Rêvhaïti , livre ebook

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Témoignage d’empathie envers le peuple haïtien, RêvHaïti évoque la tragédie des boat people au cours des années 1980.
Le texte épouse la violence de la mer, explosant frontières et noyades de l’imaginaire d’un bout à l’autre des côtes, de Port-au-Prince à la Floride. Éclats de voix, de sens, et de corps. Mêlant tour à tour ressources de la langue vernaculaire, innovations linguistiques et typographiques, Brathwaite écrit une poésie qui tisse le fil des thématiques postcoloniales, historiques et individuelles.
La traductrice Christine Pagnoulle restitue le texte. Elle traduit à merveille les voix du métissage caribéen. De l’Afrique aux Amériques s’opère la traversée dans ses multiples inflexions. La mémoire historique rythme les mouvements et la polyphonie d’une langue qui se forge dans l’invention permanente du quotidien.
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Publié par

Date de parution

05 juin 2013

Nombre de lectures

126

EAN13

9782897120597

Langue

Français

RêvHaïti
Mise en page : Virginie Turcotte
Maquette de couverture : Étienne Bienvenu
Dépôt légal : 1 er trimestre 2013
© Éditions Mémoire d’encrier

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Brathwaite, Kamau, 1930-
RêvHaïti
(Poésie ; 45)
Traduction de : DreamHaiti.
ISBN 978-2-89712-059-7
I. Pagnoulle, Christine. II. Titre.
PR9230.9.B68D7214 2013 811'.54 C2012-942789-6


Mémoire d’encrier
1260, rue Bélanger, bureau 201
Montréal, Québec,
H2S 1H9
Tél. : (514) 989-1491
Téléc. : (514) 928-9217
info@memoiredencrier.com
www.memoiredencrier.com

Version ePub réalisée par:
www.Amomis.com
Kamau Brathwaite
RêvHaïti
Traduit de l’anglais par Christine Pagnoulle
Prologue

