POLITIQUE AFRICAINE n° 94 - juin 2004 - Autour du lac Tchad : intégrations et désintégrations , livre ebook

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Date de parution

01 juin 2004

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0

EAN13

9782845865440

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

2 Mo

Politique africaine n° 94 - juin 2004
le Dossier Autour du lac Tchad : integrations Èt desintegrations
Coordonné par Jant Roitman, avc ls contributions d Martin Zachary Njuma, Olivir Pliz, Simon Tulip t Saïbou Issa.
Qu’est ce que le bassin du lac Tchad ? Plutôt que d’en faire un territoire particulier autour d’un lac dont les eaux baissent année après année ou un ensemble d’États (du Soudan au Niger, de la Libye à la Centrafrique) aux frontières contestables, mieux vaut le concevoir comme un sédiment historique de réseaux reliant du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest des populations, des espaces économiques, des pratiques sociales, des modes de production et de régulation… et aussi des États. Le bassin devient alors cette synthèse problématique par laquelle le commerce transsaharien, les migrations, l’économie pétrolière, le banditisme, pour ne pas évoquer les fl ux culturels, fusionnent dans des espaces de vie structurés dans le temps long. Pourtant, cette zone n’est pas seulement celle de la longue durée : comme les textes rassemblés ici le démontrent, la réinsertion de la Libye dans le champ inter-national, la pacification fragile mais durable du Tchad et la constitution d’une économie transnationale pétrolière incitent à repenser cette région dans son actualité pour le continent.
Conjoncture La Grande-Bretagne de Tony Blair et l’Afrique Paul Williams Guinée : le prix d’une stabilité à court terme Paul Chambrs Magazine Terrain.Devenir « baay-fall » pour être soi. Le religieux comme vecteur d’émancipation individuelle au Sénégal Xavir Audrain Débat.Waaqeffannaa : une association religieuse d’Éthiopie entre nationalisme ethnique et idéologie afrocentriste Thomas Osmond Lectures Autour de deux livres. LÈ SyndromÈ autoritairÈ. PolitiquÈ Èn TunisiÈ dÈ Bourguiba à BÈn Al,id Michl Camau t Vincnt Gissr, tTunisiÈ. CoÈrcition, consÈntÈmÈnt, resistancÈ. LÈ delitÈmÈnt dÈ la cite, d Sadri Khiari, par Khadija Mohsn-Finan, Luis Martinz, Rné Otayk t Danil Compagnon.
Photo de couverture © « Les clandestins sur la frontière», Gérard Roso.
ISSN 0244-7827
POLITIQUE AFRICAINE
Autour du lac Tchad
aine
A utour du lac Tchad : intégrations et désintégrations
politique 94
L’Afrique de Tony Blair
L’Éthiopie face au nationalisme oromo afric
94
n° 94 - juin 2004 trimestriel
p o l i t i q u e a f r i c a i n e
Autour du lac Tchad : integrations Èt desintegrations
Ouvrag publié avc l soutin du Club du Sahl
Editions KARTHALA 22-24, boulvard Arago 75013 Paris
