POLITIQUE AFRICAINE n° 104 - décembre 2006 - Partis politiques d’Afrique : retours sur un objet délaissé , livre ebook

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Date de parution

01 décembre 2006

Nombre de lectures

0

EAN13

9782845868618

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

POLITIQUE AFRICAINE
P artis politiques d’Afrique Retours sur un objet délaissé
Le Sénégal à la croisée des chemins
Côte d’Ivoire : paroles du “parlement” de Yopougon
104
n° 104 - décembre 2006 trimestriel
p o l i t i q u e a f r i c a i n e
Partis politiques d’Afrique : retours sur un objet délaissé
Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 Paris
politique africaine Rédaction Centre d’étude d’Afrique noire - Institut d’études politiques de Bordeaux Domaine universitaire 11, allée Ausone - 33607 Pessac cedex Tél. : 05 56 84 82 28/18 Fax : 05 56 84 68 44 e-mailpolitique-africaine@sciencespobordeaux.fr site Internetwww.politique-africaine.com La Revue des livres continue d’être éditée au secrétariat parisien de la revue. Les livres pour compte-rendu doivent être envoyés à l’adresse suivante : Politique africaine, CEMAf, 9 rue Malher, 75004 Paris. Directeur de la publicationRichard Banégas Rédacteur en chefVincent Foucher Rédactrice en chef adjointeChristine Deslaurier Comité de lectureMyriam Catusse, Francesca Declich, Dominique Malaquais, Ruth Marshall-Fratani, Kathryn Nwajiaku, Thomas Osmond, Benjamin Soares RédactionJean-Hervé Jézéquel, Frédéric Le Marcis, Didier Péclard, Sandrine Perrot Secrétaires de rédactionMarie-Françoise Palueau, Jacqueline Vivès Assistante de rédactionSylvie Causse-Fowler La revuepolitique africaineest publiée par l’Association des cher-cheurs de politique africaine (président Richard Banégas ; trésorière Céline Thiriot). Avec le soutien du CEMAf»d’études des mondes africains « Centre (CNRS, Université Paris 1, Université de Provence, EPHE), du Centre d’études et de recherches internationales (Fondation nationale des sciences politiques), du Centre d’étude d’Afrique noire (Institut d’études politiques de Bordeaux), de l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et de l’Afrika-Studiecentrum de Leiden (Pays-Bas). Avec le concours du Centre national de la recherche scientifique et du Centre national du livre. politique africaineest une revue à comité de lecture. Elle évalue aussi les textes rédigés en anglais, en espagnol et en portugais. Les opinions émises n’engagent que leurs auteurs. La revue n’est pas responsable des manuscrits qui lui sont confiés et se réserve le droit de modifier les articles pour des raisons éditoriales.
Édition, ventes et abonnements Karthala, 22-24, boulevard Arago, 75013 Paris Tél. : 01 43 31 15 59 Fax : 01 45 35 27 05 e-mailkarthala@wanadoo.frsite Internetwww.karthala.com Bulletin d’abonnement et bon de commande en fin d’ouvrage Prix au numéro : 19Commission paritaire n° 0509 T 84879
© Éditions KARTHALA, 2006 Conception graphiqueGhislaine Garcin PHOTO DE COUVERTURE : MEETING DU MOUVEMENT NATIONAL POUR LA SOCIÉTÉ DU DÉVELOPPEMENT, LE PARTI DU PRÉSIDENT TANJA, TILLABERY, NIGER, OCTOBRE 2004 © JUAN GARRIGUES/VIRGINIE BAUDAIS.
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Politique africaine
n° 104 - décembre 2006
le Dossier Partis politiques d’Afrique : retours sur un objet délaissé
Pour une réhabilitation de l’analyse des partis en Afrique Mamoudou Gazibo Comprendre les partis et les systèmes de partis africains : entre modèles et recherches empiriques Giovanni M. Carbone La connexion entre les partis et les électeurs en Afrique : le cas ghanéen Anja Osei Les partis politiques et l’« indépendance partisane » d’Amadou Toumani Touré Virginie Baudais et Grégory Chauzal Les avatars de l’African National Congress Youth League. L’invention d’une organisation politique de jeunesse sud-africaine (1987-2006) Raphaël Botiveau
