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10 HISTOIREVIVANTE
Hitler comptait sur la bombe atomique pour gagner la guerre. Comme d’autres «armes secrètes», elle est arrivée trop tard.KEYSTONE
Hitler avait la bombe nucléaire INÉDIT •Bien avant les AmÈricains, les nazis ont rÈussi plusieurs essais atomiques entre la fin 1944 et le printemps 1945.Trop tard pour changer le cours de la guerre. RÈcit.
PATRICK VALLÉLIAN ´Grand Èclair. Feu, beaucoup de morts out de suite. Avec grandes br˚lures. Beaucoup aveuglesɪ Oleg agonise. Mais avant de mourir de ses br˚lures, ce prisonnier de guerre soviÈ-tique du camp de concentration nazi dÕOhrdruf, dans le centre de lÕAlle-magne, se confie ‡ un compatriote en cherchant ses mots. Il lui explique ce qui vient de se passer. La gigantesque explo-sion qui lÕa aveuglÈ avant de tout carbo-niser autour de lui. Sans le savoir, Oleg est lÕune des pre-miËres victimes de lÕËre atomique. Comme plusieurs centaines dÕautres cobayes, dont certains se sont littÈrale-ment volatilisÈs, il a ÈtÈ exposÈ ‡ un test nuclÈaire organisÈ dans le plus grand secret par les nazis le 3 ou 4 mars 1945. Deux mois avant la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. A lÕÈpoque, les Allemands se replient de toutes parts. La dÈfaite totale est proche. Reste un espoir pour les nazis: leurs ´armes miraclesª, ces avions, ces fusÈes ou ces sous-marins (lire ci-des-sous) qui pourraient changer le cours de la guerre. Mais ce que Hitler attend avec le plus dÕimpatience, cÕest un nouveau type dÕexplosif. Une bombe si puissante quÕelle ´dÈtruirait toute vie humaine
LA SEMAINE PROCHAINE LES ESPIONS QUI VENAIENT DU CIEL De la fin de la Seconde Guerre mondiale à la chute du Mur de Berlin, l’espace aérien de la RDA a été le théâtre d’une âpre lutte entre Américains et Soviétiques. Pendant la guerre froide, l’espionnage a laissé de nombreuses victimes dans le ciel: passagers d’un vol civil, équipages d’avions militaires abattus par des chasseurs MIG soviétiques... Un dossier riche en témoignages à découvrir le 27 janvier sur TSR 2 et à lire vendredi prochain dans «La Liberté». RSR-La Première évoquera pour sa part les trac-tations autour de la Confé-rence à Yalta, dès lundi à l’enseigne d’Histoire vivante.
RSR-La Première Du lundi au vendredi de 15 h à 16 h
TSR2 Dimanche à 20 h 30 Lundi à 22 h 20
dans un rayon de trois ‡ quatre kilo-mËtres du point dÕimpactª, explique le F¸hrer en ao˚t 1944 ‡ Ion Antonescu, chef de lÕEtat roumain.
Une bombe tactique Les physiciens allemands y tra-vaillent sans rel‚che depuis 1942. De-puis que lÕÈtat-major de la Wehrmacht et les SS ont libÈrÈ de gros budgets pour rÈaliser la bombe. Sans succËs, prÈten-daient les alliÈs aprËs la guerre, en ajou-tant que les scientifiques nazis Ètaient trËs en retard sur leurs collËgues amÈri-cains et britanniques. Faux, rÈtorque aujourdÕhui Rainer Karlsch. Dans son livre ´La bombe de Hitlerª (Calmann-Levy), lÕhistorien alle-mand prouve que les nazis ont testÈ plu-sieurs bombes nuclÈaires tactiques entre octobre 1944 et mars 1945. Soit bien avant les attaques amÈricaines qui dÈtruiront les villes japonaises dÕHiro-shima et de Nagasaki en ao˚t 1945. Mais, prÈcise dÕemblÈe le chercheur berlinois, le potentiel de destruction de la bombe nazie Ètait bien infÈrieur ‡ ce-lui des deux bombes atomiques amÈri-caines. La raison en est simple: les Alle-mands nÕavaient pas assez de matÈriaux fissibles, comme lÕuranium enrichi par exemple, pour construire des bombes A. Reste que cÕÈtait une question de temps. Si les nazis avaient pu prolonger la guer-re dÕune annÈe, ils auraient trËs certaine-
ment disposÈ dÕarmes aussi dÈvasta-trices que celles des AmÈricains.
