Zélie, l’orpheline de Notre-Dame , livre ebook

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2020

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Abandonnée à la naissance sur le parvis de Notre-Dame, Fanette a grandi auprès des Balard, des gens sans cœur et sans scrupule qui exploitent la petite fille. Mais, heureusement, celle-ci croisera le chemin de Joachim, Gaspard et Fanette et pourra échapper à sa si triste vie. Grâce à la petite troupe de Monsieur Vincent, elle trouvera le bonheur et se découvrira une famille.

Les aventures touchantes et pleines de tendresse de la petite troupe de Monsieur Vincent, des enfants infatigables ayant à cœur de venir en aide aux plus démunis. Sous la houlette de saint Vincent de Paul et de ses Filles de la Charité, ils savent faire preuve d’une bonne dose de courage et d’imagination.


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Publié par

Date de parution

14 octobre 2020

Nombre de lectures

2

EAN13

9782728930302

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

BÉATRICE ÉGÉMAR

mame
Table des matières Chapitre 1. La fille dans le grenier Chapitre 2. Un travail honteux Chapitre 3. La petite troupe Chapitre 4. Une visite guidée Chapitre 5. Les trois amis Chapitre 6. Une visite inattendue Chapitre 7. Les Halles Chapitre 8. Une découverte Chapitre 9. La fuite Chapitre 10. Un hypocrite Chapitre 11. Aurélien Chapitre 12. La petite troupe enquête Chapitre 13. La Tripière Chapitre 14. Les mésaventures de Fanette Chapitre 15. Monsieur Vincent prend des risques Chapitre 16. Virgile Balard touche au but Chapitre 17. Le bonnet de bébé Chapitre 18. Les mésaventures de Zélie et Fanette Chapitre 19. Sur la piste de Zélie Chapitre 20. Sœur Jeanne et sœur Angèle Chapitre 21. L’enlèvement Chapitre 22. Saint-Lazare Chapitre 23. La nouvelle vie de Zélie Chapitre 24. La vérité sur Madeleine Épilogue Notes Du même auteur Page de copyright
Points de repère Couverture Page de Titre Corps de texte Table des matières
Chapitre 1
La fille dans le grenier
Certaines rues de Paris ont un bien joli nom. C’est le cas de la rue de la Licorne, sur l’île de la Cité, cachée dans l’ombre de la cathédrale Notre-Dame. Comme presque toutes les rues de ce quartier, elle est étroite, bordée de vieilles maisons à colombages.
Parmi toutes ces maisons, il y en a une encore plus vieille que les autres. Sa porte est si basse que les gens doivent se pencher pour entrer. Ses fenêtres sont si petites qu’elles ne laissent passer qu’une maigre lumière. On a même ­l’impression qu’elle est abandonnée. Personne n’a envie d’en pousser la porte, ni de s’aventurer dans l’escalier.
C’est pourtant là que loge Zélie, tout en haut, dans le grenier sous le toit. C’est une pièce minuscule, elle a juste la place d’y ranger sa paillasse et ses quelques affaires. Même si c’est petit, et pas chauffé, Zélie aime s’y réfugier : ici, au moins, elle est seule. Elle entend les pigeons qui marchent et roucoulent sur le toit au-dessus de sa tête, et elle peut regarder par la fenêtre. Elle ne voit que les maisons d’en face et un bout de ciel gris, mais ça lui fait du bien.
– Zélie ! Zélie ! Que fais-tu donc, paresseuse ?
La fillette sursaute. Comme souvent, c’est la voix aigre de Thérèse Balard qui la réveille, et les coups qu’elle donne avec son balai, contre le plancher du grenier. Vite, Zélie se lève et s’habille, avant de descendre l’escalier de bois aux marches usées. Thérèse Balard l’attend en bas, son long visage au long nez arbore son expression habituelle : sourcils froncés, bouche pincée.
– Dépêche-toi de faire la vaisselle ! dit-elle. Ton père est déjà parti travailler, je vais faire le marché et je veux que tout soit impeccable à mon retour, dit-elle en enfilant ses mitaines.
