146
pages
Français
Ebooks
2013
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
146
pages
Français
Ebook
2013
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Publié par
Date de parution
24 janvier 2013
Nombre de lectures
6
EAN13
9782810403691
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
1 Mo
Publié par
Date de parution
24 janvier 2013
Nombre de lectures
6
EAN13
9782810403691
Langue
Français
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Pour Lorna.
Prologue
L eonardo DiCaprio se souvient de l’instant précis où le film Titanic a bouleversé sa vie.
C’était à Paris, à l’aéroport Charles-de-Gaulle. L’épopée tragique de James Cameron était en passe de devenir le plus grand film de l’histoire du cinéma. DiCaprio, à peine âgé de vingt-trois ans à l’époque, se retrouva avec une adolescente littéralement suspendue à ses basques. Son admiratrice en plein délire était paralysée par l’émotion. Elle qui avait seulement rêvé d’apercevoir son idole, était finalement parvenue à le prendre à bras-le-corps. Elle effectua un placage en règle et se cramponna à lui comme si sa vie en dépendait.
Au milieu du chaos et de la foule, Leonardo eut un éclair de lucidité et fut soudain frappé par l’absurdité de la situation.
« Je l’ai regardée dans les yeux, se souviendrait-il plus tard, et je lui ai dit : “Quelle que soit l’image idyllique que tu aies de moi, elle est fausse. Je vais m’asseoir et on va parler. Tu n’as pas besoin de te cramponner comme ça ni d’enfoncer tes ongles dans ma chair. Cela ne doit pas se passer comme ça ! »
Mais la fille, qui n’avait pas plus de quatorze ans, avait d’autres idées en tête. C’était comme si elle croyait qu’en continuant à s’accrocher à lui, il ne le remarquerait pas – et elle n’était pas prête à y renoncer sans se battre.
DiCaprio raconta : « Elle pressait sa tête contre ma jambe. Je lui ai demandé : “Que fais-tu, mon ange ?” Et elle continuait de s’agripper. Elle avait une sorte d’obsession dans le regard. Elle ne me regardait pas moi, seulement ma jambe. Je l’ai observée, puis je lui ai saisi le visage un peu fermement et lui ai dit : “Hé ! Ho ! C’est bon, tu peux… tu peux me lâcher la jambe. Tout va bien se passer.” Elle n’arrêtait pas de dire : “Non, non, non, non !” et j’ai dû décoller doucement ses mains de mon corps. »
Si Leonardo avait eu encore quelques doutes sur le fait que la « Leo-mania » soit devenue un phénomène planétaire – provoquant chez les fans une hystérie que l’on n’avait pas vue depuis les Beatles –, ils furent immédiatement balayés. Jusqu’à ce que Titanic devienne le plus grand succès au box-office, l’acteur avait réussi à vivre heureux, dans un relatif anonymat. Discrètement, il s’était taillé une jolie réputation, fondée sur des choix de rôles risqués et ambitieux, et il avait déjà à son actif une nomination aux Oscars pour sa performance dans Gilbert Grape. Mais rien de tout cela n’avait encore précipité des filles hurlantes à ses pieds. Durant les quelques mois qui suivirent la sortie du film sur grand écran, sa vie changea à jamais.
Il se classa en tête du palmarès des cinquante people les plus beaux du monde – consécration ultime qui lui arracha ce commentaire : « Vous voulez être reconnu pour votre travail, et non pour avoir été le beau gosse du mois. »
Bientôt il devint clair pour lui qu’il ne pourrait plus se rendre nulle part sans être reconnu. Au mois de décembre 2003, il effectuait une expédition sur l’environnement, au cœur de la forêt tropicale amazonienne, avec sa petite amie de l’époque, le top-modèle Gisele Bündchen. Alors qu’il était parti à la rencontre d’une tribu d’Indiens du Brésil dans l’Alto Xingu, il fut complètement abasourdi lorsque l’un de ses membres le reconnut immédiatement et se lança dans une tirade enthousiaste sur l’« homme de Titanic ».
« C’est sûr, ça me poursuit, admit Leo après cette rencontre. Je n’exagère pas. J’ai été en Amazonie et des gens entièrement nus connaissaient le film. » Quelques années plus tard, il était repéré dans un petit village poussiéreux du Mozambique, en train de tourner Blood Diamond .
Leonardo fit le bonheur de la presse à scandale. Après Titanic , il était de notoriété publique qu’il avait quelque peu déraillé. En juin 1998, le New York Magazine fit des révélations extrêmement préjudiciables sur Leo au beau milieu d’une fête : elles ne le montraient pas sous son meilleur jour. Pour la première fois, il apparaissait comme un coureur de jupons et un gros buveur. Dans le milieu de l’industrie cinématographique, il se disait qu’il faisait des choix de film étranges, quand il aurait dû rapporter des millions et remplir les multiplexes en parfait jeune premier. Au lieu de cela, des films tels que L’Homme au masque de fer et La Plage dépassèrent à peine les cent cinquante millions de dollars – scores honorables pour n’importe quel autre acteur mais véritable flop au regard du 1,8 milliard de dollars récolté par l’épopée de James Cameron.