Comme en plein jour Mais revenons ‡ cet essai nuclÈaire dont Staline saura tout dËs le 23 mars gr‚ce aux rapports de ses espions qui dÈcrivent avec prÈcision lÕonde de choc, les hautes tempÈratures, les b‚timents soufflÈs et les prisonniers de guerre anÈantis. Cl‰re Werner, une habitante de la rÈgion dÕOhrdruf, raconte quÕelle a vu vers 21h 30un Èclair trËs vif, rou-ge‚tre ‡ lÕintÈrieur, jaun‚tre ‡ lÕextÈ-rieur. Il a illuminÈ le paysage de telle sorte quÕelle aurait pu lire le journal sans problËme. Un autre tÈmoin parle des habitants des environs qui, les jours sui-vants, souffrent de migraine et qui cra-chent du sang. Il dÈcrit aussi les effets dÈvastateurs de la bombe, notamment sur les 700 ou 800 prisonniers de guerre sacrifiÈs ‡ cette occasion.
«Les chairs nues et à vif» ´Tous ces gens nÕavaient plus aucun cheveu. Certains avaient des cloques de br˚lure sur la peau, les chairs nues et ‡ vifɪ DÕautres tÈmoins prÈtendent que des sentinelles SS ont ÈtÈ tuÈes lors de lÕessai. Preuve que les nazis avaient ÈtÈ dÈpassÈs par la force de leur crÈation, quÕils appelaient ´bombe de la dÈsagrÈ-gationª comme lÕa entendu Luigi Ro-mersa en octobre 1944.
Ce journaliste italien avait ÈtÈ en-voyÈ par Mussolini pour constater de visu les avancÈes technologiques alle-mandes. Il se trouvait alors sur un autre site dÕessai nuclÈaire, lÕÓle de R¸gen dans la mer Baltique. ´Nous avons ressenti un vÈritable tremblement de terreª, tÈ-moigne-t-il dans le livre de Rainer Karlsch. ´Nous avons vu trËs clairement un Èclair, une lumiËre incandescente, puis une grande paroi de fumÈe sÕest dressÈe devant nous.ª Alors pourquoi les Allemands nÕont-ils pas utilisÈ leur ´arme miracleª finale-ment? Selon lÕhistorien allemand, la bombe nuclÈaire nazie nÕÈtait pas prÍte pour une application militaire. Il lui manquait notamment un vecteur, un avion ou une fusÈe, pour bombarder les villes ennemies. En outre, les pontes nazis, ‡ la diffÈ-rence de Hitler, ont compris, dËs la fin du mois de mars 1945, que les quelques armes atomiques quÕils pourraient fabriquer nÕarrÍteraient pas lÕavancÈe des SoviÈtiques, des AmÈricains et des Britanniques. Et, surtout, leur utilisation sur le front au-rait provoquÈ la vengeance des alliÈs qui auraient eu beau jeu de dÈtruire lÕAllemagne sous un tapis de bombesÉ traditionnelles. La guerre Ètait perdue. Il fallait arrÍter les frais et Èviter, si possible, le peloton dÕexÈcu-tion pour crime de guerre.I
LA LIBERTÉ VENDREDI 18 JANVIER 2008
UNE LONGUE ENQUÊTE L’historien Rainer Karlsch reçoit en 2001 une lettre qui l’énerve. Dans ce courrier, le journaliste Heiko Petermann, qui enquête sur d’éventuelles expérimentations de bombes atomiques dans le Reich, lui demande s’il sait de combien de tonnes d’uranium dispo-saient les nazis durant la guerre. «J’eus l’impression qu’il se moquait de moi», résume le chercheur allemand qui, comme la majorité des spécialistes de la période, esti-mait impossible qu’Hitler ait pu développer une arme nucléaire. Et pourtant Peter-mann présente à Karlsch des témoins certifiant qu’ils ont vu un brillant éclair de lumière et une colonne de fumée en mars 1945. Dans un premier temps, Karlsch doute de ces informa-tions. Les physiciens alle-mands n’avaient-ils pas fait tout leur possible pour torpiller le projet de bombe atomique nazie? Ils l’avaient d’ailleurs juré sur l’honneur aux alliés qui les avaient fait prisonniers après la guerre. Et où sont les preuves, se dit l’historien qui se prend tout de même au jeu.
