106
pages
Français
Ebooks
2019
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Publié par
Date de parution
19 mars 2019
Nombre de lectures
94
EAN13
9782764437421
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
19 mars 2019
Nombre de lectures
94
EAN13
9782764437421
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Français
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2 Mo
DE LA MÊME AUTEURE CHEZ QUÉBEC AMÉRIQUE
JEUNESSE
Cassandra Mittens et la touche divine , Hors collection, 2017.
La Guillotine , coll. Magellan, 2016.
SÉRIE ROBIN SYLVESTRE
Robin Sylvestre 3 – Voyage au cœur de la ville , coll. Gulliver, 2012.
Robin Sylvestre 2 – La Petite Serre des horreurs , coll. Gulliver, 2011.
Robin Sylvestre 1 – Livreur express , coll. Gulliver, 2010.
• Finaliste au prix Hackmatack, Le choix des jeunes, 2012
ADULTE
La Chatière , coll. Littérature d’Amérique, 2011.
Sous le pseudonyme M. V. Fontaine
SÉRIE AMBLYSTOME
Amblystome, Tome 4 – De dieux et de monstres , coll. Tous Continents, 2016.
Amblystome, Tome 3 – Sabliers et engrenages , coll. Tous Continents, 2015.
Amblystome, Tome 2 – Au-delà des murs , coll. Tous Continents, 2014.
Amblystome, Tome 1 – La Terre agonisante , coll. Tous Continents, 2014.
Projet dirigé par Stéphanie Durand, éditrice
Conception graphique : Nathalie Caron et Claudia Mc Arthur
Mise en pages : Marylène Plante-Germain
Révision linguistique : Sophie Sainte-Marie et Julie Therrien
En couverture : Photomontage réalisé à partir des oeuvres de Steve Collender / shutterstock.com et Todoranko / shutterstock.com
Conversion en ePub : Marylène Plante-Germain
Québec Amérique
7240, rue Saint-Hubert
Montréal (Québec) Canada H2R 2N1
Téléphone : 514 499-3000, télécopieur : 514 499-3010
Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada.
Nous remercions le Conseil des arts du Canada de son soutien. L’an dernier, le Conseil a investi 157 millions de dollars pour mettre de l’art dans la vie des Canadiennes et des Canadiens de tout le pays.
Nous tenons également à remercier la SODEC pour son appui financier. Gouvernement du Québec – Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres – Gestion SODEC.
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Drouin, Véronique, auteur
Rivière-Au-Cerf-Blanc / Véronique Drouin.
(Magellan)
Public cible : Pour les jeunes.
ISBN 978-2-7644-3740-7 (Version imprimée)
ISBN 978-2-7644-3741-4 (PDF)
ISBN 978-2-7644-3742-1 (ePub)
I. Titre. II. Collection : Magellan.
PS8607.R68R58 2019 jC843’.6 C2018-942880-5 PS9607.R68R58 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2019
Dépôt légal, Bibliothèque et Archives du Canada, 2019
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés
© Éditions Québec Amérique inc., 2019.
quebec-amerique.com
« We often forget that WE ARE NATURE. Nature is not something separate from us. So when we say that we have lost our connection to nature, we’ve lost our connection to ourselves. »
« Nous oublions souvent que nous sommes la nature. La nature n’est pas quelque chose de distinct de nous. Alors quand nous affirmons que nous avons perdu notre lien avec la nature, c’est que nous avons perdu un lien avec nous-mêmes. »
Traduction libre de l’auteure
Andy Goldsworthy, artiste de land art internationalement reconnu
1
Nous sommes des animaux
Durant le trajet de plus de trois heures, ils n’avaient pas beaucoup discuté. Estelle regardait d’un œil distrait l’icône de voiture déambuler le long d’une mince ligne grise sur l’image du GPS, la ville la plus proche et les routes principales ayant depuis longtemps disparu de l’écran. En arrière-plan, les arbres cordés en bordure du chemin défilaient en un flou vert émeraude, des branches effleurant parfois les flancs de la voiture avec des grincements aigus et des chuintements de feuilles froissées.
Le paysage paisible invitait à la méditation. Pourtant, l’esprit d’Estelle ne connaissait aucun répit. Elle n’avait cessé de ruminer depuis leur départ. Peut-être même avant. Bien avant.
Elle se tourna vers Tristan. Il lui sourit.
Il semblait heureux. Presque euphorique. Il serait bientôt dans son élément. Celui qu’il chérissait toute l’année, mais ne pouvait visiter que l’été.
Estelle, elle, l’appréhendait.
Elle aurait voulu appuyer la tête quelque part afin de dormir un peu et de calmer ses angoisses, mais les nombreuses aspérités du chemin causaient des cahots qui la gardaient sur le qui-vive, tendue et alerte.
Six mois auparavant, un tel voyage avait soulevé son enthousiasme. Le défi lui paraissait stimulant. Surtout si elle pouvait passer le maximum de temps avec Tristan.
À présent, elle avait des doutes.
Mais les doutes, n’était-ce pas naturel ? Est-ce que ça ne mettait pas à l’épreuve toutes les relations ?
Elle poussa un soupir. Heureusement, le bruit du moteur le couvrit.
— On devrait baisser les vitres. Il fait moins chaud ici. Et ça sent bon ! s’exclama son compagnon.
