Tiguentourine , livre ebook

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Tiguentourine, une contrée perdue dans l’immensité saharienne et jusque-là anonyme, est soudain projetée au-devant de la scène internationale. En ce jour du 16 janvier 2013, un groupe terroriste des plus sanguinaires sévissant dans la région du Sahel décide de mener une opération d’éclat en guise de représailles contre l’Algérie. Une faction extrémiste dépendant d’Al-Qaïda et active sous l’appellation de « Les Signataires par le sang » attaque l’usine de gaz de Tiguentourine située à une quarantaine de kilomètres d’In Amenas. Le raid est aussi rapide que dramatique et les terroristes lourdement armés réussissent à prendre en otage beaucoup de travailleurs étrangers.
Trois jours durant, la terreur habite les lieux et les cœurs. La douleur s’affranchit des frontières, des océans et des mers pour marquer à vie des familles entières. Des Japonais, des Anglais, des Français des Philippins et autres citoyens du monde se retrouvent rassemblés par décret suprême sur ce bout de désert qui va sceller leur destin définitivement.
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Publié par

Date de parution

11 novembre 2015

Nombre de lectures

17

EAN13

9782363154965

Langue

Français

Tiguentourine


Benak

2015
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
1.
 

 
 
Akim était un jeune homme accompli bien qu’il n’ait aucun titre pour couronner sa malheureuse scolarité. En effet, quoique brillant élève et étudiant, il ne réussit pas à décrocher son diplôme d’ingénieur. Il ne finit jamais son cursus, d’ailleurs ; il fut obligé de le rompre au bout de la troisième année, malgré les exhortations de ses parents, surtout sa mère qui l’avait prédestiné à un avenir meilleur. Akim n’avait plus cette flamme indispensable qui aiguisait la volonté en entretenant l’amour de l’apprentissage. Quand il était au collège, il éprouvait un réel bonheur à fréquenter la classe ; s’il lui avait été donné et s’il n’avait tenu qu’à lui, il aurait tout simplement banni les nuits. Celles-ci, pensait-il, se mettaient en travers de son chemin, entre lui et ses précieux cours. Il pestait contre ce qu’il jugeait être une perte de temps inutile. Chaque matin que Dieu faisait, il était heureux de retrouver les bancs de son école. Assidu, il recevait avec un plaisir à nul autre pareil, les rudiments nécessaires à la pensée pour sonder les abysses ô combien riches de la connaissance. Il était pressé de détenir le maximum d’informations pour satisfaire l’avidité de son esprit. Brillant et bien éduqué, il était adulé par ses parents qui voyaient en lui, la solution à toute leur misère ; il était aimé par l’ensemble de son entourage faisant de lui, l’enfant type de tout le village. Ses professeurs non seulement le préféraient à ses camarades, mais le respectaient aussi. Son humilité taillée à la mesure de son âme simple et tranquille faisait déjà de lui un homme tout empreint de sagesse. Il aimait tout le monde, seulement, il n’avait qu’un ami qu’il ne quittait pas d’une seule semelle. On les appelait les inséparables.
Ce jour-là, alors qu’il marchait en direction du poste où il devait prendre la relève et assurer la permanence, Akim ne put empêcher son esprit de transhumer vers ces instants fatidiques et leurs malheureux présages. Ceux-là, inopportuns étaient venus interférer dans les riches pâturages où il adorait faire paitre ses douces brebis. En effet, par quelque vilain sortilège, sa vie bascula du haut de la pyramide fragile de ses vingt ans en une vraie hécatombe. L’information à terrasser un éléphant lui fut presque fatale en ce sens qu’il perdit, non seulement ses études, mais aussi le goût à l’existence. Celle-ci était devenue fade ; elle ne valait plus la peine d’être vécue. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraitre, jamais, au grand jamais, l’idée de suicide ne l’avait effleuré. Sa culture arabo-musulmane, l’adoration qu’il vouait à Allah ainsi que l’amour qu’il nourrissait à l’égard de ses parents avaient jusque-là empêché son esprit d’ébaucher une telle issue. Cette perspective écartée, il fut cependant sujet à des troubles psychiques pas tout à fait vitaux certes, mais néanmoins importants. Sa vie estudiantine en fit les frais immédiatement, car il lui était intenable d’investir encore une fois les lieux et fouler les mêmes endroits qui portaient, encore fraiches, les empreintes indélébiles de Mustapha. Trop d’habitudes les liaient et il ne pouvait s’en défaire aussi facilement. Au contraire, chaque coin de rue, chaque bâtiment, l’amphithéâtre, le laboratoire, le restaurant et surtout leur chambre, le rappelaient vivement et inéluctablement à son souvenir. Son cœur sérieusement éprouvé et son esprit trop malmené n’auraient pas supporté davantage de sollicitations.
