124
pages
Français
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2021
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Ebook
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Publié par
Date de parution
24 juin 2021
Nombre de lectures
4
EAN13
9782491996543
Langue
Français
Peut-on tomber amoureux... par correspondance ?
À quinze ans, Nora est une incorrigible rêveuse, qui préfère le glamour hollywoodien d'une Ava Gardner aux amours bien prosaïques de sa copine Julie. Lorsqu'un jour une lettre de rupture adressée à son voisin, un certain Rodrigue, tombe sur son balcon, elle renvoie la missive au bon destinataire. Il lui répond. De lettres en lettres, les deux jeunes gens deviennent intimes. Sans vraiment oser passer à l'action, Nora ne peut s'empêcher de rêver à une histoire d'amour avec Rodrigue. Mais la réalité peut-elle être aussi belle que le fruit de son imagination?
Les princes charmants n'existent pas est à la fois une comédie romantique légère et profonde sur la découverte de l'amour entre deux adolescents et un roman initiatique plein d'humour et de tendresse sur le passage à l'âge adulte.
"Un livre qu'on dévore avec plaisir".
Maïa Brami est écrivaine, poète, dramaturge, journaliste. Elle dirige également des ateliers d'écriture. L'enfance et la femme sont au coeur de son oeuvre.
Lauréate de plusieurs Bourses et Résidences littéraires, elle a publié plus d'une vingtaine de livres pour petits et grands traduits dans différents pays.
Publié par
Date de parution
24 juin 2021
Nombre de lectures
4
EAN13
9782491996543
Langue
Français
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COLLECTION BLEUE ÉVASION
Éditeur : Les éditions d’Avallon
Photo de couverture : Pixabay
Composition du livre : Les éditions d’Avallon
ISBN : 9782491996543
2 ème édition
Dépôt légal : juin 2021
Imprimé dans l’Union européenne
© 2021 Les éditions d’Avallon
Les princes charmants n’existent pas
Maïa Brami
Les princes charmants n’ existent pas
R O M A N
Principales œuvres de l’auteure
Romans
Toute à vous , collection « L’Ardeur », éditions Thierry Magnier, 2020
Norma , éditions d’Avallon, 2020
Paula Becker, la peinture faite femme , éditions de l’Amandier, 2016
L’inhabitée , éditions de l’Amandier, 2015, réédition Amazon, 2019
Le Sang des cerises , récit, éditions Rhubarbe, 2010
Nouvelles
Passages , nouvelles, Océan éditions, 2010
Essais
Lettre au poète Cocteau à Milly-le-Forêt , éditions Belin, 2014
Poésie
Oser encore , hommage à Andrée Chedid, éditions Erès, 2020
Suite enfantine , éditions du Petit flou, 2013
Pas ici, pas ailleurs , anthologie de voix féminines, éditions Voix d’encre, 2012
Enfances, regards de poètes , anthologie, éditions Bruno Doucey, 2012
Pour qu’il advienne , poèmes, éditions Caractères, 2010
Théâtre
Tout va bien se passer , éditions La Feuille de thé, 2019
Jeunesse
L’Attente , éditions HongFei, ill. Clémence Pollet, 2021
Le Royaume sans soleil , éditions Saltimbanque, ill. Karine Daisay, 2020
Le Monde est ma maison , éditions Saltimbanque, ill. de Karine Daisay, 2017
Même les stars aiment les sardines à l’huile, éditions de la Martinière jeunesse, 2015
Serpent à lunettes ! , éditions Nathan, ill. Joëlle Passeron, 2006
En rentrant de l’école , éditions Grasset jeunesse, ill. Yann Autret, 2006
Mon arbre mon ami , éditions Casterman, ill. Ingrid Monchy, 2006, Prix du salon du livre St Germain-Les-Arpajons 2006
Goûte au moins ! , éditions Circonflexe ill. Barroux, Prix Matti Chiva / Institut Danone, ill. Estelle Meyrand, 2005
Ne me parlez plus de Noël ! éditions Nathan, 2005
Les pères aussi ont les secrets , éditions Grasset jeunesse, 2002
Vis ta vie Nina , éditions Grasset jeunesse, 2000, Prix Chronos 2002
