Introduction I. Origine, nature et diversité du Voodoo 1. La Naissance des voodoos 2. Les cultes et le rituel du Voodoo béninois 3. Du Voodoo béninois au Vaudou Haïtien et Brésilien. II. Les défis du culte et des pratiques voodoo à la lumière de la Bible 1. Culte des ancêtres et syncrétisme 2. Spiritisme et Nécromancie 3. Le Vôdouisme est une idolâtrie 4. La divination, un pilier du Voodoo, un piège ténébreux III. Confusion et prétentions du culte Voodoo 1. Une propagande de plus en plus efficace 2. L'expansion du voodoo en Europe IV. Une Pastorale appropriée. 1. Évangélisation 2. Formation 3. Les chemins de la prière de délivrance
Introduction
Le Voodoo est une religion africaine née au Dahomey, aujourd'hui le Bénin. Depuis les pays du Golfe de Guinée surnommé la Côte des esclaves, il s'est répandu dans certaines régions où se trouvent les populations d'origine africaine, au Brésil, à Cuba, à la Trinidad et surtout à Haïti. Aujourd'hui, une association de prêtres et de laïcs, le « Sillon noir », étudie le voodoo en vue de l'inculturation de la foi catholique en Afrique, car il existe une culture du voodoo reconnaissable dans les danses, les parures, les cérémonies d'initiation. Le point de départ du voodoo est la connaissance des secrets de la nature, notamment la vertu des plantes pour maîtriser les forces vitales ou se les concilier
en vue d'améliorer la qualité de la vie sur terre. Mais progressivement les hommes ont divinisé ces forces et certains de leurs ancêtres, pour entrer en relation avec leurs esprits par des pactes mystiques.
Le voodoo est une religion parce que les ancêtres fondateurs des peuples béninois ont eu l'intuition de la divinité, d'un Dieu suprême créateur; mais au lieu d'adorer ce Dieu, ils ont abouti à une pluralité de divinités: voodoos familiaux comme les dieux lares des Romains, voodoos royaux et enfin les divinités-idoles liées aux forces de la nature ou à la divination au service des besoins humains notamment la guérison, la richesse et le pouvoir.
Au Bénin, le culte voodoo comporte un rituel précis et structuré, des pratiques adaptées à des objectifs donnés, une hiérarchie de prêtres, des adeptes, hommes et femmes. Mais certains voodoos ont intégré à leur rituel des puissances magico-sorcières, ce qui est un réel danger pour la foi chrétienne, une arme maléfique aux mains des devins guérisseurs ou des grands prêtres, influents comme des gourous. Les dangers spirituels sont l'idolâtrie, le syncrétisme religieux, l'occultisme, obstacles à une foi évangélique solide. Cette situation nécessite une pastorale appropriée et un accompagnement spirituel en vue de la délivrance des personnes liées ou oppressées. Si on ne connaît pas la genèse d'une religion non révélée et ses fondements, on ne pourra ni en parler ni aider éventuellement ceux qu'elle déroute ou manipule.
I. Origine, nature et diversité du Voodoo
Nous présenterons d'abord la religion voodoo et ses cultes au Bénin puis en Haïti et au Brésil dans un esprit d'ouverture et de tolérante compréhension car dans la Déclaration du Concile Vatican II sur les relations de l'Église avec les religions non chrétiennes, il est écrit : « De même, aussi, les autres religions qu'on trouve de par le monde s'efforcent d'aller - de façons diverses - au-devant de l'inquiétude du coeur humain en proposant des voies c'est-à-dire des doctrines, des règles de vie et des rites sacrés. L'Église Catholique considère avec un respect sincère ces manières d'agir et de vivre, ces règles et ces doctrines. Toutefois elle annonce et elle est tenue d'annoncer sans cesse le Christ qui est « La Voie, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6) dans lequel les hommes doivent trouver la plénitude de la vie religieuse et dans lequel Dieu s'est réconcilié toutes choses ». 1. La Naissance des voodoos
Le mot Voodoo, employé dans l'aire de civilisation Adja - Fon - Goun du Bénin ou Orisha chez les Yoruba du Nigéria, signifie ce qui est mystérieux et désigne une entité spirituelle, une véritable déité. On peut définir les voodoos comme :
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Les idées que les croyants se font de diverses puissances immatérielles émanant soit de faits de la nature, soit de personnes humaines ayant rang d'ancêtres. Les lieux matérialisés par un autel où s'effectue la communication avec ces puissances. (1) Une première ligne de voodoos part de la connaissance des vertus des feuilles et gravite autour des éléments du Cosmos.
