Underground - Together #2 , livre ebook

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Emilia Robinst
Underground Together



ISBN : 978-2-37652-762-6
Titre de l'édition originale : Underground Together
Copyright © Butterfly Editions 2022

Couverture © Butterfly Editions - Depositphotos
Tous droit réservés, y compris le droit de reproduction de ce livre ou de quelque citation que ce soit sous n'importe quelle forme.
Cet ouvrage est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des personnes réelles ou des lieux réels cités n'ont d'autre existence que fictive. Tous les autres noms, personnages, lieux et événements sont le produit de l'imagination de l'auteur, et toute ressemblance avec des personnes, des événements ou des lieux existants ou ayant existé, ne peut être que fortuite.
ISBN : 978-2-37652-762-6
Dépôt Légal : avril 2022
14042022-1645-VF
Internet : www.butterfly-editions.com
contact@butterfly-editions.com

PROLOGUE


PARKER

New York, septembre 2017. J’y suis. Enfin !
Après un été difficile, le pire de toute ma vie ; après des jours à douter, des nuits à réfléchir ; après des semaines à m’entraîner plus dur que jamais, je suis enfin de retour chez moi.
Le ring du Madison Square Garden, c’est mon ring. Mon territoire. Mon public. Ma salle. Du sol au plafond, de droite à gauche, en diagonale, de long en large, tout ici est à moi . J’y ai évolué pendant sept longues années. Je connais les dimensions de la surface de combat par cœur, pour l’avoir aussi bien bouffée que piétinée.
Avec les yeux fermés, je suis capable de délimiter les cordages et cela, même en plein combat. Je n’ai pas besoin de regarder autour de moi, le périmètre de la zone d’affrontement est comme inscrit dans mon ADN, me permettant de n’être concentré que sur mes adversaires, de saisir leur regard et de ne jamais le lâcher, de voir le néant s’emparer de leurs prunelles quand je les mets K.O. par mon enchaînement préféré : uppercut à l’estomac, puis au menton avant de finir par un bon gros crochet du droit. 99 % du temps, ils ne se relèvent pas. Et les 1 % qui restent, c’est pour mieux chuter au prochain coup.
Connor Lincoln fera partie des 99 % qui ne se relèveront pas. Je le jure sur ma vie ! Car cet enfoiré, je l’ai enfin dans mon viseur. Il n’est qu’à dix mètres de moi.
Dix misérables petits mètres me séparent du gars qui a passé ces derniers mois à nous pourrir la vie. La mienne, mais aussi celle de ma femme et de ma famille.
De l’autre côté du ring, dans son propre carré de préparation, le Constrictor m’adresse quelques sourires insolents. Son clin d’œil me donne envie de lui sauter à la gorge et de lui crever les yeux. Mes poings se serrent, mais je reste calme. Je me force à rester calme. Pas la peine de tout faire foirer alors que je suis si près du but. L’écraser comme un putain d’insecte, voilà ce dont je rêve depuis des années. En particulier depuis ce qui s’est passé dans les sous-sols de notre ancien lycée, à Pill Hill…
Je te jure, Lincoln, que cette fois-ci, je ne te louperai pas.
Lors de notre dernier combat à Chicago, au tout début de l’été, je l’avais sous-estimé… Je n’avais anticipé aucune de ses attaques extérieures au ring. Et ça m’a coûté plusieurs soirées de combat dans l’ Underground ! Avec, en prime, un putain de coup de mou – le premier de ma vie – et des tensions à n’en plus finir avec Coleen. Mais aujourd’hui, ce soir, tout est derrière moi. Derrière nous.
Il n’y a plus que lui et moi. Lui et moi qui tournons comme des animaux en cage dans nos carrés de préparation respectifs. Tout commence ce soir… les sélections de New York permettent aux moins bons d’avoir une chance de se qualifier et aux meilleurs de pouvoir donner un petit aperçu de leurs capacités. La suite n’est qu’un enchaînement de soirs de combat à travers les États-Unis, et cela, jusqu’à la grande finale à Las Vegas pour les deux combattants encore en lice. Quatre longs mois de tournée… et autant de possibilités pour lui faire mordre la poussière à cet enfoiré.
Je bouillonne de l’intérieur. J’ai les poings tellement serrés que je sens mes ongles entailler mes bandes, bien plus épaisses que d’habitude. Et lui aussi bouillonne. Il craque son cou, fait des moulinets avec ses bras, sautillant comme un jeune lièvre alors que son coach lui prodigue ses derniers conseils.
Vas-y, Lincoln, écoute-le bien ton entraîneur… tu vas en avoir besoin pour me battre !
— Tu sais ce que je vais te dire, mon garçon ?!
La voix de mon propre coach me parvient aux oreilles malgré le brouhaha assourdissant du Madison Square Garden. Je me retourne lentement vers Anderson qui m’inspecte des pieds à la tête alors que Jodie se hisse sur la pointe de ses baskets pour m’enduire le visage de vaseline.