politique africaine Rédaction Univrsité Paris-I. Cntr d'étuds juridiqus t politiqus du mond afri-cain. 9, ru Malhr, 75181 Paris Cdx 04. Tél. : 01 44 78 33 23. Fax : 01 44 78 33 39. -mailpolitique.africaine@univ-paris1.fr site Internethttp://www.politique-africaine.com Rédacteur en chefRoland Marchal. Conseil de rédactionGiorgio Blundo, Rogr Bott, Danil Compagnon, Jan Copans, Marian Frm, Pirr Janin, Bruno Losch, Dominiqu Malaquais, Ruth Marshall-Fratani, Christin Mssiant, Zkria Ould Ahmd Salm, Didir Péclard, Jant Roitman. RédactionRogr Bott, Danil Compagnon, Didir Péclard, Jant Roitman. Secrétaire de rédactionSylvi Tailland. AssistanteSylvi Causs-Fowlr. Directeur de la publicationRichard Banégas. La rvupolitique africainest publié par l’Association ds chr-churs d politiqu africain (présidnt, Richar d Banégas ; trésorièr, Célin Thiriot). Avc l soutin d l'UPReSA« Mutations africains dans la longu duré » (Univrsité Paris-I), du Cntr d’étuds t d rchrchs intrnationals (Fondation national ds scincs politiqus), du Cntr d’étuds d’Afriqu noir  (Institut d’étuds politiqus d Bordaux), d l’Institut d r chrch sur l dévloppmnt (IRD-ORSTOM) t d l’Afrika Studicntrum d Lidn (Pays-Bas). Avc l concours du Cntr national d la rchrch scintifiqu t du Cntr national du livr. politique africaineest une revue à comité de lecture. Elle évalue aussi les textes rédigés en anglais, en espagnol et en portugais. Ls opi-nions émiss n’ngagnt qu lurs auturs. La rvu n’st pas rsponsa-bl ds manuscrits qui lui sont confiés t s résrv l droit d modifir ls articls pour ds raisons éditorials.
Édition, ventes et abonnements Karthala, 22-24, boulvard Arago, 75013 Paris. Tél. : 01 43 31 15 59. Fax : 01 45 35 27 05. -mailkarthala@wanadoo.frsit Intrnthttp://www.karthala.com Bulltin d’abonnmnt t bon d command n fin d’ouvrag. Prix au numéro : 19e Commission paritair n° 0509 T 84879.
© Editions KARTHALA, 2004.
Conception graphiqueGhislain Garcin. © PHOTO De COUVeRTURe :« LES CLANDESTINS SUR LA FRONTIÈRE », GÉRARD ROSO.
PolitiquÉ africainÉ 3
Robert Buijtenhuijs nous a quittés
CÉt « africanistÉ à visagÉ pâlÉ » avait adopte l’AfriquÉ dÉpuis plus dÉ trÉntÉ ans, tout commÉ l’AfriquÉ l’avait rÉconnu Ét adopte : l’AfriquÉ du « haut » – cÉllÉ dÉ l’AssÉmbleÉ nationalÉ ou dÉ la ConferÉncÉ nationalÉ tchadiÉnnÉ dont il n’avait riÉn manque –, mais aussi Ét surtout cÉllÉ du « bas », cÉllÉ dÉs mouvÉmÉnts revolutionnairÉs Ét dÉs guÉrrÉs paysannÉs, dÉs Mau-Mau au KÉnya, du Frolinat au Tchad. Pour tous, il etait « MonsiÉur RobÉrt ». DÉpuis sa thèsÉ, sous la dirÉction dÉ GÉorgÉs BalandiÉr, il alliait l’anthropologiÉ politiquÉ, l’histoirÉ immediatÉ, l’obsÉrvation dÉ proximite. C’etait un chÉrchÉur dÉ tÉrrain, qui allait au plus près dÉ sÉs objÉts dÉ r ÉchÉrchÉ, prÉnant parfois dÉs risquÉs. C’etait un chÉrchÉur Éngage, obsÉrvatÉur attÉntif Ét ÉxigÉant dÉs guÉrrÉs oublieÉs, guerillas dÉ nullÉ part, revolutions dÉ « pÉtits » auxquÉls il donnait la parolÉ, un chÉrchÉur passionne qui a suivi avÉc vigilancÉ la marchÉ du continÉnt vÉrs la libÉrte Ét la democratiÉ dans lÉs anneÉs 1990, prompt à denoncÉr lÉs faux-sÉmblants, très