À Emmanuel,
qui jeta sa lettre par la fenêtre un beau jour d’avril 1991
" Non : l'amour platonique est impossible entre deux jeunes gens ; Tôt ou tard l'un ou l'autre succombe, c'est un piège dangereux. "
Eugène Sue , Mathilde, Correspondance XXI , 1841
« Si vous ne voulez pas venir, baisez un morceau de papier blanc et envoyez-le moi . »
Alfred de Musset, Lettre à Aimée d’Alton
Ava,
Il suffirait de lever les yeux vers le ciel pour vous parler, alors pourquoi ce besoin soudain de retranscrire mes pensées ? Sans doute pour soulager mon cœur…
Aujourd’hui encore, après les cours, j’ai eu droit aux problèmes existentiels de Julie, qui se torture pour savoir si Sam l’aime vraiment. J’ai beau lui rappeler qu’à 15 ans, l’amour, ça va ça vient, elle interprète le moindre de ses sourires comme on lit dans les étoiles ! Mon étoile à moi, c’est vous, Ava. Ne me demandez pas pourquoi. Je vous ai découverte sur grand écran, il y a un an, dans Pandora d’Albert Lewin et depuis vous êtes devenue ma Muse. J’ai honte de l’avouer : jusqu’ici, vous êtes mon unique coup de foudre ! Non, aucun amoureux en vue. Jamais eu. Il y a des raisons bien sûr.
Pour commencer, je n’attire personne. Comment le pourrais-je ? Je ne suis fille qu’à l’intérieur. De l’extérieur, j’ai la silhouette de n’importe quel garçon de ma classe ! Quand certaines filles me disent que j’ai « trop de chance » d’être « si mince » en appuyant bien sur le « si », j’ai envie de soulever mon pull extra large piqué dans les vieilleries de mon père et de leur montrer. Qu’elles voient de leurs yeux mon cauchemar : ce n’est même pas que j’ai la poitrine plate, c’est que j’ai carrément un creux à cet endroit ! L’infirmière me l’a confirmé à ma plus grande honte : « C’est bizarre votre creux-là comme si votre thorax était enfoncé… C’est de famille ? ».
Depuis l’année dernière, je suis d’ailleurs dispensée de gym. On a mis ça sur le compte de l’asthme, mais en fait, j’ai été traumatisée le premier cours de l’année, lors de mon passage aux barres asymétriques. J’ai loupé ma roulade sur la barre du haut, me retrouvant bras et jambes dans le vide, tenant par miracle en équilibre sur le ventre. Mon haut de jogging — trois tailles trop grand — est remonté, et même si l’asphyxie me guettait, j’ai cru que j’allais mourir… de honte !
« Y a une sacrée vue d’en bas ! » a lancé le guignol de service.
« Tu vois quelque chose, toi ? » a surenchéri l’un de ses copains. Mais la pire réaction a été celle du professeur, M Déjanté, un militaire reconverti qui s’amuse à terroriser les élèves, muni d’un sifflet . Il a demandé à la classe de m’applaudir, sans bouger le petit doigt pour venir me secourir. Le souffle coupé, j’ai passé de longues secondes à fixer le tapis de sol bleu, mon pouls explosant contre mes tempes, le ventre à l’air. Il y aurait bien eu une façon de renverser la situation — faire le saut de l’ange —, mais je n’ai rien d’une kamikaze .
Tout ça vous aurait bien fait rire. J’ai lu dans vos Mémoires que vous avez été élevée à la dure, dans les champs de Caroline du Nord, avec six frères et sœurs. Difficile d’imaginer que vous étiez le garçon manqué que vous décrivez, le juron facile, toujours pieds nus comme la Comtesse du film de Mankiewicz, à battre la campagne à moitié débraillée, souvent en compagnie masculine. Loin de l’image réservée qu’on attendait des filles du sud dans les années 30. C’est vrai que j’ai une photo de vous avec Burt Lancaster, probablement prise sur le tournage des Tueurs , où vous êtes en maillot de bain en train de faire une roue ou un poirier. Vous riez, vous avez l’air heureuse, naturelle… et si incroyablement belle !
