Mais sérieusement, je suis toujours épatée par l’assurance que tu dégages, on dirait
que rien ne t’intimide. Merci ma chérie, mais il faut que tu arrêtes les compliments sinon l’orgueil va monter, retorquais-je en accompagnant encore mon message d’un émoji ‘’rire’’. Attention, Liam te dévisage, m’écrit-elle.
Je levai les yeux pour croiser ceux de Liam sur moi. Il me sourit. Il est plutôt pas mal dans ce costume. Je lui rends son sourire pendant qu’il me lève son pouce droit en signe de félicitations. Je me remets à écrire un message en réponse à Vanessa en veillant à ne pas attirer l’attention des autres participants à la réunion sur moi.
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S’il n’y avait pas Marc, j’aurai surement tenté le coup avec lui. Je pensais que tu ne t’amourachais pas avec les hommes là où tu travailles ? Me demanda Vanessa. C’est l’une de mes règles d’or en matière de relation amoureuse mais je sens que pour lui j’aurai pu l’enfreindre. A ce point-là ? Et tu dis ne pas être amoureuse de lui ? C’est vrai qu’il me fait rire, qu’il est beau en plus d’être intelligent et super attentionné avec moi… Mais amoureuse ? Tu devrais l’embrasser pour en être sure. Vanessa ! Je suis en couple moi, je ne vais pas aller embrasser quelqu’un d’autre qui n’est pas mon copain. Marc est quand même sortie avec Sonia, ton amie, en même temps qu’il était avec toi. Comment tu as pu te remettre avec lui après ça ? Et dire que tu es encore amie avec cette fille, tu n’as pas d’amour propre ?
J’avais presque oublié cette histoire, Marc et Sonia. Mon petit ami qui s’est trouvé en couple avec nous deux bien que sachant que nous étions amies. Elle n’a pas tort Vanessa ; où ai-je trouvé le courage de passer outre une trahison aussi douloureuse ? Leur avais-je vraiment pardonné ? Ou avais-je accepté de me remettre avec Marc pour camoufler ma peur d’être seule ? Alors que je cherchais encore quoi répondre au dernier message de mon amie, je sentie sa présence près de moi. La réunion était terminée. Elle me prévient qu’elle ne pourrait pas déjeuner avec moi parce qu’elle avait une course à faire en dehors de l’entreprise. On continuerait notre discussion plus tard. Pour éviter d’avoir à parler à Liam, je sortis tout de suite au pas de course pour me rendre à la cafétaria. N’y ayant pas trouvé d’autres collègues-amis aujourd’hui, je me suis assise toute seule à une table avec mon déjeuner.
Victoire YAO
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A première vue, je dirai que je suis une jeune fille plutôt normale pour ne pas dire banale. A 26 ans, j’ai un emploi qui me permet d’être financièrement autonome, j’ai une famille qui à priori tient à moi, un petit groupe d’amis qui n’a nullement besoin d’être un grand nombre pour se montrer à la hauteur, et de surcroit un petit ami malgré ma taille de pomme de terre et tous mes autres complexes. Quand on y regarde, on pourrait penser que j’ai une vie plutôt équilibrée, que j’ai tout pour être heureuse. Alors pourquoi ne le suis-je pas ? Pourquoi cette tristesse qui m’envahit presque tout le temps quand je me retrouve seule ? Pourquoi n’ai-je parfois même plus envie de vivre ?