critiquÉ ÉnvÉrs lÉs manœuvrÉs dÉs puissants. C’etait aussi un ecrivain Ét un poètÉ inspire. Il nous laissÉ unÉ œuvrÉ imprÉssionnantÉ dÉ monographiÉs, d’articlÉs innovatÉurs Ét dÉ poèmÉs. PassÉr lÉs fr ontièrÉs etait son quotidiÉn. Rob a travaille pÉndant plus dÉ trÉntÉ ans à l’Afrika StudiÉcÉntrum dÉs Pays-Bas à LÉidÉn Ét etait associe au CÉntrÉ d’etudÉ d’AfriquÉ noirÉ dÉ BordÉaux : un chÉrchÉur intÉrnational Én sommÉ, lÉ plus hollandais dÉs Français, lÉ plus français dÉs Hollandais, Ét tchadiÉn dÉ cœur. Il a fait partiÉ egalÉmÉnt dÉ l’avÉntur É dÉPolitique africainedès lÉ debut, elemÉnt federatÉur Ét ponderatÉur ÉssÉntiÉl dÉ notrÉ bouillantÉ equipÉ, un « sagÉ » l’Association dÉs chÉrchÉurs dÉPolitique africaine, d’unÉ droiturÉ Ét d’unÉ gÉntillÉssÉ intangiblÉs. PiliÉr du comite dÉ redaction, Én chargÉ dÉ la rubriquÉ MagazinÉ pÉndant près dÉ dix ans (un rÉcord !) – il sÉ qualifiait lui-mêmÉ dÉ « soutiÉr » dÉ la rÉvuÉ –, il aura initie aux ritÉs Ét coutumÉs dÉ notrÉ communaute polafiÉnnÉ nombrÉ dÉ « pÉtits nouvÉaux » dÉ la redaction qui, « dÉvÉnus grands », lui Én rÉstÉnt rÉconnaissants. À la rÉtraitÉ dÉpuis cinq ans, il sÉ consacrait à l’ornithologiÉ. Opere Ét hospitalise un long momÉnt, il a continue à montrÉr un couragÉ Ét un equilibrÉ imprÉssionnants, jusqu’à cÉttÉ attaquÉ fatalÉ qui l’a Émporte. C’etait un ami, simplÉ, parfois sevèrÉ, mais toujours chalÉurÉux, qui va nous manquÉr. CÉ numero dÉ Politique africaineconsacre au bassin du lac Tchad, zonÉ sur laquÉllÉ il a travaille si longtÉmps, lui Ést dedie. Nos pÉnseÉs vont à son epousÉ MichèlÉ, à sÉs fils Frank Ét Bruno, Ét à sÉs six pÉtitÉs-fillÉs qui Én etaiÉnt si fièrÉs
PÉtÉr GÉschiÉrÉ, CelinÉ Thiriot, Ét toutÉ la redaction
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Politique africaine
n° 94 - Juin 2004
le Dossier Autour du lac Tchad : integrations Èt desintegrations
Les recompositions du bassin du lac Tchad Jant Roitman Coopération internationale et transformation du bassin du lac Tchad Martin Zachary Njuma Le bassin du lac Tchad, un espace migratoire polarisé par la Libye ? Olivir Pliz Le bassin tchadien à l’épreuve de l’or noir : réflexions sur la « nouvelle donne pétro-politique » en Afrique centrale Simon Tulip L’embuscade sur les routes des abords sud du lac Tchad Saïbou Issa
Conjoncture La Grande-Bretagne de Tony Blair et l’Afrique Paul Williams Guinée : le prix d’une stabilité à court terme Paul Chambrs
Magazine Terrain. Devenir « baay-fall » pour être soi. Le religieux comme vecteur d’émancipation individuelle au Sénégal Xavir Audrain Débat. Waaqeffannaa : une association religieuse d’Éthiopie entre nationalisme ethnique et idéologie afrocentriste Thomas Osmond
Lectures Autour de deux livres. LÈ SyndromÈ autoritairÈ. PolitiquÈ Èn TunisiÈ dÈ Bourguiba à BÈn Ali, d Michl Camau t Vincnt Gissr, tTunisiÈ.CoÈrcition, consÈntÈmÈnt, resistancÈ. LÈ delitÈmÈnt dÈ la cite, d Sadri Khiari, par Khadija Mohsn-Finan, Luis Martinz, Rné Otayk t Danil Compagnon.