Zélie l’aide à mettre son manteau.
– Bien, madame, murmure-t-elle.
Thérèse, agacée, lui donne une tape sur la main.
– Je t’ai déjà dit de m’appeler « maman » !
– Bien, maman , grimace Zélie en baissant la tête.
Elle a du mal à prononcer ce mot. Les Balard ne sont pas ses parents, quoi qu’ils en disent ! Elle déteste les appeler « maman » et « papa », comme ils le voudraient. Elle ne les aime pas, et eux non plus ne l’aiment pas, mais elle n’a pas le choix : elle doit leur obéir si elle veut éviter les punitions. Car le couple Balard n’est pas tendre avec elle. Thérèse n’hésite pas à la gifler ou à la pincer quand elle n’est pas satisfaite. La semaine dernière, son mari Virgile, qui trouvait que Zélie avait mal balayé le sol, l’a privée de repas pendant deux jours… Virgile Balard est un colosse aux longs cheveux plats, et il la terrifie. Sa femme Thérèse est aussi petite qu’il est grand, et aussi maigre qu’il est large, mais il ne faut pas s’y tromper : dans leur couple, c’est elle qui décide. Zélie leur obéit, que pourrait-elle faire d’autre, à neuf ans ? Elle est née dans ce quartier, mais elle n’y connaît personne : les Balard l’ont « recueillie », comme ils disent, quand elle était un bébé, abandonné près de Notre-Dame. Ils prétendent que Zélie est leur fille adoptive, mais ils lui interdisent de parler à quiconque, ils se servent d’elle comme domestique, et pire encore. Zélie n’a pas d’amis dans le quartier, personne pour la secourir, et d’ailleurs, il ne lui viendrait pas à l’idée de demander de l’aide. Elle n’a connu que ça, cette vie triste et laborieuse chez les Balard, de toute sa jeune vie. Quand elle sort de la petite maison de la rue de la Licorne, personne ne fait attention à elle. Elle n’est qu’une fillette parmi tant d’autres, une petite silhouette grise qu’on ne remarque pas, noyée au milieu de la foule.
Alors qu’elle s’apprête à sortir, une main sur la poignée de la porte, Thérèse s’arrête, comme si elle avait oublié quelque chose. Zélie frémit, elle redoute ce qu’elle va entendre.
– Bien sûr, dès que tu auras fini la vaisselle, tu iras travailler , dit Thérèse en insistant sur ce dernier mot.
Zélie sent le désespoir l’envahir. Mais la petite femme en face d’elle ne semble pas le remarquer. Elle insiste, en fronçant les sourcils, ce qui lui donne l’air d’une souris au museau pointu :
– Tu m’as bien comprise ?
– Oui, maman, bredouille Zélie.
Thérèse sort du logis et Zélie se met au travail : elle attrape le balai, presque deux fois plus grand qu’elle, et nettoie lentement la pièce. Virgile Balard a l’habitude de jeter des détritus par terre, par malice, juste pour l’embêter. Ça l’amuse de voir la petite trimer alors que lui, assis, tire sur sa pipe. Une fois qu’elle a fini de balayer, Zélie doit lessiver le sol. Elle va d’abord dans la cour prendre de l’eau au puits. Zélie n’est pas bien lourde, et elle tire de toutes ses forces sur la chaîne, en pesant de tout son poids, pour remonter le seau. Elle le porte ensuite dans la cuisine, tenant l’anse à deux mains, en se penchant sur le côté. Elle verse la moitié de l’eau dans la bassine qui lui servira plus tard à faire la vaisselle et, avec le reste, elle lessive le sol, à genoux, avec une brosse. Quand elle a fini, elle s’assied sur un tabouret, épuisée, les mains glacées.
Elle regarde autour d’elle : le sol est propre, la vaisselle rangée, elle n’a rien oublié. Elle reste assise en silence, sur son tabouret, en retardant autant que possible le moment où il lui faudra sortir. Au bout d’un quart d’heure, elle se lève, enfile sa cape, rabat le capuchon sur ses longs cheveux châtains, et sort, le cœur gros.

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