184
pages
Français
Ebooks
2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
4
EAN13
9781783108480
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
4
EAN13
9781783108480
Langue
Français
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2 Mo
Auteurs : Félix Witting
M.L. Patrizi
Traducteurs : Marie-Alix Boisseau
Irène Besson
Mise en page:
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 ème étage
District 3, Hô Chi Minh-Ville
Vietnam
© Parkstone Press International, New York
© Confidential Concepts, Worldwide, USA
The Royal Collection © Her Majesty Queen Elizabeth II
Crédit photographique Pierre Mignot
© The Metropolitan Museum of Art ( 1 , 2 )
Tous droits d’adaptation et de reproduction réservés pour tous pays.
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-78310-848-0
Félix Witting - M.L. Patrizi
CARAVAGE
SOMMAIRE
Introduction
Caravage, un destin romanesque
Les Premières Années et son depart pour Rome
Milan
Séjour à Venise
Départ pour Rome
Les Premières Œuvres romaines et l’église San Luigi dei Francesi
Les Premières Œuvres romaines
Les Peintures de l’église San Luigi dei Francesi
L’Exil
Le Séjour à Naples
Malte
Son Visage était le portrait de son âme
La Naissance d’un style
Le Peintre des plaisirs et de l’interdit
Caravage ou la révolution esthétique
Autres Regards
Caravage conté par Giovanni Pietro Bellori
La « Notizia » de Mancini
Le Curriculum vitae d’un peintre criminel
Lettre du 29 juillet 1610 de l’évêque de Caserte au cardinal Scipion Borghese
Conclusion
Biographie
Liste des illustrations
Notes bibliographiques
Ottavio Leoni , Portrait de Caravage.
Pastel sur papier, 23,5 x 16 cm .
Biblioteca Marucelliana, Florence.
Introduction
Si Caravage et son art restèrent dans l’oubli depuis près de 300 ans, force est de constater que, depuis le début XX e siècle, une rédemption leur a été amplement accordée. Bien que banni (Poussin ne dit-il pas qu’il était venu pour détruire la peinture ?) et enfoui dans les méandres de l’oubli, son nom semble avoir pourtant surgi dans la mémoire collective à certains moments précis de l’histoire. A l’époque déjà, un contemporain de Caravage, Giovanni Baglione, avait su reconnaître l’importance de celui-ci en tant que précurseur d’un style résolument moderne [1] . Quoique constatant chez l’artiste ce grand désir d’être à la recherche de « la ferveur publique, qui ne juge pas avec les yeux, mais regarde avec les oreilles » et d’avoir poussé de nombreux jeunes artistes à prêter attention exclusivement au coloris, et non pas à la composition des personnages, il décrit tout de même ses œuvres comme étant « faites avec la plus grande application, de la façon la plus exquise » — A cet instar, le mécène de Caravage, le marquis Vincenzio Giustiniani di Bassano (1564-1637), ne doutait pas du grand génie de l’artiste de son vivant. Dans une lettre adressée à l’avocat Teodoro Amideni, ce dernier reprend le point de vue du peintre qu’il considérait comme décisif [2] : « comme le disait Caravage, il lui en coûtait autant de soin pour faire un bon tableau de fleurs qu’un tableau de personnages » — « parmi les peintres de premier choix – nous avons notre Caravage ». Caravage peignit également pour lui son « Cupido a sedere » ( Amour vainqueur ), et, lorsque le tableau d’autel avec saint Matthieu pour la chapelle Contarelli à San Luigi dei Francesi fut refusé par la congrégation, le marquis décida de l’acquérir [3] . Quant à l’historien d’art Giulio Cesare Gigli, il se répandit également en éloges dithyrambiques sur l’art de Caravage à propos de la pittura trionfante : « Voici ce qu’est le grand Michelangelo Caravage, un peintre grandiose, la merveille de l’art, le miracle de la nature. » [4] Par ailleurs, au XVIII e siècle, dans une lettre adressée à Giambattista Ponfredi, le 20 octobre 1765, le directeur de l’Académie espagnole à Rome, Francisco Preziado, décrit le peintre Caravage comme étant le fondateur d’une école à laquelle appartiennent désormais Ribera et Zurbarán [5] . Et si la période classique vit de temps à autre surgir l’évocation de ce peintre tumultueux, ce fut plus particulièrement pendant la période romantique que se porta un intérêt ponctuel pour l’initiateur du baroque. Le grand philosophe Schopenhauer (1788-1860) aussi lui prêta attention [6] , mais, d’un point vue d’expert, ce fut le professeur Waagen (1794-1868) qui chercha à décrire les caractéristiques de Caravage [7] . Ensuite, d’un point de vue plus académique, ce fut l’historien d’art Manasse Unger (1802-1868) qui, dans ses Kritische Forschungen [8] , fit des recherches sur les effets artistiques de ce peintre, et commença à rédiger une biographie de Caravage [9] , plutôt complète pour l’époque, selon le jugement historique de J. Meyer. L’historien d’art Eisenmann chercha également à donner sens aux critiques fluctuantes concernant l’importance de l’artiste [10] . Quant aux historiens Woltmann (1841-1880) et Woermann (1844-1933) ils firent un portrait littéraire du peintre dans le cadre du développement historique de la peinture [11] . Ce furent des propos rares mais graves, étrangement réservés pourtant pleins de tension, que l’historien d’art Jakob Burckhardt (1818-1897), dédicaça à l’artiste dans la première édition du Cicérone . Force est de constater qu’ils furent à peine modifiés dans les parutions suivantes [12] . Entre-temps, des peintres comme Théodule Ribot (1823-1891) prirent entièrement parti pour le maître baroque et, d’une manière plus intentionnelle, cherchèrent à sauvegarder les théories de leur Caravage français, le maître Valentin de Boulogne [13] . Tout ce qui resta encore à faire, dans ce domaine, fut un hommage historique, objectif, et la reconnaissance d’une dimension psychologique des œuvres de Caravage et de son art, pour arriver, au-delà de l’enthousiasme littéraire, jusqu’aux mérites éternels du peintre.
