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pages
Français
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2016
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Ebook
2016
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Publié par
Date de parution
05 août 2016
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342054484
Langue
Français
« — Sire, Dieu confiera à votre Majesté dans l'au-delà une mission dont la réussite nécessite qu'elle soit consciente de la raison profonde de la haine de votre peuple, répondit Jacasse, lequel, avant de s'asseoir, venait de déplacer le guéridon dans le coin le plus obscur de la pièce et diamétralement opposé à la vitre du couloir par laquelle le gardien surveillait en permanence. Cette garde ininterrompue montrait que la République avait besoin que le supplice de Louis ait lieu en place de Grève et non dans sa cellule. Elle avait besoin de sang et ne voulait pas se faire voler sa victoire par le poison. » Dès son exécution, Louis XVI, en route vers le paradis, fait un cauchemar allégorique. La France, beau territoire couvert de forêts prospères est aux mains d'une terrible caste qui abat tous les arbres pour son bien exclusif. Les animaux sont réduits à l'état d'insectes miséreux. Réveillé par l'ignominie de la situation, le roi, au purgatoire, est chargé par saint Pierre d'une terrible mission : analyser ce qu'il se passe dans la société française pour éclairer les hommes de désir et de bonne volonté afin qu'ils se ressaisissent ! Il sera en cela, s'il accepte la mission, aidé par Jacasse, collaborateur spécial de saint Pierre, et d'un comité des sages composé des âmes de quelques dirigeants décédés en route vers le paradis : Napoléon, le Grand Charles et François de Soluté. La tâche est rude. Louis et Jacasse commencent dans la France profonde leur enquête : que sont devenues liberté, égalité, fraternité ? Leurs aventures révéleront les déviances d'un système qu'il est encore temps de sauver : la démocratie... Fustigeant la vacuité du programme politique actuel, La Prophétie de Jacasse signe le coup d'envoi d'une fable aussi fantaisiste qu'irrévérencieuse qui divertit autant qu'elle invite à la réflexion.
Publié par
Date de parution
05 août 2016
Nombre de lectures
0
EAN13
9782342054484
Langue
Français
La Prophétie de Jacasse
les Chevaliers du Réveil
Société des écrivains
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
La Prophétie de Jacasse
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
Retrouver Jacasse sur Facebook : https://www.facebook.com/laprophetiedejacasse
Recommandations au lecteur
Toute ressemblance avec des personnes existant ou ayant existé est totalement fortuite et du seul domaine d’interprétation du lecteur. D’ailleurs ce que certains tenteraient de décrire comme des erreurs grossières dans l’histoire de France renforcerait la dimension fictive du roman.
Les Chevaliers du Réveil
Les Chevaliers du Réveil sont un groupe d’hommes au cœur de la vie contemporaine, investis dans leur travail ou à la retraite mais tous acteurs responsables engagés dans les organisations professionnelles, associatives ou patronales. Observateurs d’une situation qu’ils souhaitent désormais dénoncer au grand jour sous forme humoristique et claire.
Ils ont pour seul but de nourrir la réflexion de leurs contemporains en les invitant à :
- engager leur propre réflexion,
- repenser leur responsabilité citoyenne,
pour arrêter la chute en cours du système démocratique et républicain français.
Personnages
Jacasse : envoyé de Saint Pierre.
Louis XVI : premier roi de France corrigé par le peuple français pour avoir été identifié comme son ennemi.
Bûcheron : ancien élève de l’École nationale d’abattage.
Insecte : créature vivante travailleuse et respectueuse des règles de la communauté.
Élite : faux ami du vocabulaire français qui tend à donner une fausse image de suprématie non méritée.
Le Conseil des Sages : comité des âmes de quelques grands personnages de l’histoire de France.
- Napoléon : âme du Général – Empereur de droit républicain de 1803 à 1815 ;
- Charles le Grand : âme du roi de droit militaire de 1939 à 1969 ;
- François de Soluté : âme du Dieu de droit royal par délégation de la République laïque. Farouche opposant de son vivant du Grand Charles mais assez joueur pour, au purgatoire, aider Charles et Napoléon à éclairer Louis XVI. Sa qualification de soluté lui venait de ses amis proches pour avoir tenté des rapprochements politiques hasardeux provoquant un résultat de même essence que la substance issue d’une transformation chimique en solution dans un solvant, appelée soluté.
De la double chute au paradis
La prison du Temple
L’année 1793 commençait bien. L’hiver était d’un froid redoutable et l’appartement prison de Louis dans lequel la magnanime République l’avait jeté était d’une puanteur à toute épreuve. La République l’avait enfermé et le faisait surveiller vingt-quatre heures sur vingt-quatre par un garde qui avait la possibilité de l’observer en permanence à travers la vitre qui jouxtait la porte. Louis se demandait si, lorsqu’il remettrait des parfums, son corps arriverait à capter à nouveau les odeurs suaves et légères des fleurs de son royaume dont les artisans maîtres parfumeurs de Grasse réjouissaient la cour tout en remplissant les cassettes des collecteurs d’impôts de bons revenus. La noblesse avait pris soin de consommer toutes les richesses du royaume sans modération, sans partage et sans projet… Il regrettait de temps en temps de ne pas avoir réussi, non pas à discuter avec les représentants du Peuple pour établir une cohabitation, mais à ne pas avoir su éclairer la noblesse, sa propre famille, de la vacuité de l’argent sans projet. D’ailleurs les coffres étaient désormais vides de deniers et pleins de têtes en train de pourrir, la grande faucheuse ayant raccourci tout ce qui portait une perruque.
