210
pages
Français
Ebooks
2017
Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage
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Français
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2017
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Publié par
Date de parution
20 novembre 2017
Nombre de lectures
7
EAN13
9782875804976
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Publié par
Date de parution
20 novembre 2017
Nombre de lectures
7
EAN13
9782875804976
Langue
Français
Poids de l'ouvrage
2 Mo
Métamorphose, 2. Paradis obscur
© Les Éditions Les Malins inc. Montréal, 2016
Publié avec les autorisations des Éditions Les Malins inc.,
Montréal, Québec, Canada
Auteure : Ericka Duflo
Éditeur : Marc-André Audet
Éditrice au contenu : Katherine Mossalim
Directrice artistique : Shirley de Susini
Conception de la couverture et montage : Nicolas Raymond
Correcteurs : Dörte Ufkes, Jean Boilard et Fanny Fennec
Illustrations intérieures : Jihane Mossalim
Traduction en grec : Margarita Paraskevopoulos
© Kennes, 2016, pour l’édition française, Rue de la Blanche Borne 15
6280 Gerpinnes (Loverval) – Belgique
www.kenneseditions.com
ISBN : 978-2-8758-0497-6
Tous droits réservés
« Le monde de la réalité a ses limites ; le monde de l’imagination est sans frontières. »
-Jean-Jacques Rousseau
Table des matières
Couverture
Page de titre
Page de copyright
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 1
Senna
Au prix d’un immense effort, j’ouvris les yeux. Mes paupières étaient lourdes, si lourdes. Je ne voulais pas me rendormir. Mon corps ne répondait plus, mais mon instinct me poussait à rester en alerte.
Du noir, je ne voyais que du noir. Je ne savais pas où je me trouvais. Ma seule vision était cette grande cape noire qui flottait autour de moi. Tout était très flou, comme si je bougeais si rapidement que mes yeux avaient du mal à s’adapter. Cette sensation de vitesse m’étourdissait, me donnait presque la nausée. Je voulus crier, mais ce ne fut qu’un gémissement plaintif qui sortit de ma bouche. La panique commençait à me gagner.
Tout à coup, une nette impression de ralentissement se fit sentir. Le voilage noir s’écarta légèrement, juste assez pour me permettre de découvrir le paysage alentour. Le vent me fouettait violemment le visage. Mes sens étaient altérés, mais j’étais persuadée d’être en altitude, de flotter au-dessus de la mer.
Bon sang !
Les images qui précédaient mon évanouissement refaisaient peu à peu surface. J’en étais sûre à présent : je volais ! Une créature masquée m’avait capturée et enveloppée dans son imposant manteau noir, puis j’avais perdu connaissance.
Le voile se souleva un peu plus, me permettant de visualiser une forme à l’horizon, une protubérance qui interrompait l’homogénéité de l’océan : une île. Nous nous en rapprochions rapidement. Mon acuité visuelle me revenait lentement et mon corps commençait à se réveiller. J’espérais recouvrer le contrôle total de moi-même avant d’atteindre ce qui semblait être notre destination. Droit devant, un rivage, ou plutôt une baie se matérialisait peu à peu, couronnée d’une épaisse crinière verdâtre, mais ma ravisseuse changea subitement de trajectoire. Elle vira brusquement, nous engouffrant dans un brouillard opaque.
Nous prenions de la hauteur. Mes yeux tentaient par tous les moyens de percer cette masse blanche compacte, mais je n’attendis pas longtemps avant d’émerger à nouveau. Le monticule de terre était toujours visible en contrebas. Or, cette fois, ce n’était pas la magnifique baie auréolée de sable et de galets gris bleutés qui se dessinait devant moi, mais une falaise rocheuse, surmontée d’une imposante bâtisse rouge brique aux allures de château. Une fois parvenue au-dessus de l’édifice, la créature plongea en piqué, tel un faucon se jetant sur sa proie. La vitesse me brouilla la vue et me donna la migraine. Je préférai fermer les yeux et attendre que cette chute désagréable se termine.
