Elle ne pouvait se contenter d'être « la femme de... ». « Surtout dans le même métier. Cela fausse les choses et on finit par ne plus parler que boutique le soir. » Lui dit qu'il n'aurait pas fait la même carrière sans elle: « Elle m'a apporté un équilibre, elle est droite, alors que j'exerce un métier qui ne l'est pas forcément ; elle a des valeurs, quand, dans la pub, on surfe sur l'air du temps. »
Sophie et Jacques Séguéla se sont rencontrés en 1977. Elle était stagiaire à RSCG, agence dont il était le cofondateur. Elle avait 18 ans. Lui plus du double. Rencontre. Coup de foudre. Quelques rendez-vous, puis le publicitaire, enflammé, lui donne un quart d'heure pour faire ses valises et l'épouser! « Vu le personnage, son âge, je me suis d'abord dit: «Attention, danger!» Mais on ne lutte pas contre l'évidence », dit-elle.
Plus de trente ans - et cinq enfants après, Sophie et Jacques Séguéla ont chacun tracé leur route. Lui comme publicitaire, aujourd'hui vice-président de Havas ; elle comme décoratrice d'intérieurs, créatrice du salon de beauté et de la boutique de déco Bleu comme Bleu, avenue Hoche, à Paris. Un parcours que Sophie Séguéla a choisi et bâti en fonction de son mari et de sa famille.
En 1978, elle imagine Bath Shop, enseigne dédiée à la salle de bains. « A cette époque, je savais que Jacques avait besoin de moi, pour l'accompagner dans ses voyages, recevoir certains clients... J'étais déjà au four et au moulin! » raconte-t-elle. Aussi, quand un grand fabricant de sanitaires l'approche, quelques années plus tard, pour reprendre l'entreprise et ses 4 000 salariés, elle étudie le dossier avec enthousiasme... avant de le refermer: « Trois enfants en bas âge, le métier de Jacques... Impossible d'envisager des journées de travail de douze heures. Aucun sacrifice, je me suis juste dit: «Il y a un temps pour tout». »
En 1995, Sophie crée donc Bleu comme Bleu, à laquelle elle a associé, depuis, leur fille Lola « Réussir sa vie affective et sa vie professionnelle, c'est rare, surtout dans mon métier où existent toutes les tentations qui peuvent détruire un couple, dit Jacques Séguéla C'est grâce à elle: lorsque je l'ai épousée, j'avais 14 ans d'âge mental... Aujourd'hui encore, elle est plus mature que moi. »