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« Aimez naître, aimez vivre, aimez mourir, le néant n'existe pas... »


Trois femmes, trois destins, des meurtres sanglants et énigmatiques...Le Fâ de chacune, sa destinée vaudou, croise celui des autres au cours d'une enquête ou une série d'homicides brouille les pistes. Difficile d'y voir clair pour Gerda Morguenns, cheffe de groupe à la brigade criminelle.Quelle vérité cache la réalité qui vacille autour d'elle ?

Seul Papa Legba, le messager des loas et le gardien des portes de l'autre monde, a la réponse. Est-il cependant bien raisonnable de remettre son destin entre ses mains ?



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Publié par

Date de parution

31 octobre 2020

Nombre de lectures

0

EAN13

9782492240690

Langue

Français

OREZZA D’ANTES
Corporation
« Aimez naître, aimez vivre, aimez mourir, le néant n’existe pas… »
 
 
 
© Orezza D’Antes, 2020
© Éditions Octoquill, 2020
 
Pour la couverture
© Clément Mona
 
Pour la correction
© Florian Lebel
 
 

Tous droits réservés.
 
Dépôt Légal : novembre 2020
 
Le présent ouvrage est protégé par le Code de la Propriété Intellectuelle. De ce fait, toute reproduction partielle ou totale est interdite sans l’accord de l’éditeur et de l’auteure.
 
 
 
 
Merci encore une fois à Phoebus Cronic de l’agence Scoop Chérubin pour l’indispensable coup de main et le soutien sans faille tout au long de la genèse de ce texte.
Merci à ceux qui ne l’ont pas aimé et qui m’ont permis de le rendre meilleur.
Merci également à Lorine pour sa confiance et son enthousiasme pour ce tout premier livre.
Et surtout, bienvenue à vous qui découvrez les Éditions Octoquill !
 
ODA
 
Avertissement
Lectrice, Lecteur,
Toi qui découvres ces mots, oublie tes certitudes logiques et rationnelles entre ces pages. N’y cherche pas le monde que tu connais. Il est loin derrière toi. Dans une autre réalité. Ici règne le Fâ. Quelle force pourrait être plus puissante ?
 
Orezza d’Antes
***
L’histoire qui va suivre a été inspirée à l’auteure par la religion vaudou. L’intrigue découle d’un certain nombre de recherches sur le sujet, mais ne prétend pas à l’exactitude. S’agissant d’une œuvre de l’esprit, le rituel décrit entre ces pages n’existe pas. Corporation n’a jamais eu pour intention de diaboliser le vaudou, ses pratiquants, ni même de se l’approprier de quelque manière que ce soit.
 
