De mes nouvelles... que j'espère bonnes ! , livre ebook

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2021

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Oppel donne de ses nouvelles, jugez s’il est en forme ! Un recueil indispensable à tout amateur du noir ne dédaignant pas de sourire : le cynisme élevé à l’état d’art littéraire...



TUEUR EN SERIE usant du soutien-gorge comme arme létale, municipalité sans scrupule et prête à tout pour réussir la fête annuelle, tueur migraineux, assassins vieillissants, trafiquant minable attrapé par son destin, famille atroce, ou soldat désemparé... Un recueil d’une richesse particulière. 16 nouvelles à ne pas rater.




Jean Hugues Oppel, un nom du noir, une signature, un talent, un regard, un style... Vous ne le connaissez pas ? Nous l’affirmons tout de go : ça vous manque forcément ! En supplément un inédit délicat ajouté aux 15 nouvelles déjà parues chez Ska.



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Publié par

Date de parution

01 juillet 2021

Nombre de lectures

0

EAN13

9791023408768

Langue

Français

Jean-Hugues Oppel


DE MES NOUVELLES… que j’espère bonnes !

Compilation + un inédit

Collection Noire Soeur
Sommaire

Ciel rouge
Chères familles
Tripalium
L’imposition du cireur Touchet
Nos Jaguars ne volent pas la nuit
A demon in my head
Carnaval***
Pas d’heures pour les braves
Un tigre chaque matin (inédit)
Ciel Rouge
 
 
Moon Martin cherche à joindre sa belle au téléphone et l’explique sur sa Stratocaster à l’accent texan . L’autoradio coûteux feule le rauque du Sud profond en douze mesures bien balancées. Une tranche de vie au fil des trois accords mythiques.
Marquer la cadence sur l’ébonite du volant.
 
Come on operator gimme Rolene on my line...
 