Les anciens, confrontés aux difficiles conditions de vie dans un milieu hostile, se sont émerveillés devant les forces de la nature et ont cherché des explications cohérentes. Quelle force agite tout le temps et fait bouillir la mer? La foudre et le tonnerre expriment sans doute la colère de la force suprême, le créateur caché, qu'il faut tout faire pour apaiser. Comment arrêter une épidémie de variole qui répand la terreur?
Le voodoo vient de la prise de conscience de l'auteur des forces cosmiques et de la force vitale, l'âme, qui anime tous les êtres et même les éléments matériels inertes ou vivants, d'où le mot animisme parfois employé pour désigner les religions traditionnelles d'Afrique.
Dans la religion Voodoo, le Dieu suprême est un couple créateur Mahou-Lissa qui a accouché d'une multitude d'esprits, les voodoos. Face à Mahou l'inégalable, l'homme est minuscule. Il ne peut s'adresser à Dieu que par l'intermédiaire des voodoos pour avoir le bonheur, des enfants, échapper à ses ennemis et acquérir la force vitale. Ces esprits sont des liens entre le visible et l'invisible.
Lorsque l'homme béninois a trouvé des remèdes naturels, des recettes pour guérir par exemple la variole, la morsure d'un serpent ou maîtriser les puissances adverses, neutraliser et envoûter les facultés de l'individu, il va stocker jalousement toutes ces données utiles, les cacher comme un trésor dans un canari qu'il enterre en un endroit. Là il élève un autel comme lieu de conciliation avec les forces d'agression invisibles. Il s'agit désormais d'un voodoo. C'est pourquoi le « Sillon Noir » a écrit que le « Voodoo naît à partir de la connaissance des feuilles ».
Mais le savoir acquis par les phytothérapeutes a une double dimension: Une dimension magique de puissance de bienfaisance (préparation de médicaments) ou de nuisance (poison ou gris-gris maléfiques). Une dimension de culte en hommage au donateur mystérieux avec lequel le magicien thérapeute a noué une alliance.
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« Ainsi certains types de remèdes ou formes de guérison vont fonctionner sur le principe du symbolisme mystique sur fond d'un lien entre les esprits » (2).
Les propriétaires de ce voodoo, les détenteurs de ces connaissances en deviennent les gardiens, des personnages très respectés. Autour d'eux se constitue une confrérie secrète avec des prêtres qui recrutent, organisent et dirigent des initiés et des adeptes, les messagers du voodoo. Ceux-ci danseront pour lui et apporteront ce que le voodoo mangera dans le couvent, dans sa maison.
Il existe de nombreuses recettes que nous avons vu des praticiens du voodoo mettre en oeuvre: pour guérir une stérilité et des fausses couches successives ou pour empêcher une femme de commettre l'adultère. Dans ce dernier cas, lorsque les amants sont physiquement unis, ils ne pourront plus se détacher, tels un chien et une chienne noués dans la copulation. Grâce à mes propres connaissances en phytothérapie, j'ai pu obtenir d'un guérisseur à qui j'ai indiqué une recette contre la cystite, qu'il me montre une plante qui permet de franchir les barrages routiers et douaniers lorsqu'on la met dans ses bagages. J'ai vu une préparation à base de piment rouge attaché par un fil noir brouiller de façon incompréhensible des amis intimes. Il existe des plantes stimulantes de la mémoire qu'on utilise dans les couvents pour accélérer l'apprentissage de la langue sacrée, des plantes pour forcer quelqu'un à devenir l'adepte du voodoo. Il suffit de l'effleurer avec la feuille, de lui faire enjamber la plante posée sur son chemin ou de lui faire serrer votre main frottée du jus de la feuille. Immédiatement la personne accepte ce qu'elle refusait en croyant que le voodoo l'a appelé.