Bonne lecture .
PROLOGUE – VAUDOU
À travers l’espace et le temps, à la faveur de la nuit qui s’avançait, les loas 1 venus de l’au-delà chevauchaient leurs âmes, brumeuses comme des songes. Leurs souffles haletants enchevêtrés, pimentés de rhum et de tabac, répandaient des ondes de feu dans l’air étouffant de l’hounfor 2.
Cependant, par sa porte ouverte, on devinait une autre réalité, celle de l’immensité de la salle de réception d’un luxueux appartement parisien. Sa blancheur moderne aseptisée, baignée par la pâle lueur de la lune, tranchait avec l’exubérance de la cérémonie qui se déroulait dans son prolongement.
Étrange et décalé, cet endroit confrontait l’Occident rationnel et froid du grand salon à l’animisme. Des vèvès de semoule de maïs et de poudre de brique, tracés sur un dallage de marbre gris, côtoyaient des murs blafards, surchargés de portraits de saints et de Mater dolorosa aux cœurs sanglants, dans un syncrétisme bigarré. Marie s’appelait Erzulie et Saint-Pierre, Legba. Çà et là, dans des coupelles d’argile brute, herbes et encens se consumaient au milieu d’offrandes de plumes et de chairs, parmi de lourds parfums emplis de prières et de chants.
Ce soir, en ce lieu, la vie et la mort se croiseraient.
Il est le soleil, celui qui apporte la vie, Mait’Karrefour… psalmodiait la voix des tambourins qui tournaient avec ferveur autour du poteau-mitan 3.
Déjà, Papa Legba 4 levait la lame du couteau de l’houngan 5 en transe.
La croisée des mondes se dessinait dans sa voix caverneuse. Le point crucial qu’ils espéraient tous approchait…
Puis, alors que la tension ne faiblissait pas et que l’autre fille allongée à côté d’elle souriait, elle comprit ce qui se tramait.
Esprit de mort, mort lui-même, ouvre la porte ! clama quelqu’un.
Certitude létale des mots.
Une vague froide déferla dans ses veines, se changeant en traînées de sueur glacée le long de son dos et de ses tempes. Une terreur sans nom figea son regard. La suite s’enchaîna à toute vitesse.
Diablerie qui submerge et raidit le corps. Réflexe de survie…
Instinctivement, son esprit s’arc-bouta sur une seule idée : fuir.
Les liens et la poigne de fer qui la retenaient l’en empêchèrent. Sous la contrainte, sa gorge se gonfla de hurlements qui ne passèrent pas ses lèvres.
À son corps défendant, elle vécut la scène. Un coussin sur la bouche. Au ralenti. Un cauchemar de secondes au milieu de la mélopée extatique.
Dans un éclair, l’acier pénétra les chairs d’un coup sec.
Apnée de la mort.
Apogée du chant.
Tout s’acheva alors que tout n’était que succession d’instants et de cris des fidèles.
Au loin, dans la noirceur des terres sans vie du domaine du lwa Baron 6, palpitait son cœur… et Legba riait, riait…
1.
4 mai 2019
« Devine qui est mort ? »
L e SMS, arrivé à trois heures et demie du matin sur l’écran du portable de Gerda Morguenns, ne lui arracha pas de gloussements de joie ou une envie démesurée d’exercer sa sagacité. À la crim', les macchabées ne constituaient pas une denrée rare, et leur irruption régulière dans ses nuits de plus en plus pénibles pour cause de grossesse ne l’amusait pas.
Au moins, avec un adjoint, elle avait pu déléguer une partie du boulot sur les tranches horaires nocturnes. Mais Martin était loin d’être fiable. Sa propension à lui savonner la planche n’avait d’égal que son application à la prévenir trop tard.
Les yeux encore gonflés de sommeil, elle texta donc à la hâte :
« Le nom et c’est où ? »
La réponse lui parvint en quelques secondes. Dans le brouillard de sa nuit qui s’achevait, Gerda entrevit le nom de Belle Camponi et une adresse dans un quartier huppé de la capitale. Le tout était accompagné d’un :
« Ramène ton boule fissa, cheffe ! Et n’oublie pas ton sac à vomi. C’est plus gore que tes dernières règles ! »
Martin et sa familiarité de gros lourd amateur de troisièmes mi-temps… Il le portait sur sa tête de brute aux oreilles mâchées. En sus de son crâne rasé, et de ses tatouages crades, c’était sa marque de fabrique. Celle des durs à cuire selon lui. Aucun respect hiérarchique à en attendre, surtout pour une femme, de surcroît enceinte. Pas de finesse dans les vannes non plus. Masculiniste assumé et vrai mec dans un monde de « Bisounours efféminés », il ne se privait pas d’en lâcher. Et c’était un gros problème.
Avec lui, les perles de sexisme et d’homophobie s’enchaînaient et restaient longtemps en travers de la gorge. Mais « fallait faire avec », comme le divisionnaire l’avait seriné plusieurs fois à Gerda en lui rappelant ce qu’il estimait être la base du management administratif pour les nuls et la disette budgétaire actuelle. Martin était, selon ses critères, « un bon flic ». En dépit d’un contact rugueux et de ses aspirations au compagnonnage viril, ses idées n’interféraient, soi-disant, pas avec le service.
Gerda avait encore eu droit à cette analyse de la situation trois jours plus tôt, après un énième dérapage du fonctionnaire modèle. Un désaveu cinglant pour elle qui ne supportait plus d’encaisser ce genre de langue de bois complaisante qu’elle jugeait déplacée et archaïque.
Quant à la reprise, façon ritournelle oppressante de la recette managériale spéciale à base de sourires et de compromis, pour ne pas passer pour une peau de vache hystérique, elle lui laissait un relent amer.
Comme par hasard, dans les discours du divisionnaire, cette formule magique n’était réservée qu’aux « Madame le Chef ou la Cheffe », selon de ce que les intéressées désiraient, en fonction de leurs tendances ultraféministes ou non, et de leur respect de la langue française. La police promouvant officiellement l’égalité femme-homme, il « fallait bien faire avec » là aussi d’après le boss, et assurer la cohabitation de tout le monde en ne froissant personne…
Cependant, à ce stade de l’entretien, il n’avait rien trouvé de mieux que de lui rappeler sa propre promotion, sous-entendant qu’elle avait bien profité du phénomène de discrimination positive et de féminisation des effectifs, en devenant « cheffe ».
De quoi énerver un peu plus Gerda.
Si elle suivait la logique implicite de ces propos, outre le mépris palpable pour ses compétences professionnelles, elle ne pouvait en déduire qu’une chose : les hommes n’avaient pas besoin de prévenance pour réussir ni de conseils managériaux. Leur charisme et leur aptitude naturelle aux fonctions de leadership, induits par la testostérone et l’appendice qui pendouillait entre leurs cuisses, les conduisaient à avancer « naturellement » dans leurs carrières sans aide extérieure.
Quant aux « problèmes de communication » avec leurs semblables récalcitrants, ils étaient réglés discrètement, entre quatre yeux, à la photocopieuse, sans que personne n’y trouve à redire et ne vienne déranger un divisionnaire avec des histoires de cour de récré sans importance.
S’émouvoir de SMS émanant de son adjoint, parce qu’ils proposaient à tout le service « une bonne baise pour les dix ans à venir » autour de calembours douteux sur des préservatifs au goût crevette pour les tapettes, Whiskas pour les chattes difficiles, ou Frolic pour les chiennes en chaleur, entrait dans cette catégorie.
Selon le big boss, une sanction disciplinaire fondée sur un point de détail de ce genre ne mènerait à rien, sinon à plomber l’ambiance, surtout lorsqu’on était enceinte. D’ailleurs, il ne comprenait pas ce qui la gênait autant dans cette plaisanterie, car, dans son état, elle ne lui était certainement pas destinée !
La conclusion de l’entretien de Gerda avec le divisionnaire s’était donc rapidement imposée : double peine pour elle. Elle gardait son fléau, qui la remplacerait durant son congé maternité, afin de montrer de quoi il était capable en procédant à quelques « ajustements » ; histoire de remonter les statistiques de son groupe qui n’étaient pas fameuses ces derniers temps…
De surcroît, on la priait, pas très subtilement, de calmer ses hormones et de privilégier « le vivre ensemble » et l’intérêt supérieur du service, si elle souhaitait passer un jour à l’échelon supérieur.
La jeune femme était sortie du bureau lessivée et à bout de nerfs, entre honte et colère, mais aussi bien muselée et inquiète pour la suite de sa carrière. Dans son désarroi, tout ce qu’elle avait trouvé à se dire pour se réconforter était que, contrairement à sa collègue Zohra, cheffe de grou

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