198
pages
Français
Ebooks
2023
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Ebook
2023
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Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
Nombre de lectures
0
EAN13
9781783103584
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
3 Mo
Publié par
Date de parution
04 juillet 2023
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EAN13
9781783103584
Langue
Français
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3 Mo
Texte : Ashley Bassie
Traduction : Karin Py
Mise en page :
Baseline Co. Ltd
61A-63A Vo Van Tan Street
4 e étage
District 3, Hô-Chi-Minh-Ville
Vietnam
© Parkstone Press International, New York
© Confidential Concepts, Worldwide, USA
© Max Beckmann Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Otto Dix Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Hugo Erfurt / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Conrad Felixmüller Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
Art © George Grosz / Licensed by VAGA, New York, NY
© Alfred Hanf
© Erich Heckel Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Alexeï von Jawlensky Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Vassily Kandinsky Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / ADAGP, Paris
© By Ingeborg & Dr. Wolfgang Henze-Ketterer, Wichtrach/Bern
© Paul Klee Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Oskar Kokoschka Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / Pro Litteris, Zurich
© Käthe Kollwitz Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Ludwig Meidner
© Kunstsammlungen Böttcherstraße Bremen, Paula Modersohn-Becker Museum
© Otto Mueller Estate / VG Bild-Kunst, Bonn
© Edvard Munch Estate / Artists Rights Society (ARS), New York/ Bono, Oslo
© Gabriele Münter Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Heinrich Nauen Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Emil Nolde Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Nolde Stiftung Seebüll
© Max Pechstein Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Christian Rohlfs Estate / Artists Rights Society (ARS), New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Karl Schmidt-Rottluff Estate / Artists Rights Society (ARS) , New York / VG Bild-Kunst, Bonn
© Foto : Städtische Galerie im Lenbachhaus München
© Sprengel Museum Hannover, Photo: Michael Herling/Aline Gwose
Tous droits réservés
Sauf mention contraire, le copyright des œuvres reproduites se trouve chez les photographes qui en sont les auteurs. En dépit de nos recherches, il nous a été impossible d’établir les droits d’auteur dans certains cas. En cas de réclamation, nous vous prions de bien vouloir vous adresser à la maison d’édition.
ISBN : 978-1-78310-358-4
Ashley Bassie
L ’ EXPRESSIONNISME
Sommaire
QU ’ EST-CE QUE L ’ EXPRESSIONNISME ?
UN ART « ALLEMAND » ? Les Origines et les sources de l ’ expressionnisme
LE CORPS ET LA NATURE
LE MOI ET LA PSYCHÉ
LA MÉTROPOLE ET LA MODERNITÉ
LA VISION ET L ’ ESPRIT
LA GUERRE ET LA RÉVOLUTION
LA FIN DE L ’ EXPRESSIONNISME ?
LES INCONTOURNABLES
MAX BECKMANN (1884 Leipzig – 1950 New York)
OTTO DIX (1891 Untermhaus bei Gera – 1969 Singen)
GEORGE GROSZ (1893 Berlin – 1959 Berlin)
VASSILY KANDINSKY (1866 Moscou – 1944 Neuilly-sur-Seine)
E.L. KIRCHNER (1880 Aschaffenburg – 1938 Frauenkirch)
PAUL KLEE (1879 près de Berne – 1940 Muralto)
OSKAR KOKOSCHKA (1886 Pöchlarn an der Donau – 1980 Montreux)
FRANZ MARC (1880 Munich – 1916 Verdun)
EMIL NOLDE (1867 Nolde-1956 Seebüll)
EGON SCHIELE (1890 Tulln – 1918 Vienne)
Bibliography
Index
Edvard Munch , Madone , 1893-1894.
Huile sur toile, 90 x 68,5 cm .
Munch museet, Oslo.
QU’EST-CE QUE L’EXPRESSIONNISME ?
Le mot « expressionnisme » a changé de signification au gré des époques. Dans le sens du terme que nous utilisons aujourd’hui, pour parler sans ambiguïté de « l’expressionnisme allemand », il désigne un vaste mouvement culturel, apparu en Allemagne et en Autriche au début du XX e siècle. Pourtant l’expressionnisme est complexe et contradictoire. Il englobe la libération du corps comme l’exploration de la psyché. Au cœur de ses rangs disparates, on rencontrait aussi bien l’apathie politique que le chauvinisme, ou encore l’engagement révolutionnaire. La première partie de cet ouvrage est agencée de façon thématique, plus que chronologique, afin d’esquisser certains des traits les plus caractéristiques du mouvement, ainsi que ses préoccupations. La seconde partie est constituée de courts essais sur quelques peintres expressionnistes choisis, mettant en lumière les aspects spécifiques du travail de chacun de ces artistes. Les racines complexes de l’expressionnisme puisent très loin dans l’histoire et la géographie. Deux de ses sources les plus importantes ne sont ni modernes, ni européennes : l’art du Moyen Âge et l’art tribal des peuples prétendus « primitifs ». Une troisième source n’a pas grand-chose à voir avec les arts visuels : il s’agit de la philosophie de Friedrich Nietzsche. Pour compliquer encore l’affaire, le terme « expressionnisme » était à l’origine utilisé différemment. Jusqu’en 1912 environ, il décrivait généralement une forme d’art progressiste, très distincte de l’impressionnisme, voire « anti-impressionniste », apparue en Europe, principalement en France. Par conséquent, l’ironie veut que le terme ait d’abord été appliqué à des artistes non allemands comme Gauguin, Cézanne, Matisse ou Van Gogh. En pratique, jusqu’au déclenchement de la Première Guerre mondiale, l’ « expressionnisme » était encore une expression « fourre-tout » englobant les plus récentes formes de modernité, comme les Fauves, les futuristes ou encore les cubistes. L’importante exposition du Sonderbund par exemple, organisée à Cologne en 1912, se servait du terme pour désigner à la fois la toute jeune peinture allemande et les artistes internationaux.