La cohabitation entre la République et la Royauté aurait-elle fonctionné ? Il avait des doutes. Ce système n’était-il pas en fait une tentative de compromis voué à l’échec en détruisant le système de gouvernance de l’État ? Une tentative d’illusion d’agir tout en ayant l’intime objectif non avoué de ne rien faire pour que chacun garde une bribe d’un pouvoir paralysé et stérile. L’Histoire jugera sûrement durement ceux qui oseront cette usurpation du pouvoir à la seule fin de l’avoir, veillant bien à ne rien en faire.
Mais là n’était pas son souci premier. Depuis sa capture à Varennes, la discussion avec le peuple était à jamais rompue. Pourtant il avait juste tenté de prendre un peu de recul pour mieux comprendre la situation ; pour mieux pouvoir reconstruire, à son retour, un projet avec son peuple. Il n’avait pas, comme nombre de ses prédécesseurs, simplement pris le parti de mettre en sécurité son argent à l’étranger pour ensuite pouvoir abandonner le pays dans les phases difficiles en jouissant ailleurs des subsides dévoyés et cachés.
Il était convaincu que le peuple ne se sentirait bien qu’avec un chef aimé. Cette idée le torturait jour et nuit car, pour une fois, si un roi de France aimait son peuple et avait discuté avec lui pour élaborer des solutions, c’était bien lui ! Et pourtant, le peuple ne l’aimait plus, préférant abandonner sa confiance aux semeurs de révolte, de mort et de désert économique ! C’était pour lui incompréhensible et la source de toutes ses douleurs.
Les morsures du froid de l’hiver qui meurtrissait son corps étaient légères face au désarroi que ces questions sans réponse provoquaient. Un jour, il connaîtrait la solution et la mettrait en œuvre au bénéfice de son peuple qui allait, il en était certain, ouvrir les yeux et revenir vers lui. Le cognement du garde contre sa porte le sortit de sa réflexion dans un sursaut.
— Citoyen Capet, tu as de la visite. La Convention vient de décider de permettre au citoyen Jacasse, abbé de son état, de te rendre visite.
La voix du garde était grave et puissante. Depuis le premier jour d’incarcération, Louis se demandait pourquoi cet homme, gardien de cette république qui le maintenait en dehors de tout contact, dans la pire des prisons humaine qu’est la solitude, s’exprimait si bruyamment, comme aboyant ses phrases. Ces citoyens républicains avaient encore bien du chemin à faire avant de comprendre que l’autorité ne peut seulement résider dans l’uniforme ou dans la forme vociférante d’injonctions. Rencontrer quelqu’un lui permettrait peut-être de partager la terrible question qui le rongeait : qu’ai-je fait pour que mon peuple ne m’aime plus ?
Au premier regard, Louis vit que cet abbé devait venir d’une province éloignée. La Convention se méfiait donc de lui en lui envoyant un représentant de l’Église bien loin de tous les desseins politiques et de la réalité des enjeux de l’époque. Qu’allait-il pouvoir échanger avec un tel homme au moment même où le sort de la nation se jouait ? Néanmoins, au-delà de son aspect physique peu flatteur, petit, rond et ventripotent, cet abbé avait ouvert, pendant sa révérence, un œil malicieux qui alerta immédiatement le roi. Louis sentit dans son regard un éclair le traverser comme si ce petit homme venait d’essayer de pénétrer son âme pour y trouver sa conscience et en sonder l’état. La Révolution aurait-elle permis de faire émerger au plus haut de l’organisation cléricale des hommes de vérité jusque-là confinés aux campagnes ? Ou était-ce une humiliation supplémentaire à faire supporter au roi ? En tout cas, le faste et la superbe du port de tête de ceux qui jusque-là étaient chargés de lui parler de Dieu avaient disparu. Peut-être que Jésus avait convaincu Robespierre qu’il appartenait à cet humble serviteur d’aller remettre en ordre les pensées ultimes du monarque, même si, selon la Haute Cour de Justice républicaine, il avait failli à sa royale mission.
— Sire, dit humblement Jacasse en faisant une révérence bien maladroite.
— Qui êtes-vous donc, mon brave, et qu’est-ce qui vous amène ? lui rétorqua Louis intrigué par le personnage.
— Sire, je suis porteur d’une bien mauvaise nouvelle. Nous serons tous deux exécutés dans deux jours ! Ils vous l’annonceront demain.
— Comment cela NOUS ? Robespierre veut-il encore m’humilier à ce point en liant mon sort au vôtre ? Veut-il ainsi envoyer au tapis en même temps l’organisation politique et spirituelle ? Veut-il à ce point détruire notre pays ?
— Non, Sire, il est bien trop ignorant des choses profondes de la spiritualité pour comprendre en quoi il ferait ainsi une erreur grave. Non, ils vont vous exécuter pour mettre un terme à la monarchie. Et moi, parce que je connais les fléaux qui attendent les Français pour longtemps !
— Mon brave abbé, j’ai bien peur que vous prétendiez toucher à des sujets dont vous n’avez point idée ! Mon statut de roi de droit divin est le résultat d’une longue initiation dont je vois mal comment un abbé de campagne pourrait appréhender les tenants et aboutissants. Vous voilà en plein péché d’orgueil, mon brave !
Louis tourna le dos à Jacasse avec un air de dédain. Il avait pensé, durant une fraction de seconde, pouvoir goûter à nouveau au plaisir d’une discussion avec ce confesseur. En réalité, il se trouvait face à un homme qui lui annonçait qu’il allait mourir et qui avait le culot d’y ajouter sa propre mort comme point d’orgue ! De plus, cet impertinent justifiait sa condamnation en prétendant savoir la vraie raison qui provoquait le malheur de Louis et de son peuple. Décidément, Robespierre le torturerait jusqu’à la dernière seconde. Il était las d’être le jouet de ce révolutionnaire