La réécriture des contes de fées dans la littérature espagnole de l'après guerre : l’exemple d’Ana María Matute, The Reelaboration of Fairy Tales in the Contemporary Spanish Literature : the Exemple of Ana María Matute

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Sous la direction de Sadi Lakhdari
Thèse soutenue le 05 décembre 2008: Paris 4
Le travail de recherche porte sur la réécriture des contes de fées chez Ana Maria Matute. Toute réécriture d’un modèle narratif suppose une interprétation particulière du monde : le message transmis par les romans et les contes de la romancière s’avère en effet ambivalent en fonction du public visé, subvertissant ou non la morale traditionnelle des contes. Si je schéma narratif du genre est respecté lorsqu’elle s’adresse aux enfants, ce schéma est entièrement subverti dans les ouvrages destinés aux adultes, offrant de la sorte une vision paradisiaque et nostalgique d’une enfance perdue. Resituée dans le contexte plus vaste de la littérature espagnole de l’après guerre et étayée à l’aune de différents modèles critiques, notre recherche nous amène à montrer comment dans une structure sociale traditionnelle, les contes de fées et leur subversion motif récurrent ans l’univers romanesque de l’Espagne franquiste, peuvent alors constituer une remise en cause de l’ordre établi.
-Réécriture
-Contes de fées
-Littérature espagnole de l'après guerre
-Subversion de l'ordre établi
-Critique sociale
-Nostalgie de l'enfance
-Motif du manque et quête de la liberté
-Rêve
Our research is about the reelaboration of Fairy Tales in the contemporary Spanish Literature, and most particularly in the works of Ana Maria Matute. Any rewriting of a known narrative model implies a particular interpretation of the world : The message conveyed of a known narrative novels and tales is ambivalent, and dépends on te target audience, subvertin or not the traditional morals of fairy tales. If the tarrative scheme of this genre is respected when she addresses children, this scheme is entirely subverted in books aimed at adult, thus giving a heavenly and nostalgic vision of a lost childhood. Placed int the larger context of post-war how, in a traditional social structure, fairy tales and their subversion, which are recurrent patterns in the novelistic universe of franquist Spain, an then turn out to question the establishment.
Source: http://www.theses.fr/2008PA040218/document
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179

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

3 Mo

Université Paris IV Sorbonne
Ecole Doctorale IV (Civilisations, Cultures, Littératures et Sociétés)


DOCTORAT D’ÉTUDES ROMANES
en vue de l’obtention du grade de docteur en espagnol


Aude ANTONI TESSIER



LA RÉÉCRITURE DES CONTES DE FÉES DANS LA
LITTÉRATURE ESPAGNOLE DE L’APRÈS GUERRE.
L’EXEMPLE D’ANA MARÍA MATUTE



Thèse dirigée par Monsieur le Professeur Sadi LAKHDARI

Présentée et soutenue publiquement le 5 décembre 2008


Jury

Madame le Professeur Denise BOYER (Université Paris IV Sorbonne)
Madame le Professeur Monique de LOPE (Université de Provence)
Monsieur le Professeur Sadi LAKHDARI (Université Paris IV Sorbonne)
Monsieur le Professeur Philippe MERLO (Université Lumière-Lyon II)


1 REMERCIEMENTS











Merci tout d’abord à Monsieur le Professeur Sadi LAKHDARI, qui depuis près de dix ans,
suit mes travaux de recherche avec rigueur, patience et intérêt.

Merci à Madame le Professeur Marie-Claire ZIMMERMANN, qui a su, le moment opportun,
m’encourager à poursuivre sur ma lancée.

Merci ensuite à Anne-Cécile, Dominique, Rémi, François, et à leur regard attentif de
relecteurs avisés.

Merci à tous ceux qui (ils sont nombreux, mais se reconnaîtront), par leurs questions, leurs
relectures partielles, leur curiosité, ont permis que ce travail de recherche aboutisse.

Merci enfin à Fighidina et son trésor magique, qui m’a fait entrer, il y a bien longtemps de
cela, dans l’univers des contes, sans imaginer une seule seconde où tout cela pourrait nous
mener.






2
(No existió la Isla de Nunca Jamás y la Joven Sirena no consiguió un alma
inmortal, porque los hombres y las mujeres no aman, y se quedó con un par
de inútiles piernas, y se convirtió en espuma). Eran horribles los cuentos.

Ana María Matute, Primera memoria, p. 211.



Yo sé perfectamente por qué he venido aquí. Yo sé muy bien por qué razón
no puedo desprenderme, ni me sabré ya desprenderme de la tiranía. He
nacido en la tiranía, y en ella moriré. Tal vez, incluso, con cierta
confortabilidad, suponiéndome exenta de toda culpa.

Ana María Matute, La trampa, p. 20.