a revue des livres La revue des revues
Abstracts
LEDOSSIER
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Autour du lac Tchad : integrations Èt desintegrations
Coordonné par Janet Roitman
Introduction au thème
Les recompositions 1 du bassin du lac Tchad
Qull signification rcouvr l bassin du lac Tchad ? Ctt qustion srt d point d départ aux divrss contributions d c dossir qui analys ls trans-formations actulls d la région du lac Tchad. D la mêm manièr  qu’Arif 2 Dirlik qustionnait ls étuds consacrés à la région rivrain du Pacifiqu (Pacific Rim Studis) n s dmandant qul sns donnr au trm «rivrain », ls chrchurs travaillant sur la zon du lac s’intrrognt égalmnt sur c qu’st un bassin. Malgré un usag généralisé, l trm d « bassin du lac Tchad » n fait consnsus ni sur sa définition ni sur son contnu : n particulir, quls Etats doivnt y êtr inclus ou, au contrair, n êtr xclus ? La confusion sur son positionnmnt géographiqu dans l’Afriqu st au moins aussi grand : fait-il parti d l’Afriqu cntral, du Soudan cntral ou mêm, slon crtains, d l’Afriqu occidntal ? Il n s’agit pas ici d donnr un signification ssntialist au trm d « bassin du lac Tchad », pas plus qu’il n’st qustion d tombr dans un discussion sémantiqu. L problèm n’st pas d décidr un fois pour touts
1. C thèm fut évoqué d’abord lors d’un conférnc organisé à l’Institut Max-Planck d’anthropologi social à Hall (Allmagn) ls 29 t 30 sptmbr 2003. J rmrci l’Institut pour son appui très générux t tout spécialmnt Andra Bhrnds, qui a co-organisé avc moi ctt réunion t baucoup contribué à l’élaboration d ctt réflxion. 2. A. Dirlik (d.),What Is in a Rim ? Critical PÈrspÈctivÈs on thÈ Pacific RÈgion IdÈa, Bouldr, Co, Wstviw Prss, 1993.
LEDOSSIER 8Autour du lac Tchad : integrations Èt desintegrations
d c qui st ddans ou n dhors du bassin, c’st-à-dir d chrchr à l définir géographiqumnt ou d confirmr l’un ds définitions déjà xistants. C’st pourquoi nous n nous somms guèr intérssés aux limits physiqus d la région. Sans dout, l bassin du lac Tchad st un spac géographiqu, mais il st plus qu cla. en fft, t ls contributions d c dossir l’attstnt, s’il fallait s référr à ctt air simplmnt comm à un spac géographiqu, il faudrait néanmoins citr ds forcs t ds rlations qui ont un ancrag n dhors d ss supposés frontièrs. C’st là, n fait, qu résid la véritabl réflxion : tntr d décrir, d délimitr t d’analysr ls différnts vcturs qui, aujourd’hui, constitunt l bassin du lac Tchad, sansa priorisur lur situation géographiqu t lur origin. Ctt tntativ nous prmttra d miux comprndr ls transformations n cours dans ctt région qui a été pndant au moins trois décnnis considéré comm un zon marginal d l’Afriqu subsaharinn t, d c fait, rlégué aux margs d la rchrch 3 africanist t, plus largmnt, n scincs socials . Pour pnsr la constitution d ct spac marginalisé, ls trms d cntr t d périphéri puvnt aidr. Cs trms n sont crts plus à la mod, tant ils ont été, à just titr , critiqués pour lurs usags dans ls théoris d la dépndanc, qui supposaint ds rlations