Elle appuya sur le bouton, et une puissante odeur de végétation et d’humus emplit l’habitacle. La jeune femme la huma avec délices, et cela eut un effet apaisant. Elle tendit l’oreille et perçut le vol bourdonnant des insectes qui croisaient le véhicule ainsi que les pépiements des oiseaux perchés dans les arbres. Plus loin, les stridulations d’une cigale résonnèrent, puis moururent.
Sur le GPS, la bande bleue sinueuse d’une rivière se dessina à l’extrémité de la route qu’ils parcouraient.
— On arrive bientôt !
Elle hocha la tête.
Voilà le monstre qu’elle aurait à affronter.
Son cœur se serra un peu.
Elle se tourna vers la forêt dense, et son regard se perdit dans la masse de verdure aux couleurs saturées témoignant de l’apogée de la saison estivale. Il fallait qu’elle se ressaisisse. Tristan avait l’expérience nécessaire, et elle apprenait vite.
Par contre, elle savait très bien que ce n’était pas ce qui l’inquiétait.
C’est alors qu’à travers le bois elle vit filer une silhouette blanche. Fantomatique. Elle eut à peine le temps de l’apercevoir. Curieuse, elle sortit la tête par la fenêtre afin de vérifier qu’elle n’avait pas halluciné.
— Attention !
Une branche lui fouetta la joue, y creusant un profond sillon. Elle se rassit promptement contre son siège, la main plaquée sur le visage. Contrariée, elle constata que du sang couvrait sa paume.
— Ça va ?
Elle opina du chef.
— Sois plus prudente, le chemin est super serré ici…
— J’ai l’impression d’avoir vu quelque chose.
Tristan lui tendit quelques serviettes de papier prises dans un sac parsemé de taches de gras. Elles empestaient la patate frite. Pourtant, Estelle se résigna à les appliquer sur sa pommette.
— J’vais sentir la poutine ! grommela-t-elle.
— Ça va nous rappeler des bons souvenirs de notre dernier repas consistant, gloussa-t-il.
Elle repensa à l’énigmatique figure spectrale qui venait de traverser le bois. Elle le scruta dans le rétroviseur extérieur, mais ne remarqua plus rien. Ce devait être une illusion d’optique causée par les rayons ardents qui pénétraient entre les arbres.
Elle se détourna, puis abaissa le pare-soleil pour inspecter sa blessure dans le miroir. Rien de grave, mais ça commençait drôlement leur expédition. Elle imbiba sa serviette de l’eau de sa bouteille et nettoya la plaie de son mieux. Une ligne rouge vif s’imprima sur le papier. Elle tamponna la coupure jusqu’à ce que les marques pâlissent.
Alors qu’ils approchaient de la rivière indiquée sur le GPS, quelques chalets et cabanes apparurent, çà et là, fouillis de taule et de bois qui avaient l’air de bunkers de fin du monde cachés dans le bois. Les propriétaires semblaient d’ailleurs tous posséder des tout-terrain couverts de boue et décorer leurs façades avec des outils de métal rouillés et de l’équipement sportif.
Tristan et Estelle parvinrent alors à une sorte de magasin général qui paraissait être un point de ravitaillement pour plusieurs des habitants du coin, comme en témoignaient les nombreux camions et camionnettes stationnés autour.
Tristan faufila leur petite voiture chapeautée d’un canot rouge entre les immenses véhicules, puis coupa le moteur. Un silence brutal revint. Ils descendirent en s’étirant, déliant leurs membres ankylosés par le long trajet. Estelle balaya les environs du regard : elle se sentait loin ici, très loin, et un sentiment proche de la claustrophobie la fit déglutir.
— Le gars est censé nous rejoindre ici avant de nous mener à notre point de départ, expliqua Tristan en se dirigeant d’un pas hardi vers le commerce. J’vais aller voir s’il est arrivé.
La porte munie d’une clochette s’ouvrit et se referma.
Les mains sur les hanches, Estelle examina un moment l’enseigne Coca-Cola défraîchie et maculée de coulisses jaunâtres où on pouvait lire en grosses lettres noires : Dépanneur Ti-Joe Chevreuil inc . En fait, le dernier i manquait et avait été inscrit au crayon feutre bleu. Cela agrémentait bien les restes de la bâtisse en clins de bois brun avec des rallonges de taule grise.
Chose certaine, Estelle était bien loin de ses études en arts visuels.
« Je dirais début des années soixante-dix, du type similichalet de coureur des bois avec des ajouts datant des années quatre-vingt de style néopostapocalyptique… »
Avec un demi-sourire, elle parcourut les quelques mètres de gravier qui la séparaient du bâtiment et entra.
À l’intérieur, elle découvrit une cantine avec un bar autour duquel prenaient place de nombreux hommes, enfilant les tasses de café filtre malgré la chaleur étouffante. Un gros ventilateur ronflait dans un coin, peinant pour faire circuler l’air, les rubans attachés au grillage claquant dans son souffle. Derrière le comptoir, une vieille serveuse au chignon blond et à l’ombre à paupières bleu pâle s’éventait avec un menu, tandis que la friteuse fonctionnait à plein régime.
Estelle ne vit pas Tristan et se dit qu’il devait être à la salle de bain.
Le reste du local offrait diverses marchandises, des vêtements pour les chasseurs, des vivres de tout acabit et des fournitures pour le camping et les act