16
pages
Français
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2012
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2012
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Publié par
Date de parution
01 janvier 2012
Nombre de lectures
61
EAN13
9782820630278
Langue
Français
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Date de parution
01 janvier 2012
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61
EAN13
9782820630278
Langue
Français
Collection
«Contes & nouvelles»
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ISBN : 9782820630278
Sommaire
Une partie de chasse
La culotte du brigadier
Le lièvre de M. Dumoulin
FLORIAN PHARAON
Une partie de chasse
pendant le premier siège
Le dimanche 27 novembre de l’an de douleur 1870, mon ami Alfred Darjou et moi franchissions le pont-levis de la porte de Pantin pour nous rendre au camp de Bobigny, occupé par le régiment des éclaireurs, commandé par le brave et regretté Poulizac.
La veille, nous l’avions rencontré sur les boulevards et nous l’avions félicité sur son audacieuse sortie du 15, dans laquelle il avait chassé l’ennemi de ses avancées du côté de Drancy. Dans cette reconnaissance hardie, le capitaine de Kergalec et M. de Versinville avaient fait une charge brillante à la tête des éclaireurs et avaient enlevé plusieurs soldats saxons.
Après avoir causé des événements du jour pendant quelques instants, la conversation tomba dans le domaine prosaïque de la question des vivres. La famine commençait à nous étreindre. Le cheval, qui était la base de notre nourriture, diminuait, et le pain s’assombrissait de jour en jour, pour arriver bientôt à cette teinte de bitume qui nous força, deux mois plus tard, à ouvrir nos portes à nos ennemis.
Darjou nous apprit qu’il avait fait une découverte merveilleuse dans la rue Croix-des-Petits-Champs : un pâtissier y vendait d’excellents pâtés de rats.
Je vous assure que ce gibier parisien est délicieux, et qu’il n’est pas prêt à nous manquer : un savant statisticien de l’Académie des sciences a a constaté, par rapport à sa docte assemblée, que Paris renferme vingt-cinq millions de rats. C’est de la viande pour une année !
C’est une ressource, fit en souriant Poulizac ; au camp, nous n’en sommes pas encore aux rats. En ce moment, par exemple, les alouettes abondent, venez donc déjeuner avec moi demain, cela vous changera.
Manger des alouettes ! c’était un rêve.
Aussi fûmes-nous exacts au rendez-vous.
À dix heures précises nous arrivions devant la petite maison de Rigolboche, qui servait de quartier général au commandant Poulizac et à son état-major.
Des parfums inconnus ou plutôt oubliés des narines parisiennes vinrent caresser notre odorat.
Quel malheur que Monselet ne soit pas avec nous ! murmura Darjou.
Le couvert était mis.
Les honneurs de la table de l’état-major du 1 er régiment des éclaireurs étaient faits avec une grâce parfaite par Mme la comtesse de Kergalec, qui n’a pas quitté une minute son mari pendant toute la durée du siège. Vaillante jusqu’à l’imprudence, elle accompagnait son époux au feu, prodiguant ses soins dévoués et intelligents aux pauvres soldats qui tombaient : belle comme elle l’est, elle était, sans métaphore, l’ange de cette petite phalange héroïque.
Les alouettes furent fêtées comme on le pense : elles étaient tombées sur la table toutes rôties, ornées d’une belle barde de lard dorée.
Vous ne seriez pas fâchés, nous dit en souriant le commandant Poulizac, d’en emporter une brochette à Paris ?
J’accepte de grand cœur, dit Darjou, non pour moi, mais pour…
Nous devinons pour qui, interrompit en souriant Mme de Kergalec, et nous sommes trop discrets pour provoquer vos confidences.
Darjou jura que c’était pour sa mère.
Personne ne voulut le croire, à l’exception du vénérable abbé de Saint-Denis, l’abbé Testory, qui était l’aumônier de ce brave régiment.
Le repas terminé, l’on nous arma de fusils de chasse et nous nous mîmes en quête, à la sortie de Bobigny, à nos grands risques et périls, car il était défendu de tirailler entre la zone des grand-gardes et les fortifications.
Ce jour-là il n’y avait pas grand inconvénient à se hasarder dans la plaine de Saint-Denis : nous occupions Drancy, et depuis vingt-quatre heures, les formidables batteries de Dugny, qui avaient détruit ce village, étaient muettes. Nous arrivâmes sans incident à la bifurcation de la Patte-d’Oie. Nous nous consultions sur la direction que nous devions suivre, lorsqu’un des éclaireurs s’approcha mystérieusement de l’officier qui nous accompagnait et, le prenant à part, lui dit à voix basse :
Il y est.