Il y a des formules pour faire tomber la foudre à volonté, afin de tuer par exemple un voleur récidiviste en prétendant que c'est le voodoo du tonnerre qui l'a puni. Si on place sur votre route une certaine plante et que votre véhicule passe dessus, vous ferez un accident dans le kilomètre qui suit. « Si dans certaines formules les principes naturels seuls agissent, dans beaucoup d'autres, les remèdes-incantations et les remèdes-offrandes sacrificiels n'opèrent pas par eux-mêmes dans le cadre de la guérison; ils sont des vecteurs mystiques-symboliques ».(3) Les principaux voodoos représentant des forces de la nature. Ils sont communs à tous; on les appelle les dieux du peuple: Xévieso ou Shango, divinité de l'orage et du tonnerre, qui châtie en envoyant la foudre; Sègbo Lissa le caméléon; Hou la mer, demeure de Mamy Wata, la déesse ou dame des eaux, symbole de la beauté physique et dispensatrice de la richesse; Sakpata, maître de la terre, a le pouvoir d'infliger ou de guérir la variole; Dan ou Dangbé (Python regius), le serpent bon, parce que non venimeux,
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symbolise la continuité de la vie avec ses bonheurs et ses malheurs. À Haïti d'après un auteur du XVIII siècle, ce « vaudou » symboliserait la connaissance du passé, la science du présent, la prescience de l'avenir et la toute puissance; l'Arc-en-ciel, lien entre ciel et terre est considéré aussi comme un serpent pourvoyeur de richesse. L'Ogou ou Gu, le dieu du fer, protège les forgerons et les guerriers; il y a des arbres considérés et adorés comme voodoo tels que l'Iroko (Loko) ou le Kolatier. Le soleil est le voodoo du feu; enfin le Lègba ou Eshou une divinité fantasque, messagère des autres divinités, incarne le destin; il est chargé de la sécurité des maisons, des villes, des marchés. Parfois des anomalies physiologiques sont considérées comme des voodoos, par exemple un enfant albinos, un hydrocéphale, les jumeaux. La deuxième catégorie de voodoos est celle des voodoos ancestraux Dans sa recherche de l'origine de la vie pour se relier au Dieu créateur de tout, l'Africain a commencé à vénérer l'ancêtre fondateur de son lignage au niveau de la famille, du clan, de la tribu et de la dynastie... Guédègbé, le célèbre devin de la cour royale, a défini le voodoo comme « le culte que nous rendons à nos souvenirs les plus chers » notamment le souvenir de nos racines humaines, c'est-à-dire de l'ancêtre qui rassemble tous les enfants du lignage pour tisser la fraternité, garder l'unité et la stabilité du noyau familial. Ainsi est né le culte des ancêtres. Cette démarche positive de piété filiale trouve sa justification dans le 4eme commandement de Dieu qui prescrit d'honorer son père et sa mère. Dans ce contexte, commémorer le souvenir de nos morts n'est pas la simple célébration d'un mémorial mais une communion au mystère de Dieu, puisque le paradis est le lieu où vivent les ancêtres qu'on retrouvera. Ceux d'entre eux qui ont maîtrisé des forces de la nature ou des connaissances deviennent des divinités voodoos susceptibles de transmettre leurs pouvoirs à leurs descendants au cours des transes de possession.
Des prêtres organisaient des cérémonies au niveau de chaque unité constitutive de la société: maison, quartier, village, région, royaume. Mais la pratique du culte des ancêtres divinisés s'est transformée en un instrument de pouvoir, de manipulation et d'exploitation. Le Père-ancêtre-vénéré a pris un visage ambivalent, soit celui d'une déité qui accorde des bienfaits si on lui offre des sacrifices, soit celui d'une puissance qui peut punir ou tuer ses descendants en instaurant un climat de menace ou de peur. De même, l'image de la femme, de la mère porteuse et donneuse de vie a été pervertie. En référence à la marâtre des familles polygamiques, elle est devenue la sorcière qui tue. Ainsi donc par volonté d'exploiter et de mystifier, des
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germes de soupçon et de méfiance ont défiguré le culte des voodoos ancestraux et brisé la cohésion familiale. La troisième catégorie est celle des voodoos créés autour de la figure du roi.
