Les Egocrates : Nous sommes gouvernés par leurs vanités , livre ebook

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Les Egocrates : Nous sommes gouvernés par leurs vanités
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Publié par

Date de parution

01 janvier 2021

Nombre de lectures

4

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

Sénégalaiseries et autres complications pour se simplifier la vie
Les Egocrates Nous sommes gouvernés par leurs vanités
1
2
Sommaire Préface La décennie des égocrates Macky Sall, la vengeance haalpulaar…Il sera une fois, Abdoul et Macky Il était une fois, la vie après le Palais Dans les cercles des politiciens disparus, bientôt, le spleen P’tits meurtres en familleMon Dieu, protégez Macky Quatre de ses amis Demain, les audits, faut déjà y penser Quelques secteurs qui vont faire du chiffre d’affairesLe Sénégal du jour d’après, on y est déjàUne révolution si tranquille Pour le répertoire des nouveaux riches…Colette, Elisabeth et Viviane La guerre des deux mondes Y’en a marre de la république du …mbalakhLe Père Wade, le Sopi et les outrages du temps Baldé vote Macky Quatre…Alternance, le touchant tableau de famille…Le Père Wade face à lui-même Senghoriens, senghoristes et senghorisants 1962-2012: Wade, Senghor et Dia…Iba Der Thiam, Djibo Kâ et compagnie Karim am ndèye ak Baldé amoul ndèye Karim Wade, successeur embusqué Youssou Ndour: du gendre ideal à l’opposant énervéIdrissa Seck, la monstrueuse créature du professeur Wade Cheikh Bamba Dièye, l’indigné suprêmeLa présidentielle vire à la bagarre de robinet Idrissa Seck, Ousmane Ngom, si la hainem’était contéeLe spectacle en queue de peloton Le beau voyaged’Alioune Tine, exilé politique au Burkina FasoLe tiercé libéral n’est plus ce qu’il étaitUn deuxième tour et puis s’en vaDeuxième tour : le Père Wade, premier électeur de Macky Quatre Le Père Wade à l’épreuve de l’ingratitudePetit pèlerinage au cimetière des illusions Parti socialiste : la drôle de sauce ou mijote Ousmane Tanor Dieng 2019, les promesses d’une présidentiellemouvementée La canne, la bague, les Thiantacounes…Le Père Wade refuse la retraite Postface
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La décennie deségocratesLa candidature de Diouma Diakhaté finit de me convaincre : nous sommes en pleineégocratie, cette époque du people-roi, dont le baromètre demeure la célébrité, et que le président Wade inaugure par son sacre le 19 mars 2000. Youssou Ndour a raison de s’énerverlorsque le Conseil constitutionnel invalide sa candidature à la présidentielle de 2012 : à ce jeu-là, il détient une chaire de professeur…Laye Wade a beau être le plus diplômé de Casablanca auCap, si les Sénégalais l’élisent au début de ce millénaire, c’est bien parce que de tous les candidats,il est le plus peuple… Il lui faut fairedu chemin, au professeur Wade, pour en arriver là. Depuis l’ère de Senghor qui le raille, pour lequel les critères d’excellence tournent autour de l’instruction, de la Culture (remarquez la majuscule), des bonnes manières. Leurs corollaires? La rigueur, la méthode et l’organisation. C’est ça, le Sénégal des années soixante et soixante-dix, qui plébiscite un agrégé de grammaire un peu politicien à ses heures perdues. Ce singulier pays
des Wolofs musulmans, qui ne remarque même pas qu’il adule un Sérère catholique. Parce que les valeurs-refuges de l’époque sont la connaissance et la courtoisie que la colonisation nous a léguées. Je vous parle d’un temps, dirait le chanteur, où l’école coranique ne transforme pas le petit talibé en machine à sous ambulante plutôt qu’en puits de sagesse. Les arts populaires n’y prospèrent pas… Footballeurs, lutteurs et chanteurs dendawrabineont beau faire le bonheur du petit peuple, ils restent confinés dans le ghetto des Sénégalais de modestes conditions. Pour percer, il faut avoir fait des études. Seuls les arts élitistes ont droit de cité : écrivains, peintres, dramaturges, sculpteurs, cinéastes, musiciens traditionnels et chorégraphes sont financés à perte et reçus avec égards au Palais. Quand des invités de prestige mondial sont sous nos cieux, c’est avec Younousse Sèye, Ibou Diouf, Germaine Acogny et Doudou Ndiaye Coumba Rose qu’ils sont reçus. Athlètes, basketteurs, handballeurs, ne sont pas encore les parents pauvres du ministère des Sports. Ndew Niang inspire même un poème à Senghor, après un sprint