Arlette Arlington et autres nouvelles , livre ebook

icon

8

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2017

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
icon

8

pages

icon

Français

icon

Ebooks

2017

icon jeton

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Lire un extrait
Lire un extrait

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne En savoir plus







Retrouvez ici dix nouvelles de Brigitte Lécuyer, dix sujets aussi passionnants que variés. L’auteure nous transporte dans son imaginaire qui bien souvent se confond avec des faits historiques et même vécus. La vie de l’enfant, puis de la jeune adulte qu’elle fut, s’entremêlent ici, côtoyant des sujets qui tiennent plus du conte que du réel. Brigitte n’est jamais avare d’humour ni de cocasserie. Son écriture laisse également une grande place au rêve, et nous entraîne sur des chemins merveilleux. Elle sait toujours trouver le mot juste et on en redemande. Régalez-vous !







Voir icon arrow

Publié par

Date de parution

10 mai 2017

Nombre de lectures

0

EAN13

9782372224031

Langue

Français

Brigitte Lécuyer
 
Arlette Arlington
et autres nouvelles
 
© Brigitte Lécuyer
Bookless-editions
Tous droits réservés
Mai 2017
N°ISBN : 978 2 37222 399 7  
 
Sommaire
 
 
  1  –  Arlette Arlington
  2  –  Au bord de l’eau
  3  –  Conte patriotique
  4  –  Entre midi et deux
  5  –  Fragments de mur
  6  –  La fille sur la photo
  7  –  La planche à repasser
  8  –  Peut-être
  9  –  Un départ à la neige
10  –  Un petit clic
 
  Arlette Arlington
 
 
 