Pour contrer et contrôler les autres voodoos, pour garantir l'ordre socio-politique et coordonner tous les clans, le Roi a fait de la société-nation un voodoo et est ainsi devenu le détenteur du pouvoir de vie et de mort, de la violence légitime. Le voodoo royal a joué une fonction idéologique de légitimation du pouvoir et d'intégration sociale dans la société traditionnelle. Il a même intégré les voodoos des peuples conquis ou alliés en les ramenant avec leurs prêtres dans la capitale politique, Abomey. Désormais à partir du règne du Roi Glélè, les voodoos seront hiérarchisés.
Les voodoos de la famille royale comme Agasu, l'ancêtre fondateur de la lignée royale et d'autres comme Zomadonou, Ninssouhoué, Tohossou, le roi des eaux: lagunes, sources et puits, devinrent prééminents jusqu'à l'éclatement des centres de pouvoir après la colonisation. La quatrième catégorie de voodoo a été introduitedans la cour du Roi, à partir du Nigeria.
Le Fâ, puissance magico-sorcière, considérée comme la mère des voodoos et donc la divinité la plus importante du panthéon du Sud-Bénin, est la divinité de la connaissance occulte et du savoir par la divination avec la technique de la géomancie. Il est à la fois la divinité et le système de divination.
Le Roi va s'en servir pour jouer son rôle de contre-pouvoir de toutes les autres catégories de voodoos. L'interprète du Fâ le Bokonon en est le prêtre. Les rois le sollicitaient souvent, et la consultation du Fâ pour toute décision publique ou même privée a fini par s'imposer, qu'il s'agisse d'établir un diagnostic médical, d'éclairer le présent, de décrypter ce que l'avenir obscur lui réserve ou d'explorer le passé. Le Fâ révèle l'horoscope ou le signe de vie des gens, prescrit les sacrifices à offrir aux voodoos, les interdits à respecter pour apaiser sa crainte, vivre en harmonie avec les divinités et s'assurer une vie dans l'au-delà.
Le Fâ a deux aspects : l'un culturel pour le Fâ extérieur qui comporte des chants, des proverbes, des récits, des contes. Les Bokonon en parlent volontiers. Mais il y a le Fâ mystique qui sert à l'initiation au pouvoir occulte et dont on ne dit rien car il repose sur le Gbadou, un pouvoir presque satanique qui ne s'acquiert qu'après avoir commis un forfait ignominieux, un meurtre rituel, par exemple tuer un bébé dans le sein de sa mère avec un bâton, donc supprimer une vie innocente en sa genèse. Cebâton devient le symbole d'un pouvoir qui s'apparente à celui des sorciers ou des chamanes.
· Enfin le voodoo Kenninssi, source de la magie (blanche ou noire) est en fait la synthèse de toutes les divinités, au nombre d'environ 40 fois 4 = 160, soit la totalité des divinités. Il peut donc prétendre détenir le pouvoir redoutable d'anéantir tout sorcier ou opposant.
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2. Les cultes et le rituel du Voodoo béninois
Le culte dévolu aux divinités voodoo réclame un corps sacerdotal hiérarchisé, une société de fidèles, des couvents, des autels pour la prière, les sacrifices, et enfin une tradition orale. Il se caractérise par 3 traits fondamentaux: L'initiation des adeptes consiste en une suite de rituels s'étendant sur une période de plus ou moins longue durée. C'est par la divination du Fâ qu'on recrute les novices. L'entrée au couvent est comme une mort symbolique du novice, une période de réclusion et surtout d'apprentissage de la langue secrète sacrée, des chants, de la danse pour honorer le voodoo qui viendra prendre possession de lui. Le voodoo est une religion de la danse. Pour le rituel de sortie, le novice (homme ou femme) prend un bain rituel, reçoit un nom nouveau et fait sacrifier des animaux. Pendant les danses, il entre en transe pour devenir épouse ou monture du voodoo. Un pacte secret scellé par la prise d'une boisson mêlée de sang va lier désormais « l'épouse » du voodoo qui ne devra jamais le violer sous peine de mort ou de très grave sanction. Le rôle de l'initiateur est de modifier en profondeur la personnalité du novice et de le préparer à accepter ou à provoquer la crise de possession par les puissances spirituelles du Voodoo. Il s'agit, comme dans les techniques du Nouvel-Age de modifier l'état de conscience de l'individu pour l'intégrer à la conscience unitive. La transe de possession noue des rapports étroits et très particuliers entre l'adepte et son voodoo en vue d'une identification. Cette transe revêt un aspect contrôlé pour les voodoos de lignage (Tohossou - Ninssouhoué), et un aspect un peu plus violent dans les autres cas (Sakpata - Dan Xèvieso). Enfin le sacrifice sanglant: le sang des victimes qui baigne le novice et l'autel du voodoo a pour but de leur donner de la vigueur; aussi les divinités réclament-elles périodiquement des sacrifices d'animaux dont dépendent leur puissance et la considération qu'on leur accorde. Quand on néglige le voodoo, il dépérit et s'en
venge d'une manière ou d'une autre.