Kamau Brathwaite est un poète anglophone né en 1930 à Bridgetown, capitale de la Barbade. Il a obtenu un doctorat en histoire à Cambridge puis travaillé quelques années au Ghana, qui venait d’obtenir son indépendance, pour le ministère de l’éducation. En 1963, il est nommé professeur à l’Université des Indes occidentales (UWI) et s’installe à Kingston (Jamaïque) où il restera 25 ans. La fin des années 1980 est marquée par une série de ruptures, de déchirements (la mort de sa femme, l’ouragan Gilbert, l’agression dont il est victime…). Il quitte la Jamaïque et devient professeur de littérature comparée à l’Université de New York. Il vit désormais à nouveau à la Barbade.
Sa première trilogie ( The Arrivants ) date de la fin des années 1960 ; la deuxième (qui sera publiée sous le titre Ancestors ) s’étale sur dix ans, entre 1977 et 1987. Dans les années 1990, il publie entre autres Zea Mexican Diary , poignant témoignage d’amour et de deuil, Trench Town Rock , DreamStories , Words Need Love Too , et déjà dans notre siècle, Born to Slow Horses , qui reçoit le Griffin Poetry Prize en 2006. Entre-temps, il publie d’autres recueils, mais aussi des études de sociologie historique dont, en 1984, son ‘histoire de la Voix’ ( History of the Voice : Development of Nation Language in Anglophone Caribbean Poetry ) qui lie la langue des habitants de la Caraïbe anglophone à leur histoire.
Traduire Brathwaite, c’est s’embarquer pour une destination inconnue en hissant plus haut encore qu’à l’ordinaire la voile de l’imagination empathique. C’est accepter de lâcher le gouvernail quand le poème semble partir à la dérive. C’est aussi mobiliser les ressources de la langue-cible pour retrouver des jeux sonores ainsi la ‘slake grey’ comme couleur des vagues sibyllines au lieu de ‘slate grey’, qui devient ‘gris armoise’, le ‘boy’ en écho à ‘buoy’ qui devient ‘bougre’ à côté de ‘bouée’, le choix de ‘Ici la mer s’atterre’ pour ‘Sea come no father’, ou ‘je me rémécore’ au lieu de ‘remémore’ pour garder la physicalité de ‘I memember’. C’est percevoir et restituer les allusions plus ou moins cachées, comme celles au commerce négrier dans la description de la corvette garde-côte par les mots ‘slipshape and Bristol fashion’. C’est avant tout être à l’écoute du rythme sans cesse changeant qui anime ses vers.
Sa voix à lui se forge et s’affirme ; si elle est marquée par les inflexions propres au métissage caraïbe, elle est aussi intensément personnelle. Lorsqu’il découvre les possibilités offertes par l’ordinateur, le jeu sur les polices, leurs tailles et leurs aspects, il crée le Sycorax videostyle (le ‘style vidéo’ qu’il baptise du nom de la mère de Caliban dans la pièce de Shakespeare La Tempête ) : la typographie sur la page reflète les inflexions de la voix et guide bien plus qu’elle ne déconcerte le lecteur. D’aucuns pourtant y voient une perturbation gratuite de la lecture. L’élément dérangeant ne peut pas être que la poésie se frotte au graphisme : ce n’est vraiment pas la première fois que cela arrive. Va-t-on objecter qu’il y a compromission entre poésie et technologie informatique ? Il y a en fait au contraire retournement. C’est, pour reprendre les mots de Brathwaite, Caliban « cursing Prospero with his own curser », la touche Retour qui revient dans les gencives de Prospero, la souris qui se met à grignoter les textes canoniques...
Dès le début des années 1990, prose et vers se mêlent et se confondent, de même que l’intensément personnel et la protestation politique nourrie d’histoire. Contemporain des luttes d’indépendances, Brathwaite crée une langue qui bouscule les sens pour réfléchir et travailler le rapport colonisé / colonisateur.
RêvHaïti est une des sept « rêvhistoires », DreamStories , un recueil publié chez Longman en 1994. La version (beaucoup plus riche typographiquement) utilisée ici est celle de Savacou North (1995). Il s’agit là de textes inclassables dans les genres et catégories familières, dont le ton et l’atmosphère passent du plus enfermé dans l’ i solence tragique de la douleur – 4th Traveller – à la polyphonie de RêvHaïti , qui combine des références multiples : régime des Duvalier, intrusions globalisantes des politiques néolibérales de Thatcher, non intervention meurtrière des patrouilleurs US (qui ne lancent pas de ligne de vie), lutte de libération des esclaves et présence impossible à éradiquer de la traversée négrière, de cette longue histoire de meurtre et de dépossession qu’inaugure Colomb en 1492.
La langue est refaçonnée, malmenée dans des glissements de sens, des collages, des néologismes, des emprunts. Nettoyée de l’oppression dont elle fut l’instrument, elle retrouve son pouvoir de création. La typographie fait voir ce qu’il faut entendre, plonge le mot dans la matière. Ainsi les lettres allongées un peu confuses suggèrent à la fois la décomposition du corps dans l’eau et l’incertitude quant à l’identité du locuteur, qui est tour à tour ou simultanément le nègre noyé il y a bien longtemps lors d’un déracinement / arrachement en cale négrière, le poète égaré en rêve sur le pont d’une vedette garde-côtes US et le réfugié haïtien, parti dès avant l’aube de derrière le morne d’Estagnes sur les hauteurs de Port-au-Prince, maintenant noyé lui aussi comme cet enfant / bougre / bouée, cet objet Sun Bryan, ce triangle repêché dans les eaux de l’infortune. Triangle, rappel du trafic entre l’Europe, l’Afrique et le Nouveau Monde, allusion à ce commerce de bois d’ébène qui a si largement contribué au développement économique de l’Europe occidentale, à la construction de la société et des règles économiques sur lesquelles nous vivons encore aujourd’hui.
Les îles volcaniques du bassin caribéen, chapelet entre les deux Amériques, repeuplées dans le creuset de l’exil sans retour qu’était l’esclavage, survivantes de désastres répétés, et parmi elles, Haïti, l’île de la liberté conquise, l’île de la misère imposée par les forces néocoloniales, voilà bien le lieu par excellence où peuvent se penser la mémoire et l’émancipation véritable.
Christine Pagnoulle
pour
David Rudder

Haïti pardonne
Nous ne t’avons pas comprise
Un jour nous tournerons la tête
Et regarderons en toi

Haïti pardonne
Haïti pardonne
Un jour nous tournerons la tête
Et te rendrons ta gloire



Joan Dayan – Murat Brierre – Boukman Eksperyans



Alex Haley
garde-côtes US pendant 20 ans mort ce 18 mai 92 à l’âge de 70
ans alors que naît ceci
Yo
(ekstrè)

Yon ti jès pou yo
Yon tandrès pou yo
Yon favè pou yo
Yon bonè pou yo
Yon zepòl pou yo
Yon pawòl pou yo
Yon bonte pou yo
Lamitye pou yo

Lè chak moun ap plen djakout
Ayiti nan ladewout
Lamizèl pap janm bout
Tout peyi a ape griji
Pitit li pran kouri
Pou y ale Miyami
Yo kilbite nan fon bato
Yo fè foskouch nan dlo
Move tan bare yo
Meriken pa vle Ayisyen
Yo fè yo retounen
Paske yo pa kiben

Yon ti jès pou yo
Yon tandrès pou yo
Yon favè pou yo
Yon lonè pou yo
Yon respè pou yo
Yon klète pou yo
Yon fyète pou yo
Libète pou yo



Lirik Patrick Chamoiseau,
Gwoup mizikal : Tabou Combo, chantè Yves Joseph
Albòm Zap Zap , 1991.
L a mer était gris armoise de ce qui restait
de mon corps &
les vagues blanches

je me remécore
elles étaient comme serpent sur ma peau

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