On va se reconcilier Pian ! , livre ebook

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Dans cet ouvrage qui va indiscutablement faire grand bruit, l'auteur dépeint les défauts de fabrication des grands groupes ethniques de Cote d'Ivoire. Le jugement est incisif et n'épargne personne.
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Date de parution

01 janvier 2015

Nombre de lectures

514

EAN13

9782372230209

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Cheick Yvhane
CÔTE D’IVOIRE
ON VA SE RÉCONCILIER
Petit manuel de poche
CIV 3020
Email : info@classiquesivoiriens.com
10 BP 1034 Abidjan 10
Pian !Côte d’Ivoire On va se reconcilier pian !
Préface
Le petit manuel de poche, que vous tenez entre les mains,
est l’histoire d’un vol à haute altitude. Tout se passe bien,
jusqu’à l’instant où l’équipage annonce une zone de
turbulences :
« Mesdames et Messieurs, nous vous remercions de
redresser le dossier de vos sièges et d’attacher vos ceintures… ».
Le tour de la Côte d’Ivoire ? C’est bien plus. Le petit manuel
nous aura promenés à travers l’Afrique et le monde. Dans ce
voyage forcément enrichissant, ce qui pourrait émouvoir est
amorti depuis le titre de l’œuvre : « on va se réconcilier pian ! »
De l’humour. Des caricatures. Ces refrains ne laissent pas le
temps aux chocs de s’installer.
Le petit manuel de poche se présente aussi comme une
tribune de l’irrévérence vis-à-vis de l’écriture littéraire. Des
phrases nominales en nombre. Des phrases découpées avec
fantaisies, tout comme l’ensemble de l’ouvrage. Des phrases
atypiques. C’est le moindre mal, parce qu’il y a plus
révélateur de la volonté de l’auteur de sortir de l’ordinaire, pour
s’engager sur le chemin de l’anticonformisme.

