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Français
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2022
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Publié par
Date de parution
17 janvier 2022
Nombre de lectures
0
EAN13
9782760645158
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
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17 janvier 2022
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9782760645158
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Sous la direction de Stéphane Paquin et X. Hubert Rioux
LA RÉVOLUTION TRANQUILLE 60 ANS APRÈS
Rétrospective et avenir
Les Presses de l’Université de Montréal
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada Titre: La Révolution tranquille 60 ans après: rétrospective et avenir / sous la direction de Stéphane Paquin, X. Hubert Rioux. Autres titres: Le modèle québécois de gouvernance soixante ans après la Révolution tranquille Noms: Paquin, Stéphane, 1973- éditeur intellectuel. | Rioux, X. Hubert, 1988- éditeur intellectuel. Collections: PUM. Description: Mention de collection: Collection PUM | Comprend des références bibliographiques. Identifiants: Canadiana (livre imprimé) 20210063785 | Canadiana (livre numérique) 20210063793 | ISBN 9782760645134 | ISBN 9782760645141 (PDF) | ISBN 9782760645158 (EPUB) Vedettes-matière: RVM: Québec (Province)—Administration. | RVM: Québec (Province)—Politique et gouvernement—1960- Classification: LCC JL250.M63 2021 | CDD 351.714—dc23 Mise en pages: Folio infographie Dépôt légal: 1 er trimestre 2022 Bibliothèque et Archives nationales du Québec © Les Presses de l’Université de Montréal, 2022 www.pum.umontreal.ca Les Presses de l’Université de Montréal remercient son soutien financier la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).
Introduction
Stéphane Paquin et X. Hubert Rioux
Jusqu’au milieu des années 2000, on ne comptait plus le nombre de publications portant sur le «modèle québécois» de gouvernance, dont l’apparition remonterait à la Révolution tranquille, dans les années 1960. En 2005, Louis Côté et ses collègues ont recensé plus de 200 publications sur le sujet. La signification même de ce qu’est le modèle québécois demeure d’ailleurs objet de discussions; le premier chapitre de cet ouvrage en fait état. Pour certains, le modèle québécois renvoie au fait que l’État québécois serait plus interventionniste que le gouvernement de l’Ontario, par exemple. Pierre Fortin, Louis Côté, Guy Lachapelle et Luc Godbout ont proposé des analyses selon cette optique. Pour d’autres, comme Gilles L. Bourque, Benoît Lévesque, Yves Vaillancourt ou encore Louis Favreau, c’est la participation de la société civile dans la gouvernance publique qui représente le cœur de ce modèle. Pour d’autres encore, comme Yves Bélanger ou X. Hubert Rioux, le modèle québécois est dans une certaine mesure un synonyme du «Québec inc.», c’est-à-dire un modèle axé sur la concertation entre les grands acteurs économiques et le gouvernement, qui vise à favoriser la croissance économique au Québec et la propriété francophone des entreprises. D’un point de vue critique, certains auteurs, tels Marcel Boyer, Jean-Luc Migué et Gilles Paquet, ont plutôt insisté sur les échecs bureaucratiques et fiscaux du modèle québécois, alors que d’autres encore se sont posés en défenseurs des vertus économiques et sociales de ce modèle, que ce soit Pierre Fortin, Nicolas Marceau ou encore Alain Noël.
Peut-on toujours, plus de 60 ans après la Révolution tranquille, parler d’un tel «modèle québécois»? Contrairement aux appréhensions de nombreux chercheurs dans les années 1990, le modèle québécois n’a pas été la victime collatérale d’un «vent de droite qui provient de l’Ouest», pour reprendre les mots de Lucien Bouchard lors de la campagne référendaire de 1995, malgré quelques reculs à la marge. S’il est vrai que ce même Lucien Bouchard a été l’architecte du redressement des finances publiques – le fameux «déficit zéro» – ayant imposé de lourds sacrifices à la fonction publique dans la seconde moitié des années 1990, son gouvernement a également été à l’origine de la création de nombreux programmes sociaux et économiques structurants qui ont eu des effets positifs dont on ne prend qu’aujourd’hui la pleine mesure. Ainsi, contrairement aux pires scénarios anticipés, le modèle économique québécois n’a pas disparu après les années Bouchard, Landry, Charest ou même Couillard; bien au contraire.
En effet, plutôt que de s’aligner sur la norme (néo)libérale canadienne ou encore nord-américaine, une crainte qu’exprimaient les opposants au libre-échange avec les États-Unis comme au «déficit zéro» dans les années 1990, le modèle québécois s’est affirmé et différencié encore davantage à partir de la seconde moitié des années 1990, avec l’implantation de plusieurs programmes sociaux d’importance, notamment en matière de petite enfance, d’égalité entre les hommes et les femmes, d’assurance médicament, etc. On peut en dire autant, d’ailleurs, du développement économique considérant la création, entre autres, de Fondaction, d’Investissement Québec, de Capital régional et coopératif Desjardins, des Fonds régionaux et locaux de solidarité, du Fonds d’investissement pour la relève agricole, et ainsi de suite.