Avec succès.Après plusieurs années de recherche dans des fonds d’archives inexploités en Allemagne, mais aussi en Russie et en Angleterre, il découvre des documents inédits démontrant que les scientifiques nazis savaient ce qu’était une bombe au pluto-nium. Il se rend aussi compte que de nombreuses preuves ont été détruites par ces mêmes scientifiques. Histoire de conserver leur place dans la communauté scientifique internationale. Mais c’est sur le terrain, là où les bombes auraient explosé, que Karlsch trouve la preuve d’une activité nucléaire. Des scientifiques analysent les sols et confir-ment la présence, entre autres, de césium 137 et de cobalt 60. La boucle est bouclée même s’il manque encore la preuve visuelle des essais, regrette l’historien en ajoutant qu’un film au moins a été tourné lors d’une des explosions et qu’il est tombé dans les mains de Staline en 1945. Mais voilà, il s’est perdu dans les archives russes. Officiellement du moins.PV
Des armes redoutables mais développées trop tard
PASCAL FLEURY Leader en matiËre de sciences et de techniques au dÈbut des annÈes 1940, lÕAllemagne pouvait compter sur une vÈritable ´armÈeª de physiciens et dÕin-gÈnieurs pour inventer et dÈvelopper des armes redoutables contre les alliÈs. Des armes ´secrËtesª qui auraient pu as-surer ‡ Hitler la suprÈmatie dans les airs, sur terre et dans les mers, mais qui sont arrivÈes trop tard, Ètaient trop chËres, trop peu nombreuses ou mal exploitÈes. Exemples.
MESSERSCHMITT 262 En avance sur son temps, le Messerschmitt ME 262 est le premier avion ‡ rÈaction opÈrationnel au monde. Sa vitesse maximale de 860 km/h lui permettait thÈoriquement de maÓtriser le ciel. Hitler voit dÕabord dans cet avion maniable et bien armÈ un ´bombardier-Èclairª idÈal pour ap-puyer ses troupes au sol. Une erreur tac-tique qui reportera lÕengagement du chasseur ‡ lÕÈtÈ 1944, trop tard pour contrer le dÈferlement des bombardiers alliÈs en Allemagne. Le gÈnÈral Adolf Galland lÕavait pourtant testÈ avec en-thousiasme en mai 1943 dÈj‡, sÕÈtant senti comme ´poussÈ par des angesª.
A la fin de la guerre, environ 1400 ap-pareils avaient ÈtÈ construits, mais la moitiÈ seulement rendus opÈrationnels. Beaucoup de ME 262 ont ÈtÈ pris par les alliÈs et nombre de moteurs ont servi en Occident et en URSS au dÈveloppement des premiers jets. Les AmÈricains sÕen sont inspirÈs pour produire leur pre-mier chasseur ‡ rÈaction, le F-86 Sabre.
MISSILES V2Contrairement aux trËs imprÈcis et bruyants avions sans pilote V1, qui finissaient en vol planÈ sur leur cible, les missiles V2 Ètaient rÈvolution-naires. AncÍtres des missiles balistiques et des fusÈes Saturn V, les V2 avaient une portÈe de plus de 300km et pouvaient transporter prËs dÕune tonne de charge explosive. Le premier essai rÈussi re-monte ‡ octobre 1942. Entre septembre 1944 et mars 1945, plus de 3000 V2 ont ÈtÈ lancÈs, principalement vers Londres, Anvers, Norwich, LiËge et Pa-ris, tuant 5000 civils, mais sans rÈel im-pact sur les militaires. LÕinventeur du missile V2, Wernher von Braun, devien-dra plus tard directeur du centre de vol spatial de la NASA et dirigera les pro-grammes de vols habitÈs Mercury, Ge-mini et Apollo.
Le Messerschmitt ME 262, premier avion de chasse opérationnel à moteur à réaction de l’histoire.NATIONAL MUSEUM OF THE USAF/US AIR FORCE/DR
U-BOOT TYPE XXIWinston Churchill en parlait comme le ´cauchemarª de ses nuits ‡ la fin de la guerre. Le sous-marin type XXI allemand dÈpassait les 30 km/h en plongÈe et pouvait rester 60 heures sous lÕeau ‡ 9km/h gr‚ce ‡ des batteries Èlectriques. EquipÈ dÕun sonar perfec-tionnÈ et de radars de dÈtection des ba-teaux et avions, il pouvait tirer 18 tor-
pilles en 20 minutes. Son moteur diesel ´respiraitª mÍme sous lÕeau, gr‚ce ‡ un captage dÕair ‡ cÙtÈ des pÈriscopes, le ´schnorkelª. Le submersible ne fut ce-pendant prÍt pour le combat quÕen 1945, trop tard pour changer lÕissue de la bataille de lÕAtlantique. Les grandes puissances sÕen sont inspirÈes jusque dans les annÈes 1960.I
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