Déchaîné , livre ebook

ditrice et infographiste: Julia Harvey
R viseure linguistique: Marie- ve Laroche
Concepteur de la couverture: Kinos
Imprimeur: Marquis
Premi re dition, 2019
ditions Sylvain Harvey
ISBN 9782924782255
Tous droits de traduction, de reproduction et d adaptation r serv s; toute reproduction d un extrait quelconque de ce livre par quelque moyen que ce soit est strictement interdite sans l autorisation crite de l diteur
Imprim au Canada
D p t l gal - Biblioth que et Archives nationales du Qu bec, 2019
D p t l gal - Biblioth que et Archives Canada, 2019
ditions Sylvain Harvey
T l phone: 418 692-1336 (r gion de Qu bec)
Sans frais: 1 800 476-2068 (Canada et tats-Unis)
Courriel: info@editionssylvainharvey.com
Site Web: www.editionssylvainharvey.com
Diffusion: Les Guides de voyage Ulysse
Distribution au Canada: Socadis
Les ditions Sylvain Harvey remercient la Soci t de d veloppement des entreprises culturelles du Qu bec (SODEC) pour son aide l dition et la promotion.
Gouvernement du Qu bec - Programme de cr dit d imp t pour
l dition de livres - Gestion SODEC

Le livre est aussi offert en version num rique epub ISBN: 9782924782262 et en version num rique mobi ISBN: 9782924782286
De la m me auteure
Incontr lable (2018)
Pour Nataniel, William, Dorian et Coralie
Qui sont la fois des pirates et des magiciens.
TABLE DES MATI RES
Premi re partie
L illimit a ses limites
Mon cerveau est (encore plus) d fectueux
"Ta tante n est pas un monstre et autres mensonges
Incontr lables, d sagr ables que de belles qualit s h r ditaires
Une simple question de volont
L h ritier de Black
Une simple question de volont (Encore faut-il savoir ce que l on veut)
Faire semblant, mais pour vrai
L chappatoire (J y laisse quelques morceaux)
Perdu, seul et en sous-v tements
Juste un peu de lumi re
Le magicien dont ils ont besoin
Carca: 2 Reste du monde: 0,5
Dorelle a toujours r v d aller en prison
Dragon des Mers 3.0 Si seulement
Ce qui nous rend si diff rents
Deuxi me partie
Barbe papa et bottes de pluie: les indispensables d une mission de sauvetage
Parce que personne n a pens au papier bulle
Le funeste destin de l Anguille lectrique
Surtout, reste cach dans la toilette
Encore une mutinerie (Yo-ho!)
Non, les pirates ne connaissent rien la magie
Pas peur du noir, seulement de ce qui s y trouve
Un vrai cadavre. Mais vivant.
Dorelle s occupe du cadavre (Je m occupe du reste)
Troisi me partie
Le Refuge (sans ironie )
J apprends me faire des amis
Le mucus d escargot est annonciateur de mauvais pr sages
Un bain de s cr tion visqueuse de limace
Bienvenue dans l aile D.D. (D chets du D partement)
Tra tre(s)
Quand l imagination transcende les limites
Le destin devrait utiliser un mascara hydrofuge
Petit t te- -t te romantique pr s d un cours d eau (Ou comment d velopper ses habilet s sociales avec une psychopathe)
Le grand m nage (Quand il n est pas question de poussi re)
Chocolat chaud froid et insultes br lantes (Gracieuset de Cord lia)
Dorelle martyrise de la guimauve
Pirate, espion Peu importe. Tant qu il ne d clenche pas la fin du monde
Duel
Je ne ferai plus jamais le m nage de ma chambre
Reste
Quatri me partie
Sacrifice, trahison et autres belles valeurs familiales
Une pluie un peu plus tremp e que les autres et un escargot qui ne veut pas se mouiller
Tout ce que je leur ai fait subir
Carca: 3 Reste du monde: -2
Quand il ne reste plus rien
Contr lable: nouveau jeu de patience pour magiciens
Ce qui nous rend si diff rents (Sans la tornade)
Les marionnettes (Quand il n est pas question de la chaussette sale de Dorelle)
Le vent tourne (Mais il n est pas vraiment question de vent)
huis clos
Les sacrifices n cessaires
Un combat sur deux fronts et deux t tes
Ce qu un magicien peut faire
Remerciements
L auteure
PREMI RE PARTIE