héroïque, un après-midi de championnats d’Afrique…La regrettée Adji Arame Diène a beau être un poids lourd de l’Ups, elle ne figure jamais sur la liste des députables avant que Senghor ne se retire de la vie politique. Son handicap insurmontable: elle ne s’est pas instruite à l’école française, crime abominable à l’époque. La célébrité n’y fait rien, chacun est tenu de rester à sa place. C’est peut-être ça, l’organisation et la méthode… Le président poète Léopold Sédar Senghor préfère confier le pays au placide administrateur Abdou Diouf, lequeln’a pas une tête à déchaîner des passions, plutôt qu’à un Babacar Bâ, enfant chéri du bassin arachidier, dont la cote d’amour crève les 4
plafonds. Un administrateur austère plutôt qu’une star de la prodigalité. Dans l’arène politique, ce sont les idées qui s’affrontent: Cheikh Anta face à Senghor, c’est l’Egypte face à la Grèce,«siggi»or not«sigi»Avec les décennies quatre-vingts et quatre-vingt dix, sous les mandatures d’Abdou Diouf, les valeurs-refuges muent. Les financiers s’ennoblissent et l’argent prend le pouvoir. Sur la principale avenue de Dakar, William Ponty devenue Georges Pompidou, quatre librairies cèdent la place à des fast-foods, des boutiques de mode, des agences de voyage. Les cinémas disparaissent, la chaussée est occupée par les vendeurs à la criée que personne n’ose plus déloger alors qu’ils prennent leurs aises sur les capots des véhicules garés au petit bonheur la chance. Les nouvelles idoles? Ndiouga Kébé, Djily Mbaye, Tamsir Mboup sont en haut de l’affiche… Des risque-tout revenus de leurs pérégrinations, des diamants plein les poches. Sous Senghor, ils sont toisés avec commisération ; avec Abdou Diouf, ils font le gotha. Les lourdes tentures de Sorano retentissent des chants à la gloire de leurs compagnes,«Liti-liti, naar’ou Fatou Cissé, lou la doy, doy na ma»,s’embrase alors Ndèye Mbaye«Djigne-ma»pour Marième Dieng Salla, la célébrissime épouse du …richissime marabout diamantaire Ndiouga Kébé. Depuis les grands-places, de vénérables griots dispensent les anecdotes qui font la légende. Les nègres ont enfin accès aux quartiers chics réservés jusque-là aux héritiers de la Coloniale : le Point E, Fann Résidence, les Almadies sont pris d’assaut… Quelle tristesse : l’élite perd ses privilèges, tandis que la crème du Sénégal retourne à ses racines profondes et largue ses bonnes manières de colonisés fraîchement émancipés. Parler français avec l’accent parisien devient ridicule, le verre de vin à table, sacrilège. Lekhaftanedu vendredi est du dernier chic. Qu’importe, tant qu’on a de l’argent et que le tout-Dakar s’extasie de vos extravagances. C’est dans pareil contexte que ce drôle de politicien avec la boule à zéro, Laye Wade de son nom de guerre, réinvente l’art de la politique. Ses lieutenants du début, Fara Ndiaye, Serigne Diop, Doudou Ndoye et compagnie, intellectuels très classe, soucieux d’élégance idéologique, ne font plus l’affaire. Désormais, il faut s’investir dans la bagarre de borne-fontaine, le kilo de riz à quarante francs, la Mercedes bleu pétrole décapotable, le slogan à deux balles, la fureur de sans-culotte. Qu’importent le sujet et la manière, politique
ou faits divers, il fait la«une»des journaux. Face à lui, l’interminable Abdou Diouf ne sait même pas comment formuler une promesse sans lendemain. Ça le coulera… Le 19 mars 2000, le populisme facile triomphe. Dans l’opinion, le ton est donné: qu’importe la manière, il faut occuper le devant de la scène. Pendant que l’enseignement périclite inexorablement, les arts et sports populaires prennent leur revanche : pour arroser l’alternance, overdose de mbalakh, de foot et de lutte. En guise d’intellectuels, outre les marchands d’au-delà qui vous vendent du 5
paradis comme unbana-banavous fourgue dufeug-diaye, ça dénombre quelqueséditocratesà la désinvolture empruntée, lesquels virevoltent des colonnes des journaux aux micros des stations Fm avant de terminer la semaine devant les caméras du petit écran. Qu’importent le sujet et les âneries à débiter, l’important est d’être là…Voilà doncl’égocratieextravagante qui nous gouverne une décennie durant, l’œil rivé sur le nombril, obsédée du miroir, de la photo comme de la caméra, de sa teinte de cheveux, du potin d’épousailles autant que du ragot de funérailles… Dans les derniers cercles où il faut causer, ça s’appellera l’Alternance.