Lorsque je les rouvris, j’étais allongée par terre, sur une surface lisse et froide. Mon corps était encore lourd et mon esprit luttait pour ne pas sombrer. Un tissu noir me frôla le visage avant de s’éloigner. C’était la cape de la créature. Elle s’arrêta un peu plus loin, à côté d’une jeune femme vêtue d’une longue robe vermeille.
Des bribes de conversation me parvinrent : « Elle s’est réveillée plus tôt que prévu, mais elle est encore sous l’effet de la morphessence. » « Bien, je vais la conduire à sa chambre. Il s’agit de son premier voyage et son corps n’est pas habitué. Cela peut être traumatisant, surtout pour une néo. »
La femme s’avança vers moi, mais je ne distinguai pas son visage, juste sa longue robe qui balayait le sol. Puis je me sentis soulevée, agrippée par le dessous des bras.
– Vous avez besoin d’aide ? demanda la créature encapuchonnée d’une voix neutre.
– Non. Je vais lui administrer une autre dose de morphessence, cela ne pourra que la détendre.
– Bien. Sur ce…
Tenant tant bien que mal sur mes deux pieds, maintenue d’une main ferme par l’inconnue, je réussis à relever suffisamment la tête pour jeter un œil autour de moi. Je compris que je me trouvais sur une aire, une base, sur le toit d’un édifice.
Au loin, je repérai la créature au masque d’acier enveloppée de son vaste manteau noir. Elle était à la fois majestueuse, mystérieuse et terrifiante. Je l’observais tandis qu’elle s’approchait lestement du rebord de la construction. Au même moment, deux autres créatures surgirent de l’obscurité et se joignirent à elle.
Sans un mot, toutes trois se jetèrent dans le vide, rapides et puissantes. Leurs longues capes flottaient derrière elles avec élégance. Petit à petit, elles devinrent floues, vaporeuses. Comme si elles ne faisaient plus qu’un avec le vent, je les vis se fondre pour disparaître avec lui.
Chapitre 2
La Matriarche
La Matriarche contemplait l’immense étendue d’eau salée du haut de sa tour, à travers les larges vitraux de son antichambre. Les vagues venaient mourir au pied de la falaise abrupte qui supportait l’aile nord du château, formant une écume épaisse et blanche à l’image des nuages qui sillonnaient le ciel. Perdue dans ses pensées, elle faillit ne pas entendre frapper à la porte.
– Entrez ! permit-elle à la troisième sollicitation.
L’assistante pénétra timidement dans la pièce pourpre et sombre, la tête baissée et les mains entrecroisées. La Matriarche se complaisait dans l’obscurité, ce qui la rendait d’autant plus mystérieuse et intimidante.
– Mère suprême, salua-t-elle en s’inclinant alors que la Matriarche lui tournait le dos, préférant admirer la vue panoramique plutôt que d’accorder de l’intérêt à sa visiteuse. Je viens vous informer de l’arrivée de la nouvelle recrue. Comme elle est encore sous l’effet de la morphessence, elle a été directement conduite à sa chambre.
– Bien, répondit Céléno sans se retourner, une lueur de satisfaction dans le regard.
Elle attendait ce moment depuis longtemps. Cette adolescente au tempérament de feu qu’elle observait depuis des mois n’allait sûrement pas être facile à apprivoiser, mais au moins elle pourrait l’avoir sous contrôle maintenant qu’elle avait intégré le Royaume, son royaume.
– Ce n’est pas tout, ajouta la femme au visage marqué par des années de service et d’anxiété.
Se plier aux exigences de la Mère Suprême n’était pas de tout repos. La peur et le stress étaient quotidiens lorsque l’on vouait sa vie à une femme aussi puissante et versatile que la Matriarche.
– Qu’y a-t-il ? s’enquit Céléno, qui fit volte-face, soudainement intéressée, faisant valser sa longue robe victorienne en taffetas noir et prune, en même temps que son épaisse chevelure noire et acajou qui lui caressait délicatement le dos.
– Eh bien, la jeune harpie n’était pas seule à voyager. &