C’est à Arles que je suis née le 6 juin 1944 à l’aube.  Mon petit papa qui avait eu vent de l’événement par la BBC avait glissé à l’oreille de maman qui hurlait de douleur, que si c’était une fille, il fallait m’appeler Victoire  parce que  forcément c’était un signe du destin. Mais maman, elle s’en fichait bien des signes du destin et que les américains débarquent en Normandie, puisque je débarquais moi, et que ça faisait dix ans qu’elle n’attendait que ça : une lignée à elle, même si la lignée s’est arrêtée net avec moi. À cet instant-là, elle l’ignorait. J’arrivais avec une semaine de retard et des voisines peu compatissantes,  prétendaient que les bébés qui tardaient à venir n’étaient souvent que de pauvres fadas.   
Le jour J, on avait dû recourir aux forceps, car si maman avait des contractions bien pointues, elles n’avançaient guère le travail. La sage-femme, une novice, avait beau écraser le ventre de maman de toutes ses forces et de son popotin, je ne montrais pas mon nez pour autant. Ma petite mère, qui d’habitude surveillait son langage, avait tant ameuté le voisinage qu’on avait cru que la gestapo y était encore pour quelque chose. Une chaleur torride engluait les corps et les mégères du quartier de la Roquette où nous habitions, affirmaient que la Pierrette, elle devait être possédée par un fieffé démon pour sortir autant d’horreurs à cette sage-femme d’occasion.
Enfin, après des heures de rude bataille, je fis mon apparition triomphante et fraîche comme une tomate.  Puisque maman en avait bavé des ronds de chapeaux, elle s’était  accordé le droit de choisir mon prénom. C’est donc elle et elle seule qui l’avait gagné e cette bataille et on ne pouvait pas dire que papa l’avait beaucoup aidé. Impuissant mais fier de lui tout de même, il avait dû se résigner, Victoire ou pas ! N’empêche, ses beaux rêves tombaient à l’eau, il avait désiré si fort un fiston, un beau petit mâle pourvu de tout l’attirail et voilà que lui tombait des nues une pisseuse aux cheveux orange avec de s grains de son sur tout le corps  comme si on avait laissé ce bébé-là au soleil sous une passoire à nouilles.
Maman qui ne faisait rien dans le détail, ni le sentimental, lui avait dit à bout de souffle :
- Paul, voici ta fille, Arlette, elle est chouette non ?  
Avant qu’il ne réagisse, elle s’était endormie et personne n’aurait osé la réveiller.
Ne riez pas, Arlette voilà bien le prénom dont j’ai hérité : Arlette Arlington née à Arles, plus ridicule, tu meurs, et bien maman l’a fait et quand plus tard elle m’a narré l’histoire, j’ai encore plus détesté maman et mon navrant prénom qui était déjà le même que ma grand-mère maternelle, quel manque d’imagination tout de même ! Mais là,  on ne risquait pas de nous confondre. Mon nom de famille c’est différent, je l’aime parce qu’il fait plutôt exotique pour ici, et si papa nous a  bassiné  avec ces soi-disant origines Irlandaises, on peut le comprendre et l’excuser.
Dans la famille de maman on sait ce qu’il en est, enfin on sait d’où l’on vient sans équivoque. La famille de maman, native du cru, brille surtout par une pénurie chronique de mâles.  Elle se résume à quatre tantes veuves et trois cousines, toutes bigleuses. Quant à mémé qui vit à côté, et qui a été veuve avant ses vingt ans, elle est à portée de main de sa fille, et les deux femmes s’entendent si bien qu’on affirme que maman n’aurait jamais coupé le cordon.
Papa qui n’est, lui qu’un gosse de l’Assistance, prétend qu’il a été trouvé par un irlandais, ce fameux Arlington dont je porte le nom. Un type douteux pour ce pays d’ici, car plus rouquin qu’un renard. Toujours d’après papa, cet étranger l’aurait ramassé dans un fossé.  
On racontait surtout que l’Irlandais était arrivé un matin et reparti aussi sec.  Riche, enfin à l’aise, il avait engrossé une femme du cru, une orpheline.  En bon Irlandais,  il s’était senti obligé de régulariser et le curé les avait mariés, sans tralala ni cérémonie. Hélas la jeune épousée éta i t morte en couches et le bébé n’avait pas survécu. Ensuite, on avait vu l’Irlandais traîner de tripot en tripot et jouer gros. Une nuit en rentrant d’une de ses beuveries, il avait découvert un gamin dans le caniveau. De le porter sous une pluie battante, l’avait aussitôt dégrisé. Rentré à son domicile, il l’avait étrillé comme un canasson, réchauffé, attifé, il  avait  même découpé un de ses plaids écossais qu’il aimait tant pour lui confectionner une sorte de poncho. Puis, il lui avait fait avaler une bouillie de gruau que l’enfant avait aussitôt vomie, mais il l’avait veillé jusqu’au matin, le trouvant fiévreux. Plus tard,  il avait acheté à la ferme d’à côté,  des fruits, du lait, des œufs frais et des pommes de terre et il lui avait fait la cuisine. Le gosse était roux et affamé et il ne savait pas parler.  Alors Arlington dont on n’avait jamais connu le prénom, avait entamé sa petite enquête. Il avait soudoyé deux ou trois policiers pour savoir d’où l’enfant pouvait sortir. En cette période troubl e , les gosses perdus n’intéressaient guère le monde, on avait d’autres chats à fouetter. La recherche s’avéra nulle. Le temps était passé et comme personne ne semblait savoir d’où venait le môme, il l’avait gardé un peu, le temps qu’il se requinque. Pour finir, et parce que ça ne pouvait pas durer éternellement comme ça et qu’il voulait rentrer chez lui, il l’avait déposé tout ensommeillé sur les bancs de l’église, après lui avoir accroché une étiquette sur le ventre, avec son nom à lui et un gros point d’interrogation en guise de prénom.
Papa avait conservé l’étiquette pour prouver ses dires. C’était plus criant qu’une carte d’identité. 
Le curé de l’église S t Paul, l’avait baptisé « Paul Arlington » et confié illico à l’Assistance Publique. L’histoire pouvait paraître curieuse, mais tout le monde y croyait dur comme fer, à commencer par mon papa.  Il s’inventa même une histoire, persuadé qu’il é t ait vraiment le fils d’Arlington,  et que celui-ci avait eu, non pas un enfant, mais deux, et qu’il était le survivant de jumeaux. Pour étayer ses dires, il baragouinait deux ou trois phrases en anglais, une langue qu’il disait connaître sans l’avoir jamais apprise.
Mon papa est un type foncièrement gentil, trop peut-être. En tout cas c’est dans sa nature de voir le bien partout. Papa, même aux allemands, il leur trouve des qualités, mais il se garde  bien de l’avouer, sauf à sa femme à qui il dit tout.
Depuis ma naissance, il est dubitatif, persuadé que je n’ai pas une tête à m’appeler Arlette, il dit qu’Arlette c’est bête comme chou et même vulgaire, et que Victoire ça serait autrement plus classe, pour se frayer un chemin dans la vie, surtout quand on a comme lui et moi, des cheveux plus flamboyants qu’un ciel d’automne.
Maman qui est frisée comme une scarole et moins grosse que la voisine d’en face, souffre de strabisme divergent et elle, si elle a coiffé  sainte Catherine, c’est juste qu’elle attendait le bon, lequel  tardait à venir à

Voir icon more
Alternate Text