Mais à Cologne déjà, le glissement s’amorçait. Les organisateurs de la manifestation et la plupart des critiques soulignèrent les affinités manifestes entre l’ « expressionnisme » de l’avant-garde allemande, et celui du Hollandais Van Gogh et du Norvégien Edvard Munch , invité d’honneur de l’exposition. Ce faisant, ils minimisaient légèrement l’importance dont jouissaient jusque-là les artistes français, comme Matisse, et imprimaient au concept d’expressionnisme une orientation clairement « nordique ». Munch lui-même fut stupéfait lorsqu’il vit l’exposition. « Il y a ici une collection des plus sauvages peintures d’Europe », écrivit-il à un ami, « la cathédrale de Cologne vacille sur ses fondations ». Bien plus qu’un domaine géographique, ce glissement révélait que les atouts de l’expressionnisme ne résidaient pas tant dans la nouveauté des moyens formels servant à décrire le monde physique, que dans sa façon de communiquer une perception particulièrement sensible, voire légèrement névrotique du monde, allant bien au-delà des simples apparences. Comme dans l’Œuvre de Van Gogh et de Munch, l’expérience humaine subjective et individuelle était au cœur de ses préoccupations. Tandis qu’il prenait de l’ampleur, une chose devint parfaitement claire : l’expressionnisme n ’ était pas un « style ». Ceci explique en partie pourquoi ni les conservateurs, ni les critiques, ni les marchands d’art, pas plus que les artistes eux-mêmes, ne pouvaient s’accorder sur l’emploi ou la signification du terme.
Oskar Kokoschka , Dents du Midi , 1909-1910.
Huile sur toile, 80 x 116 cm .
Collection privée.
Néanmoins, le terme « expressionnisme » fut largement consacré dans le monde des arts en Allemagne et en Autriche. Il s’appliqua d’abord à la peinture, à la sculpture et à la gravure, et un peu plus tard à la littérature, au théâtre et à la danse. On a même été jusqu’à dire que si l’impact de l’expressionnisme avait été le plus fructueux sur les arts visuels, c’est sur la musique que ses répercussions furent les plus radicales, impliquant des éléments comme la dissonance et l’atonalité dans les œuvres des compositeurs (surtout à Vienne) tels que Gustav Mahler, Alban Berg ou Arnold Schoenberg. En dernier lieu, l’expressionnisme infiltra l’architecture, et l’on put même en discerner les effets dans les films de divertissements les plus récents.
Aujourd’hui, les historiens ne sont toujours pas d’accord sur ce qu’est l’expressionnisme. Beaucoup d’artistes qui incarnaient la quintessence du mouvement rejetèrent eux-mêmes cette étiquette. Compte tenu de l’esprit anti-académique et de l’individualisme féroce qui caractérisaient l’expressionnisme, cela n’a rien de surprenant. Dans son autobiographie, Jahre der Kämpfe (Années de lutte), Emil Nolde écrivit : « Les intellectuels de l’art me qualifient d’expressionniste. Je n’aime pas cette restriction. » De profondes différences séparent les œuvres des principales figures du mouvement. Le terme est tellement élastique qu’il peut s’appliquer à des artistes aussi variés que Ernst Ludwig Kirchner, Paul Klee, Egon Schiele et Vassily Kandinsky. Nombre d’artistes allemands qui eurent la chance de vivre longtemps, tels Max Beckmann, George Grosz, Otto Dix et Oskar Kokoschka, n’adoptèrent le mode « expressionniste » que durant un petit nombre de leurs années de productivité – et encore à des degrés très divers.
Egon Schiele , Soleil d ’ automne I (Lever de soleil) , 1912.
Huile sur toile, 80,2 x 80,5 cm .
Collection privée.
Ernst Ludwig Kirchner , Rue à Dresde , 1907-1908.
Huile sur toile, 150,5 x 200,4 cm .
The Museum of Modern Art, New York.
D’autres eurent des carrières tragiquement courtes, nous laissant imaginer la façon dont aurait évolué leur Œuvre. Paula Modersohn-Becker et Richard Gerstl disparurent avant même que le terme ne soit entré dans l’usage. Avant la fin de l’année 1914, le peintre August Macke et les poètes Alfred Lichtenstein et Ernst Stadler étaient morts au champ de bataille. Un autre poète, Georg Trakl, absorba une overdose de cocaïne, incapable de surmonter les horreurs endurées dans une unité médicale de Pologne pendant son service militaire. Franz Marc tomba en 1916. À Vienne, le jeune Egon Schiele ne survécut pas à l’épidémie de grippe dévastatrice de 1918, et Wilhelm Lehmbruck demeura tellement trau