Conjoncture Le Sénégal à la croisée des chemins Momar-Coumba Diop Le journaliste, le président et les libraires. La difficile critique du Sénégal de Wade Un entretien avec Abdou Latif Coulibaly par Jean Copans
Magazine La France et l’Onu devant le « parlement » de Yopougon. Paroles de « jeunes patriotes » et régimes de vérité à Abidjan Richard Banégas
Lectures Autour d’un livre.Le Souverain moderne. Le corps du pouvoir en Afrique centrale (Congo, Gabon), de Joseph Tonda, discuté par Florence Bernault, Danielle de Lame et Jean-Pierre Warnier.
La revue des livres La revue des revues
Abstracts
LEDOSSIER
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Partis politiques d’Afrique : retours sur un objet délaissé
Coordonné par Mamoudou Gazibo
Introduction au thème
Pour une réhabilitation de l’analyse des partis en Afrique
I l y a huit ans,Politique africaineconsacrait son numéro 69 aux élections en Afrique. La principale question soulevée alors était d’ordre épistémologique, puisqu’il s’agissait de savoir si l’on pouvait étudier les élections africaines « comme les autres ». L’époque était aux tentatives de démocratisation partout sur le continent, et l’étude des élections aurait dû être indissociable de celle des partis politiques, ces derniers étant les principaux acteurs de la nouvelle scène politique. Pourtant, si, à la faveur du pluralisme retrouvé, il y a bien 1 eu de nouveaux travaux sur les partis politiques en Afrique , les déficits 2 signalés par Buijtenhuis et Thiriot dès 1995 n’ont toujours pas été comblés . Cette situation est paradoxale lorsqu’on sait que, depuis une quinzaine d’années, la science politique africaniste a été dominée par l’étude de la démo-cratisation et par la transitologie, qui est devenue un sous-champ à part entière de la science politique. Ces analyses ont généralement adopté une perspective
1. Voir la liste d’études par pays pour la période 1992-1995 dans R. Buijtenhuis et C. Thiriot, Démocratisation en Afrique au sud du Sahara, 1992-1995 : un bilan de la littérature, Leiden, Bordeaux, Centre d’étude d’Afrique noire, 1995. Pour des travaux comparatifs plus récents, voir M. A. Mohamed Salih,African Political Parties : Evolution, Institutionalism and Governance, Londres, Pluto Press, 2003 ; et E. H. O. Diop,Partis politiques et processus de transition démocratique en Afrique noire. Recherches sur les enjeux juridiques et sociologiques du multipartisme dans quelques pays de l’espace francophone, Paris, EPU, 2006. 2. R. Buijtenhuis et C. Thiriot,Démocratisation en Afrique au sud du Sahara…, op. cit., p. 43.
LEDOSSIER 6: retours sur un objet délaisséPartis politiques d’Afrique
minimaliste, centrée sur le respect des procédures, notamment les élections 3 libres et transparentes . Or, comme on le sait, « sans partis politiques, pas 4 d’élections pluralistes » . Dans cette introduction, il s’agit d’abord de com-prendre les raisons de la négligence dont l’étude des partis a fait l’objet ; ensuite, de poser quelques repères pour une « réhabilitation » de l’analyse des partis en Afrique. Nous discuterons enfin brièvement des leçons tirées de l’analyse des partis, des pistes de recherche potentielles et de celles empruntées par les contributions réunies dans ce numéro.
Expliquer et reconsidérer la méfiance à l’égard de l’étude des partis en Afrique
Les partis politiques ont attiré périodiquement l’attention des africanistes 5 depuis les indépendances , mais occupent au total peu de place dans la littérature. Au moins trois types de facteurs peuvent être invoqués pour expli-quer cette situation. D’abord, pour indispensables qu’ils soient en démocratie, il semble que les partis politiques aient toujours suscité de la méfiance, y compris dans les grandes démocraties occidentales où ils ont vu le jour sous 6 7 la forme qu’on leur connaît actuellement . Entrés en scène, selon Max Weber , en tant qu’« enfants du suffrage universel », nés de « la nécessité de recruter et d’organiser les masses » ils ont été vus