Alors que son cachet par film passait de deux millions à vingt millions de dollars, on lui reprochait de sortir avec quelques-unes des plus séduisantes femmes du monde. Même celles avec qui il n’entretenait pas de liaison faisaient les gros titres. Au fil des années, il fréquenta les actrices les plus demandées d’Hollywood : Demi Moore, Alicia Silverstone, Claire Danes, Liv Tyler, Sara Gilbert, Natasha Henstridge et Juliette Lewis, sans oublier les mannequins Bridget Hall, Kristen Zang, Bijou Phillips, Naomi Campbell, Amber Valletta, Helena Christensen, Kate Moss et Eva Herzigova.
Oui, après le succès de Titanic , la vie était devenue bien rude pour Leonardo DiCaprio ! On comparait ses exploits à ceux d’une légende anglaise du football, George Best, qui faisait l’objet d’une anecdote désormais célèbre. Un groom qui était entré dans la chambre d’hôtel du sportif coureur de jupons, l’avait trouvé étendu sur le lit à côté de la Miss Monde du moment et de ses gains du casino ; choqué, il avait alors déclaré : « George, comment en es-tu arrivé là ? »
Plus sérieusement, le harcèlement médiatique dont Leonardo fit l’objet après 1997 incita l’acteur à se demander s’il avait fait le bon choix en renonçant au rôle principal de Boogie Nights – rôle qui échut finalement à Mark Wahlberg – au profit de celui de Titanic .
Après le succès de Titanic , DiCaprio sombra dans la vie nocturne. « Tout est arrivé si vite, je me suis senti comme englouti par tout ça », confia-t-il. Et il lui fallut en effet près d’une décennie pour se remettre et se retrouver. Comme il le faisait remarquer : « J’avais vingt-deux ou vingt-trois ans, et c’était complètement surréaliste. C’était dément. Personne n’aurait pu prédire un tel succès ni un tel retentissement dans le monde entier. Je frémis quand je m’entends me plaindre. Tant de gens ont de vrais problèmes, bien plus graves. Il n’empêche que c’était un scénario bizarre, vraiment bizarre. Après Titanic, je devais me consacrer à des choses qui n’avaient rien à voir avec mon art. Tout le business avec les agents, les publicitaires et les manageurs. Cela peut être extrêmement frustrant et, en fin de compte, c’est juste une perte de temps. Vous n’avez pas de véritable contrôle sur la manière dont les médias ou le public vous perçoivent. Je sais qui je suis, mes amis aussi. Mais je ne me plains pas ! Je fais un métier que j’adore et c’est un cadeau très précieux. »
Après des épisodes comme sa rencontre avec la jeune fan à Paris, Leonardo finit par accepter son statut de superstar, acquis en un seul film. Mais il n’en fut pas toujours ainsi. Au départ, il avait décliné le rôle qui ferait de lui une idole. Il redoutait la grosse machine marketing qui sous-tend ces productions colossales. Il refusa même d’assister à la cérémonie des Oscars durant laquelle le réalisateur et toute l’équipe avaient raflé la mise. Mais depuis, il avait appris à aimer cela.
« J’ai toujours appréhendé les films de studio à gros budgets, dit Leo. Le battage médiatique me fait peur. Mais dans l’ensemble, j’étais heureux de faire partie de l’aventure Titanic . En tant qu’acteur, je considère un film comme une œuvre artistique à part entière, tout comme une peinture ou une sculpture. Dans cent ans, des gens regarderont encore ce long-métrage. »
DiCaprio avait bien fait de changer d’attitude. En 2012, à l’ère du numérique, le film est ressorti au format 3D – juste à temps pour célébrer le centenaire de la terrible catastrophe. Une fois de plus, un Jack Dawson au teint frais illumine les écrans du monde entier, rallumant la flamme de la « Leo-mania » et faisant découvrir l’idole à des milliers de nouveaux fans.
Si Leonardo DiCaprio est sans conteste aujourd’hui l’une des stars les plus puissantes d’Hollywood, il aurait pu en être tout autrement. En fait, sans l’obstination d’une mère, il y a presque soixante-dix ans, dans une petite commune d’Allemagne, il n’aurait jamais vu le jour…
1
Crasseville
L a vie pour Leo débuta non dans les rues misérables de Los Angeles où, comme chacun le sait, il passa son enfance, mais durant la Seconde Guerre mondiale dans l’Allemagne semi-rurale. C’est là qu’allait se jouer le destin du futur Leonardo DiCaprio.
Helene Indenbirken était alors une jeune maman. Sa fille, Irmelin, avait tout juste deux ans lorsqu’elle se cassa la jambe et dut être conduite à l’hôpital le plus proche. À Oer-Erkenschwick, petite ville de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l’hôpital était en sous-effectif et le personnel totalement débordé. Alors que la petite Irmelin avait été allongée sur un lit et était censée se reposer, personne ne prit le temps de constater que son état était en train de se détériorer, dans la plus grande discrétion.
À mesure que les flots de réfugiés et de blessés de guerre envahissaient les services, les infirmières de garde avaient moins de temps à consacrer aux cas jugés peu graves. Seule Helene – Yelena Smirnova de son vrai nom –, jeune immigrée russe récemment arrivée en Allemagne, comprit la gravité de l’état de sa fille. Face à la saturation des infirmières et consciente du danger qui menaçait son enfant, Helene décida d’administrer elle-même à Irmelin les soins dont elle avait cruellement besoin.
Ce qui aurait dû être une banale convalescence se mua en un horrible cauchemar pour Helene et sa fille. Irmelin développa infection sur infection et passa plus de deux ans et demi à l’hôpital, entre la vie et la mort. L’enfant était décharnée, son ventre ballonné. À plusieurs