 Heureusement pour lui, il fut absent cette fameuse journée. En effet, il avait fait l’école buissonnière, car son père devait effectuer la « Omra »(le petit pèlerinage) aux Lieux saints et il était de son devoir de l’accompagner à l’aéroport. Cela lui avait évité le pire ! Il n’apprit la nouvelle que le lendemain lorsque, impatient et excité de retrouver son fidèle ami, il rejoignit l’université. Il fut tellement sidéré par l’information qu’il perdit un certain moment toutes ses facultés. Le choc lui fut tellement grand que le temps s’arrêta d’abord dans son horloge interne, puis tout autour de lui. Mustapha n’était plus ! C’était énorme, beaucoup plus qu’il ne pouvait supporter. La Terre cessa de tourner et les oiseaux de chanter. La vie rejoignit en catimini le corridor noir et mystérieux de la mort, cette affreuse Dame qui ne s’embarrassait pas outre mesure d’intervenir entre des êtres qui ne voyaient que du même œil un merveilleux avenir. Elle ne s’inquiétait guère du sort des uns et des autres, elle agissait sans passion, sans cœur, sans haine ni compassion, seulement obéissant à son cahier de charges. Elle ôtait la vie sans raison aucune, mais juste par devoir. Elle fut créée dans le seul but de tuer. Elle s’acquittait admirablement de cette mission sans jamais faillir. Mustapha, ce jeune homme dynamique aux grands yeux verts emplissant la vie de ses cris, de ses mouvements, de ses humeurs, de ses vérités, de ses déboires, de ses rêves et de ses espoirs avait choisi l’endroit et l’heure à son ultime départ. Oui, il était parti alors qu’il dormait seul dans cette chambre qu’ils avaient tous deux organisée et agencée comme si le goût de l’un n’était que la réplique de celui de l’autre. Il s’en est allé en évitant à son ami de vivre l’horreur de sa disparition. Cependant, il avait à sa façon trahi le serment qui les avait unis jusqu’à lors. Il avait quitté le monde sans aviser au préalable de son départ et Akim ne put contenir sa douleur. À chaque pas qu’il faisait, il ressentait un picotement au cœur et dire que cette dernière n’avait nullement de mémoire.
À peine deux cents mètres le séparaient du poste qu’il ralliait une nuit sur trois selon un calendrier préétabli. La nouvelle réglementation fixant le travail continu exigeait de différents personnels, la présence permanente au cantonnement. Un mois de labeur contre un autre de congé était la règle régissant le fonctionnement dans toute la région. Akim s’en accommodait très bien. Cet arrangement lui permettait non seulement de gagner de l’argent, mais également de bénéficier d’un certain temps pour vaquer à ses propres occupations au Nord, une fois, le devoir au Sud accompli.
Il avait opté pour cette zone pour fuir les habitudes qu’il avait accumulées en compagnie de feu Mustapha que son ombre avait suivi jusqu’à ce territoire qu’il n’avait jamais vu auparavant. Mustapha était devenu le fantôme du désert. Il s’était apparenté au mirage pour apparaitre et disparaitre à sa guise n’accordant guère de crédit à son entourage. Ces derniers temps, il ne finissait pas d’occuper son esprit. Même de nuit, le rêve le lui restituait avec une fréquence assez bizarre. Il le revoyait tantôt souriant tantôt pleurant sans jamais l’abandonner. Parfois, il lui semblait qu’il lui livrait des messages dont il n’arrivait pas à en saisir le sens. Sa voix inaudible et ses gestes aussi vagues qu’imprécis rendaient la compréhension plus qu’aléatoire.
Akim ne pouvait expliquer l’acharnement du souvenir de son ami qui s’imposait à lui de toute évidence. Il avait beau essayer de déchiffrer les petites réminiscences, c’était peine perdue chaque fois. Toutefois, il en mesurait l’ampleur et la gravité par leur fréquence. Avait-il commis un impair à son égard au point d’être rappelé à l’ordre par sa conscience ? Ou bien n’était-ce que son subconscient qui opérait des résurgences ? En tout cas, Akim était incapable de décrypter de telles assonances, son esprit refusant d’emprunter le chemin de l’aberrance.
Akim venait de passer une mauvaise nuit, chaque fois le même rêve s’imposait à lui avec insistance. Il avait beau invoquer Dieu, réciter certains versets du Coran, égrener certaines psalmodies et prononcer même des rogations, rien n’y fit. Feu Mustapha pénétrait dans sa chambre toujours par effraction. Il se mettait à courir autour de son lit en ricanant. Il ne cessait sa ronde que lorsque Akim se réveillait. Ce n’était

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