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3. Du Voodoo béninois au Vaudou Haïtien et Brésilien.
Lorsqu'ils furent déportés en Amérique, les esclaves noirs étaient baptisés de force, obligés de pratiquer le christianisme. Ils avaient tout perdu sauf la connaissance et les souvenirs des cultes africains. Le vaudou, différemment orthographié, leur servait d'abord de mémoire pour s'évader hors de l'aliénation du travail forcé dans les champs de canne à sucre, puis de communion spirituelle avec l'Afrique devenue paradis perdu. Enfuis des plantations, se cachant dans les montagnes, ils parviennent à se forger une identité commune dans un « melting pot » vaudou et à renforcer leur cohésion en tant que groupe. Avec le vaudou comme mode de résistance, les esclaves utilisent ses croyances pour sceller des pactes de sang en vue d'exterminer les Blancs par le poison. Le vaudou a été une force de mobilisation et aussi de terreur. Les animateurs de révoltes étaient souvent des prêtres vaudou. Cette religion a donc nourri une contestation prophétique qui a abouti, avec Toussaint Louverture, originaire du Bénin, aux luttes de libération menées avec Ogou le dieu de la guerre et à l'indépendance d'Haïti en 1804.
En Haïti, les croyances et les pratiques religieuses sont marquées par le syncrétisme et le compromis. Le vaudou imprègne la vie de chaque haïtien même quand il ne le pratique pas ouvertement; il est une base d'interprétation de la vie quotidienne car il y a toujours eu une corrélation étroite entre l'activité du vaudou et les activités sociales d'Haïti. · Le vaudau Haïtien
Les voodoos d'Outre-Atlantique étaient différents de ceux d'Abomey. Les esclaves provenaient de toutes les régions d'Afrique. On les mélangeait pour leur faire perdre leur identité d'origine. Même si en Haïti beaucoup étaient originaires de la Côte des esclaves, le vaudau haïtien fut d'abord la synthèse des croyances Fon (du Golfe de Guinée) et Bantu (d'Afrique centrale et du Kongo) et des natifs de Saint-Domingue.
Toutes les religions autres que le catholicisme étant interdites, le voodoo ne put survivre et prospérer en Haïti qu'en s'abritant derrière le masque des saints, des fêtes et des rites chrétiens d'où un nouveau syncrétisme avec la religion des maîtres. Enfin le vaudau haïtien s'appropria aussi les valeurs et les symboles spirituels des rares Indiens Caraïbes qui ont survécu.
Le vaudau haïtien, contrairement à celui du Bénin, s'est constitué en religion pleinement autonome. Les transes de possession y atteignent un degré de violence spectaculaire, très dangereux, que le prêtre, le « mambo », doit apprivoiser et canaliser. Elles se produisent généralement à l'occasion de la fête annuelle du voodoo. Le 25 juillet de chaque année, des milliers de personnes vont en pèlerinage à Bassin Saint Jacques situé dans la plaine du Nord pour honorer le dieu Ogou leur protecteur appelé aussi Saint Jacques le Majeur. Ils lui adressent d'intenses prières et dévotions; après quoi ils prennent un bain de boue chaude pour se débarrasser symboliquement de toutes leurs saletés. Ce rituel leur donnera la force d'un guerrier et l'espoir de combattre les mauvais coups de la vie et d'entrer en communication directe avec les entrailles de la terre en fusion, avec Ogou. · Le vaudau au Brésil À Salvador de Bahia la population métisse ou noire, est d'origine africaine à 80 %. Le Candomblé est un culte secret qui se réfère aux voodoos du Bénin issus des Nago et Yoruba de Kétou au Bénin. Une prêtresse appelée mère de sang initie les novices au culte des Orishas en les préparant au Baptême voodoo dans des bains de feuilles macérées. Cette cérémonie d'initiation est dédiée au dieu OSHALA, le Créateur suprême, avec l'appui de Eshu, le Lègba du Bénin, et d'Ogou le guerrier qui ouvre la voie. Tout comme au Bénin, on enseigne ici la danse du Voodoo et les danses de possession. Yémadja est une divinité très populaire au Brésil. On la considère comme la mère de tous les Orishas et on l'assimile à la Vierge Marie. Dans les couvents ou lieux de culte, les images du Sacré-Coeur et celles des saints voisinent avec les représentations des divinités voodoo. Tous les ans, le 2 février, s'organise un pèlerinage vers Rio de Melio où le fidèle apporte à Yémadja des cadeaux: parfums, fleurs, gâteaux, miroirs, tout en lui présentant ses propres demandes et ses souhaits.