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Macky Sall : la vengeance halpulaar est un plat diola qui se mange en pays sérère Macky Sall, le martyr du népotisme wadien sait-il de quelles félonies il se fait le vengeur, lorsqu’il se tient par-dessus la marée humaine qui le plébiscite en pays halpulaar depuis le début de la campagne? A l’heure des bilans, les Sénégalais retiendront de l’Alternance, sortis des ponts, des routes, des cases des tout-petits, de la statue de la Renaissance africaine et de l’épopée des Lions en 2002, un messianisme décadent qui étale sa préférence ethnique et confrérique avec une agaçante impudence. Un pays outrancièrement wolof et mouride dont l’impérialisme condescendant cannibalise tout sur son passage.La fin de l’ère senghorienne est le signal de l’assaut lancé par cette société quasi secrète, persuadée de sa pathétique supériorité et armée de sa déraison péremptoire, qui bataille avec ses impérities affligeantes et ses ténébreux non-dits. Ce Sénégal qui décrète Lat-Dior héros national en se rengorgeant des quatre touffes de Kotch Barma, signe aussi le règne des intrépides Baol-Baol, Saloum-Saloum et Ndiambour-Ndiambour lesquels, lorsqu’ils ne partent pas à la conquête du vaste monde, envahissent de leurs petits commerces les grandes avenues de Dakar alors que les toubabs et les Libano-syriens de William Ponty sont tenus de leur faire un peu de place. C’est ainsi que ce pays recroquevillé sur ses petits plaisirs dakarois devient le royaume du mbalakh de Youssou Ndour et Omar Pène, dessambay-mbayaanede Médina Sabakh et n’entendplus les longs hurlements du pays diola, sérère ou halpulaar, ce Sénégal profond qui n’en peut plus de se sentir exclu. Le talent et l’aura internationale de Baba Maal n’y feront rien, et Yandé Codou Sène est vite supplantée par Khar Mbaye Madiaga au terme d’un soir d’interminables balancements de bras entre les vice-rois Robert Diouf et Double Less. Lorsque l’exaspération de la Casamance éclate au début des années quatre-vingts, personne ne doute qu’on le doit également au spectacle insupportable de ses enfants confinés dans le ghetto du personnel domestique des élégantes de Dakar. Lorsque vient le règne de Double Less dans l’arène et du Casa-Sport dans les stades, leurs victoires ne sont jamais acceptées qu’avec une mauvaise foi qui décuple les fâcheries. Les princes des stades sont dakarois, les Jaraaf du foot, et le roi de l’arène, quoi qu’on en dise, reste le Tigre de Fass.