Ana María Matute, « Polvo de carbón », Los niños tontos, p.17.
3 INTRODUCTION













La publication, en 1942, du roman de Camilo José Cela La familia de Pascual Duarte,
suivie, dix ans après, de La colmena, marque un tournant dans le panorama littéraire espagnol
de l’après-guerre, décimé par des années de conflit et de marasme intellectuel. Le premier
roman annonce en effet la naissance, confirmée par la publication du second, d’une nouvelle
génération d’écrivains aux orientations et aux préoccupations littéraires, esthétiques et
sociales relativement semblables, malgré une assez grande diversité de profils et
d’individualités propres. Très peu influencée, du fait de l’état d’isolement du pays comme de
la censure, par les courants de pensée étrangers (si ce n’est, de façon assez lointaine et, si l’on
peut dire, superficielle, par le roman nord-américain, le néoréalisme italien, le nouveau roman
français et les appels à la littérature engagée lancés par Jean-Paul Sartre), cette nouvelle
génération se caractérise tout d’abord par la volonté de trouver des formes littéraires et
stylistiques en adéquation avec la situation historique, politique et sociale du moment.
Dans ce contexte, c’est une orientation réaliste qui domine, à vocation critique, afin de
témoigner par l’écriture de la réalité. Le roman et, dans bien des cas aussi, le conte, possèdent
alors une forte vocation utilitaire pour cette génération qualifiée tantôt de « generación de los
cincuenta », de « generación de medio siglo », de « generación del 55 », tantôt de
« generación de los niños de la guerra » ou de « generación de la posguerra » ou tout
simplement de « nueva oleada ». L’artiste doit se mettre au service de l’homme et de
l’amélioration de ses conditions de vie, tant matérielles que morales. La proximité des
préoccupations, politiques ou esthétiques, de ses membres, qui alliaient la volonté de critique
sociale à la recherche stylistique, les liens idéologiques ou amicaux qui unissaient l’essentiel
des écrivains de cette génération, lui confèrent une certaine unité, malgré des parcours et des
options artistiques par la suite un peu divergents, allant du réalisme critique au lyrisme
subjectif.
4 Outre des préoccupations thématiques semblables quant au rôle de l’écrivain dans la
société, la critique de la solitude de l’homme, du manque de communication, de
l’affrontement souvent cruel entre l’individu et la société, ainsi que l’utilisation de techniques
romanesques nouvelles dans la littérature espagnole et dans la construction du récit (jeux de
points de vue, jeux temporels ou spatiaux notamment), ce sont aussi certains critères
chronologiques qui semblent dominer quant à la définition de cette génération : nés dans les
1années 1920 , adolescents pendant la guerre civile, et jeunes adultes au début du franquisme,
la plupart de ses membres ont publié leur premier roman à la fin des années quarante, ou dans
2
le courant des années cinquante .

Dans ce panorama littéraire espagnol de l’après-guerre, Ana María Matute, romancière
précoce et prolixe, auteur de très nombreux recueils de contes, tant pour adultes que pour
enfants, occupe une place singulière. Fortement préoccupée par la portée du roman et son
importance dans la critique de la société, la romancière d’origine catalane semble également,
par bien des aspects, se situer assez loin de certaines des préoccupations sociales d’une
génération à laquelle elle appartient pourtant, chronologiquement, de plain-pied. En effet,
toute son œuvre se caractérise par la création d’un univers romanesque aux accents personnels
très marqués, d’un monde plein de mystère et de mélancolie dans lequel la réalité apparaît
toujours enveloppée de lyrisme. Traduite dans de nombreuses langues étrangères, Ana María
Matute se distingue également par ses talents de conférencière, tant en Espagne qu’à
l’étranger, en France comme aux Etats-Unis, où elle a été aussi professeur durant de longues
années : romancière très lue, elle est donc bien connue du grand public, qui a pu apprécier,
outre ses talents littéraires récompensés par tous les prix les plus prestigieux (Premio Nadal,
Premio Café Gijón, Premio de la Crítica, Premio Nacional de Literatura, Premio Planeta,
Premio Fastenrath, pour ne citer que les plus importants), son sens de l’humour et de
l’autodérision.

1 Entre autres Miguel Delibes (1920), Carmen Laforet (1921), Luis Martín-Santos (1924), Ignacio Aldecoa,
Carmen Martín Gaite (1925), Jesús Fernández Santos et Ana María Matute (1926), Rafael Sánchez Ferlosio
(1927), Juan Goytisolo (1931). On peut inclure également dans cette génération des écrivains nés quelques
années après, comme par exemple Juan Marsé (1933) ou Luis Goytisolo (1935).
2 Miguel Delibes publie La sombra del ciprés es alargada en 1948, Aún es de día en 1949 et El camino en 1950;
Carmen Laforet publie Nada en 1948 et Ana María Matute, la même année, publie Los Abel, puis Fiesta al
Noroeste en 1953 et Pequeño teatro en 1954. Il s’agit là d’une date charnière pour cette génération, puisque
apparaissent également les romans de Ignacio Aldecoa (El fulgor y la sangre), Los bravos de Jesús Fernández
Santos et Juegos de manos de Juan Goytisolo. En 1955, Carmen Martin Gaite publie El balneario, et Ana María
Matute En esta tierra. En 1956, est publié l’un des titres les plus importants de l’époque, à savoir El jarama, de
Ignacio Sánchez Ferlosio, qui avait déjà publié en 1951 Industrias y andanzas de Alfanhui. En 1958, paraissent
Cabeza rapada de Fernández Santos, La resaca de Juan Goytisolo, Las afueras de Luis Goytisolo et Entre
visi

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