Le gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ), élu à l’automne 2018 et ayant évidemment traversé une période de turbulences extrêmes dès sa deuxième année au pouvoir en raison de la pandémie de COVID-19, a investi lui aussi assez massivement dans la petite enfance, dans les maisons des aînés, puis dans la finance entrepreneuriale et le développement économique, tout au contraire des tendances canadienne et nord-américaine où l’État-providence et l’État-stratège demeurent peu (voire de moins en moins) financés comparativement au Québec. De plus, contrairement aux appréhensions de plusieurs, le modèle québécois a survécu à la marginalisation relative de la question nationale et au déclin électoral du Parti québécois (PQ). Il a ainsi résisté au déclin de son principal promoteur depuis les années 1970 et a même été enrichi de réformes et d’initiatives engagées par le Parti libéral du Québec (PLQ) entre 2003 et 2018, telles que les congés parentaux, sur le plan social, ou la capitalisation d’une foule de nouveaux fonds d’investissement publics ou soutenus par l’État, sur le plan économique.
L’objet de cet ouvrage collectif est ainsi de faire le bilan nuancé de l’évolution du modèle québécois de gouvernance depuis la Révolution tranquille, d’en présenter les principales caractéristiques actuelles (tableau I.1), mais également d’analyser les défis auxquels il fait face à court et à moyen terme, puis de proposer certaines voies d’avenir. Dans un premier temps, Stéphane Paquin reconstitue et analyse l’histoire du modèle québécois depuis la Révolution tranquille. D’après lui, le Québec s’est effectivement doté, à l’époque de la Révolution tranquille, d’un modèle de développement économique et social unique qui ne suit pas les logiques libérales du «modèle canadien». Le modèle économique québécois s’est composé et recomposé depuis la Révolution tranquille, mais, plutôt que de s’aligner sur la norme libérale canadienne, il s’en est au contraire émancipé toujours davantage. Le modèle québécois, 60 ans après la Révolution tranquille, se caractérise encore par une plus grande intervention de l’État dans l’économie qu’ailleurs au Canada, par des programmes sociaux mieux financés, par une redistribution de la richesse plus importante et par une concertation sociale beaucoup plus développée entre l’État, les syndicats, la communauté d’affaires, le secteur financier et la société civile.
Dans un deuxième temps, Luc Bernier et Daniel Latouche proposent une lecture de l’histoire récente (et future) de l’État québécois en retraçant l’évolution de ses formes. Bernier et Latouche rappellent d’abord que la Révolution tranquille a surtout été une entreprise de construction étatique, l’utilisation initiale du concept d’«État du Québec» lui-même remontant à 1961 et reflétant la motivation première des réformateurs d’alors, soit la mise en place d’un appareil gouvernemental fort et propre aux Québécois. Cet État, à la source des avancées majeures du Québec en matière de politiques publiques depuis les années 1960, aura traversé deux phases principales: une phase de «rattrapage», qui s’est étirée de 1960 à 1985 et en a établi les bases fiscales, financières, industrielles, bureaucratiques, territoriales et «régaliennes»; puis une phase de «correction» qui, depuis 1985, a vu se succéder des tentatives de libéralisation et de contraction de l’appareil étatique qui se sont soldées par quelques «ajustements» relativement marginaux, laissant subsister un modèle québécois fort et protecteur, redécouvert dans la foulée de la crise sanitaire de la COVID-19.
Dans le troisième chapitre, Pierre Fortin propose une évaluation des contributions à la modernisation économique et sociale du Québec, à partir de 12 indicateurs clés et d’une comparaison systématique avec l’Ontario. Pour ces 12 indicateurs – éducation, emploi, chômage, niveau de vie, climat social, rémunération, productivité, langue, propriété des entreprises, inégalités, endettement et «bonheur» –, Fortin montre que le Québec a, depuis les années 1960 et à quelques exceptions près, soit rattrapé les niveaux ontariens, soit surpassé l’Ontario grâce à ses choix distincts en matière de politiques publiques. Alors que les Québécois se disaient généralement moins «heureux» que les Ontariens jusqu’au début des années 2000, ils se classent aujourd’hui au deuxième rang des peuples les plus heureux, tout juste derrière les Danois. Cela s’explique notamment, avance Fortin, par des taux d’éducation, d’emploi (notamment féminin), de chômage, de niveau de vie, de rémunération et d’inégalité en très nette amélioration depuis les années 1990, grâce aux politiques économiques, fiscales, sociales et familiales caractérisant le modèle québécois.
Ce modèle est-il financièrement et fiscalement viable? C’est la question à laquelle répondent Luc Godbout et Michaël Robert-Angers dans le quatrième chapitre. Comme le rappellent les deux spécialistes des finances publiques, le développement de l’État-providence,