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L’agacement de la société sérère est moins virulent. Elle garde jalousement le culte impérissable de son enfant prodige, LéopoldSédar Senghor, le père mythique de notre République qui plane pour l’éternité dans notre imaginaire collectif. Ça apaise les créatures de Roog Sèn devant le spectacle poignant de sa horde d’adolescentes sérères parquées comme du bétail en périphérie de lacivilisationégocratique, et qui s’échinent à la conquête de leur citoyenneté orpheline : leur père les ignore, leur mère lesvend, leur patron les tripote, leur marabout les violeLe Sine-Saloum se frustre en secret de la haute société dakaroise qui ricane au passage de ces nunuches surgies de ses entrailles,avides d’urbanités,bridées dans des jeans surmontés de«près-du-corps», le sein révulsé, la fesse insolente. Lorsque Mohamed Ndao Tyson chipe à Tapha Guèye l’héritagede Mbaye Guèye au rythme dessabarsdu Saloum sous la baguette de Bakane Seck, ce n’est pas seulement le début d’une nouvelle ère pour le monde coloré de la lutte : il est le symbole de la société sérère qui réclame à la République wolofe le tribut de ses négligences. Le héros de Ndangane porte cette revendication culturelle d’un pays oublié depuis que Senghor est parti, remplacé par deux fils du Ndiambour à la suite, Abdou Diouf et Abdoulaye Wade. Dernière conquête: Gris Bordeaux plante l’étendard du pays sérère qui flotte par-dessusl’écurie de Fass, le dernier bastion wolof à résister alors dans l’arène.Ce n’est pas un hasard si le cousinage à plaisanterie forme un triangle sectaire: les Diolas, les Sérères et les Halpulaaren restent entre eux. Macky Sall, l’enfant du pays sérère est tout de même ce Halpulaar qui n’arrive pas à se consoler de ses épopées que le Sénégal moderne lui vole: l’agacement de contempler le flambeau tidiane des descendants d’Oumar Foutyou Tall qui rayonne au cœur du Cayor, à Tivaouane, s’ajoute à l’amnésie des actes fondateurs de la République de Mamadou Dia frappés d’une ingrate omerta.Les 35% de Wolofs font presque oublier le poids des 25% de Sérères, et les 15% de Halpulaaren qui viennent s’ajouter aux 9% de Diolas et toutes les autres minorités quela République du Sénégal oublie de célébrer et d’honorer depuis trente ans.Si le Sine se réveille avec l’espoir d’installer son fils d’adoption au Palais de Léopold Sédar Senghor, il pourra aussi compter sur tous les enfants de Casamance, lesquels se rappellent encore l’injustice permanente faite à Marcel Bassène de même qu’à Laye Diop Diatta et perçoivent comme l’affront de trop l’ultime humiliation subie par Abdoulaye Baldé devant les siens à Ziguinchor en pleine présidentielle. Vous appelez ça vote …ethnique ?
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Il sera une fois, Abdoulet Macky…L’austérité et la sobriété selon Macky Quatre, il faudrait les enseigner dans les grandes écoles de diplomatie: vous savez bien, dans ces cercles cossus, les mots n’expriment jamais exactement ce qu’on croit…Premier impair : dès son élection, le tout nouvel élu déserte son domicile et prend ses quartiers au très bling-bling Radisson Blu. Cette petite gâterie ne suffit manifestement à son bonheur. Pour sa prestation de serment, il frappe encore plus fort dans le portemonnaie du contribuable: c’est le Méridien Président qu’il envahit. Quant à ces pauvres Sénégalais qui le portent au pouvoiren avalant de la poussière dans les bleds les plus reculés, ils peuvent s’estimer heureux de suivre la cérémonie à la télé. Macky Quatre choisit de s’enfermer avec des jet-setteurs venus des quatre coins de la planète pour jurer servir les veuves et orphelins, dont lui-même en premier, à n’en pas douter.