comme des perturbateurs de l’ordre séculaire des notables. Devenus des organisations permanentes, structurées et hiérarchisées afin d’animer le fonctionnement des démocraties, ils n’ont pas échappé à la loi d’airain décrite par Roberto Michels en vertu de laquelle « qui dit organisation, dit oligarchie », c’est-à-dire la domination d’une mino-8 rité de politiciens professionnels au détriment de la majorité . Reposant à l’origine sur des clivages généralement idéologiques, ils sont considérés comme synonymes de division de la société. Or, « la sagesse nous apprend 9 depuis Platon qu’il n’est de pire mal pour la Cité que ce qui la divise ». Pour toutes ces raisons, les partis politiques ont suscité la méfiance de certains des plus grands personnages de l’histoire politique moderne de l’Occident, 10 du président Monroe au général de Gaulle . Cette méfiance a nourri, en Afrique, l’hostilité de bien des dirigeants envers le multipartisme, et a justifié la généralisation des partis uniques, officiellement motivée par la volonté de créer la nation et de mobiliser les citoyens pour le développement tout comme les résistances des dirigeants africains au multipartisme dans les années 1990 11 – il s’agissait bien sûr de concentrer le pouvoir . Omar Bongo est un exemple parmi d’autres, lui qui a tenté de justifier son refus du pluralisme au Gabon en arguant que le multipartisme entraînerait la division. Si l’on se rappelle les tentatives récurrentes en Occident pour unifier les partis – on pense par
Politique africaine n° 104 - décembre 2006 7
12 exemple au président Monroe –, cette vision n’est peut-être pas seulement un trait « bananier ». À cette vision négative liée à l’idée même de parti politique s’ajoute une explication plus « domestique » de la négligence pour l’étude des partis en Afrique. Elle est à chercher dans l’histoire : avant les années 1990, la faiblesse de l’étude des partis se comprenait parfaitement au regard du contexte politique africain de l’époque. D’un côté, elle est le produit des avatars du juridisme plat des années 1960, pendant lesquelles le pluralisme, soigneuse-13 ment proclamé dans les constitutions, était étouffé en pratique . Dans leurs anciens territoires, qui couvraient la plus grande part du continent, la France et la Grande-Bretagne léguaient leur modèle représentatif – et donc un système multipartite. C’était l’époque des études comparatives tous azimuts, fondées sur des exégèses constitutionnelles, qui sont vite apparues comme totalement désincarnées et décalées par rapport à des évolutions politiques réelles qui se faisaient dans le sens d’un effondrement rapide des systèmes 14 pluralistes hérités de la période coloniale tardive . D’un autre côté, cet effondrement a abouti à une généralisation des régimes autoritaires et des partis-États. Rappelons qu’à la fin des années 1980, seuls quatre pays
3. M. Bratton et N. Van de Walle,Democratic Experiments in Africa : Regime Transitions in Comparative Perspective, Cambridge, Cambridge University Press, 1997 ; M. Gazibo,Les paradoxes de la démocratisation en Afrique : Analyse institutionnelle et stratégique, Montréal, Presses de l’université de Montréal, 2005. 4. R. Otayek, « Les élections en Afrique sont-elles un objet scientifique pertinent ? »,Politique africaine n° 69, mars 1998, p. 3-11. 5. T. Hodgkin,African Political Parties : An Introductory Guide, Harmondsworth, Penguin, 1961; J. S. Coleman et C. G. Rosberg (eds),Political Parties and National Integration in Tropical Africa, Berkeley, University of California Press, 1964; R. Schachter-Morgenthau,Le multipartisme en Afrique de l’Ouest francophone jusqu’aux indépendances : la période nationaliste, Paris, L’Harmattan, 1998. 6. D.-L. Seiler,Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1993. 7. M. Weber,Le savant et le politique, Paris, Plon, 1963, p. 171. 8. R. Michels,Les partis politiques : essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Paris, Flammarion, 1971. 