surdétrminés t linéairs condui-4 sant à un rprésntation ds « économis-monds ». Cs drnièrs sont sujtts, aujourd’hui, aux mêms critiqus qui pointnt ls dscriptions mécanists ds rlations ntr  Etats t marchés dans ls procssus contm-5 porains d c qu’on appll la globalisation . Cpndant, comm Bushnll 6 7 t Grn l mntionnnt, pour edwar d Shils – qui, l pr mir, proposa cs concpts n 1961 –, ls cntrs n’étaint pas sulmnt ls cités ls plus importants (par xmpl, ls métropols ou ls foyrs d formation d capital) ou ls ndroits où la dnsité d population était la plus élvé (capi-tals économiqus ou politiqus) ; Shils ls définissait plutôt comm ds sphèrs d’influnc, dans la msur où ils généraint ds régims politiqus, économiqus, culturls t mêm légaux t ds affiliations. Ls cntrs n sont donc pas tant ds ntités physiqus qu ds moyns par lsquls ds symbols, ds valurs t ds norms gouvrnnt ds sociétés t ds communautés à travrs ds résaux d’institutions t d pratiqus. La qustion prtinnt st non plus alors d savoirsont cs cntrs, maiscommÈntils fonctionnnt, c’st-à-dir commnt ils gouvrnnt ls pratiqus socials. Ainsi, qulqus-uns ds cntrs constitutifs du bassin du lac Tchad s situnt sûrmnt n dhors ds limits d ss frontièrs géographiqus. Ds foyrs rligiux comm La Mcqu, intllctuls comm L Cair, ds placs commrcials comm Dubaï puvnt êtr considérés comm ds cntrs du bassin du lac Tchad dans la msur où ils sont à la bas d la constitution d
PolitiquÉ africainÉ n° 94 - juin 2004 9
résaux migratoirs, d communautés rligiuss, d’institutions financièrs t monétairs, d courants intllctuls t d régims d valurs n viguur actullmnt dans la région du lac. À cs xmpls ls plus évidnts, qui sont souvnt associés à ds phénomèns contmporains (tls qu la mobilité accru ds prsonns, l’intnsification ds transactions financièrs t l’xpansion ds tchnologis d l’information), s’ajoutnt ds facturs qui smblnt plus « traditionnls » ou « locaux ». Tl st l cas ds rvndications d groups linguistiqus t d groups culturls « rdécouvrts » ou « réinvntés », qui insistnt sur lur idntité régional à côté d lur affiliation national. Pourtant, l’xprssion d’un appartnanc régional n’st pas spécifiqumnt un pro-blèm culturl ; ll s manifst égalmnt dans ds activités moins roman-tiqus, comm cll d gardins d troupaux, dont ls résaux ont créé dans la région un société pastoral qui st un vctur à la fois d consolidation t d transformation ds rlations régionals. L bassin du lac Tchad s’st constitué grâc à d tls résaux, qui provinnnt ou rncontrnt ds résaux financirs t commrciaux régionaux (Nigr-Tchad-Soudan-Camroun-Nigria-Cntrafriqu), ds résaux commrciaux globaux (péninsul arabiqu), dux zons monétairs (l franc CFA t l naira nigérian) t ds résaux r ligiux (musulmans). Evidmmnt, ls flux d’informations t la construction d champs discursifs, comm l’institutionnalisation d rlations, n sont pas simplmnt projtés du cntr vrs la périphéri. Ls périphéris sont n rlation symbiotiqu avc ls cntrs, comm l’attstnt crtains ds articls d c dossir ; ds zons