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Je pense moi qu’on ne pourra pas y arriver sans réduire les charges. Tu as raison mais on demande déjà tellement aux employés, tu ne penses pas que ça
pourrait être une source de démotivation que de réduire par exemple leurs avantages ? Après tu connais mon point de vue sur la motivation du staff. A mon avis, chacun est responsable de son niveau de motivation, ce n’est pas à l’employeur de, en plus du reste, motiver ses employés…
Cette dernière phrase me tire de mes pensées. C’est la pause purée ! Ne peuvent-ils pas parler d’autres choses ? Franchement, est-ce trop demander que de parler d’autres choses que de dossiers en cours ou de projets durant cette petite heure qui est supposée être une PAUSE ? Je les écoute en parler encore, encore et encore. J’aurai mieux fait de venir à la cafète avec mes écouteurs. L’agacement que je ressens à les entendre parler de travail durant la pause me ramène encore dans mes pensées. Ils semblent tellement passionnés par ce qu’ils racontent mes collègues assis à la table près de moi, pourquoi cela me contrarie autant qu’ils échangent sur le travail ? N’est-ce pas finalement un signe de plus que je n’aime pas mon travail et que je devrais démissionner comme j’y ai pensé tant de fois ? Mais l’idée de démissionner me fait tellement peur. L’équilibre que m’apporte mon travail est plutôt réconfortant même s’il est clair que j’aime de moins en moins me réveiller et venir travailler. Je me suis tellement de fois imaginée lançant mon entreprise de wedding planner, mais tout abandonner pour un rêve, est-ce vraiment une bonne idée ?
Ma journée s’achève finalement sans autre rebondissement. Avec Marc on s’est retrouvé dans l’un de nos restaurant habituel pour diner comme convenu. Le diner a duré moins longtemps qu’il n’aurait dû car j’étais d’une humeur assez morose. En effet, depuis l’après-midi, cette tristesse que je ne connais que trop bien s’est montrée, et sans que je sache pourquoi, la seule chose dont j’avais envie et besoin à ce moment précis était de rentrer chez moi et de me cacher sous mes draps. J’ai résisté à cette envie et je suis malgré tout allée à ce rendez-vous
Victoire YAO
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avec Marc. Mon corps était avec lui mais mon esprit était bien loin. Moi qui suis si douée pour faire semblant d’être heureuse, je ne m’y efforçais même pas ce soir. Ce n’était pas la première fois que je ressentais cette morosité, et si je l’avais voulu, j’aurai pu malgré elle afficher un sourire, faire un effort, faire semblant. Mais ce soir je ne voulais même pas essayer, comme si je voulais que Marc voit ma tristesse, ma détresse. N’ayant pas réussi à me faire changer d’humeur, il me raccompagna assez tôt et s’en alla chez lui.
Sans me faire prier, je me suis réfugiée dans mon lit dès que je fus dans mon appartement. Cette fois encore je vais essayer toute seule de comprendre mon état, d’essayer de sortir de là. Cette journée se termine comme bien souvent pour mon malheur. J’essaie chaque matin de trouver l’équilibre dans ma vie avec mon travail, en entretenant mes relations avec mes proches, en ayant un amoureux, mais pour une raison que j’ignore, cela ne semble pas suffire. Cet état de dépression ne me lâche pas malgré mes efforts. Peut-être ai-je mal fait les choses jusqu’à présent ? Le plus important dans la vie n’est-ce pas d’être heureux ? Vu que ma balance penche du mauvais côté, il est peut-être temps que j’admette que je m’y suis mal prise jusqu’à présent et que je réorganise différemment les éléments sur la balance de ma vie. Trouver l’équilibre ne devrait pas passer par faire ce que je pense que la société attend de moi. Je pense ce soir que trouver l’équilibre de ma vie c’est juste vivre. C’est faire une activité qui fait battre mon cœur même si ce que j’ai étudié à l’école est complètement différent, c’est apprendre à être heureuse avec moi-même avec ou sans amoureux, c’est accepter mon corps et l’aimer tel qu’il est avec ses spécificités qui le rende si unique, c’est aimer vivre, y prendre plaisir et non plus subir la vie. Mon bonheur finalement n’appartient qu’à moi, alors c’est décidé, j’arrête de subir cette dépression. Demain je recommence, demain je démissionne, demain je mets fin à cette relation amoureuse d’assistée dans laquelle je suis, demain je reprends ma vie en main, demain je me remets à vivre, demain je rééquilibre la balance de vie, demain je serai heureuse.
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