À part mon absence de poitrine, il y a un autre problème de « taille » : je suis plutôt du genre bonne en classe et ça, pour être populaire, c’est pas terrible. La plupart m’imaginent en grosse bûcheuse, qui bosse même le week-end. Julie est l’exception. C’est pour ça que j’accepte ses sautes d’humeur sans trop me plaindre. Surtout qu’elle n’est pas dans son état normal ces temps-ci, elle est raide dingue de son Sam, obsédée, au point de sécher les cours pour l’espionner — il a un an de plus que nous, il est en seconde et c’est un vrai tombeur. Sa blondeur d’ange et son corps d’athlète en font un être irrésistible pour 99, 9 % des filles. Un jeune Burt Lancaster en quelque sorte ! Moi je préfère de loin le charisme d’Humphrey Bogart ou les bégaiements si touchants de James Stewart. Oui, chère Ava Gardner, vous l’avez compris, je vis sur une autre planète.
Le mardi soir, Sam a entraînement de volley. Julie s’improvise Pom-Pom girl dans les gradins et le mitraille sous tous les angles avec son portable. À chaque fois, je suis submergée de MMS ! Dans les derniers, elle faisait l’éloge de ses boucles d’or ! Comment peut-on être fasciné par des cheveux ? Moi, ça me dépasse . J’ai l’impression qu’elle est amoureuse de sa beauté, pas de lui. D’ailleurs, je me demande bien de quoi ils peuvent parler ensemble : de lui probablement ! Pathétique .
Dans ce monde, il n’y a plus que l’apparence qui compte. Moi qui fuis mon reflet dans le miroir, je voudrais me rassurer en me disant qu’il n’y a pas que le physique dans la vie. Vous, qu’on a obligée au début de votre carrière — pendant dix ans quand même ! — à jouer les belles potiches de service sans la moindre ligne de texte à apprendre, je sais que vous me comprenez.
Malgré tout, je rêve à celui qui saura lire en moi, qui saura m’aimer, telle que je suis… On peut toujours rêver !
Toute à vous et pour toujours,
Nora
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Je m’arrête devant mon immeuble. Julie, perdue dans ses élucubrations, continue comme si de rien n’était. Je l’observe s’éloigner, divaguer toute seule à grands renforts de gestes. À quel moment va-t-elle s’apercevoir qu’elle parle dans le vide ?
— Eh ! l’amoureuse ! je lui lance, à demain !
Elle s’immobilise, se retourne, et me crie :
— Excuse Nora ! Il me fait perdre la boule ! Je passe te prendre à 8 heures.
— Y a sport en première heure…
— Ah ! oui, c’est vrai. T’as préparé l’interro d’anglais ?
Je lui fais signe que non et la salue. À ce moment, un garçon sort du porche voisin. Il a fière allure, grand et plutôt blond. Je m’empresse de disparaître dans le hall de mon immeuble. Réaction totalement stupide.
L’appartement est vide. Je file dans ma chambre, me défais de mon sac à dos, retire mes ballerines. Je remarque mon cœur qui bat un peu vite. Allons Nora, me dis-je, serait-il possible que ce garçon grave mignon qui ne t’aurait même pas remarquée si tu étais la dernière fille sur Terre, t’ait fait de l’effet ? Je respire un grand coup et tente de reprendre mes esprits :
Option 1 : préparer mon fameux fondant aux trois chocolats.
Option 2 : faire mes devoirs.
Option 3 : rêvasser en feuilletant pour la millionième fois mes albums d’Ava.
Enfin, pas facile avec la colonie de pigeons qui a élu domicile sur mon balcon. Leurs roucoulements me rendent folle, sans parler du raclement continuel de leurs pattes sur le zinc, pire que le crissement de la craie sur un tableau ! Tiens, justement, voilà l’occasion ou jamais de les chasser. J’ai lu sur internet qu’ils détestent les matières réfléchissantes, je vais donc m’amuser à décorer la balustrade de Bolduc argenté.
Av