La vie de Caravage donna donc naissance à de nombreuses interprétations biographiques, toutes dominées par la personnalité violente et extravagante du peintre. L’une de celles-ci, composée sous forme de poème, est la fameuse Notizia écrite par Mancini (dont une traduction figure ici, au chapitre 3) qui relate les événements majeurs de la vie de Caravage. Selon ce poème et d’autres sources historiques, Michelangelo Merisi naquit en septembre 1571, probablement le 29, le jour de la saint Michel archange, à Milan où travaillait son père comme contremaître et architecte de Francesco I er Sforza, marquis de Caravaggio. La prédisposition pour la peinture dont fit preuve assez tôt l’enfant pourrait lui avoir été transmise par son père. Cela contredit les écrits de Bellori (dont une traduction figure ici, au chapitre 3) selon lesquels l’artiste, né d’un père maçon, aurait, comme son contemporain Polidoro, porté dès son plus jeune âge les seaux de chaux et les enduits destinés aux fresquistes. Il semble cependant assez probable que Michelangelo ait hérité de ses ancêtres un certain talent, bien que certains biographes aient voulu en minimiser la signification. Quoiqu’il en soit, ses parents étaient donc d’honorables membres de la cité. Son père, étant intendant du marquis, jouissait d’une protection certaine dont Caravage allait bénéficier toute sa vie. En 1576, la peste qui s’abattit sur le duché de Milan obligea la famille de Michelangelo Merisi à fuir Milan pour la petite ville de Caravaggio où l’artiste passa son enfance. Quelques mois après l’exode, Michelangelo Merisi perdit son père à l’âge six ans.
Sept années plus tard, le 6 avril 1584, Caravage entra en apprentissage chez le peintre Simone Peterzano à Milan, où il étudia avec assiduité pendant quatre ou cinq ans, quoique se livrant déjà de temps à autre à quelques extravagances causées, dit-on, par son tempérament excessif et emporté.
Bacchus malade ou Satyre aux raisins , vers 1593.
Huile sur toile, 67 x 53 cm .
Museo e Galleria Borghese, Rome.
Caravage, un destin romanesque
Garçon à la corbeille de fruits , vers 1593.
Huile sur toile, 70 x 67 cm .
Museo e Galleria Borghese, Rome.
Les Premières Années et son depart pour Rome
Milan
De l’époque où Caravage vivait dans la capitale lombarde, les milanais auraient conservé quelques premières œuvres de sa main, plus ou moins négligées par la recherche et dont les attributions sont aujourd’hui contestées. Elles furent néanmoins très significatives pour la connaissance de l’artiste, puisqu’elles portent en leur sein quelques particularités caravagesques. C’est auprès du peintre bergamasque Giovanni Cariani (actif entre 1511 et 1541) grâce à sa toile représentant un groupe de personnes sur une terrasse, datant de l’année 1519, et avec un joueur de luth, évoquant des motifs semblables, que Caravage s’appropria son penchant pour le genre monumental auquel il attacha plus tard beaucoup d’importance – bien qu’il s’adonnât dès le début de sa carrière à ce côté grandiose. Dans certaines œuvres milanaises, on aperçoit aisément la main du maître de Michelangelo Merisi, auprès duquel, selon les sources, le jeune fils du maître compagnon était ensuite en apprentissage. Il s’agit tout simplement de Bernardino Lanini [14] dont la maniera s’inspirant du style de Gaudenzio Ferrari est parfaitement reconnaissable. Caravage, à cette époque, semble s’intéresser uniquement à la forme physique de l’être humain qui se détache simplement d’un fond neutre. Les proportions entre la superficie du tableau et du personnage, souvent dominant – en faisant abstraction de tous les modèles hérités – soulignent une particularité de plus en plus présente et à laquelle le peintre va spécialement s’attacher. Caravage s’inspira notamment de Butinone par exemple, et de son motif évoquant sainte Anne entourée de sa famille. Dans nombre de ses œuvres, on retrouvera en effet l’étroitesse du cadre, qui nous évoque les tableaux de l’ancienne école milanaise et soulign