Ses doigts experts me réconfortent légèrement, même si j’aimerais sentir ceux de ma femme. Eux sont capables de m’apaiser en un battement de cils. Je préfère la savoir assise à sa place, juste sur ma gauche – septième place, première rangée – en plein dans mon champ de vision.
— Ouais, prudence est mère de sûreté… mais pas aujourd’hui ! murmuré-je, un sourire en coin en frappant de mes deux poings ceux du coach.
— Pas aujourd’hui, Adams. Aujourd’hui… tu dois être explosif. Ne lui laisse aucun répit, n’attends pas, ne l’étudie pas. Tu le chopes, tu lui mets la tronche dans les cordages, et tu le boxes jusqu’au K.O., ou à l’abandon. Je ne veux pas voir ce merdeux se relever !
— Ouais… je sais ce que j’ai à faire, Coach.
Ses yeux bleu clair sont remplis de satisfaction. Il me fait un clin d’œil alors que Jodie me tape mollement l’épaule, comme elle le fait à chaque fois que je dois monter sur le ring. Je les observe rapidement tous les deux. Ils sont sous-tension. Comme moi. On est tous sous tension.
Quand la musique diminue et que nos profils respectifs apparaissent sur les écrans géants, qui font trois à quatre fois la taille de ceux de Chicago, j’ai le cœur qui s’emballe. Je fourmille de partout. Mes jambes s’agitent, mes poings tremblent. Je vibre de tout mon être. Le ring m’appelle et je suis pressé de commencer. Pressé d’achever le Constrictor, de rendre le public – mon public – fier de moi. Il y a tellement de couleur argentée dans les gradins que j’ai l’impression de contempler une nuit étoilée. Putain, qu’est-ce que je kiffe ça !
Mais dans toute cette voie lactée, il n’y a qu’une seule étoile qui m’intéresse… la Polaire. La plus lumineuse, la plus scintillante. En un éclair, je la trouve, la chope de mon regard bleu électrique – la nuance qu’elle aime par-dessus tout.
Mon étoile Polaire est juste devant moi. Septième place, première rangée. Et ses yeux couleur menthe à l’eau sont rivés sur moi. Je pourrais me damner pour ce regard amoureux. Car oui, Coleen Lincoln est amoureuse de moi. Même après tous ces mois ensemble, tout ce que nous avons vécu, j’ai encore du mal à me le dire, à l’intégrer dans ma sale caboche de fighter .
Elle est là, toute brillante dans sa robe argentée – celle qui épouse à la perfection son corps de déesse, créé uniquement pour me rendre fou. Ses cheveux, dont la couleur n’existe nulle part ailleurs, sont ramenés vers l’arrière, dégageant son visage angélique, mais ô combien désirable.
Tous ses traits sont sauvages, reflètent son instinct animal. De sa bouche pulpeuse, à son nez pointu, son regard pénétrant, tout en elle me fait vibrer. Elle est ma femme, ma louve, ma sublime, ma moitié… et dans quelque temps, elle sera bien plus. Coleen Lincoln sera mon « tout ». C’est pour elle et pour tout ce qu’elle représente dans ma vie que j’ai juré de gagner ce soir. De faire cracher ses poumons à son salaud de frère qui nous pourrit la vie depuis bien trop longtemps.
Sa belle-sœur, Debbie, se penche à son oreille pour lui dire quelque chose, et je vois ma belle louve s’empourprer joliment avant d’esquisser un petit sourire coquin. Je dois avoir le même sur le visage, car lorsqu’elle capte mon regard – parce que oui, je la regarde constamment – elle me fait un clin d’œil. Un putain de clin d’œil qui m’envoie sur orbite alors qu’elle croise ses longues jambes musclées et que ses mains se posent un peu trop sagement sur ses cuisses.
Je déglutis difficilement, repense soudainement à ses derniers mots… Je me dis que j’aurais dû trouver quelque chose à lui dire, mais rien n’arrivait à sortir de ma bouche. Les lettres s’emmêlaient déjà tellement dans ma tête que je n’osais imaginer le résultat à l’oral. Non… valait mieux que je la boucle. Que je l’écoute, elle. Et tout ce que j’ai sur le cœur, je le lui dirai après. Après le combat. Dans une chanson. Celle que j’ai déjà choisie pour elle.
Parce que même si elle me dit que je ne suis pas débile, j’ai toujours l’impression de l’être, de le devenir, quand je lui ouvre mon cœur. Elle est tellement plus douée que moi pour exprimer ses sentiments que je dois sans cesse redoubler d’efforts pour lui prouver que moi aussi, je l’aime plus que tout. Que moi aussi, je suis amoureux d’elle. Même si les mots me manquent. Même si parfois je bégaie comme un connard. Je suis amoureux d’elle ! Et je veux qu’elle le sache. Que le monde entier le sache.
La musique s’arrête net. C’est comme un lasso qui vient fouetter l’air. Je me réveille pour sortir de ce