Outre quelques officiels des pays voisins et le regroupement de ses alliés de la dernière ligne droite, ça remarque dans la foule le chanteur Akon, le footeux El Hadj Diouf, les journalistes-vedettes Souleymane Jules Diop, Cheikh Yérim Seck et El Malick Seck, l’épouse de Samuel Eto’o… Les costumes sont neufs, les cravates nouées, les godasses lustrées et les parfums chers. Macky Sall, manifestement, a besoin que ça scintille autour de lui. Compense-t-il quelque complexe d’infériorité que lui collent ses origines modestes? Il nous annonce d’entrée son goût prononcé pour le luxe clinquant. Lui, c’est le fils du gardien et de la vendeuse de cacahuètes, on le lui rabâche tout ce temps. Dans le monde où ça grandit, ce genre d’enfant est à peine toléré… Pour rester exceptionnellement regarder la télé chez les riches, le soir, c’est par terre qu’ilfauts’accroupir. A l’occasion, on lui distribuera par charité une tranche d’orange, quand les moutards de la maîtresse de maison commencent à en jeter par terre, histoire de leur apprendre jusqu’à quel point ils peuvent remercier le bonDieu. Lui, doit être reconnaissant au sort quand, parfois, pioché dans un tas de chiffons chez le fripier, ça dégote un tee-shirt passablement élimé qui peut quand même aller à l’école. Les bonnes manières ne sont pas vraiment les priorités à lui inculquer, il n’en aura pas besoin: rien n’indique qu’ildevras’en servir dans le grand monde.Ça se programme surtout à courber la tête et obéir en silence. Au besoin, des coups de pieds dans l’arrière-train le lui rappellent. La route doit être bien longue, et l’escalade pénible, pour arriver au sommet. Macky y est, là. Il se surprend même à marmonner un serment devant la crème du pays, lui et son embonpoint, un tantinet pataud, coincé dans un costume trop étroit. Pour affronter le grand monde, il lui faut sedégrossir, s’ennoblir, fréquenter de la dentelle, des paillettes et du strass, histoire d’oublier les angoisses congénitales.9
Est-ce donc pour cela qu’il va nous chercher comme Premier ministre Abdoul Mbaye? Le profil s’y prête: le panache de sa saga,le port altier, le timbre cristallin de la diction impeccable, le trait racé… Un authentiquedoom’ou madame,fils de famille précieux que la jeunesse dorée dakaroise reconnait de longue date comme un de ses commandeurs.C’estdonc cela, le cercle de ces privilégiés que le p’tit Macky Machin observe de loin dans sa rude enfance. De quoi rêve le fils des gens de peualors qu’ilcroise tous ces enfants gâtés par le sort, qui ontde l’argent de poche à ne savoir qu’en faire, passent leurs vacances à Paris ou Las Palmas, sont fringués chic et cher, roulent à tombeau ouvert en bécane, une midinette enlacée à leur cou ? Fallait bien que le code électoral du Père Kéba Mbaye profite un jour aux siens. C’est finalement son fils aîné,l’impavide Abdoul Mbaye, qui décroche le jackpot. Le légataire del’augustejuge est un chef né, un premier de la classe… Il mène à la baguette ses frères et sœurs chez lui; il est sans doute le bélier du troupeau des copains de leur folle adolescence ; et, très tôt, il devient le patron au travail. Commander, il ne fait que ça toute sa vie. Raison pour laquelle il rend le tablier d’Attijari Bank dès que les actionnaires
décident de le ramener à un rôle de subalterne.C’estdonc sur lui que Macky Sall jette son dévolu pour le
poste de Premier ministre qui tient en haleine nos quatorze millions de présidents sénégalais. Personne ne le voit venir et c’est dans le style du bonhomme. Non pas qu’il rase les murs, mais ce n’est pas chez lui qu’il faut se rendre pour découvrir le dernier bolide à fairerêver le gotha mondial. S’il fait la une des journaux de temps à autre, depuis tout le temps qu’il redresse des banques en perdition, c’est bien à son corps défendant. Quelques clients furax le pendraient sans doute haut et court, parce qu’ils n’ont plus que leurs yeux pour pleurer…Chirurgien consciencieux, tueur froid ? Macky Sall, à n’en pas douter, a bien besoin d’un Abdoul Mbayepour se décharger de la pression ambiante; là, un peu à la manière d’Idrissa Seck qui nous appâte avec Léna Sène, il nous le jette en pâture, histoire de transférer une part des responsabilités manifestement trop angoissantes pour sa p’tite personne. Plus apte à obéir qu’àcommander, Macky Quatre va bientôt se laisser fasciner par la classe et la compétence de son Premier ministre au point de s’en remettre à son avis même pour aller au petit coin…Et puis viendra le temps des frustrations, alorsque dans l’opinionles flagorneurs préfèrent faire l’éloge d’Abdoul Mbaye plutôt que de Macky Sall,tandis que dans les milieux diplomatiques et les cercles chics, le petit monde des snobinards préfère dîner en compagnie du Premier ministre qui, lui, ne se trompe pas de couverts, se tient droit, cause arts, spiritualités ou finances avec une égale assurance. Les meilleures choses ont une fin. Son Excellence Macky Quatre commencera par rappeler à ce prétentieux, publiquement,que c’est lui lePrésident que les Sénégalais plébiscitent le 25 mars 2012. Ensuite, Son 10
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