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II. Les défis du culte et des pratiques voodoo à la lumière de la Bible
Le voodoo est le produit d'influences multiples et complexes; la conjonction entre des forces naturelles et des forces occultes diverses. Pour la foi chrétienne et
notre liberté d'enfants de Dieu, elle nous expose à l'idolâtrie, au syncrétisme religieux, au spiritisme et à la nécromancie, à la voyance et à la divination dans le climat mystérieux des ordres ésotériques, enfin à des troubles spirituels graves: liens, oppression, envoûtement, voire possession. Précisons certains de ces points. 1. Culte des ancêtres et syncrétisme
Certes, à la base du culte ancestral du voodoo, il y avait une recherche positive du Dieu Créateur Tout-puissant, des forces naturelles bénéfiques. Mais il y a eu déviation lorsqu'on a divinisé les ancêtres et substitué leur culte à ce que condamne le premier commandement de Dieu. Toute tentative d'inculturation de cette pratique se heurte à de vives réactions d'hostilité. Le refus de quitter père et mère pour suivre uniquement Jésus constitue un obstacle à la pureté de la foi de beaucoup d'Africains et de Noirs marqués par les fondements du voodoo. Pour justifier ce syncrétisme, certains prétendent que le Seigneur a dit: « Aide-toi et le ciel t'aidera » ou encore : « Si tu veux vénérer tes ancêtres, il faut leur emboîter le pas et ne pas changer ce qu'ils ont fait ». Ils confondent abusivement le culte idolâtrique et la culture originale, riche incontestablement. 2. Spiritisme et Nécromancie
Avec le culte des ancêtres se perpétuent des pratiques de spiritisme et de nécromancie. En effet « lorsqu'on interroge les défunts, disait Tertullien, ce sont des démons qui nous répondent ». Le spiritisme et la nécromancie qui visent à mettre l'homme en contact avec les esprits des morts et les esprits des voodoos-idoles sont très dangereux. D'après les croyances voodoo, certains ancêtres exercent un patronage sur leurs descendants sans qu'il ne s'agisse de réincarnation. Cela engendre des emprises et conduit au culte dit des revenants (Kutito, Egoun, Oro) organisés en sociétés secrètes avec des pouvoirs maléfiques redoutables.
Unpère de famille aurait tué sa fille de 13 ans parce qu'elle a osé toucher l'habit de cérémonie qu'il porte pour danser. Il l'avait mis à sécher. L'enfant avait cru bien faire en l'enlevant pour qu'il ne soit pas mouillé par la pluie. Un jeune initié ayant manqué de respect à un ancien et se refusant à quitter l'habit sacré aurait été tué par une incantation qui l'a vidé de tout son sang.
Lorsque des gens sont touchés par les maléfices des voodoos-sorciers, il est très difficile de les délivrer. L'exorciste Dom Amorth a dit que les maléfices les plus coriaces qu'il ait eus à conjurer étaient liés au culte du Serpent Dambala et de la divinité de l'Arc-en-ciel; il s'agit d'une magie haïtienne associée à la magie africaine et à celle du Macoumba. Selon qu'on a invoqué tel ou tel voodoo ou des esprits d'animaux, ceux-ci s'introduisent dans la personne ou lui imposent de faire des contorsions de serpent, d'aboyer comme le chien, de battre des ailes comme un coq,