Ruban noir et mouillé, l’autoroute s’étire dans la nuit.
Kilomètres clones. Phares fantômes éblouis, feux de position lucioles furtives, dépasser et se rabattre, file de gauche pied au plancher, file du milieu pour la croisière et la moyenne, file de droite inconnue au bataillon. Bande d’arrêt d’urgence – croiser les doigts : pas de panne, surtout. Touchons du boa, comme disait l’herpétologue farceur.
Il ne pleut plus. Il repleuvra avant matin.
Soupir. Coup d’œil au rétroviseur. Y rencontrer des yeux las, rougis par le manque de sommeil, le poids des ans, une vie de patachon dérisoire et l’assurance de ne pas mourir vieux. Clignement complice des yeux accusateurs, retour reflet synchrone ; le contraire serait étonnant. S’adosser plus profond dans le siège pour essayer de cadrer plus large le visage, sans y parvenir : juste un peu de front au-dessus du regard, le nez et une moitié de lèvre supérieure. Assez pour se reconnaître.
Maurice G., au volant et en copie conforme dans le rétroviseur. G. tout court ; Maurice parce que grand-papa. État civil réduit, état général accordé sur la quarantaine délabrée, usée avant l’âge. Penser à autre chose.
Ramener les yeux sur le bitume.
Vision latérale limite de décrochage : 23 : 59 en chiffres digitaux phosphorescents à la montre du tableau de bord, encastrée près de l’allume-cigare.
Allumer une cigarette par esprit de contradiction. Bouffée brune dans les alvéoles pulmonaires qui en ont vu d’autres. Volutes arabesques révélées dans le contre-jour des codes à iode d’un pékin fort civil remontant l’asphalte vers la capitale. Maurice G. en descend dans sa Fuego. Cent mille au totalisateur, moteur gonflé, entretien bichonnage maniaque, pas une bosse, pas une éraflure sur la carrosserie pourpre profond métallisé ; un petit bijou de mécanique qu’il n’échangerait pour rien au monde, sauf la même.
Panneau éclairé à cheval sur les voies. Une ville, une distance. Mi-parcours.
Minuit.
L’heure de l’ ice cream à la pause. Ne pas manquer la prochaine station-service. En profiter pour s’y vider en faisant le plein ; Maurice se comprend. Pipi, café, caca si les toilettes sont propres et qu’il y ait du papier au dévidoir chromé. Peu de chance. Les précieux feuillets pointillés ou savamment pliés en éternel accordéon soyeux se font rares, comme les savons-citrons aux rotondités vaguement obscènes et les essuie-mains en bonne vieille toile rêche ; priorité à l’hygiène des souffleurs d’air chaud automatiques. Du vent, comme le reste.
Maurice ne rit pas. Sourit à peine. Mais se marre soudain en s’imaginant déculotté, les fesses tendues sous le bec brûlant de ces putains de souffleurs.
Fin de cassette. Autoreverse, comme on ne dit pas à l’Académie. C’est reparti.
Maurice G. s’épanouit dès les premières notes rageuses giflées au ras du chevalet de la six-cordes micros plaqués or, une Rickenbaker si le guitariste connaît les beaux outils. Filtrage pédale disto, grattin’ guitar au médiator nerveux, ça balance terrible.
Can’t Explain , version Scorpions. Les braves petits.
Les puristes ne jurent que par l’original des Who braillé par le père Daltrey sur les riffs allumés de Peter Townshend (devenu sourd à force, manque de pot). Ça se discute. Chacun ses goûts ; ça ne s’explique pas - justement. Maurice donne un cran de volume au premier refrain.
Pleyel mâtiné Zénith dans l’habitacle. Baffles modulables dans les portières avant du coupé sport, stéréo trafiquée avec la paire de mini-enceintes placées de part et d’autre du pare-brise devant les grilles d’aération, fausse quadriphonie équalizée avec les HP rondouillards vissés en parallèle sur la lunette arrière.
Encadrant Max la mascotte. Max gadget de bon mauvais goût. Chien-loup. Oreilles pointues, museau allongé, fourrure synthétique et tête oscillante au rythme irrégulier des cicatrices du revêtement de la chaussée.
Une horreur, mais.
Contenance de la mascotte : hasch, difficile à dire, ça prend de la place pour pas lourd, variante des plumes et du plomb; coke, un demi-kilo en tassant bien vers la queue de l’animal; héroïne, 8OO grammes, question de pulvérulence foisonnante; ecstasy, quelques centaines de capsules, aucun intérêt, pas assez rentable rapport bénéfice/risques pris (mais parfois il faut bien vivre) ; crack en vrac, une livre à peine, et encore, les cailloux sont encombrants, faut secouer Max pour bien répartir.
Max la planque. Vous n’avez rien à déclarer ? Une grande lassitude de l’existence, parfois, mais ce n’est pas taxé à la douane.
Jamais coincé, jamais dénoncé, trafics à la petite semaine qui suffisent à ses ambitions, Maurice G. n’a pas de gros besoins, et toujours la ressource de pouvoir monter la barre sur un coup fumant s’il veut s’offrir un extra. Il préfère péter dans le coton chez lui que dans la soie en centrale pénitentiaire. Les prisons sont bourrées de gens irremplaçables, riches, se croyant plus malins que les autres – ou les trois à la fois.
Les cimetières aussi.
Enchaînement direct avec Still Loving You . Ze tube. Le slow mouliné hard rock, panique dans les caleçons et toutti-frotta garantis sur fracture s’il y a de la baston à la sortie.
Cassette spéciale grosses machines britanniques, yankees et consorts (sauf Prince). Pot-pourri, florilège, les bonnes années ou les grandes reprises, trois quarts d’heure de titres dépareillés pour le plaisir. Maurice G. n’est pas anglophile parce que francophobe, il a aussi des réserves de musique autochtone dans la boîte à gants, mais toujours rock pur et dur, indispensable pour faire la route comme le blues pour prendre le train à petite vitesse. Maurice aime sans préjugés. Il sélectionne sur ses cassettes, c’est tout.
Panneau dans les phares : essence, repos et néons blafards, 10 km sous le petit dessin de pompe à fric. De quoi aller jusqu’au bout de l’histoire d’amour heavymétalée.
Après, encore une bonne heure de conduite avant la barrière de péage, la sortie suivante, vingt minutes en rase campagne, à gauche à la patte d’oie, le grand portail entouré de cyprès – vous ne pouvez pas le manquer. Sur l’autoroute, la Fuego à 130 compteur, aiguille calée sur le zéro pour compenser le chrono, mais pas plus. Méfiance : un coup de radar est vite attrapé aux heures où la rentabilité est assurée et l’effet dissuasif sécuritaire nul. Contrôle de police et c’est la catastrophe.
Un peu de sueur dans les paumes qui se crispent doucement sur le volant. Chasser la peur. Maurice G. ravale sa salive comme on gobe une boule de pétanque. Sans boire.
Max est vide. Pas le coffre de la voiture. Une fois n’est pas coutume. Un cadavre de bipède n’aurait pas tenu dans le cabot branleur de chef. Réservée au transport de substances nocives, la mascotte. Normal : les pires saloperies créées par l’homme cachées dans la pire horreur jamais concoctée par l’esprit humain, c’est raccord. Maurice G. trafiquerait à domicile, il utiliserait des nains de jardin.
Donc, le quintal de barbaque du rival de monsieur – je ne veux pas le savoir, qu’est-ce que j’en fais et c’est payé combien – dans le coffre, sur la roue de secours, une couverture écossaise en guise de linceul, bon sang de bon suaire. Á livrer à l’autre bout du pays franco de port, le portail et les cyprès, le client est sainthomiste, il veut voir pour croire – c’est pas mes oignons, c’est votre pognon, emballez c’est pesé, je vous appelle arrivé à destination – et roule ma poule.
Un coup fumant. Pour un

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