En effet, tout est sens dessus dessous, ou presque. On se
croirait dans un restaurant où une bagarre de convives a
fortement dérangé l’ordre habituel. Des verres cassés. Des
chaises et tables à la renverse. Des couverts ici. Des couverts
plus loin. Plus loin encore. Des serviettes de table trempées
dans une mare de vin, de jus de fruits et d’eau, à côté des
3Côte d’Ivoire On va se reconcilier pian !
bouteilles vides, froissées ou cassées. Des choses d’hier et
aujourd’hui. Des choses entendues, rapportées, vues,
vécues. Des ragots. Des préjugés. Des faits. De la fction. Une
compote de la vie quotidienne, pour tout dire. L’auteur fait
feu de tout bois, pour amener les lecteurs à la lumière de la
réconciliation des habitants de Côte d’Ivoire, au lendemain
de la crise sociopolitique de la décennie écoulée. Que la
démocratisation incontournable des régimes ne vienne pas
remettre en cause la fraternité, l’amitié et les alliances bâties
et servies au fl des années. La recherche de la démocratie
n’est pas incompatible avec la tolérance et la cohabitation
pacifque des différences.
C’est, du moins, le message que véhicule, à sa manière,
l’ouvrage de Cheick Yvhane :
On va se réconcilier pian ! Et que rien, rien ne soit l’objet
de colère, d’énervement. Chut ! les blagues et la détente
sonnent aux portes.
Par Alfred Dan Moussa
Journaliste
Directeur de l’Institut des Sciences et Techniques
de la Communication - Côte d’Ivoire (ISTC)
Président international 2007-2010 de l’Union de la Presse Francophone (UPF).
4Côte d’Ivoire On va se reconcilier pian !
Mise en bouche
J’ai eu la chance parce que je la considère comme telle à
certains égards de naître et de vivre dix-sept-ans sans
interruption dans une cour commune typique de la
bouillonnante commune populaire d’Adjamé. Là où tout se partage
de gré ou de force. Là où l’intimité est une denrée méconnue.
Le concept de cour commune prend tout sens. Le moindre
éternuement du voisin retentit à la vitesse de la lumière dans
les cagibis attenants qui font offce de logis pour les familles
nombreuses de la cour et même au-delà.
Commérages, rivalités infondées et bagarres alimentent le
vécu quotidien du miséreux privé des distractions du temps
moderne. Il faut également conjuguer avec le manque
d’hygiène criant. La meilleure illustration reste
incontestablement les toilettes. Les habitants en surnombre doivent se
bousculer, voire se bagarrer pour occuper le WC. Inutile
de rappeler que prononcer ici les mots pot et chasse d’eau
vous ferait passer pour un extraterrestre aux yeux de vos
interlocuteurs. Ça n’existe pas ici ! Chacun, à la suite de
l’autre, vient déverser les résidus de sa digestion diffcile des
aliments de seconde zone ingurgités avec contrainte, dans
un trou à rat. À défaut de la chasse d’eau, la masse et le
volume des rejets du visiteur qui vous précède permettent
un tant soit peu d’enfoncer le disparate et multicolore
monticule malodorant qui s’est amoncelé au fur et à mesure des
allers et venues, des accroupissements et génufexions de
tous ordres des visiteurs plutôt passés maîtres dans
l’équilibrisme. Des visiteurs qui répondent présents et avec
em5Côte d’Ivoire On va se reconcilier pian !
pressement à ce rendez-vous du donner tout ce qu’on a dans
le ventre et du recevoir plein les narines les émanations qui
ne jalouseraient point l’effuve d’un cocktail Molotov. Ainsi,
pouvez-vous à votre tour vidanger sous le regard indifférent
des mouches et asticots déjà suffsamment rationnés pour
l’année. D’ailleurs, ces parasites se disputent la légitimité
d’appartenir à la grande famille commune. Car à défaut de
contribuer au loyer, ils ont au moins la décence d’aider dans
une certaine mesure à l’évacuation des matières fécales en
cas d’obstruction des canalisations. Il est en effet récurrent
que l’évacuation, en raison des canaux bouchés, s’opère
dans le sens inverse comme un retour à l’envoyeur et de la
façon la plus retentissante et méphitique qui puisse être.
Il était habituel que les habitants du quartier soient
brutalement réveillés de leur intense concentration, tard le soir, lors
des séances télé de la télévision nationale par des explosions
assourdissantes typiques d’un champ de bataille. Eh bien !
Ces explosions étaient le fait de canalisations bouchées.
Toute la rue s’en trouvait ainsi presque inondée. Inutile de
dire que durant toute une semaine, aucun parfum dernier
cri, fut-il estampillé des grands noms de l’industrie mondiale
du parfum, ne saurait débarrasser vos vêtements de
l’exhalaison putride. Ces fameuses toilettes recevaient très souvent
des visiteurs venant d’ailleurs. Justifant totalement leur
caractère public. S’il en était ainsi, c’est bien parce que nos
voisins de gauche y tenaient un semblant de “bar-restau”. Ils
y recevaient des clients de tout acabit et de divers horizons.
Point besoin de souligner que l’ébriété était la chose la
mieux partagée. Par conséquent, les toilettes devenaient
6Côte d’Ivoire On va se reconcilier pian !
1l’exutoire idéal du mélange de bière, de Tchapalo et de
2viande de … chien . Eh oui ! On en consommait là-bas.
Bien sûr, ce secret bien gardé n’était su que des habitants
de la cour. À l’extérieur, on s’adonnait plutôt à des
supputations. Mais pour nous, voisins immédiats, il ne faisait
l’ombre d’aucun doute. D’ailleurs, je me souviens comme
si c’était hier, de cet épisode traumatisant pour le très jeune
primairien que j’étais en ce temps. Un client de ce
“bar-restau” du nom de Léon avait ramené un jeune chien mâle. On
était à une semaine des fêtes de fn d’année. Il a pris soin,
avec la bénédiction de ses hôtes, d’attacher le canidé dans
un petit couloir jouxtant les toilettes. Chaque jour, en fn
d’après-midi, il s’illustrait de la plus sordide des façons pour
neutraliser l’animal. Il lui cassait une patte au moyen d’une
hache. Le visage plutôt serein, il ne se laissait aucunement
émouvoir par les cris de sa proie. Bien au contraire,
l’empressement de pouvoir enfn se délecter de sa proie
l’habitait visiblement. C’est ainsi qu’il administrera le coup fatal
le 31 décembre de cette année en brisant d’un coup sec le
crâne du mammifère. Spectacle horrible. Le chien servira de
festin du nouvel an. Le môme que j’étais en était tellement
apeuré que j’ai dû éviter pendant tout le temps de la torture
de m’aventurer vers ces toilettes, trouvant d’autres moyens
pour satisfaire mes besoins naturels.
À mon très jeune âge, avant de bénéfcier du ‘’privilège’’ de
me soulager comme un grand dans les toilettes, j’avais
plu3tôt recours au Kouraba . Comme tous mes amis d’enfance
d’ailleurs. Il arrivait qu’on s’y rende tous à la queue leu leu.
1- Boisson alcoolisée traditionnelle préparée à partir du sorgho
2- Manger la viande de chien est très mal vu en Côte d’Ivoire

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