Où ?
Dans le champ qui est à l’est du village.
Tu l’as vu ?
À l’instant.
Allons, Messieurs, nous dit M. X…, voici qui vaut mieux que les alouettes. Il faut marcher avec prudence et silence.
Diable ! dis-je, nous n’avons pas de balles.
Alors, c’est la chasse à la grosse bête que nous allons faire ? demanda Daijou.
Pas tout à fait, répondit en riant notre compagnon, cet éclaireur vient de me dire que le lièvre fantôme est en forme derrière ce pan de mur que vous voyez là-bas. Un lièvre, le plus fantastique de tous les lièvres ; depuis un mois, il vit au milieu du feu ; à chaque attaque, à chaque combat, on le voit fuir tantôt du côté des Prussiens, tantôt du nôtre.
C’est peut-être un espion de Bismarck !
Il a essuyé plus de coups de feu de part et d’autre que le soldat le plus hardi, et il reste invulnérable, dans le canton le plus sillonné de balles et d’obus des environs de Paris.
Jurons sa mort ! dit Daijou d’un ton tragique.
Qu’il meure ! fîmes-nous.
Nous nous séparâmes pour le cerner dans son gîte.
Au tournant d’une ruelle dont les murailles étaient noircies par l’incendie, je vis pointer deux oreilles. Sans vergogne, j’épaulai et je fis feu. J’aperçus l’animal bondissant à travers les ruines. Daijou l’eut un instant en flanc et le salua de ses deux coups de fusil ; le lièvre s’arrêta, fit un crochet et revint sur moi. L’amour de la vérité me force à avouer que je le manquai de nouveau, mon coup de feu ne l’arrêta point, et il passa ironiquement à trois pas.
Au moment où nous nous rejoignions pour nous congratuler sur notre maladresse, l’air fut déchiré par le sifflement vibrant d’un obus.
Gare dessous ! criai-je.
Le projectile éclata à quelques pas de nous.
Nous nous relevâmes.
Messieurs, rentrons et vite. Les Prussiens nous ont aperçus et vont tirer comme des sourds.
Et le lièvre ?
Ne vous inquiétez pas de lui, il se sauvera plus facilement que nous ; il en a vu de plus dures.
Notre traversée des ruines de Drancy fut pleine d’émotions ; elle dura à peine dix minutes ; mais, dans ces dix minutes, les Prussiens nous envoyèrent dix-huit obus ; Darjou les compta et mes oreilles en tintent encore.
L’un d’eux éclata à trois mètres de notre groupe et nous couvrit tous de poussière et de gravats. Au moment où nous nous relevions, un autre vint tomber sans éclater à peu près à la même distance.
Darjou le ramassa, et ce souvenir de chasse, placé entre une guitare du Dongola et un vase du Japon, ornait l’atelier de cet ami regretté.
Notre partie de chasse se termina ainsi.
Quant au lièvre, nous le vîmes une dernière fois fuyant en plaine dans la direction de la Coumeuve. La légende de Bobigny ajoute qu’à la signature de la paix ce héros calomnié par le Bonhomme se laissa prosaïquement prendre au collet.
Cependant nous ne rentrâmes pas bredouilles à Paris, nous rapportions, à deux, cinq alouettes, et, pendant tout un jour, les échos du boulevard parlèrent de cette chasse merveilleuse en enviant le sort des chasseurs.
« Ils vont manger du gibier !! » disait-on.
La culotte du brigadier
Saint-Maximin est une jolie et coquette petite ville de Provence pleine de soleil et d’ombrages, célèbre par son église aux allures de cathédrale et par le souvenir du brigadier Camaréou.
L’épopée de ce brave vétéran des guerres d’Afrique est écrite à la fresque sur quatre grandes pages qui forment la paroi de la salle de la Pomme-de-pin , cabaret qui, il y a trente ans, était le grand café de la bourgeoisie de l’endroit.
Le premier panneau représente un chien en arrêt et, dans la pénombre ombreuse d’un sentier, la silhouette de deux gendarmes ; dans le second, les deux gardiens de la paix publique sont au galop, poursuivis plutôt que suivis par le chien ; le troisième fait assister le spectateur à u