9. D.-L. Seiler,Les partis politiques, op. cit., p. 5. 10.Ibid. 11. N. Chazanet al.»,, « State institutions and the organization of the public arena inN. Chazan et al.,Politics and Society in Contemporary Africa, Boulder, Lynne Rienner, 1999, p. 46-65. 12. D.-L. Seiler,Les partis politiques, op. cit., p. 5 . 13. Sur cette critique du constitutionnalisme des années 1960, lire J. du Bois de Gaudusson, « Les solutions constitutionnelles des conflits politiques »,Afrique contemporaine, numéro spécial, e 4 trimestre 1996 ; P. F. Gonidec, « À quoi servent les constitutions africaines ? Réflexion sur le constitutionnalisme africain »,Revue juridique et politique, indépendance et coopération, n° 4, 1988, p. 849. 14. D. Bourmaud,La politique en Afrique, Paris, Montchrestien, 1997, p. 142.
LEDOSSIER 8: retours sur un objet délaisséPartis politiques d’Afrique
africains – Botswana, Maurice, Gambie, Sénégal – avaient un système plura-liste plus ou moins compétitif. Tous les autres pays étant dirigés par un régime monolithique – régimes militaires, dictatures personnelles ou parti unique –, l’objet « parti » devenait tout simplement caduc. Se sont alors développées, à rebours, des sensibilités au « politique par le bas » et à l’économie politique. Les pistes de recherche ainsi proposées s’écartaient de l’analyse des partis. La troisième et dernière raison, également domestique, tient aux évolutions politiques des dernières années. En effet, dans beaucoup de pays, une fois vaincues les résistances au multipartisme, les partis politiques se sont multipliés et ont disparu au gré des fusions et « transhumances » à un rythme tel qu’il était 15 bien difficile de les prendre au sérieux . De plus, de nombreux partis, notam-ment les anciens partis uniques, comme le Rassemblement démocratique du peuple camerounais ou, au Niger, le Mouvement national de la société de développement, ont continué à refuser l’appellation de « parti », qui rappelle trop l’idée de faction et de division – précisément ce que Madison ou de Gaulle redoutaient. L’expérience la plus achevée dans ce sens a été la démocratie sans partis ou de « Mouvement » que Yoweri Museveni a réussi à maintenir 16 en Ouganda jusqu’à la fin des années 1990 , mais l’impact de la notion d’« indépendance » par rapport aux partis, évoquée dans ce numéro, à propos du cas malien, par Grégory Chauzal et Virginie Baudais, témoigne bien du fait que les partis restent une notion problématique. Les démocratisations des années 1990 auraient pourtant dû attirer l’attention sur l’étude des partis. En effet, les partis politiques sont des acteurs classiques de la démocratie libérale qui s’est imposée en Afrique comme une norme – à défaut de remplir toutes ses promesses. Dans la littérature sur les vies politiques occidentales, les partis sont des objets de recherche pratique-ment inépuisables, que la réflexion porte sur eux-mêmes ou sur la manière dont ils s’articulent à leur environnement. Sur les quelques terrains africains où des études ont effectivement été menées, comme le soulignent Buijtenhuis et Thiriot, elles ont porté alors surtout sur les programmes et les idéologies, « sans se préoccuper de leur fonctionnement, de leurs structures, de leur 17 recrutement ou de leur implantation » . Peut-être les fortunes diverses des expériences de démocratisation et le poids des contraintes externes sur la définition des politiques des États africains expliquent-ils que les chercheurs se soient plutôt attardés à étudier une « société civile » dont ils ont paradoxalement exclu les partis, ou à décrire les restaurations autoritaires qui ont commencé dès le milieu des années 1990 avec les coups d’État au Burundi ou au Niger, ainsi que les manipulations et intimidations politiques survenues au Togo ou au Congo Brazzaville, pour s’en tenir à ces cas flagrants.
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