3. Ls raisons d’un tll marginalisation sont nombruss t tinnnt notammnt aux ffts d’un gurr d trnt ans au Tchad, aux troubls affctant l Nigr t plus sériusmnt l Soudan, tc. Cpndant, c n’st pas l’uniqu zon d’Afriqu confronté à d tls problèms, t cs facturs n’xpliqunt donc pas ntièrmnt sa marginalisation. 4. I. Wallrstin,ThÈ ModÈrn World-SystÈm : Capitalist AgriculturÈ and thÈ Origins of thÈ EuropÈan World Economy in thÈ SixtÈÈnth CÈnturyYork, Acadmic Prss, 1974 ;, Nw ThÈ ModÈrn World-SystÈm II : MÈrcantilism and thÈ Consolidation of thÈ EuropÈan World-Economy, 1600-1750, Nw York, Acadmic Prss, 1980 ;ThÈ ModÈrn World-SystÈm III : ThÈ SÈcond Era of GrÈat Expansion of thÈ Capitalist World-Economy, 1730-1840, Nw York, Acadmic Prss, 1989. 5. S. Sassn,Globalization and its DiscontÈnts, Nw York, Th Nw Prss, 1998 ; D. Smith, D. Solingr t S. Topik (ds),StatÈs and SovÈrÈignty in thÈ Global Economy, Nw York, Routldg, 1999 ; S. Krasnr, SovÈrÈignty : OrganizÈd HypocrisyPrincton Univrsity Prss, 1999 ; J.-F. Bayart,, Princton, LÈ GouvÈrnÈmÈnt du mondÈ, Paris, Fayard, 2004. 6. A. Bushnll t J. Grn, « Priphris, cntrs, and th construction of arly amrican mpirs », inC. Danils t M. Knndy (ds),NÈgotiatÈd EmpirÈs : CÈntÈrs and PÈriphÈriÈs in thÈ AmÈricas, 1500-1820, Nw York, Routldg, 2002. 7. e. Shils, « Cntr and priphry»,in ThÈ Logic of PÈrsonal KnowlÈdgÈ : Essays in Honor of MichaÈl Polanyi, Glnco, Ill, Fr Prss, 1961.
LEDOSSIER 10Autour du lac Tchad : integrations Èt desintegrations
marginals ont un impact important sur l cœur, étant mêm un élémnt constitutif d ss arrangmnts productifs spatiaux, d ss mods d régulation t d ss pratiqus discursivs. Ls gns t ls institutions ds périphéris s’approprint ds forms t ds valurs d différnts vcturs d changmnt, t ls transformnt par ds procssus d réintrprétation, d’instrumntalisa-tion t d subjctivation. Cpndant, pour réfléchir sur cs procssus, il convint d miux distingur ls différnts facturs qui lint ls cntrs t ls périphéris. Afin d’appréhndr d façon critiqu l bassin du lac Tchad comm autr chos qu’un nsmbl d’Etats, il nous faut xaminr cs résaux constitutifs t lurs champs discursifs autant qu la dynamiqu rlationnll ntr péri-phéris t cntrs. Ctt attntion porté aux dynamiqus, opposés ici aux statuts – commnt l bassin s’st constitué dans l tmps t l’spac plutôt qu c qu’st l bassin –, signifi qu nous considérons ls rconfigurations contmporains sous dux aspcts. D’abor d comm ls rdéfinitions ds limits physiqus du bassin : nous voulons considérr c qu, très précisémnt, la notion d bassin du lac Tchad a signifié historiqumnt t commnt ll a évolué. Un tll prspctiv historiqu prmt d soulignr ls définitions variabls d ctt région t prmt donc d discréditr tout définition géographiqu statiqu ou ssntialist. en scond liu, t d manièr plus important, nous ntndons portr un attntion plus grand aux rconfigurations ds spacs imaginés du bassin du lac Tchad t d lurs limits, qui sont actullmnt modifiés sous l’fft d plusiurs influncs t initiativs décrits t analysés dans ls articls d c dossir.