L illimit a ses limites
La magie est illimit e gr ce l imagination.
C est ce qu on m a toujours r p t , c est ce que j ai toujours cru.
Illimit e.
Les yeux ferm s, je tends la main vers l oc an et suis le rythme des vagues. Doucement. Elles vont et viennent. Je les laisse me bercer. Elles me l chent le bout des orteils, puis montent jusqu mon talon avant de redescendre. Je peux entendre le roulis des petites pierres polies par les mar es qui glissent dans le sable, victimes du va-et-vient incessant de la mer.
Une fois que j ai bien saisi le rythme, j en veux davantage.
Je veux en faire partie. Comme avant.
Le vent se l ve, r pondant mon invitation. Il bouscule les vagues et augmente leur cadence. Une bourrasque s emm le dans mes cheveux et mes v tements, mais je garde les yeux ferm s. Les rafales sont de plus en plus puissantes. L eau s est peine retir e de mes pieds qu elle est nouveau pouss e vers moi.
Ma main se met trembler, mes jambes semblent vouloir fl chir tout moment. Comme si mon corps ne pouvait plus supporter cette magie. J ouvre les yeux et je suis rapidement bloui par l clairage trange provoqu par le soleil qui tente de percer travers l accumulation de nuages noirs au-dessus de ma t te. Une lumi re trop vive noy e par une obscurit inhabituelle.
Les vagues m chappent, je suis en train de perdre ma concentration.
La magie est illimit e gr ce l imagination.
Je serre les poings en sentant l espoir c der sa place la col re. Je r siste, je m accroche cette simple phrase qui voulait tout dire, avant.
Avant. Lorsque tout tait possible.
Je veux que le vent s emporte, je veux qu il tourbillonne, qu il me soul ve! Les dents serr es, je hurle ma fureur en esp rant qu il l entende. Que le vent l emporte avec lui. Je veux qu il se m le aux vagues, qu il les gonfle de toute sa puissance! Je veux qu il dresse un mur d eau gigantesque devant moi! Je l imagine sans cesse, j en r ve! Qu est-ce que je dois faire de plus?
La magie est illimit e gr ce l imagination!
Et la mienne n avait jamais eu de limites.
Sauf qu il semble y en avoir, maintenant. Mes jambes c dent, je m effondre genoux dans l eau glaciale.
Et si ce n tait qu un mensonge? Un truc stupide que l on raconte aux enfants pour leur faire croire que la magie est magique? Et si, au fond, elle tait vraiment limit e?
Et si j tais contr lable?
Je serre le poing et l enfonce dans le sable en hurlant de col re. Je cr e peine quelques claboussures, l eau tant d j troubl e par les vagues incessantes. Je ne provoque aucun changement. Rien. Je ne suis qu un obstacle de plus contre lequel la vague se brise avant d atteindre la plage.
Je me rel ve en poussant l eau avec mes mains. Comme un enfant qui essaie d arr ter le mouvement de l oc an avec la seule force de ses bras. Je repousse l eau tandis qu elle fonce vers moi. Les vagues poursuivent leur chemin, me percutent avec violence en me narguant. Elles sont plus fortes que moi.
Bien s r qu elles sont plus fortes.
Je hurle en bousculant la suivante. J y mets toute la force de mes bras, de mon corps, puisque mon imagination ne m a servi rien depuis mon retour. Elle ne vaut plus rien contre cette puce qu ils m ont enfonc e dans le cr ne.
La vague suivante me percute la poitrine avec une telle force que je tombe sur le dos. Je me rel ve en essuyant mes l vres sal es, seulement pour en recevoir une autre en plein visage.
Et encore.
Je fonce en hurlant, les deux mains devant, comme si j avais le pouvoir d arr ter les mar es en dressant un mur invisible devant moi. Comme si l oc an allait se diviser en deux pour viter une collision.
La mer me gifle avec une telle puissance que je perds pied. Je me retrouve sous l eau, bouscul de part et d autre, emport par des courants provenant de partout la fois. Je tourbillonne, je perds mes rep res. J ai l impression de n tre qu une poup e de chiffon manipul e et ballott e dans tous les sens par des mains invisibles.
Lorsque mes pieds touchent le fond, s enfon ant dans le sable mou, je peux enfin retrouver mon chemin vers la surface. Ma t te merge rapidement, mes poumons se remplissent d une premi re bouff e d air douloureuse. Elle me d chire la gorge, me br le.
Et puis la vague se retire. J ai peine de l eau la taille.
- Tu te moques de moi?
C est alors que la pluie se met tomber, martelant ma peau de gouttelettes qui chutent avec une intensit terrifiante. Ma t te se met bourdonner. La douleur s intensifie. C est comme si des centaines d aiguilles entraient de plus en plus profond ment dans mon cr ne. Mes doigts se raidissent, mes mains, mes bras, mes jambes et ma nuque.
Je ne comprends pas ce qui m arrive.
La douleur augmente. Les vagues ne sont plus seulement propuls es par le vent, elles se bousculent, s entrechoquent avec violence. Le vent n a plus le contr le. Tout est chaotique. D sordonn .
Je r alise alors que j ai toujours le poing serr . D nouer mes doigts est douloureux, comme si chaque articulation tait fig e dans cette position depuis une ternit . La douleur devient apaisante. Mes muscles se rel chent. C est tout mon corps ankylos qui se retrouve lib r de cette tension.
Je respire.
Une brise chaude et douce me caresse la joue. Il ne reste plus rien du chaos qui m entourait quelques instants auparavant. Ni de celui qui m habitait. La pluie tambourine contre ma peau. Les vagues ont repris leur cadence initiale. Leur propre danse, pas celle tourment e par le vent.
Un va-et-vient r gulier. Un