Institutionnaliser le bassin du lac Tchad
S’il y a bin sûr ds définitions officills du bassin du lac Tchad, lls sont contradictoirs t insuffisants, bin qu’lls aint suscité ds institutions particulièrs t ds initiativs lourds d conséquncs sur la vi quotidinn. Comm l not Martin Njuma dans son articl sur la Commission du bassin (CBLT), on put différncir l bassin convntionnl du lac Tchad – un zon 2 d’un suprfici d’nviron 967 000 km – d son bassin hydrographiqu – 2 couvrant plus d 2 335 000 km . La divrgnc ssntill ntr cs dux définitions communémnt accptés st qu la scond, détrminé par la lign d partag ds aux courants qui donnnt au lac sa surfac n au, port ls frontièrs d la zon à plusiurs millirs d kilomètrs au-dlà ds limits du bassin convntionnl défini par ls Etats mmbrs d la Commission (Tchad, Nigr, Nigria, Camroun, Républiqu cntrafricain). Cla st significatif car, ainsi qu l rlèv M. Njuma, « ls droits ou ls
PolitiquÉ africainÉ 11LÈs rÈcompositions du bassin du lac Tchad
rvndications d’un Etat sur ls rssourcs communs du bassin ont ds implications pour tous ls autrs ». L’au, dvnu rar, st l’un d cs rssourcs qui constitunt l’un ds principaux facturs ds gurrs actulls 8 du Soudan . Ls zons t activités économiqus du bassin sont xtrêmmnt hétérogèns, car lls rlèvnt d différnts régions climatiqus t d la présnc d rssourcs spécifiqus. Par xmpl, on put délimitr un « zon d transit » ntr ls trritoirs nomadiqus du nord du lac Tchad t ls régions plus méridionals d smi-nomadism. On put aussi délimitr un « région agricol sahélinn », défini par la cultur du sorgho t du mil t ls rlations commrcials t financièrs ntr Maiduguri (Nigria), N’Djamna (Tchad) t Maroua (Camroun). en troisièm liu, on put évoqur ls plains sujtts à inondation d Yaéré, qui couvrnt un parti du sud-oust du Tchad, du 9 Camroun t du Nigria, t produisnt d richs pâturags . Cs écosystèms concntriqus, qui s chvauchnt, impliqunt divrss rssourcs t définissnt différnts activités économiqus xigant ds politiqusad hocafin d’êtr régulés fficacmnt, au-dlà donc d l’application d princips généraux sur la gstion d rssourcs partagés. D la mêm manièr, ctt juridiction officill établi à travrs la CBLT n rflèt pas l sns vécu t mpiriqu d la région, constitué à partir d’un myriad d résaux sociaux t d pratiqus communs. C point st mis n lumièr par M. Njuma, qui trait du bassin comm d’un ntité légal. Il montr  commnt la CBL T fut établi par dif férnts traités qui accordèrnt aux Etats la capacité d mttr n œuvr ds initiativs régionals t ds buts communs. Un tll approch a conduit à un vrsion rstrint du bassin, non sulmnt n trms d jurisprudnc, mais aussi n trms d mandat pour la Commission, surtout intérssé à la mis n œuvr d projts pilots liés à l’agricultur, à l’élvag t à la gstion ds rssourcs (au, faun t flor). L statut du lac Tchad fut transformé durant la colonisation uropénn, lorsqu ls trois puissancs colonials (Franc, Grand-Brtagn t Allmagn) lui firnt jour l rôl d frontièrs intr-nationals pour délimitr ds Etats-nations. L souci colonial pour l « progrès » national était tl qu l « dévloppmnt » fut concptualisé dans ds trms tchnicins plutôt qu d manièr diplomatiqu ou administrativ. Ctt
8. D. Johnson,ThÈ Root CausÈs of Sudan Civil Wars, Londrs, Jams Curry, 2003. Il st à notr qu cs rssourcs, t surtout l’au, n sont null part mntionnés dans ls négociations d Naivasha. 9. Pour un résumé, voir S. Muhammad Ali, « Intrgroup rlations in th Chad Basin : a cas study of agriculturalists-pastoralists in North-eastrn Nigria », [s. d.], [manuscript non publié].
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